ContadordeEstorias a écrit:Justement, parlons logique. Un exemple ne suffit pas à dévalider une théorie/affirmation.
Si pour un gamin génie qui ne sait pas écrire, il y en a 9 autres qui ne savent pas écrire car ils sont nuls, devons-nous continuer à les faire passer en classe supérieure et ainsi pénaliser le niveau des autres ? Pour savoir si l'absence de tests et le passage automatique ont plus d'effets positifs que négatifs il faudrait des statistiques et études.
Ciotti proposait de créer une classe de 6ème de remise à niveau en français (
source). Voilà là un moyen / pédagogie à adopter pour ne pas arriver à ce chiffre sur lequel les équipes de Ciotti se sont penchés.
Pour une fois que l'on a un test qui sert à quelque chose on peut quand même y réfléchir au lieu de balayer cela d'un revers de main.
Et si l'envie est de critiquer le programme de Ciotti, il y a tellement de mesures et d'affirmations fausses voire bêtes qui peuvent être prises en exemple. Dommage de prendre celles-ci.
Pour ma part, je trouve déplorable le fait que l'EN ne veuille plus faire redoubler les élèves. Je suis vacataire dans le supérieur, et j'ai vu sur les 20 dernières années le niveau se dégrader. Le programme a peu évolué mais il est de plus en plus difficile de le boucler. Beaucoup d'élèves (qui pourtant ont le bac avec mention B ou TB) ont des difficultés (notamment en mathématiques).
Je me retrouve parfois à expliquer des notions vues en collège et qui ne sont toujours pas maîtrisées...
Et je ne parle même pas de l'écriture. Tant dans le soin que dans l’orthographe. Ce n'est pas normal d'avoir, dans le supérieur, le TOP 20% (en notes) qui ne sait pas écrire correctement français (ce soir j'ai lu quelqu'un qui a écrit : "les profits redistribué". Dans une interro où le temps laissé à disposition aux élèves a doublé en 10 ans...).
A un moment on ne peut plus balayer toute proposition sans rien faire et arrêter de crier à la stigmatisation. Si l'on ne veut pas stigmatiser il faut donner les outils aux élèves afin qu'ils n'en soient pas victimes. Les faire passer de classe alors qu'ils ne maîtrisent pas les bases ne fera qu'enraciner les causes de cette stigmatisation. Je doute que ce soit une méthode efficace.
Retournons l'exemple : a-t-on des sources qui montrent que le redoublement est profitable ?
Si pour un gamin qui connait un déclic, il y en a 9 autres qui rament encore, devons-nous continuer à les faire redoubler ?
Par ailleurs, je doute qu'on puisse débattre plus longtemps ou échanger sereinement. D'une part, tu me prêtes des intentions qui ne sont pas les miennes : "A un moment on ne peut plus balayer toute proposition sans rien faire et arrêter de crier à la stigmatisation." -> joli résumé qui fait de moi un type obtus réfractaire au changement, ce qui est justement à l'opposé de mes pratiques, ça ferait marrer mes collègues.
D'autre part, certaines assertions me heurtent profondément, comme :
ContadordeEstorias a écrit:Si pour un gamin génie qui ne sait pas écrire, il y en a 9 autres qui ne savent pas écrire car ils sont nuls
Je sens poindre une vision bien élitiste...Ne sait pas écrire = nul, on est aux antipodes de la bienveillance.
Cela me fait penser à des échanges avec des collègues de mon secteur (rares spécimens, fort heureusement), des collègues aigris qui reprennent toujours les mêmes antiennes : c'était mieux avant ! les enfants ne sont plus les mêmes ! ils ne savent plus faire ceci ! et encore moins cela !
On peut s'accorder sur le fait que les enfants ne sont plus les mêmes, car la société n'est plus la même. Tout comme nous n'étions pas les mêmes enfants que nos parents. Donc, partageons le constat. Mais ensuite, nos avis divergent.
On peut se lamenter ad nauseam et regretter que les enfants ne soient pas capables de s'adapter à nos exigences, érigées en une sorte de graal absolu, immuable et intangible...mais on peut aussi regretter que l'école ne fasse pas plus d'efforts pour s'adapter à eux.
Aller chercher les enfants là où ils sont, s'intéresser à leur personne, valoriser leurs talents pour ouvrir ensuite d'autres portes, ça me semble un effort plus noble que de vouloir les faire rentrer dans un moule à coup de trique. Et ça n'empêche pas d'avoir de l'ambition pour eux, bien au contraire.
Bref, le seul exemple de mon ancien élève ne suffit pas à justifier ou invalider quoi que ce soit, c'est vrai. Mais quand certains ne veulent regarder que l'étude, le chiffre, la statistique, je vois d'abord la personne, l'élève en tant qu'individu. Un système comme celui voulu par Ciotti, il l'aurait brisé à coup sûr ce gamin. C'est d'ailleurs ce qui a failli arriver quand il a passé une année dans la classe d'une de ces collègues aigris, soit dit en passant.