Une fois n’est pas coutume,
Froome a délaissé le Dauphiné dans sa préparation pour juillet. Le multiple vainqueur du Tour vient en Suisse pour tenter d’accrocher la dernière course par étapes d’envergure qui manque à son palmarès. La concurrence devrait être menée par
Kreuziger, vainqueur en 2014, et
Bauke Mollema. Il faudra également surveiller quelques coureurs sortant du Giro comme
van Garderen,
Lόpez et
Nibali, ou d’autres valeurs sûres comme
Poels,
Velits,
Henao,
Seeldraeyers,
Sundberg, qu’on commence déjà à ranger dans cette catégorie, et
De Plus, qui avait impressionné en Romandie. Du côté des sprinters, l’absence de plaine sur le Dauphiné a entrainé un plateau XXL en Suisse ; les pédaliers vont chauffer !
L’épreuve débute par un chrono de presque 10 kms comprenant un beau mur dans sa deuxième moitié. Les purs rouleurs ne sont donc pas forcément avantagés, à l’image d’un
Cancellara qui ne prend que la 45e place. Mais ses équipiers sont heureusement en meilleure forme car Trek signe un doublé !
van Garderen s’impose devant
Mathias Frank et
Froome, à 8 secondes. Les autres favoris sont tous à plus de 20 secondes de l’américain, et certains autres comme
Mollema et
Henao sont passés au travers à plus de 40 secondes. Sur la deuxième étape, les baroudeurs-grimpeurs ne sont pas inspirés par les trois cols proposés en milieu d’étape. Alors qu’un sprint en petit comité se dessine,
Kreuziger profite de la dernière bosse à une quinzaine de kms du but pour accélérer. Le tchèque est suivi de
Froome et
Moscon, alors que
van Garderen et
Mollema doivent se rasseoir. Devant, l’italien ne relaie logiquement pas
Froome et
Kreuziger qui s’entendent pour porter leur avance à 40 secondes sur la ligne.
Moscon les aligne donc facilement au sprint pour décrocher la plus belle victoire de sa carrière ! 37 coureurs terminent à 40 secondes, sans
Lόpez qui a chuté au mauvais moment. L’autre malchanceux du jour est
Arnaud Démare, qui a lui aussi chuté et a surtout été victime d’une fracture de la clavicule qui va lui faire manquer le Tour de France !
La troisième étape se joue sur une arrivée en bosse roulante où les favoris se neutralisent. L’équipe Sky du maillot jaune impose un rythme tranquille qui profite aux outsiders audacieux.
Vanendert,
De Plus et
Fernández se détachent à 3 kms du sommet et se jouent l’étape au sprint. Celle-ci revient à l’espagnol, qui signe une deuxième victoire surprise après
Moscon la veille.
Simon Yates termine à quelques secondes, juste devant un peloton de 75 coureurs à 10 secondes. Les deux étapes suivantes sont quasiment plates comme la main et les deux seules opportunités pour les sprinters de briller. Alors que de nombreuses armadas sont présentes, un jeu de dupes s’installe car le peloton joue trop avec les échappés. Il s’en faut d’un rien pour que
Castroviejo n’aille au bout, mais c’est finalement
Zekas qui règle la meute devant
Degenkolb et
Petit. Bis repetita le lendemain, mais le match tourne cette fois à l’avantage des baroudeurs.
Biermans s’impose en faisant le coup du kilomètre à
Preidler, quelques secondes devant un
Zekas encore une fois le plus rapide.
Hathaway termine 6e et 5e de ces deux étapes. Sur la sixième, on s’attend à ce que les deux petits cols dans le final donnent une fois de plus des idées aux attaquants. Mais personne ne tente finalement de mettre
Froome en danger, et ce sont 65 coureurs qui basculent dans la dernière descente. Seuls trois sprinters sont présents.
Degenkolb lance de trop loin et se fait déborder par
Sagan et
Adams, qui s’impose !
Mollema a suivi les bonnes roues et s’empare des bonifications de la troisième place.
Comme le chrono d’ouverture, celui de la 7e étape n’est pas une affaire de spécialistes. Et comme le premier jour,
Mollema y perd pied. Officiellement patraque depuis le début de la semaine semaine, le néerlandais ne signe que le 90e temps à 2’33’’ du vainqueur. Celui-ci n’est autre que
Roman Kreuziger, qui prive
van Garderen d’une deuxième étape pour 17 secondes. Les deux hommes ont creusé le trou car
Froome, 4e, est pourtant à 50 secondes et doit rendre son maillot jaune au vainqueur du jour. En revanche, qu’on ne compte pas sur l’anglais pour baisser les bras. Dans la montée finale vers Verbier le lendemain, il place une solide attaque suivie par
Kreuziger qui met tout le monde dans le rouge. Personne ne veut le relayer et le rythme ralentit, permettant le retour d’un gros groupe de l’arrière qui n’avait pas cherché à suivre. Bien en a pris à
Zakarin, car le russe peut alors contrer sans réaction de ses adversaires. Il faut attendre deux kms pour voir
Froome attaquer à nouveau, faisant aussitôt exploser le peloton. À deux reprisse, l’anglais se dresse sur ses pédales. Mais à deux reprises,
Kreuziger parvient à s’accrocher. Le maillot jaune tiendra jusqu’au bout pour ne concéder que deux secondes de bonifications à
Froome. Devant,
Zakarin a étonnement bien résisté pour signer, lui aussi, la plus belle victoire de sa carrière. C’est la première fois qu’il s’impose à la pédale devant des tops grimpeurs. Il conserve 45 secondes sur le duo, et plus de 3 minutes sur la quatrième de l’étape ! Tout aussi surprenant, il s’agit d’
Eijssen, qui a tracté
Mollema jusqu’au sommet en remontant tous les morts ! La dernière étape vers Saas-Fee prend une drôle de tournure lorsque la Sky décide de jouer son va-tout.
Froome n’a que 33 secondes à reprendre à
Kreuziger, mais il décide d’accélérer dès l’avant-dernier col… dans la roue de ses équipiers
Polanc,
Morton et
Carthy ! Le quatuor Sky prend jusqu’à une minute d’avance, mais le peloton est resté soudé pour mener une chasse efficace dans la descente. Tout est donc à refaire dans la montée finale, où
Froome attaque encore, suivi comme la veille par
Kreuziger. Le maillot jaune parait à la limite, mais peut-être marqué par son offensive trop précoce,
Froome ne parvient pas à s’en débarrasser. Pire que ça, les deux hommes se font rejoindre, puis contrer, par
Poels,
Lόpez et
van Garderen. Ce sont finalement ces trois hommes qui se disputent la victoire au sprint, qui revient au colombien de Lotto Rolex ! À 33 secondes,
Froome n’en récupère que 15 au sprint sur
Kreuziger ; insuffisant pour remporter le général.
Kreuziger enlève donc son troisième Tour de Suisse, dix ans après le premier !
Zakarin termine à bonne distance des deux monstres mais signe son premier podium sur une course World Tour : après
De Plus en Romandie, Katusha rentabilise ses wild-cards suisses !