Je sors de 4 jours de vélo en Maurienne avec mon ami Adrien, orienteur de haut niveau qui court le 10k en 31', mais très dilettante en vélo (il a repris cette année après 3 ans sans y avoir touché, et cumule 300 bornes cette année). En allant poster mes aventures ici, je suis tombé sur
celles de wawan, marrant de voir à quel point les programmes se ressemblent à 7 ans d'intervalle et malgré un nombre de jours différent. J'aime beaucoup ton style et ça se lit super bien d'ailleurs wawan! Pour l'héberg, on a pris un airbnb entre Saint-Jean et Saint Michel pour avoir accès aux grands noms facilement.
Jeudi : petite boucle du Grand Cucheronhttps://www.strava.com/activities/7775914092Jeudi, comme on arrive tous les 2 du bas de la Maurienne (hyper mal orientée pour arriver du sud la Maurienne, à moins de raquer le tunnel de Fréjus ou de faire le Galibier en caisse), on décide de découvrir au passage le Grand Cucheron. On part d'Aiguebelle, et après quelques kms qui montent déjà bien en guise d'echauff puis une légère descente, on attaque la montée proprement dite, avec 4 bornes pas très dures à 5%, puis 6 plus sérieuses à 8%. On prend un bon rythme dans la partie raide qui serpente en forêt, en se permettant d'accélérer progressivement jusqu'à me faire lâcher par Adrien qui forcément a plus de cannes que moi. J'évite l'explosion et continue sur un bon rythme, pour faire ces 6 bornes en 30 minutes, un poil sous les 1000m+/h, très encourageant pour moi! On attaque une courte descente avant de remonter l'anecdotique (du moins de ce versant, avec 3 bornes à 7%) col de Champ Laurent qu'on fait tranquille en discutant. De là, descente technique et un peu scabreuse sur la vallée où je lâche vite Adrien. Petite frayeur dans une épingle juste après un virage, où j'arrive trop vite, je dérape un peu mais arrive à rester sur le vélo. Un peu de plaine, puis une dernière montée pour arriver sur Aiguebelle d'en haut après 45 bornes. Un tour bien raisonnable pour une prise de contact, touristiquement intéressante bien que loin d'être de la haute montagne, avec le GC très forestier dans les résineux, et Champ Laurent plus dans les prés et plus "vivant".
Courses à SJdM, pates à l'héberg, je gagne le tirage au sort pour le meilleur lit et passe la soirée à halluciner de la couverture médiatique du décès d'Elisabeth, et à rager contre Berne et Lang.
Vendredi : Le Galibierhttps://www.strava.com/activities/7779831712On "profite" d'être à mi chemin entre Saint-Jean et Saint-Michel pour s'échauffer 8 bornes sur la route la plus dégueulasse du monde (heureusement peu fréquentée) en fond de vallée avant de rejoindre SMdM (putain les gars avec le nombre de cyclistes qui viennent en Maurienne vous avez pas moyen de foutre une voie verte ou quoi dans la vallée ?). Pour tous les 2, monter au Galibier constituera un record de longueur d'une ascension, mais si j'ai déjà l'expérience de grands cols à vélo (notamment l'Agnel que j'ai fait plus tôt cet été), Adrien réalise que c'est la première fois qu'il va monter au-dessus de ... 1500 m à vélo. Sacré baptême!
On attaque le pied du Télégraphe (12 km à 7%) sans lambiner mais sans se flinguer, je pense qu'on est vraiment dans la bonne allure, les sensations restent raisonnablement facile. La montée n'est pas désagréable, un peu gâchée par quelques motos dont le silence n'est pas la vertu cardinale. On arrive en haut en 1h02, déjà les yeux tournés vers le Galibier. Petite pause pour remplir les bidons et le ventre, et vider la vessie à Valloire puis on enchaine direct, avec un premier km qui nous baptise un peu avant que la route se calme.
