Sur le même parcours où Thomas De Gendt s’était imposé en 2016. Le belge est bien là mais tout le monde attend le premier duel de l’année entre Froome et Quintana. De notre côté nous amenons deux co-leaders : Poels, vainqueur en 2013 et en forme au Challenge de Majorque, et Oomen, auteur d’un excellent début de saison après des victoires au général du Tour d’Algarve et de la Drôme Classic. W.Poels | S.Oomen | JJ.Lobato | S.Vanmarcke | A.Tolhoek | T.Leezer | F.Gerts
Sur le prologue,
Cancellara s’impose largement devant
Froome et
De Gendt, qui se placent déjà en vue du général. À 37 ans, il s’agit de la première victoire du suisse depuis ses championnats nationaux il y a deux ans ! Le lendemain, une étape typiquement parisniçoise décante déjà le général. Le vent fait d’énormes dégâts, la faute à une échappée de 12 coureurs qui se constitue en début de course et que le peloton ne veut pas laisser partir. À la mi-étape, il ne reste qu’un coureur en tête 70 dans le peloton. Celui-ci a à peine le temps de se reconstituer qu’il se morcelle de nouveau sous la (faible) impulsion des équipiers de
Sagan et
Adams. La faute aussi au néo-pro
Muchka, qui résiste toujours entre 1’30’’ et 2’30’’ devant. Alors que les équipiers s’écartent les uns après les autres, le jeune tchèque réalise un exploit retentissant en s’imposant à Chambord avec plus d’une minute de marge ! À sa suite, seuls trois coureurs :
Sagan,
Adams et
Viviani à 1’17’’. Puis seulement 17 à 1’58’’. Parmi eux,
Quintana a fait la meilleure impression, au point d’un moment se détacher dans un groupe de 8 coureurs. Mais le colombien termine finalement dans le même temps que
Froome, qui tient le gouvernail de ce premier peloton.
De Gendt,
Latour,
Rolland,
Barguil,
Kiserlovski,
Poels et
Oomen terminent aussi exténués mais dans le bon coup, au contraire d’un
Cancellara rejeté à 3 minutes.
Hirt est avec lui, alors que des outsiders comme
Henao,
Landa,
Marks,
Dan Martin et surtout
Lόpez terminent beaucoup plus loin.
Les efforts de la veille pèsent peut-être dans les jambes le lendemain vers Clermont, car le final est tout aussi animé. Le tournant de la course survient lorsque
Froome semble dans le dur dans l’avant-dernier col, à plus de 20 kms de l’arrivée.
Quintana accélère pour voir et prend rapidement une minute de marge sur un peloton réduit à une quarantaine d’éléments. Sur le plateau après le sommet,
Froome lâche définitivement !
Sagan et
Rolland attaquent quant à eux pour rejoindre
Quintana dans la descente. Le colombien s’est dévoilé trop tôt ; il ne peut pas suivre les relances incessantes de
Sagan, qui distance même
Rolland dès le pied de la côte du Chevalard. Le peloton mené par les Astana est incapable de revenir, surtout que de nombreux favoris perdent pied dans ce dernier mur.
Latour et, plus étonnant,
De Gendt, sont décrochés, comme
Quintana qui paye ses efforts !
Sagan s’envole donc vers l’étape et le maillot jaune dont il s’empare avec 2’55’’ de marge sur le premier grimpeur ! Quand on connait les capacités du slovaque à s’accrocher en montagne, il vient peut-être de signer un gros coup. Puisque les outsiders sont à la fête cette semaine,
Marc Soler est le seul à pouvoir accélérer dans les derniers kms. L’espagnol termine à 1’16’’, mais il avait perdu du temps hier. Un groupe d’une dizaine de coureurs réglé par
Lόpez termine à 1’42’’. Ce ne sont pas les plus gros noms qu’on retrouve dedans, à l’image de
Favilli,
Vichot,
Ledanois, du sprinter
Adams ou de
Stuyven. Au général, seuls 5 grimpeurs ont survécu aux pièges de ces trois premiers jours et se tiennent en une quinzaine de secondes à 3 minutes de
Sagan : les français
Rolland,
Jeannesson et
Barguil, et les néerlandais
Oomen et
Poels.
Quintana est 10e à 3’40’’.
Les coureurs doivent ensuite arriver au sommet de Peyra Taillade dès le quatrième jour, pour la seule arrivée en col de la semaine. Les attaques fusent dans la dernière montée, notamment à l’initiative de
Jan Hirt. Les Sunweb mènent le peloton mais
Sagan est en difficulté, alors
Poels attaque ! Il est facilement suivi par
Quintana et
Froome, et tout aussi facilement contré par ces deux champions. Un peu plus loin,
Froome ne peut toutefois plus suivre le rythme du colombien qui revient sur
Hirt. Le tenant du titre fait coup double avec l’étape et le général.
Froome a été rejoint par
De Gendt ; les deux hommes terminent à 54 secondes. Puis viennent
Poels et
Barguil à 1’16’’, et le groupe
Rolland à 1’26’’. Notre hollandais grimpe à la 4e place du général derrière
Barguil et
Rolland.
Oomen, 17e à 1’47’’, recule lui de la 3e à la 7e place. Enfin,
Sagan n’a pas tenu car il concède 5 minutes sur la ligne. Le lendemain, les sprinters ont enfin une étape tranquille à se mettre sous la dent.
