Tiens j'ai une soudaine envie d'écrire sur un animé récent que je viens de finir et qui m'a particulièrement marqué :
Sonny BoyQuelques visuels en spoiler pour ne pas surcharger la page :
Donc animé sortie en 2021. Derrière c'est
Madhouse, bien connu pour leurs adaptations de
HunterxHunter, Monster, Ippo, Death Note mais aussi d'autres titres plus expérimentaux comme
The Tatami Galaxy sur lequel on retrouve un peu d'influence dans
Sonny Boy.
Au niveau du scénar, ça commence plutôt classique. Une classe de 36 collégiens de 3ème se retrouve "dérivée" dans une autre dimension et coupée du monde. Ils devront apprendre à vivre ensemble malgré des conflits entre élèves. Oui, ça ressemble à
Sa Majesté des Mouches ou
L'école emportée pour rester dans la Japanimation. Pourtant on ressent vite une première différence, certains des élèves sont soudains dotés de supers-pouvoirs, dans leur dimension n'existent que l'école et le reste est le vide absolu. Une approche plus science-fiction que d'ordinaire.
Mais là ou l'animé va se démarquer, c'est dans la complexité de sa narration. Tout comme les élèves on se retrouve complètement perdu face à la bizarrerie de la situation. Le réalisateur cherche à vous perdre et le fait bien : Scènes sorties de leur contexte, pas toujours dans l'ordre temporel, symbolisme à gogo. Les thèmes abordés se veulent résolument philosophiques et se retrouvent dans les questions que se posent les élèves : Quel est ce monde ? Quel sont ses règles ? Sommes-nous seuls ? Y a t'il plusieurs mondes comme celui ci ? Qui sommes nous au fond ?
A ces questions l'animé répond de façon détourné. Si vous cherchez à ce que l'on vous donne la réponse toute faite, ce n'est pas ici qu'il faut aller. Pourtant, un thème simple qui se retrouve dans énormément d'animé, permet de répondre à beaucoup d'interrogation. Je ne vais pas le dévoiler, parce que ça fait partie du jeu de se poser ses questions, mais c'est vraiment moins complexe qu'il n'y paraît. On reste loin d'un
Serial Experiment Lain par exemple. Et surtout même sans tout piger, l'animé reste agréable à suivre, la trame narrative est claire (comment rentrer chez nous ?), et on a pas besoin de comprendre la moindre apparition de symbolisme pour comprendre le gros de l'histoire.
Au niveau des visuels, on est sur quelque chose de résolument rétro : 0 CGI ici, tout est fait à la main. On retrouve une vibe année 90 mais avec les techniques modernes. Le chara design est simple est épuré, pas de cheveux de toutes les couleurs, des collégiens en apparence normaux. Là ou l'animé frappe fort, c'est par son utilisation du surréalisme, et sa technique qui donne un côté peinture aux backgrounds. On passe par beaucoup de décors bizarres, étrange et inhabituel. Ce que les personnages ont en sobriété, le reste compense en extravagance.
Niveau musical, on est aussi sur quelque chose de peu usité en Japanimation. Chaque musique (excepté l'ending), n'est jouée qu'une seule fois. On se retrouve avec des épisodes assez silencieux (le premier n'a même aucune musique, seulement les voix des personnages et des bruits d'ambiances ! ), mais la musique est utilisée de manière à marquer une scène au fer rouge. Quand les instruments jouent, c'est que le moment est important, et ça rend les scènes encore plus inoubliables. Au niveau des styles abordées, tout à été composé par des groupes de rock indés asiatiques. On se retrouve avec des musiques tantôt joyeuses, tantôt mélancoliques, parfois mid-west emo.
Enfin en terme d'influence, je vois du
Serial Experiment Lain pour le côté complexe de la narration et le point de vue du perso principal perdu au milieu de tout ce joyeux bordel, du
The Tatami Galaxy pour les visuels, c'est le même studio et l'un des principaux réalisateurs aussi, du
FLCL pour les thèmes abordés, du
Bakemonogatari pour le surréalisme et la façon dont les personnages ont de se mouvoir dans certaines scènes (épisode 4 c'est flagrant) et également du
Mind Game pour le surréalisme et une scène finale d'anthologie qui rivalise avec la fuite de la baleine pour ceux qui ont vu le film. Je mettrai même un peu de
Makoto Shinkai dedans. ça serait le genre de série qu'il pourrait réaliser si il enlevait ses gros sabots et apprenait à écrire un peu mieux.
On retrouve vraiment la poésie d'un Shinkai par moment, et les personnages sont à fleur de peau.
Bref comme souvent quand je suis passionné, c'est un peu long, mais j'espère que ça pourrait donner envie à certains de s'intéresser plus en détail à la série, c'est vraiment un animé à part. Il me semble que c'est dispo sur Wakanim.