De ce que j'avais retenu, il reste 17.5 bornes après Valloire, 9.5km qui alternent raide et fastoche, puis 8km vraiment raides après Plan-Lachat. Les premiers raidards passent sans soucis, d'autant qu'on peut récupérer sur les longues portions roulantes en profitant du paysage. Par contre on se retrouve dans le dur sur le dernier coup de cul avant Plan-Lachat où on se prend d'un coup le vent dans la gueule. Je me cale derrière Adrien et on commence à rattraper beaucoup de cyclistes collés. On reprend un peu notre souffle puis c'est parti pour 8 bornes à 8%, on est un peu entamés mais il nous reste encore des forces, notamment Adrien qui craignait la longueur de l'effort et l'altitude ne semble pas avoir commencé à piocher dans son capital.
On espérait qu'avec l'épingle à droite, le vent soit moins défavorable mais c'est peine perdue, il va lutter contre nous quasiment toute la montée. Je sens que je suis moins fort et laisse sagement Adrien faire le travail, je m'accroche un peu dans les parties les plus raides pour suivre mais je suis pas à la rupture. Gros plaisir d'être dans de tels paysages que pour l'instant, je n'avais vu à vélo que sur l'Agnel et la Cayolle (que j'avais trouvés encore plus jolis que le Galibier). Niveau circulation, étonnamment beaucoup moins de monde que dans le Télégraphe (alors qu'en moto ça doit pas être beaucoup plus dur), mais on s'en réjouit! Passée la fromagerie, on est un peu plus abrités, je garde la roue d'Adrien jusqu'aux lacets des 2 derniers km puis lui dit d'y aller. Comme la veille, je monte à mon train régulier sans exploser, et arrive à relancer dans la rampe infâme juste après le tunnel, pour monter en un poil moins d'1h30 depuis Valloire, 2h46 en cumulé depuis la vallée, en comptant 5 minutes de pause à Valloire.
Sportivement, ca me parait pas dégueu et j'ai le sentiment d'avoir très bien géré la montée, en faisant notamment le Télégraphe pile à la bonne intensité. Je me doutais que les derniers km devaient être un calvaire si on arrivait trop entamé, ce que confirme le récit de wawan et les nombreux cyclistes qu'on a dépassé complètement collés sur la fin, alors qu'on avait encore du jus. Bref, dur à classer objectivement avec la redescente à Valloire, mais subjectivement très satisfaisant
Super vue sur les écrins et le Mont Blanc au sommet, on profite, on prend des photos puis on attaque la descente, belles courbes et pas que des épingles, je me fais plaisir malgré le vent. On se choppe un resto à Valloire (d'habitude j'évite vu que j'ai du mal à repartir après, mais là il reste presque que de la descente), avec un serveur très convivial. Comme prévu, la remontée sur le Télégraphe donne pas envie, mais on la fait en dedans sans trop de soucis. Adrien prend confiance dans la descente et arrive presque à me suivre dans la descente où on retrouve la circulation. En bas, il nous reste des forces pour descendre la vallée (où, comme m'avait prévenu mon père, le vent remonte) en envoyant un peu sur le plat, même si on est tous les deux bien meilleurs grimpeurs que rouleurs.
Bien claqués en arrivant à l'appart, glandouillage, poulet au curry, et série sur Orelsan vu qu'on a Prime sur la télé.
Samedi : Le Mollard et Montvernierhttps://www.strava.com/activities/7784586194Pour éviter de se mettre timbale tous les jours, on trace plus raisonnable le samedi, on renonce par exemple à la Madeleine qui faisait bien envie, en choisissant de faire 2 ascensions moins prestigieuses mais intéressantes.
