Les deux armadas à suivre La lutte s’annonce féroce entre les
BMC d’une part et les
Lotto Jumbo d’autre part. L’équipe américaine aligne sans conteste le meilleur puncheur du monde. Mais la différence cette année est que
Philippe Gilbert s’est découvert deux lieutenants très solides.
Dan Martin avait été recruté dans ce but mais l’irlandais surpasse les attentes en ayant franchi un vrai cap dans les étapes vallonnées de début de saison.
Pierre Rolland s’est quant à lui révélé alors qu’on le connaissait plus à l’aise sur les longs cols roulants. Sa victoire au championnat de France avait été un prémice, ses étapes sur Tirreno et le Tour de Catalogne des confirmations.
Rolland n’a jamais été aussi fort et a failli réussir l’exploit de l’année sur une étape apocalyptique du Tour du Pays Basque. On notera cependant l’absence surprenante d’
Anthony Roux alors que le français marchait sur l’eau en février et mars.
Du côté des néerlandais, les capacités de
Mollema ne sont plus à prouver, surtout après sa semaine basque victorieuse. Il devra toutefois et pour la première fois partager le leadership avec
Robert Gesink. Le champion du monde n’était pas venu se frotter aux classiques depuis 2011. S’il n’est pas apparu sous son meilleur jour lors des épreuves World Tour, il vient de reprendre la confiance en remportant sa première victoire de la saison sur Paris-Camembert, il est vrai face à une concurrence plus abordable. En tout cas la forme revient. Les deux néerlandais pourront compter sur des lieutenants en forme comme
Sánchez et
Martens, voire
Slagter et
Barredo.
Breschel devrait aussi faire une pige sur l’Amstel, comme l’an dernier où il avait accroché la 9e place.
Les outsiders Le plus redoutable d’entre eux est
Andy Schleck. Le luxembourgeois a impressionné sur le Tour de San Luis et Paris-Nice, portait encore le maillot jaune au Pays Basque avant de craquer face au harcèlement de ses adversaires en surnombre. On peut noter que les pleins pouvoirs lui sont confiés chez Liquigas,
Kreuziger ayant été envoyé à contrecœur sur le Tour de Trentin.
Son frère
Fränk Schleck connait lui une seconde jeunesse cette année avec des podiums sur le Tour Down Under et le Pays Basque, auxquels s’ajoutent de belles démonstrations de force sur Paris-Nice. Déjà qu’en-dedans,
Schleck enchaine les secondes places sur la Doyenne, ça ne peut qu’être meilleur cette année. Chez Trek il pourra s’appuyer sur
Albasini, toujours régulier dans les tops 20 de ces courses.
Il n’est évidemment pas utile de citer
Peter Sagan tant le slovaque est favori de toutes les courses auxquelles il s’aligne. L’Amstel correspond parfaitement à ses caractéristiques, il a déjà accroché des tops 10 sur la Flèche, et n’aura pas à se préserver pour Liège. On se rappellera cependant du dernier Paris-Roubaix où le slovaque a été en difficulté. Sa première faille dans une saison jusqu’alors XXL peut redonner un peu d’espoir à ses adversaires.
Chez Sky,
Van Avermaet est de toute façon le leader sur toutes les classiques de l’année. Comme l’an dernier, il ne s’est pas encore illustré sur ces profils, privilégiant les flandriennes. Mais comme l’an dernier, il a prouvé son excellente forme en remportant le Tour des Flandres, auquel il a cette fois ajouté un podium sur l’autre monument, Paris-Roubaix. Il avait l’an dernier fait 3, 8 et 5 sur les trois épreuves, est toujours très régulier à Liège, il devrait encore être dans le coup cette année.
Thomas et les colombiens
Henao et
Uran l’aideront dans sa tâche.
