La 17e étape retourne dans les Dolomites avec un triptyque redoutable en direction de Cortina d’Ampezzo. Cette étape donne des idées à des baroudeurs comme
Jungels,
Hindley et
Bernal, 17e à 20 minutes au général. Mais l’échappée a la malchance de tomber sur une équipe Bianchi déterminée à rejeter loin les adversaires de
Schleck. Ils font le forcing pour reprendre l’échappée avant même les premières pentes du Passo Duran, à 70 kms de l’arrivée. Préservés jusque-là,
Formolo et
Meintjes entrent alors en action. Ils imposent un rythme supersonique que
Schleck est tout simplement le seul à suivre. Les autres prétendants au général se reposent pour l’instant sur leurs équipiers fatigués, bien qu’ils perdent beaucoup de terrain. Au sommet,
Schleck, désormais isolé, possède près de 3 minutes d’avance ! Il reste 55 kms et 2 cols mais ils ne sont déjà plus que 14 à sa poursuite, sans
Padun qui ne s’est pas remis de ses déboires de la veille. Dans la Faurcella Staulanza,
Jallas Amigό et
Barguil attaquent, provoquant l’explosion du groupe. Les seuls membres du top 10 à ne pas accélérer sont les Jumbo, car
Mollema a encore sa tête des mauvais jours.
Acedo attend son leader, mais l’écart ne va faire que croître jusqu’à la ligne d’arrivée, que
Mollema va franchir en 17e position avec 7’54’’ de retard sur le vainqueur ! C’en est fini de ses espoirs de rose. Loin devant,
Barguil est le seul à soutenir la comparaison avec
Schleck. Il parvient à mettre le maillot blanc dans le rouge et refait petit à petit son retard sur l’homme de tête.
Schleck est finalement revu à deux kms du sommet du Passo Giau. Le luxembourgeois parait plus entamé mais s’accroche avant de basculer dans la descente finale. Le plus dur est fait, mais le maillot rose subit quand même les relances de
Barguil, meilleur descendeur et plus frais. Le français parvient à se débarrasser de
Schleck à 10 kms du but, et en si peu de temps à lui reprendre 1’29’’ ! Pointé à plus de 20 minutes après une première semaine malchanceuse, ses adversaires l’ont laissé revenir dans le jeu, et le voilà qui s’empare du maillot rose pour 25 secondes ! À 2’39’’ et 4’01’’ aujourd’hui,
Adam Yates et
Landa terminent 3e et 4e de l’étape et s’emparent de ces places au général, a priori sans pouvoir menacer
Barguil et
Schleck désormais.
Mollema conserve le top 5 à 7 minutes, juste devant
Simon Yates et
Bardet.
Buchmann rentre de nouveau dans le top 10.
Au lendemain de cette étape folle, les Jumbo veulent redresser la tête. Ils roulent toute la journée derrière l’échappée car
Mollema a repéré la petite bosse dont le sommet n’est qu’à 5 kms de l’arrivée.
Acedo et lui donnent tout dans ces quelques pourcentages pour reprendre
Philippe Gilbert, dernier rescapé de l’échappée, juste au sommet. Derrière, les sprinters sont en difficulté et les favoris se réservent peut-être pour le chrono du lendemain.
Acedo et
Mollema peuvent donc filer vers un doublé sur la ligne !
Acedo a pris les points de la montagne et
Mollema signe sa troisième victoire de l’épreuve. Le perdant du jour est
Simon Yates. Dans ce Giro décidément impitoyable jusqu’au bout, c’est au tour du britannique de chuter alors que la poursuite était lancée. Il ne pourra jamais revenir dans le peloton, perd 4 minutes sur la ligne et passe derrière
Bardet au général. Le chrono de 42 kms vallonnés du vendredi donne une nouvelle occasion aux Jumbo de sourire.
Kelderman fait respecter la hiérarchie en s’imposant. Derrière, les purs rouleurs n’ont pas forcément été à la fête alors que les grimpeurs-puncheurs ont pu s’illustrer. En premier lieu,
Mollema signe le 2e chrono à 31’’, devant
Geoghegan Hart à 57’’ ! L’autre favori
Boasson Hagen est passé au travers. Hormis
Simon Yates, tous les membres du top 10 sont à plus de 2 minutes.
Landa et
Jallas Amigό sont les plus gros perdants à plus de 3’30’’, l’espagnol repassant derrière
Mollema au général. Dans le duel pour le rose,
Schleck termine 15e à 2’01’’ et
Barguil 27e à 2’43’’.
Schleck reprend donc le maillot rose pour 17 secondes avant la dernière étape de montagne !
