Bonjour Knolan, nous commencerons par une question simple…SI l’on devait vous définir à l’aide de trois qualités et trois défauts, lesquels seraient-ce ?
Oh, c’est bien simple…Passionné, Acharné, Minutieux…Je vous laisser deviner ce qui entre dans la catégorie des défauts d’un côté et des qualités de l’autre !
Une réponse bien mystérieuse ! En serait-il de même pour votre coéquipier, Halvy Rooksbe ?
Exactement ! Je vous laisse le lui demander une fois que lui aurez demandé une interview… Mystérieux, je vous dis !
Dans votre équipe (ndlr : Mitchelton-BikeExchange), on parle souvent de votre amitié avec Halvy, cela remonte maintenant depuis votre rencontre à Dunedin, pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est une histoire de gamins, vous savez. Tempétueux, tumultueux. Une bêtise par-ci, par-là, et la rencontre de deux petits qui voient une lumière s’allumer dans leurs yeux. Je venais de tomber de vélo, il me semble que j’avais 12 ans. C’est Halvy qui m’a aidé à me remettre, bien que ma blessure n’ait pas été grave. Et nous ne nous sommes plus quittés, à chaparder et courir ensemble le long de Dunedin, puis à pédaler ensemble dans l’immensité, aussi simplement que cela. Rien de bien compliqué. Et puis ça a continué, en club, en course, et jusqu’à maintenant, presque chez les pros. Une confiance mutuelle l’un en l’autre, dont nous ne doutons jamais. Nous avons bien l’intention que cela puisse continuer autant que possible !
Malgré des profils un peu différents, vous continuez à courir sur les mêmes courses, quitte à travailler l'un pour l'autre. C'est vrai que cette situation est confortable pendant les premières années d'une carrière cycliste. Envisagez-vous dans un futur plus ou moins proche courir sur des courses différentes voire même dans des équipes différentes afin de vous épanouir l'un et l'autre ?
Non. Quand nous en discutons ensemble, nous savons déjà que notre chemin s’effectuera ensemble. Je ne pourrais pas vous dire pourquoi, mais nous savons que cela se déroulera comme cela. Notre équilibre tient à notre amitié. J’ose pouvoir dire que sans Halvy, je ne serais rien. C’est lui qui m’a remis debout, c’est lui qui m’a donné envie de me surpasser, c’est lui qui m’a appris l’abnégation quand je le déposais le long des pentes. Il à toujours fini loin derrière moins, mais il n’a jamais rien dit. Alors mon abnégation, c’est de lui rendre la pareille quand je sais qu’il peut s’imposer, car je crois en lui.
En est-il de même pour tous vos coéquipiers ? Après une première partie de saison en terres australes, vous êtes plutôt revenu dans le rang et avez notamment aidé Sun Xiaolong à remporter le Tour de Taiwan et le Tour de l’Ijen ! N’est-ce pas contradictoire d’être ambitieux et en même temps si dévoué ?
C’est justement là tout le défi. J’aime gagner. Mais j’aime aussi aider. Réussir les deux en même temps est extrêmement gratifiant. Quand je gagne, je sais que l’équipe à confiance en moi pour m’imposer et se dévoue pour moi. Au contraire, quand j’aide, quand je sais que je ne suis pas en forme, l’équipe sait que je lui retourne la confiance qu’elle me porte et que je serais toujours là pour participer. L’un ne va pas sans l’autre. L’ambition passe d’abord par le sacrifice. Mon but cette année n’était pas de m’imposer, il était d’apprendre aux côtés de mes coéquipiers. Je n’ai aucun mal à admettre que Sun était plus fort que moi et j’ai été fier de l’aider à remporter non pas un mais deux classements !
Lors de la dernière New Zealand Cycle Classic vous avez pris un éclat après avoir tenté d'accompagner Esteban Cháves. Certains ont interprétés ça comme un flagrant manque de maturité et vous voient encore trop "vert" pour intégrer une équipe du calibre de la Mitchelton. Qu’avez-vous à leur répondre ?
Qu’ils ont parfaitement raison, tout simplement. Je viens juste d’avoir 19 ans. J’ai encore toute la vie devant moi, toute ma carrière. Je n’ai jamais prétendu vouloir rejoindre directement le World Tour comme l’a fait Remco Evenepoel il y 5 ans. Il s’est complètement raté et on ne l’a plus revu. Je n’ai pas envie de faire de même. Cette année était une année d’apprentissage et j’en suis pleinement satisfait. Je suis encore bien trop inexpérimenté pour savoir quand il faut répondre et quand il faut attendre. C’est bien pour cela que j’ai aidé Sun cette année. Il à plus d’expérience que moi. Oui, j’ai reçu des contacts avec le World Tour, notamment avec la Mitchelton, mais j’ai préféré décliné. Je dois encore me développer. Mon apprentissage est loin d’être fini.
