Peut-être plus encore que l’an dernier, le plateau de ce 75e Paris-Nice est très relevé. Ne serait-ce que par la présence de
Froome et de sa solide garde rapprochée. On retrouve aussi
Quintana,
Schleck,
De Gendt, qui avait dominé l’édition précédente,
Nibali, mais aussi
Kruijswijk,
Mollema,
Poels,
van Garderen,
Barguil,
Rolland ou encore
Porte. Les sprinters ne sont pas en reste, et leurs équipes ne laissent d’ailleurs pas passer l’occasion sur la première étape courue sous une pluie fine. Les trains Quick-Step pour
Démare et Liquigas pour
Goss se livrent bataille dans le final.
Breschel prend l’avantage sur
Monfort, emmenant avec lui les principaux favoris. Mais le jeune
Jarvis, qui joue le rôle de poisson-pilote, a déjà travaillé durant l’étape. Les encouragements de Coxo envers le jeune sud-africain ne suffisent pas ; celui-ci se fait à son tour déborder par
Hofland, pour les Liquigas.
Démare panique alors un peu, fait un écart et provoque une énorme chute sous la flamme rouge !
Kittel goûte notamment du bitume, d’autres sont ralentis, et le train Liquigas a la voie libre. Assez étonnamment,
Goss ne parvient pourtant pas à accélérer et ce sont les outsiders qui se disputent la victoire.
Boeckmans s’impose devant les deux néerlandais
Vermeltfoort et
Van Poppel. La France sourit décidément au belge qui avait déjà remporté une étape du Dauphiné en 2015. Pendant que le belge savoure, les malchanceux franchissent la ligne. De notre côté,
Mollema s’est vite relevé mais
Acedo et
Gallopin ont plus ramassé. De nombreux favoris ont également goûté du bitume dont
Poels,
Nibali,
Thomas,
Kwiatkowski,
Kruijswijk,
Schleck,
De Gendt,
Quintana, et évidemment le running-gag
Richie Porte. Tout le monde est classé dans le même temps grâce à la règle des 3 kms, mais y aura-t-il des conséquences sur le reste de la semaine ?
Ils ont en tout cas une deuxième étape plate pour récupérer autant que possible. Malheureusement une chute à mi-étape envoie encore à terre de nombreux coureurs.
Schleck,
Kwiatkowski et
Poels sont pris pour une deuxième fois dedans, comme
Henao,
Taaramae et
Breschel et
Gilbert, salement amochés alors que le final leur convenait.
Groenewegen et
Ruben Fernandez doivent même abandonner. Ces péripéties n’empêchent toutefois pas le peloton de reprendre l’échappée sous la banderole des 10 kms. La dernière bosse est passée sans trop d’encombre, les Liquigas sont seuls aux commandes dans Limoges mais
Goss sprinte comme la veille à reculons. Ce sont cette fois
Petit et
Kittel qui en profitent, le duel tournant à l’avantage du français.
Boeckmans et
Vermeltfoort montrent que leurs places de la veille n’étaient pas dues au hasard en se classant respectivement 3e et 5e.
La troisième étape est plus compliquée à contrôler par le peloton, sur des routes qui n’ont l’air de rien mais ne cessent de monter et descendre tout au long de la journée.
Gasparotto est aussi en grande forme à l’avant, ce qui oblige le peloton à accélérer plusieurs fois l’allure. Le petit italien est finalement repris mais il ne reste plus grand monde pour empêcher les attaques dans la dernière bosse, à moins de 5 kms de la ligne.
Mollema le remarque et attaque en deux temps, une première fois pour étirer le peloton, la deuxième pour créer le trou. Il bascule dans la descente avec une quinzaine de secondes sur un peloton amoindri et désorganisé. Celui-ci ne parvient pas trouver du personnel pour rouler, ce qui permet à
Mollema de creuser et faire coup double : étape et maillot de leader !
Pinaud devance
Goss pour le sprint du peloton ; le français se poulidorise en ce début d’année. Le chrono du lendemain est plat comme la main. Les rouleurs veulent profiter de l’absence de Durbridge pour briller mais ce sont pourtant plus les favoris du général qui s’illustrent. Pas
Schleck, qui se ressent visiblement de ses chutes et perd plus de 1’30’’ en 15 kms. Le tenant du titre
De Gendt a en revanche bien récupéré. Il se classe deuxième juste devant
Kruijswijk. Mais
van Garderen met tout le monde d’accord en s’imposant pour 9 bonnes secondes ! Il s’empare à son tour du maillot jaune pendant que
Mollema recule au 13e rang.
Après quatre premiers jours plutôt plats, la deuxième moitié d’épreuve est marquée par les reliefs. Ceux qui ont raté leur chrono peuvent dès le lendemain se racheter sur les pentes de la montée de la Croix-Neuve à Mende. Cette étape voit
Breschel être distancé du peloton dès les premiers kilomètres. Le danois s’accrochera toute l’étape et rentrera dans les délais, mais il va falloir vite se soigner avant Milan – San Remo et les flandriennes. Pour les favoris, la journée est plutôt tranquille jusqu’à l’approche de la montée finale.
Quintana,
Froome et
Schleck, rien que ça, attaquent dans la bosse qui précède, provoquant un branle-bas de combat chez les autres favoris. Certains essayent de partir avec eux, d’autres restent sagement avec
van Garderen qui doit assumer son maillot. On se rend cependant vite compte que l’américain a le masque de souffrance, et il faut une descente dont
Nibali a le secret pour ramener tout le monde dans le rang au pied de la montée finale. Dans celle-ci, un trio se détache, encore sous l’impulsion de
Quintana et
Schleck, mais c’est cette fois
Kiserlovski qui les accompagne. Le croate, 3e de l’épreuve en 2013 et qui est resté au chaud avant l’explication finale, parvient même à déborder ses adversaires pour décrocher la victoire !
Rolland termine à 14 secondes du trio, puis le premier groupe de battus est à 24’’. En revanche
van Garderen n’est pas dedans, relégué à 1’19’’ avec
Nibali notamment ! Il laisse son paletot à
De Gendt, en route vers le
back-to-back. Les écarts sont cependant encore faibles, tout reste possible. De notre côté, nos trois grimpeurs terminent dans l’ordre inverse de leur classement général.
Acedo est le seul à accrocher le premier groupe,
Mollema est isolé à une minute et
Coppel finit dans le groupe
van Garderen. Voilà de quoi faire un beau tir groupé en dehors du top 10 au général, complètement inutile. Il reste trois jours pour renverser la situation.