Un peu d'histoire :
Dans le secteur d’Auchy les Orchies, c’est au tour de Maaskant de tenter sa chance. On ne laisse toujours pas faire les Lotto Jumbo, et c’est même Cancellara en personne qui lui saute dans la roue ! Maaskant s’y essaie de nouveau dès les premiers pavés de Mons-en-Pévèle, sans plus de succès. Que ce soit désormais Gallopin, Maaskant ou Leezer qui accélèrent, Cancellara et Offredo sautent à chaque fois dans la roue des Lotto Jumbo, quitte à se fatiguer. Personne n’a le droit de faire la course en tête ! Le peloton se réduit ainsi au fil des secteurs. À 30 kms du but, Stybar, Chavanel et Debusschere sont par exemple absents du premier groupe de 30 unités. Nuyens et Leezer sont les suivants à craquer sur une attaque de Lars Boom, cette fois maitrisée par Stannard. Dans le secteur de Cysoing, Maaskant se place en tête devant Breschel et Boom. Le grand néerlandais, vainqueur en 2014, ralentit alors subrepticement pour laisser partir ses deux coéquipiers. Un peu surpris, Offredo et Cancellara réagissent quand même vite et, dans Bourghelles, les deux hommes sont repris. Poursuivant le travail de sape, Boom contre alors juste avant d’arriver dans Camphin-en-Pévèle, faisant craquer Sénéchal et Wiggins. Mais Offredo est toujours intraitable. Alors que Boom se relève, Offredo contre cette fois ! Cancellara, Vanmarcke et Van Avermaet sont dans son sillage, au contraire d’un Breschel mal placé sur l’attaque, ou plutôt inattentif. Après un attaque-défense toute la journée, les Lotto Jumbo vont-ils se faire avoir au pire moment ? Smukulis, Benoot et Ladagnous partent en contre, mais Boom provoque heureusement un regroupement entre Camphin et le Carrefour de l’Arbre. Ils sont encore 22 dans le premier groupe.
On dit souvent que celui qui sort en tête du Carrefour de l’Arbre lève les bras sur le vélodrome, même si l’adage s’est moins vérifié ces dernières années. Cancellara, lui, y croit toujours et écrase les pédales dans ce juge de paix. Van Avermaet le suit, mais cette fois Offredo baisse la tête : il n’a pas couru pour gagner mais contre les Lotto Jumbo et paye logiquement tous ses efforts. Au loin, Van Avermaet finit par craquer dans les tous derniers hectomètres du Carrefour, sous les yeux du rassemblement Gruppetiste comme toujours déchainé ! Le suisse entre dans Gruson avec 5 secondes d’avance sur le belge et 17 sur un groupe de 18 (!) favoris duquel Boonen vient de péter. Naesen, Vallée, Turgot et Jacquemin craquent à leur tour alors que Vanmarcke et Breschel mènent la poursuite. Plus inattendu, un énorme relais de Ladagnous à la sortie du secteur fait fondre l’écart comme neige au soleil. Impressionnant, le français d’Astana revient sur Van Avermaet, puis même Cancellara à 11 kms de la ligne ! Ils sont alors encore 15 en tête puisque Démare vient de sauter. Sagan et Degenkolb, le tenant du titre, sont toujours là pour les sprinters. Le secteur plus facile de Hem est la dernière chance de les mettre à mal, alors Breschel y fait le forcing. Langeveld et son coéquipier Boom sont distancés, pas les sprinters.
13 coureurs si près du but, c’est du jamais vu sur Paris-Roubaix. Comme toutes les flandriennes cette année, la course n’a pas été sélective ! Puisque Vanmarcke et Sagan ne veulent toujours pas travailler l’un pour l’autre, le rythme ralentit alors. Personne ne veut mener, personne ne se sent d’attaquer alors que beaucoup ne sont pas forcément réputés pour leurs qualités de sprinters. Ce jeu de dupe permet les retours de Boom, Langeveld, Démare et Turgot. Van Avermaet tente enfin quelque chose dans le faux plat mais Breschel ramène tout le monde. Puis c’est Offredo qui contre ; il a retrouvé quelques jambes. Discret jusqu’alors, Gilbert est dans sa roue ! Mais c’est un nouvel échec et c’est désormais Cancellara qui attaque aux 4 kms. Van Avermaet a initié un vent de folie pour ces 7 derniers kms. Ladagnous et le surprenant Benoot ne lâchent pas la roue de Spartacus qui ne fait pas le trou. Il se retrouve même en tête de groupe sur le vélodrome, dans la pire position pour lancer le sprint. Mais avec 15 coureurs dans sa roue, ça va jouer des coudes et certains vont forcément se faire enfermer. Gare à la chute ! Après le vent de folie, le jeu de dupes reprend, le rythme ralentit… Battu pour avoir trop attendu l’an dernier, Breschel ne veut pas commettre deux fois la même erreur. Il se lance le premier aux 1700 mètres, profitant que Van Avermaet soit légèrement coincé à la corde et Sagan en queue de groupe. Benoot fait l’effort de suite mais le jeune belge n’a plus la force d’accélérer et laisse un petit trou. Reste le plus dur pour Breschel : tenir ! Mais c’est chose faite, le danois lève les bras pour la deuxième fois sur le vélodrome. C’est surtout un doublé RVV – Paris Roubaix avec le maillot irisé, de quoi marquer une carrière ! Cancellara est son dauphin, comme le dimanche d’avant. Le suisse tourne autour mais n’a toujours pas gagné une flandrienne depuis sa démonstration sur le Tour des Flandres 2013 ! Notons le deuxième top 5 de Gilbert, qui a bien fait de revenir sur les Flandriennes cette année. À voir si ce sera préjudiciable pour la semaine ardennaise…
Classement :