Cette saison est donc réussie pour vous, quand bien même vous avez pris de gros éclats après votre tonitruant début ?
Oui. J’ai appris, et c’est ce qui m’importait. Sur le Qinghai Lake, j’ai appris de la pluie et de l’altitude, j’ai appris comment elle pouvait m’affecter et me rendre complètement inapte. Sur l’Ijen, j’ai appris la douleur des pourcentages en situation réelle. Sur le Xingtai, j’ai appris à jouer avec les bordures. Ce sera maintenant à moi – à nous – de le mettre en pratique la saison prochaine.
Au cours de votre longue saison, avez-vous pu croiser quelques grands ?
Bien sûr ! Esteban Chaves déjà, un grand moment. Encore maintenant, je revois dans ma tête notre duel sur la New Zealand Classic…Il n’a sûrement vu qu’un jeune trop présomptueux dans sa roue, mais cela à représenté bien plus pour moi, dans la roue d’un ancien champion. Avec la montée d’épreuves de l’Asia Tour, j’ai pu en croiser quelques autres, notamment Georges Bennett, je lui aie même demandé un autographe au Qinghai Lake ! Après tout, il s’agit un peu de note champion national (rires) ! (ndlr : Le néozélandais a terminé sur le podium du Giro 2020, de la Vuelta 2021 et du Tour 2022) L’Asia Tour est également le refuge de nombreux anciens du peloton en quête de ressources, et de défi face à nous, petits jeunots. C’est là un défi transcendant, tant pour eux que pour nous !
Et vous n’avez jamais douté de votre choix de carrière dans la roue de Chaves ? Rugbymen par exemple, le sport roi dans votre pays !
Vous avez vu mon physique ?! Je me ferais écraser ! Non, j’ai mûrement réfléchi, et parmi tout les sports que j’ai pu tester, seul le cyclisme m’emballait à ce point. Découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux paysages, de nouvelles pentes…ça ne s’explique pas, ça se ressent. La Nouvelle-Zélande est un pays encore très préservé, et c’est un plaisir à chaque fois que j’y retourne pour rouler ! Cela m’a d’ailleurs fait un choc en arrivant en Chine. Quoiqu’il en soit, n’attendez pas de moi que je me mette à danser le haka dans le studio (rires).
Avez-vous des lieux où vous préférez rouler en Nouvelle-Zélande ?
Déjà, il faut savoir que l’île Sud est bien plus sauvage que la Nord, j’ai peu couru au Nord. Mes lieux préférés se situent donc tous sur l’île du Sud. Dunedin, bien sûr, mais également la baie d’Akaroa, ou les montagnes autour de Queenstown. Ce sont des lieux magnifiques, ils me détendent en même temps qu’ils me permettant de m’entrainer. Des lieux purs, où je peux me laisser aller sans arrières pensées. Surtout à Queenstown, la vue sur les Alpes du Sud est juste splendide, le décor me subjugue autant qu’il me pousse à tester mes limites, je le recommande à tout les cyclistes ! Vraiment, je suis reconnaissant à mon équipe de me permette d’y revenir quand je le souhaite, c’est…juste mon chez-moi, tout simplement.
Quand vous allez rouler, avez-vous des petits tics, des petits secrets à nous révéler ?
Je vous ai pourtant dit que je voulais garder un côté mystérieux ! (rires) Mais je consens à vous donner quelques informations : à chaque sortie, je parle un peu à mes bras et à mes jambes pour leur donner de la force avant de leur faire à chacun un petit ‘kiss’, de tourner 3 fois sur moi-même en récitant « Papillon de lumière » dans ma tête et de mettre une couronne de fougère sur ma tête pour me protéger du soleil…Lire à vous de me croire ou pas !
Nonnnn, quand même pas ! Mais pour finir sur une note plus professionnelle au risque de voir nos lecteurs essayer votre technique dès à présent, savez-vous quand vous reprendrez la nouvelle saison ?
Je ne peux pas encore vous dire précisément de quoi sera faite ma saison 2025, mais je peux en tout cas vous dire que je serais normalement une nouvelle fois présent sur les courses australiennes et néo-zélandaises, sur le Tour of Qinghai Lake et sur…
A- le Tour d'Oman
B- Le Tour de Dubai
C- Le Tour du Japon
D- Le Baby-Giro
E- La Route d'Occitanie
G- La Ronde de l'Isard