Deux jours après le GP E3, Gent-Wevelgem offre une revanche aux flandriens. Mais qui peut battre Matti Breschel, vainqueur au sprint en 2012 et 2014, encore 2e en 2013 et en excellente condition ? Sachant que les Lotto Jumbo n’ont pas perdu une course pavée cette saison (on oubliera que le danois a levé les bras trop tôt sur le GP Ciremi), il faudra de grands adversaires pour forcer le destin, à l’image d'un Cancellara qui avait réalisé une démonstration de puissance pour s’imposer en solitaire en 2013.Classement 2012 : 1.
M.Breschel (RAB) / 2.
JA.Flecha (SKY) / 3.
G.Visconti (MOV)
Classement 2013 : 1.
F.Cancellara (RNT) / 2.
M.Breschel (RAB) / 3.
G.Visconti (MOV)
Classement 2014 : 1.
M.Breschel (RAB) / 2.
S.Vanmarcke (BMC) / 3.
S.Langeveld (MOV)
Le départ est à peine donné qu’un trio belge constitué de
De Troyer,
Rosseler et
Vermote prend le large et décourage les autres tentatives. Décevants sur le GP E3, les Etixx veulent cette fois peser sur la course. Ils roulent en tête de peloton aidés par les Target, les Sky, Mapei et Trek. La tension n’est pas encore présente alors que les coureurs progressent sous une pluie fine le long de la Mer du Nord, des kms seulement marqués par une grosse chute jetant à terre
Offredo en particulier. Aucun soucis n’est à noter pour le français qui récupère sans tarder sa place dans le peloton. En revanche son jeune compatriote
Bryan Coquard est contraint à l’abandon, enfin un coup dur chez Europcar cette saison ! À l’approche du Mont Cassel, le rythme s’accélère et l’avance du trio n’est déjà plus que de 5 minutes. Dans ces premiers pavés,
Van Avermaet en personne prend le rythme en main. Il faut déjà serrer les dents et on remarque que
Breschel et
Sagan sont très bien placés. Au sommet, un groupe de 9 se détache provisoirement avec également
Nuyens,
Cancellara,
Stuyven,
Gallopin,
Marcato et – beaucoup plus surprenant –
Marcel Kittel ! Les Target et Etixx ramènent vite le reste du peloton avant la prochaine difficulté, mais cela donne déjà une première indication des forces en présence. Dans la descente, une nouvelle chute met presque fin aux ambitions de
Roelandts qui repart en dernière position du peloton.
En effet, 50 coureurs seulement composent le premier groupe au sommet de la montée non-pavée du Mont Cassel et
Roelandts est piégé, comme
Boonen. Après avoir roulé, les Etixx ont explosé et ne comptent plus que
Démare à l’avant ;
Chavanel,
Boasson Hagen et
Boonen doivent donc rouler pour revenir.
Chainel,
Haussler,
Burghardt et
Eisel sont aussi dans le mauvais coup pour les flandriens, ainsi que de nombreux sprinters comme
Greipel et
Trentin. Le bras de fer est engagé avec les Sky à l’avant et malgré la crevaison d’
Hayman, l’écart se stabilise à une minute. Dans les montées asphaltées suivantes, l’écart monte progressivement ; assez pour considérer que le vainqueur est devant. À 60 kms du but, le Mont Kemmel se présente une première fois aux coureurs. Les Lotto Jumbo l’abordent en tête mais sont aussitôt débordés par
Fabian Cancellara qui revient le premier sur les échappés matinaux. Le suisse prend une petite vingtaine de secondes au sommet où
Kittel a de nouveau basculé dans les toutes premières positions avec
Boom et
Sagan. La sélection a une nouvelle fois été sévère puisqu’ils ne sont plus que 20 dans ce groupe. La cassure s’est faite juste devant
Matthew Goss, juste derrière
Matthews ! Dans ce second groupe de battus, on retrouve une nouvelle fois les BMC de
Ballan, beaucoup d’équipiers de
Cancellara,
Terpstra,
Maaskant, mais aussi des sprinters comme
Petit et
Bouhanni.
