Etape 12
Retour de la montagne pour cette douzième étape. D’importants pourcentages attendent les coureurs, qui ne connaitront aucun répit du début jusqu’à la fin de l’étape. Heureusement, l’étape est assez courte, ce qui met en exergue son incroyable densité. Ainsi, sur 165 kms, se succèdent six difficultés, dont trois cols de 1ere catégorie. Comme d’habitude dans ce genre d’étape, les favoris sont Froome et Quintana, même si la descente finale pourrait favoriser Vincenzo Nibali ou Alberto Contador, deux coureurs qui ont du temps à rattraper.
Aujourd’hui est une journée idéale pour les coureurs voulant récupérer le maillot à pois. Avec 42 points de distribués, le classement du Grand Prix de la Montagne peut être renversé. Huit hommes ont cette prétention et s’en vont dès le drapeau levé. Samuel Sanchez, Julian Alaphilippe, Dario Cataldo, Rui Costa, Thomas Voeckler, Steven Cummings et Stefan Denifl composent l’échappée du jour. Au général c’est le Portugais qui est le plus dangereux, mais il compte plus de 20’ de retard sur Froome. Par contre, c’est l’Autrichien qui est le plus avancé pour le maillot à pois, comptant déjà 8 points. C’est en tête que les coureurs arrivent dans le col de Menté, où l’écart va monter.
En effet, dans cette montée de 10 kms à 8.2% de moyenne, le peloton impose un petit rythme. Froome ne veut pas épuiser ses équipiers qui lui seront précieux plus tard, dans l’emballage final. De ce fait, en 10 kms les échappées prennent 6’27’’ d’avance. Au sommet, c’est Cataldo qui passe en tête. On se souvient de l’épopée rouge et blanche de son équipier Luis Leon Sanchez : le maillot à pois est-il l’objectif d’Astana ? Une fois la longue descente de Menté effectuée, les coureurs se trouvent dans le Portet d’Aspet, un col plus court mais plus dur, avec ses 4.4 kms à 9.2%. Là aussi, le peloton va à un rythme de sénateur. Néanmoins, les pourcentages font très mal à des coureurs déjà fatigués. Au sommet, seuls 50 coureurs forment le paquet, qui est pointé à 12’15’’ des échappées. A l’avant, justement, c’est au tour de « SSG » de passer le Portet d’Aspet en tête et de prendre les 5 points mis en jeu. Dans la descente, le peloton récupère des unités et se met en marche, emmené par la Trek. L’écart baisse un peu, 10’08’’ à 105 kms. Devant, l’échappée se fissure, et Sanchez, Costa et Cataldo font un trou dans la descente.
Chez les leaders, la descente d’Aspet occasionne deux chutes, mais heureusement pour Kelderman et Dan Martin, elles n’ont aucune conséquence. Une autre à l’arrière est plus grave, contraignant Sep Vanmarcke à l’abandon. Devant, le Col de la Core fait face aux échappées. Dès ses premières pentes, le trio devient un quatuor à la faveur du retour de Voeckler. Toutefois, le 4e du Tour 2011 subit le gros rythme de Costa dans les pentes à 6.2% de moyenne et fait l’élastique. Dans le peloton, l’écrémage est intensif grâce aux essoreuses Sky et Trek. A l’issue de cette difficulté, seuls une cinquantaine de coureurs accompagnent le maillot jaune Froome, rares sont les équipiers à être présents. Devant, à l’issue des 13 kms du Col de la Core, c’est Cataldo qui empoche les points du Grand Prix de la Montagne. L’Italien s’approche du maillot à pois.
Les coureurs vont maintenant avoir un peu de répit avec une vallée comportant en son sein un sprint intermédiaire dans la bourgade de Seix. L’écart entre le groupe maillot jaune et le trio infernal passe sous les 6’ à environ 80 kms de l’arrivée. Il n’est pas encore dit qu’un de ces trois-là lèvera les bras à Tarascon-sur-Ariège. Derrière, ce sont toujours les coéquipiers de Mollema et du maillot jaune qui roulent. De ce fait, le groupe reste tel qu’il est et aucun équipier ne rentre. Dans une petite descente, Adam Yates tente une attaque vouée à l’échec. Dans quelques kilomètres, les coureurs seront dans le Col d’Agnès, juge de paix de cette étape.
