La dernière étape de montagne propose une étape en montagnes russes passant par les cols de Peyresourde, Val Louron d’Azet, de la Hourquette d’Ancizan et du Tourmalet pour finir. Le début d’étape est couru à bloc car les équipes Astana et Trek défendent les 15e et 18e places de
Seekdraeyers et
Fuglsang au général. Oui, cette phrase est douloureuse à lire… Ces équipes parviennent néanmoins à leurs fins car leurs deux leaders peuvent enfin se glisser dans l’échappée du jour après une heure de course. Le peloton lâche alors la bride comme les jours précédents. Une nouvelle fois, le belge est fort mais il se fait contrer dans le Tourmalet par
Mathias Frank. La descente vers Luz-Saint-Sauveur ne change rien,
Frank efface de très belle manière sa déception de la veille. Il revient également à un petit point de
Bakelants au classement de la montagne ; le suspense reste entier ici ! Dans le peloton, les Lotto Jumbo prennent cette fois les choses en main. Le rythme s’accélère dans la Hourquette et devient carrément irrespirable dans le Tourmalet.
Kelderman,
Coppel et
Mollema sont mis à contribution, puis
Intxausti, parti en éclaireur, fournit l’effort final pendant que
Gesink met quelques brèves accélérations pour tester
Froome. Toujours marqué par le chrono tragique de 2014, l’échalas néerlandais veut encore creuser l’écart avant le rendez-vous individuel de la 20e étape. Mais
Froome résiste. Les 4 premiers du général se détachent ainsi inexorablement et semblent partis pour basculer ensemble. Mais
Schleck craque à un km du sommet, et
Froome baisse à son tour la tête à moins de 500 mètres de la banderole !
Gesink fait toute la descente à bloc,
Froome moins de 20 secondes derrière. Il se rappelle aussi trop bien du scénario vers Grenoble la semaine précédente même si
Froome ne semble pas aussi serein cette fois. L’anglais se rapproche tout de même à moins de 10 secondes sous l’arche des 10 kms, il est à deux doigts de faire la jonction… quand il se prend soudain un retour de bâton. Plus de son, plus d’image,
Schleck revient et le britannique débourse au final une minute sur la ligne ! Très belle opération de
Gesink qui possède désormais trois minutes d’avance sur son rival ! Cette étape fait aussi des dégâts du côté des sprinters avec plusieurs hors-délais, dont
Marcel Kittel.
Privés de victoire depuis une semaine, les sprinters survivants ne sont pas rassasiés dans la remontée de la 16e étape vers le Massif Central. Le vent qui souffle fort offre du même coup une étape rapide et nerveuse, mais sans dégât comptable hormis pour
Bardet. La dernière ligne droite est serrée entre
Cavendish et
Hathaway. Les deux britanniques sont au-dessus de la concurrence, et cette fois
Hathaway parvient à remonter l’Homme du Man pour consolider son maillot vert ! C’est aussi son premier « vrai » sprint remporté sur le Tour, sa 3e victoire en carrière. Les derniers reliefs surviennent par deux étapes vallonnées de plus de 200 kms. La première voit un nouveau gros groupe prendre le large avec notamment les 4 premiers du classement de la montagne :
Bakelants,
Frank,
Torres et
Pauriol. Le suisse est cette fois le premier décroché pendant que le belge conforte son maillot. Mais ces quatre-là perdent des forces tout au long de la journée et sont donc trop justes dans le final. En sortant à 5 kms du but,
Fränk Schleck s’en va remporter sa première victoire sur le Tour depuis 2009 !
Cancellara et
Slagter complètent le podium, devant
Voeckler. Derrière, les favoris s’expliquent dans l’avant-dernière bosse au profit de
Contador. Le madrilène parvient à faire le trou pour gagner une minute au général. À l’inverse,
Barguil craque complètement et sort du top10… au profit de
Bakelants, nouveau 8e ! Les autres favoris terminent presque tous groupés,
Schleck,
Gesink,
Froome et
Poels récupérant dix secondes dans le dernier coup de cul. Le lendemain, c’est une véritable étape de moyenne montagne qui doit accueillir la dernière explication.