Tout reste cependant possible sur ces 232 kms menant à Bormio 2000 balayés par le vent. Ils ne sont d’ailleurs que 4 courageux à se projeter sans opposition à l’avant :
Caicedo,
Moscon,
Rivera et
Samoilau. Sans qu’on comprenne pourquoi, les Bianchi les maintiennent entre 2 minutes et 2’30’’ devant. En 2e et 3e positions du peloton,
Schleck et
Barguil prennent beaucoup de vent alors que celui-ci souffle de face. Pendant ce temps,
Bernal (16e du général), l’un des rares épargnés jusque-là, chute et
Battaglin abandonne, laissant
Mennichelli seul survivant de l’équipe NIPPO. L’échappée est reprise au pied du Passo Gavia où
Chaves,
Balloni,
Padun et
Valls attaquent.
Acedo peut ainsi grappiller quelques points de la montagne derrière l’échappée, mais si
Barguil passe en tête de la Cima Coppi et gagne l’étape, il s’emparera aussi du maillot bleu pour 2 points. Ce scénario s’éloigne heureusement car les Bianchi, après avoir réduit le peloton à 45 unités, commencent à fatiguer. Les quatre attaquants prennent 5 minutes de marge à 12 kms du sommet, moment que
Brambilla choisit pour hausser le rythme du peloton qui s’endormait.
Mollema a visiblement retrouvé des jambes pour viser le podium, et
Acedo et
Geoghegan Hart sont encore en place autour de leur leader. Lorsque
Brambilla s’écarte à un peu plus de 3 kms du sommet,
Acedo et
Mollema accélèrent !
Jallas Amigό est comme d’habitude le premier à suivre.
Adam Yates doit faire l’effort pour protéger son podium,
Schleck et
Barguil se marquent. Loin d’être mis en difficulté,
Adam Yates contre carrément les Jumbo pour passer en tête de la Cima Coppi ! À sa poursuite, les attaques se multiplient et
Schleck recule légèrement, alors
Barguil accélère à son tour ! Le français est déchainé, il passe au sommet avec 21 secondes de retard sur
Yates,
Chaves et
Balloni.
Mollema n’a pas réussi à tenir la roue et passe 10 secondes plus loin, juste devant
Landa,
Bardet et
Jallas Amigό.
Schleck est déjà à 1’40’’ au sommet, épaulé par
Meintjes et
Formolo !
Mollema s’arrache pour revenir dans le début de la descente, puis laisse faire
Barguil et
Yates, mieux placés au général. Du moins c’est ce qu’il croyait, car personne ne veut collaborer pour enterrer le maillot rose. De façon incompréhensible, un regroupement général de 18 coureurs s’opère, dont
Buchmann est le seul absent pour le top 10. Tout est à refaire, mais ce sera plus compliqué car, si le Gavia s’est monté vent de dos, l’ascension de Bormio se fait vent de face. Les Bianchi reprennent le manche à un petit rythme, sans pour autant que
Schleck se replace dans la roue de ses équipiers. Le luxembourgeois reste en queue de groupe, poussant
Yates,
Barguil,
Bardet et
Mollema à repartir.
Schleck a compté trop longtemps sur ses équipiers et fait l’effort, mais il est déjà à une minute. Devant,
Yates fait une énorme impression. Ni
Mollema, ni
Barguil ne le relayent et, malgré le vent de face,
Mollema craque à 1700 mètres du sommet. Au sprint,
Yates s’impose facilement pour remporter la première étape de sa carrière sur un grand tour !
Schleck a bouffé trop de vent toute la journée ; il perd pied dans ces derniers kms pour concéder 2’56’’ sur la ligne. Il perd son maillot rose au profit de
Barguil, et même sa 2e place pour
Yates ! Cette dernière étape dantesque a rebattu des cartes au général car
Landa, 10e, est à 5 minutes sur la ligne. D’autres, comme les jeunes
Ciccone (6e) et
Rostoll (4e) se sont illustrés, au point pour le vénézuélien de revenir aux portes du top 10 au général. Mais c’est
Simonnet qui profite de la défaillance de
Buchmann pour y re-rentrer in extremis. Quel Giro de sa part également !
Après toutes ces péripéties, les survivants de ce Giro ont bien mérité une dernière procession vers Milan. Les sprinters se disputent le dernier bouquet. Le sprint est emmené par les deux équipes victorieuses sur ce Giro : les Lotto pour
Zekas et les Astana pour
Bouhanni.
Trentin est dans la roue du français, mais c’est
Van Poppel qui a fait le bon choix derrière le lituanien. Il ne peut toutefois pas remonter le maillot cyclamen, parfaitement lancé et qui conclut son Giro de la meilleure des façons.