Mais d’abord, c’est le col de Latrape que vont devoir affronter les coureurs. Malgré ses 6.2 kms à 6.9% de moyenne, ce n’est rien comparé à ce qui a été affronté et ce qui sera affronté par échappées et peloton compris. Au sommet, Cataldo s’assure le port du maillot à pois en prenant les cinq points mis en jeu. C’est dorénavant un géant qui se dresse devant les 189 rescapés du Tour. Avec ses 10 kms à 8.1% de moyenne, l’Agnès fait peur à beaucoup de monde. De ce fait, dans le peloton et dans l’échappée on cherche surtout à temporiser et à reprendre son souffle dans les pourcentages les plus fous. Après plus de 35 kms d’ascension, tout le monde est fatigué. A deux kilomètres du sommet, l’écart entre les fuyards et le groupe maillot jaune est de 1’30’’. Il parait maintenant inévitable que les leaders vont se jouer la victoire d’étape. Dans cette optique-là, deux d’entre eux attaquent à 1000 mètres du sommet de l’Agnès. Pinot et Mollema creusent rapidement un trou, qu’essaient de juguler Porte, Nibali et Contador. Entre temps, Cataldo confirme sa mainmise sur le classement du Grand Prix de la Montagne. Derrière, Froome temporise avec Quintana dans sa roue. Il reste encore une difficulté pour que ces deux-là s’expriment.
Derniers pourcentages avant la descente sur Tarascon-sur-Ariège, les pentes du Port de Lers seront littéralement avalées par les coureurs, non sans intérêt. En effet, à cette occasion un regroupement s’opère à l’avant. Pinot, Contador et Mollema se joignent à Cataldo, Costa et Sanchez. Ensemble, ils comptent 1’ d’avance. Cela peut suffire avec les 25 kms de descente qui restent lorsque le champion du monde de Florence passe en tête au sommet de Lers. Dans la descente, Cataldo et Sanchez paient leurs efforts et se font lâcher. Chez les leaders, la Cannondale profite de sa supériorité numérique pour faire rouler Talansky et Rolland. En effet, Uran est celui qui a le plus à perdre avec deux coureurs le talonnant (Contador et Pinot) et un le devançant (Mollema) devant.
Sous l’arche des cinq kilomètres, l’écart est de 40’’ pour le quatuor. Ce dernier s’entend bien, et Rolland ne fait plus baisser l’écart. Le Français s’écarte alors pour faire place à une puissante attaque d’Uran. Le Colombien, malgré la grosse étape de demain, ne ménage pas ses efforts pour rentrer sur le groupe de devant. Il emmène avec lui Kruisjwijk et Kelderman. A la flamme rouge, tout ce beau monde se regroupe devant avec plus d’une minute d’avance sur un groupe maillot jaune qui ne s'entend pas (ou ne veut pas s'entendre). Un sprint départage alors les sept coureurs. Comme hier, Mollema bénéficie de sa pointe de vitesse. Sauf qu’à contrario de Lannemezan, aucun adversaire n’est à sa taille. Deuxième victoire en deux jours pour le néerlandais, qui devance un compatriote, Kelderman. Suivent (dans l’ordre), Pinot, Uran et Contador. Le groupe maillot jaune arrive à 1’22’’ derrière, ça sent la mauvaise opération pour certains, au profit de Mollema notamment. Enfin, les deux premiers hors-délais du Tour sont à signaler : Arndt et Van Staeyen sortent de la course.
DU COTE DES LEADERS
Pas mal de changements dans les classements. Tout d’abord, Mollema entre dans le top 5 à la faveur de sa victoire, il relègue Nibali à la 6e place. Pinot fait son retour dans le top 10, grâce à l’attitude de Thomas, qui sur cette étape a roulé puis s'est fait lâcher. Froome et Quintana se sont marqués intensivement, ils devraient bouger demain. Enfin, deux grands changements sont à répertorier dans les classements annexes : le maillot à pois revient à Cataldo, et le maillot vert à Mollema ! En effet, grâce à cette deuxième victoire en autant de jours, le néerlandais dame le pion à tous les sprinters. Sa forme étincelante continuera-t-elle demain ?