Les belges sont évidemment présents en force avec un troisième larron,
Jelle Vanendert. Le leader des Lotto Soudal est une valeur sûre même s’il a du mal à franchir un cap depuis sa 3e place sur Liège-Bastogne-Liège en 2012. 9e de Tirreno, 5e du Pays Basque, il est en tout cas en forme. Renouer avec un podium serait une réussite, truster les tops 10 aurait un air de déjà-vu.
Citons aussi
Simon Gerrans. Inexistant l’an dernier, il s’était toutefois relancé sur les classiques automnales. Il a depuis dominé le Tour Down Under et remporté une belle étape sur la Ruta del Sol. Attention à l’australien si
Mohoric accepte de se mettre pleinement à son service. Frustré par son début de saison, il se murmure que le
sophomore d’Orica a les dents longues.
Du côté des équipes invitées, Wanty devrait être la seule à peser sur la course mais avec des chances de podium ou mieux. Cela fait près d’un an que
Gatto ne s’est plus loupé sur une course d’un jour. Depuis la dernière campagne ardennaise, en fait, des courses sur lesquelles il n’a jamais brillé bien qu’elles soient parfaitement adaptées à ses caractéristiques. L’anomalie ne peut plus durer. Son compère italien
Diego Ulissi est aussi à surveiller. Lui n’a jamais disputé la gagne sur une classique WT mais vient de prouver son excellente forme en remportant coup sur coup la Flèche Brabançonne et le Tour du Finistère. Le retrouver dans un top 10 ne serait plus une surprise.
Les coureurs de grands tours se mêlent évidemment à la lutte.
Contador était d’ailleurs monté sur le podium de la Flèche l’an dernier. Du côté de
Nibali, on rêve plutôt de Liège-Bastogne-Liège. Il aura de plus le soutien de
Boasson Hagen et d’un local,
Ben Hermans, 2e de la Flèche Brabançonne il y a quelques jours. Ces deux-là ont déjà accroché quelques tops 20 ces dernières années mais ne peuvent pas menacer le leadership du sicilien, si ce n’est sur l’Amstel. Le norvégien avait en effet terminé 2e il y a deux ans, la seule fois où l’arrivée était déjà jugée après le Cauberg, tiens tiens… Bloqué chez Rabobank,
Wout Poels arrive aussi avec ambition. Il n’a jamais brillé ici, mais il n’y a jamais été leader non plus, contrairement à cette année où il vise la Doyenne. Sur les deux premières épreuves, le leadership s’annonce plus compliqué à gérer du fait de la présence de Peter Sagan. Citons pour finir
Valverde, qui n'a pas encore vu une ligne d'arrivée cette année. Blessé lors de l'étape inaugurale du Challenge de Majorque, le murcian s'est battu pour revenir à temps pour ses courses fétiches. Il s'aligne, mais pourra-t-il être compétitif ?
Enfin
Rodriguez,
Hoogerland,
Simon et
Tony Martin constitueraient de petites surprises attendues. Le premier parce qu’il n’a plus brillé depuis 2012 et a même pris une année sabbatique. Mais il semble revenu avec une fraicheur retrouvée pour jouer les tops 10.
Hoogerland car il ne cesse de surprendre sur tous les terrains depuis un peu plus d’un an mais reste bizarrement sous-estimé. L’an dernier il avait d’ailleurs terminé 10e de la Flèche et 4e de l’Amstel, déjà. Pour
Simon, le déclic s’est produit cette année, mais quel déclic ! Rappelons-nous aussi de sa seule perf de niveau international auparavant : sa 3e place surprise aux mondiaux 2012 sur le même final que l’Amstel Gold Race. Si ça ne donne pas des idées… Les trois hommes ont au passage terminé dans le top 6 du Tour Down Under en début de saison, une épreuve pour puncheurs par excellence. Quant à
Tony Martin, il a pris l’habitude de briller en avril avec par exemple trois tops 20 consécutifs sur la Flèche et une 7e place sur la Doyenne il y a deux ans. La FDJ espère enfin lancer une saison plombée par les formes désastreuses de Pinot et Bennati et les blessures longue durée de Vichot et Jeannesson.