Cette fois ci, on descend la vallée mais on arrive à éviter la grosse route, au prix de quelques dizaines de mètres de d+. Juste avant SJdM, on attaque la montée par le Col de la Confrérie (11km à 7%), montée dans une hétraie paisible, avec un revêtement très correct au début mais qui se dégrade. La pente est très régulière, entre 6 et 7%, avec des relances à faire dans les très nombreuses épingles, plus raides. J'ai le sentiment de lambiner un peu donc j'accélère progressivement, les sensations sont très plaisantes quand on a le sentiment de réussir à monter vite. Adrien me dira qu'il avait un peu de mal à suivre l'allure, ça doit être la première fois que je l'entends me dire ça! La forêt se termine au col, d'où on attaque une transition avec une super vue sur les massifs environnants.
La vallée où monte la route de la Croix de Fer forme un cirque, et je préfère ce paysage à la vallée plus fermée du Galibier, on a le sentiment de beaucoup plus dominer. Je mets enfin un nom sur les Aiguilles d'Arves, dont j'avais repéré cet été la forme caractéristique lors d'une rando dans le Vercors, sans parvenir à les placer sur la carte. Débat sur un glacier qu'Adrien plaçait dans les écrins et moi dans Belledonne (oui ça culmine à 3000 je sais
), et qui s'avère être dans les Grandes Rousses. Heureusement que le paysage est là, puisque la route est très irrégulière, mauvais revêtement et coups de culs incessants alors que j'avais espoir de pouvoir discuter tranquillement. Mine de rien la pause au Mollard fait du bien et nous requinque.
Descente inégale mais où je me fais plaisir vers la Vallée, puis remontée vers les tunnels où je me mets en protection avec ma jolie veste fluo. Le deuxième pallier de la descente est très bon à descendre, par contre gros tankage dans la deuxième remontée. Petite transition pour arriver à SJdM, où je lis mal la carte et nous envoie 30m de deniv en aval de la boulangerie. Ca nous fait au moins visiter le bourg, plutot sympa, puis on se pose dans un petit jardin pour manger.
Petite flemme de repartir sous la chaleur, mais il nous reste que les Lacets de Montvernier à faire, y en a pour une grosse heure. Gros coup dur avec des bourrasques de dingue pour descendre la vallée, on fait ça hyper en dedans. On arrive vite au pied des lacets qu'on fait tempo, la route est rigolote mais beaucoup plus télégénique qu'espoustoufflante à faire, on oit notamment très peu les autres lacets. Descente roulante sur la vallée, puis on remonte à l'héberg avec cette fois le vent de dos. Dernier coup de cul pour rentrer dans le village et on se pose à l'appart, le sentiment d'être plus cuits (la dernière heure sous la chaleur ?) que la veille.
Gratin de crozets et fin de la série d'Orelsan puis au lit.
Dimanche : le Glandon en bouclanthttps://www.strava.com/activities/7793277719La boucle du Glandon s'impose naturellement comme dernière grosse sortie à faire. Plus sympa qu'un AR simple dans la Madeleine, beaucoup plus proche que l'Iseran, et plus mythique que le reste. Pour le sens, il me semblait avoir lu ici que le Glandon est très joli à faire depuis le Nord, puis surtout les redescentes dans la Croix de Fer nous plombaient un peu le moral, et ça permettait de faire la vallée en descente.
Flemme de se faire la portion jusqu'à SJdM en vélo, donc on s'avance pour la route de l'aprem. Départ un peu tardif le temps de quitter l'héberg, on fait la vallée pépouse, il fait un peu chaud sur e bas du Glandon mais rien de très génant. Le profil me fait un peu penser au Galibier : un pied de col roulant et régulier (ici 8.5km à 7%, contre 12km à 7% pour le télégraphe), un replat (bon c'est là que ca a rien à voir
, ici c'est 2km à 3% alors que y en a pour 15 bornes avec de vrais pourcentages dans le Galibier), puis une fin de col vraiment dure (9 bornes à 8.5%, et notamment les 3 derniers à 9,11, et 10%).