Frank,
Pauriol et
Torres partent une nouvelle fois dans l’échappée mais pas
Bakelants, "piégé" par sa nouvelle position au général. Le belge perd tout en une étape, puisqu’il est largué dans le Pas de Peyrol par les favoris, sort donc du top 10 et perd en même temps le maillot à pois au profit de
Mathias Frank. Le suisse s’est partagé les points avec
Pauriol mais la quantité à distribuer lui permet de s’en emparer sur le fil ! Une belle récompense pour une équipe invitée. Comme la veille, ils perdent cependant des forces dans les GPM et se font contrer par
Mikel Nieve dans le Pas de Peyrol. Le basque résiste au retour de
di Gregorio et
Spilak dans la descente pour gagner à SuperLioran sa première victoire sur le Tour. Il a désormais gagné sur les trois grands tours ! Toutes ces échappées qui vont au bout contrastent en tout cas avec l’édition 2015 cadenassée par la Sky. Parmi les favoris, c’est
Poels qui fait le coup de
Contador la veille en récupérant une minute sur les autres favoris.
Froome a bien tenté de renverser
Gesink mais l’équipe néerlandaise fait corps autour de son leader en difficulté pour lui permettre de gérer. Le kényan blanc et le maillot jaune se quittent sur un statut quo pendant qu’
Andy Schleck est le gros perdant du jour, voyant
Contador se rapprocher à six petites secondes avant le chrono. Une broutille connaissant les qualités du madrilène.
Mais avant ce dernier rendez-vous crucial,
Cavendish a une nouvelle opportunité de se rapprocher d’
Hathaway dans la course au maillot vert. Les échappés sont donc vite repris et le gallois s’embourbe dans un sprint qu’il ne termine que 7e. L’homme du Man lui reprend donc des points très précieux même s’il est devancé par un petit nouveau. Le lituanien
Zekas s’est montré très solide sur ce Tour et en est récompensé en la mettant pour la première fois au fond face aux cadors ! Si prolifique l'an dernier, il n'avait bizarrement pas ouvert son compteur cette année, mais il le fait de quelle manière ! Le dernier contre-la-montre de 44 kms autour de Limoges est donc déterminant pour le général.
Froome reprend bien du temps à
Gesink, mais le néerlandais accroche tout de même le top 20 de l’étape et ne perd même pas la moitié de son avance au général. Il remporte enfin son premier Tour de France ! Derrière,
Pinot était assuré de son premier podium pendant que
Contador craque complètement. L’espagnol signe même le moins bon temps des 10 premiers du général, et ne passe donc pas devant
Andy Schleck ! Derrière eux,
Kruijswijk et
Mollema échangent leurs places, comme
Nibali et
Seeldraeyers, et enfin
Poels qui laisse sa place dans le top 10 à
van Garderen. L’étape s’est quant à elle jouée entre hommes forts, minus un
Cancellara en retrait et un
Durbridge hors-délais depuis longtemps. Le trio de tête se tient en moins de 20 secondes. Troisième
Tony Martin, 2e
Boasson Hagen, et premier
Kelderman, qui devance donc pour la première fois les maîtres de la discipline ! Sur le Tour en plus, c’est une belle première. Le dernier enjeu sur les Champs est donc le maillot vert pour lequel
Cavendish a 14 points à rattraper. Derrière l’échappée, il devance bien
Hathaway au sprint intermédiaire. Plus que 12. Puis, parfaitement emmené, il lève largement les bras sur les Champs devant
Zekas et
Hathaway, seulement troisième et déc(h)u. Trois, comme le nombre de maillots verts conquis par
Cavendish, et comme le nombre d’étapes qu’il lui manque pour dépasser le total de Merckx ! Côté Lotto Jumbo, ce Tour s’achève sur une note amère, surtout que Breschel avait lui aussi lâché le vert le dernier jour en 2012. Mais cela ne doit pas faire oublier ces fabuleuses deux dernières semaines où les succès se sont multipliés et le graal a enfin été touché par
Gesink ! Avec un écart supérieur à celui récupéré sur le chrono controversé du Ventoux, sa victoire ne souffre d'aucune contestation.