Adams ne se fait pas prier pour devancer
Bouhanni et
Sagan ; il a déjà autant gagné en World Tour qu’au total de l’année dernière.
Pour rester dans le thème de la semaine, la sixième étape est animée. La faute à une erreur tactique ou une stratégie
borderline ? Toujours est-il que dans l’ascension du Chalet Reynard,
Quintana se retrouve sans équipier et va lui-même chercher des bidons à sa voiture, au fond d’un peloton de 70 coureurs… Voyant cela et prétextant la présence de
Roglic à l’avant, virtuel maillot jaune pour 4 minutes, les Astana décident d’accélérer brutalement, piégeant
Quintana à l’arrière. Le maillot jaune va se battre admirablement sans pouvoir revenir sur la machine kazakhe… À l'arrivée,
Quintana coupe la ligne 9 minutes après le vainqueur, sortant du top 15 au général ! Dans le peloton, les Bahrain ont pris le relais mais montrent eux aussi des signes de fatigue. Quand
Roche s’écarte dans la montée roulante du col de la Liguière,
De Gendt attaque ! À plus de 30 kms de l’arrivée, le belge pourrait se griller les ailes. Mais les équipiers manquent après le coup de vis des Astana, et les leaders réagissent en ordre dispersé. Un groupe de 9 coureurs se détache, piégeant
Barguil et les Jumbo, qui n’ont pas réagi. Alors que l’écart atteint rapidement la minute trente, et pourtant mieux placé qu’
Oomen au général,
Poels se sacrifie pour le maillot blanc. Au pied de la montée de Sivergues,
Oomen,
Barguil,
Kiserlovski et
Landa bouchent les derniers mètres sur le groupe de contre, puis se mêlent à la bagarre sans pouvoir revenir sur les deux hommes en tête. Tout devant,
Roglic a parfaitement résisté pour remporter son premier succès d’envergure et remonter à la 5e place du général ! 1’35’’ derrière,
De Gendt a renversé la course suite au coup bas de ses équipiers : il s’empare de la tête du général pour 30 secondes !
Froome,
Barguil,
Landa,
Soler,
Oomen,
Rolland,
Kiserlovski et
Lόpez terminent l’étape à 2’22’’, deux minutes devant un
Poels qui échange sa place au général avec
Oomen ! Lui,
Barguil,
Rolland et
De Gendt se tiennent encore en 53 secondes en tête du général.
La septième étape vers Vence offre aussi son lot de suspense grâce à une bataille entre le peloton et une échappée conséquente. Celle-ci comporte de bons coureurs comme
Molard ou
George Bennett. Les six rescapés possèdent encore deux minutes d’avance à 15 kms de l’arrivée. Puis toujours 50 secondes aux 5 kms après un gros travail des Bahrain. Mais un manque de collaboration dans les ultimes kms leur sera fatal, dépassés par un missile nommé
Sagan ! Le slovaque s’impose devant deux Trek,
Van der Poel qui emmenait le sprint de
Pinaud. Il remonte à la 5e place du général grâce aux bonifications. Le dernier jour est tout aussi épique que le sixième. Avec tant de bons grimpeurs largués au général qui veulent sauver leur semaine, le début d’étape est animé et on retrouve finalement dans l’échappée
Quintana,
Hirt,
Landa,
S.Yates,
Buchmann,
Calmejane,
Spilak et
Cras. Rien que ça ! Les équipiers de
De Gendt ont bien du mal à limiter l’écart, alors que le début de course est animé par la chute de
Rolland et
Oomen, 2nd et 4e du général ! Les deux hommes repartent heureusement rapidement. Il ne fallait pas trainer car le rythme est très élevé dans les descentes pour compenser le manque d’équipiers grimpeurs. Au sommet du Turini,
Quintana,
Landa et
Buchmann se sont détachés et comptent plus de 10 minutes d’avance, ce qui leur offre virtuellement les trois premières places du général ! Un gros travail est fait jusqu’au pied du dernier col de la semaine, Èze par un versant plus pentu. Rapidement,
Rolland attaque, visiblement pas marqué par sa chute, immédiatement suivi par
Barguil.
Froome et
De Gendt partent en chasse, tandis qu’
Oomen gère dans la roue de
Poels. Les deux néerlandais ne se mettent pas dans le rouge en vue de la longue descente à venir pour rallier Nice, au contraire de
Barguil qui a dû lâcher la roue de
Rolland. Il bascule avec
De Gendt à une trentaine de secondes, mais est ensuite incapable de tenir la roue du maillot jaune jusqu’au bout ! Le belge donne tout et parvient, lui, à rentrer sur le champion de France à 5 kms de la ligne : il a sauvé son maillot jaune et remporte son deuxième Paris – Nice, sur le même parcours qu’il y a trois ans !
Barguil termine à 41 secondes, rejoint sur le fil par
Oomen. Ces deux-là restent dans le top 4 du général, juste devant
Landa et
Quintana ! Grâce à leur belle échappée, les deux hommes ont en effet signé une grosse remontée. Ils se sont disputés la gagne sur la Promenade des Anglais avec
Buchmann, sans avoir tenté de s’attaquer dans le col d’Èze.
Landa a surpris ses compagnons aux 4 kms pour remporter l’étape.