Les jambes ne sont pas trop lourdes sur le bas du Glandon, on se cale à un bon rythme. La route n'est pas si régulière, avec beaucoup de changement de pente tous les hectomètres. Les km défilent assez lentement au début, puis on prend bien notre rythme avant le replat dans le village. Sur cette partie, on est en fond de vallée, au frais, pendant un moment, puis on passe dans quelques près puis en forêt, y a pas mal d'habitations, bref c'est assez varié. Par contre, on sent qu'on est dimanche, sacrée circulation, notamment beaucoup plus de voitures de sports, alors qu'il y en avait très peu dans le Galibier.
On profite de la transition pour s'alimenter, puis alors qu'on est en passe de rattraper notre premier bonhomme de la journée, Adrien commence à bien envoyer dans les premières rampes. Je suis en serrant les dents, puis on attaque une partie super sympa en forêt, sur une route très rétrécie. Ca serpente, c'est très mignon, le seul soucis c'est que les pilotes du dimanche veulent passer quand même, on se fait bien froler par des mecs à fond en voulant doubler d'autres cyclistes. On débouche dans les alpages, et arrive à l'improbable terrain de foot après 3 bornes bien costaud autour de 9%, je commence à lâcher la roue d'Adrien, mais je me rends compte que c'est parce qu'on monte à plus de 1000m+/h sur cette partie là! De là, on enchaine sur 2 km un peu plus faciles où je mange une dernière pâte, puis la route se cabre encore. C'est assez traitre sur le début puisqu'on est toujours en fond de vallée, mais ça monte sec. Ca devient plus évident après le premier lacet, grosse rampe à 12% sous une falaise, tout en danseuse, forcément je vais pas très vite mais je sens que les jambes répondent encore. Je profite de la vue incroyable, le ciel est d'un bleu éclatant sans un nuage, et on voit le Mont Blanc qui domine au loin. Je kiffe avoir les plus gros pourcentages sur la fin, j'arrive à tout donner, sans devoir mettre tout à gauche (ok sur un 34/34 c'est peut être plus facile
). Après le dernier lacet, la pente s'adoucit enfin et on débouche.
Je pensais monter en 1h40/45, je me retrouve en haut en 1h34 depuis le croisement, Adrien est monté en quasi 1h30. Sportivement, c'est clairement ma montée de référence je pense, régulier en bas et à bloc sur le haut, un peu comme au Galibier, mais en plus compact. Clairement, ça change de ne pas se choper de vent sur le haut du col! Petite pause en haut puis on bascule sur la Croix de Fer, où la foule des grands jours s'est retrouvée (quelle belle journée il faut dire!). On s'attarde pas trop non plus, on attaque direct la descente, la première partie est hyper kiffante j'arrive à être bien offensif. On prend la route du haut, par les Alpages pour rejoindre l'itinéraire de la veille le plus tard possible. Je remarque qu'on est bien meilleurs en descente que la veille, on gagne notamment 30" sur un segment de 6' (pour prendre une place dans les 2 meilleurs % héhé), impressionnant à quel point connaitre la route aide.
A Saint-Jean, pas de boulangerie ouverte, on tape les restes de bouffe qu'il y avait à la voiture, sauvés!
Bref très content d'avoir réussi à faire ce séjour. Le vélo est vraiment un sport qui lisse bien les niveaux, j'aurais pas pu faire 4 jours aussi sportifs avec un gars à ce point plus fort que moi si on avait fait de la course par exemple (bon forcément son inexpérience a aussi contribué à lisser les niveaux
). Adrien était très content de découvrir la Haute Montagne, moi ravi d'avoir élargi ma collection de grands cols, et très content de mon niveau physique (et technique en descente). Sur de longs cols comme ça, j'aime bien le principe d'en faire un seul par jour, ça permet de se donner sans trop compter ! Avec en plus une super météo, je rejoins l'avis global et confirme que la Maurienne c'est vraiment un must pour le vélo !