Cancellara ne se sent pas de couvrir les 60 derniers kms en solitaire et se relève logiquement. Dans la transition,
Marcato fait son possible pour maintenir l’écart mais n’est pas très efficace, alors
Lars Boom attaque. Le néerlandais est suivi de
Sagan et
Kittel, mais
Cancellara ramène tout le monde et suit la deuxième attaque du néerlandais dans ce faux plat.
Lars Boom se relève donc, il ne veut pas emmener Spartacus avec lui.
À l’approche des derniers pavés de la journée, on se bagarre de nouveau pour aborder le Mont Kemmel en tête entre
Sagan,
Cancellara,
Breschel et
Matthews, qui sait qu’il va reculer dans la montée. Cette approche rapide est d’ores et déjà fatale à
Mollema et aux échappés matinaux à bout de forces. Puis
Sagan fait exploser le groupe dans les pourcentages.
Degenkolb est dans son sillage immédiat, suivi de
Cancellara,
Van Avermaet, le surprenant
Démare et
Breschel. Derrière, on s’accroche comme on peut à la bascule.
Kittel,
Boom,
Gallopin,
Leezer,
Vanmarcke et
Nuyens sont dans le bon coup, et cette fois la cassure se forme devant
Matthews. L’australien peut compter sur
Langeveld qui doit faire l’effort pour rentrer. En revanche
Offredo est dans un mauvais jour et définitivement piégé. Dans le Monteberg,
Langeveld fait la jonction mais
Matthews coince face aux pourcentages. Si ses coéquipiers chez Lotto Jumbo attendent leur sprinter,
Sagan et
Cancellara ne veulent pas le voir revenir et collaborent en tête du groupe. L’australien parvient tout de même à se faire la peau et revenir dans la descente, pendant que
Gallopin fait le chemin inverse, perclus de crampes. Ils seront donc bien 13 à se jouer la victoire. Si les Lotto Jumbo sont en surnombre, il va quand même falloir être costaud pour manœuvrer
Sagan.
Alors qu’on l’attendait au sprint,
Matthews participe finalement aux relais pendant que
Boom montre de plus en plus de signes de fatigue. Les deux hommes finissent par décrocher dans un faux plat à 20 kms du but mais
Breschel peut toujours compter sur
Leezer pour l’emmener. En plus du danois,
Vanmarcke et
Langeveld ne participent pas aux relais, ni
Degenkolb pour une fois. Au vu de sa prestance dans le Kemmel et connaissant sa pointe de vitesse, l’allemand est à surveiller de très près. Dans le même temps,
Devolder effectue un retour monstrueux de l’arrière. Le belge a fait exploser
Chainel et
Chavanel et bouché 1’30’’ en solitaire ! Cependant, aussitôt revenu,
Degenkolb attaque et le renvoie d’où il venait. En s’approchant du final sur cette longue ligne droite finale, vent plutôt de face, les relais commencent à sauter. Bientôt seuls
Leezer et
Kittel assurent le tempo. Après son début de saison blanc et seulement deux jours de course dans les jambes, le sprinter allemand surprend son monde sur un terrain inhabituel pour lui. Sous la banderole des 10 kms, c’est encore lui qui saute dans la roue de
Leezer, comme
Vanmarcke, mais
Cancellara ne les laisse même pas prendre quelques mètres. C’est ensuite au tour des sprinters
Démare et
Degenkolb de prendre des relais pour s’assurer de l’arrivée massive malgré les attaques répétées de
Leezer à 7 et 5 kms du but. Sur cette dernière, le coureur Lotto se fait violemment contrer par
Peter Sagan en personne. Au lieu d’attendre le sprint, il force son destin. Un km plus loin,
Kittel sort à son tour sans réaction de ses adversaires. L’allemand se révèle classicman aujourd’hui et grappille même quelques mètres dans son bras de fer avec
Sagan. Il l’a à portée de tir sous la flamme rouge, mais l’ancien champion du monde inverse finalement la tendance pour compléter sa collection de classiques, une semaine après Milan – San Remo. Troisième,
Démare accroche une nouvelle place d’honneur, sans regret cette fois. Seulement 7e,
Breschel se disait déjà tourné vers le Tour des Flandres.