Chapitre 32 : Focus sur le cyclisme en Érythrée Dans les pays des hauts plateaux d’Afrique de l’Est, le sport qui a sorti les champions par dizaines est l’athlétisme et particulièrement le demi-fond, notamment au Kenya et en Ethiopie. L'Érythrée, indépendant depuis 1993, a gardé une vraie culture du cyclisme influencée par l’Italie lors de la colonisation du pays (1885-1941). Slate Afrique a raconté comment Daniel Teklehaimanot a défilé en limousine dans les rues de la capitale, Asmara, après sa victoire au Tour du Rwanda en 2011.
Des héros nationaux
Cette tradition s’est longtemps heurtée au passage vers le haut niveau en raison d’une longue guerre de libération contre l’Ethiopie et de l’enfermement politique d’un régime autarcique. L’émergence des coureurs professionnels a été accompagnée par le Centre mondial du cyclisme, créé en 2003 par la Fédération internationale, pour accompagner les espoirs des pays émergents dans ce sport. Les résultats ont été rapides : Natnael Berhane et Daniel Teklehaimanot ont participé à la Vuelta a Espana puis au Tour de France. Depuis, l'Érythrée à vue émerger leur plus grand espoir, Merhawi Kudus, qui a participé à son premier Tour en 2015 (en même temps que Teklehaimanot) à seulement 21 ans.
Un réservoir immense
Depuis les années 2000, le cyclisme ne cesse de se développer, l’Érythrée est la nation dominante en Afrique et semble posséder un réservoir de potentiel bien grand. Selon la fédération érythréenne de cyclisme, il y aurait plus de 3000 licenciés dont la moitié ont moins de 19 ans. Il y a beaucoup de courses dans le pays, quelques coureurs en World Tour et des jeunes qui émergent de plus en plus sur la scène africaine mais aussi internationale à l'image de Yacob Debesay, Biniam Girmay, Henok Mulueberhan ou encore Natnael Tesfazion.
L’influence italienne
A partir de 1935, plusieurs dizaines de milliers de colons italiens viennent s’installer en Érythrée. Le vélo arrive aussi dans leurs bagages et devient rapidement le moyen de transport préféré des ouvriers et des paysans. Le sport n’est pas en reste car les italiens sont des passionnés de cyclisme. En 1946, le premier tour d’Érythrée a lieu. Il relie Massawa sur la côte à Asmara dans les hauts plateaux. Les montées raides n’ont rien à envier aux cols les plus difficiles des Alpes. Le Giro d’Eritrea est aujourd’hui la plus vieille course d’Afrique !
Sous le régime fasciste, les érythréens n’ont pas le droit de pratiquer le vélo en compétition. Mais tout change en 1942 avec la défaite italienne qui permet à tous de s’adonner au cyclisme. Depuis, les érythréens se sont appropriés le vélo comme moyen de transport et comme loisir.