Cette année, pas d’arrivée au sommet : Tirreno est plutôt offert aux puncheurs et le plateau s’en ressent. Les principaux spécialistes des classiques se sont donnés rendez-vous, sans oublier certains puncheurs-grimpeurs comme
Dan Martin et
Valverde, vainqueurs respectivement en 2013 et 2014. La première explication a classiquement lieu lors du contre-la-montre par équipes inaugural. À ce petit jeu, les Trek de
Cancellara,
Jungels et
Albasini imposent leur loi.
Cancellara s’empare du maillot bleu… pour ne plus le quitter ? Les LottoNL – Jumbo de
Mollema sont 5e à 11 secondes, tandis qu’on note deux gros perdants. Tous d’abord les FDJ de
Tony Martin et
Luis León Sánchez qui concèdent plus d’une minute aux vainqueurs. Mais aussi les BMC, qui ont joué l’étape mais échouent 6e à 18 secondes, et ont pour cela sacrifié les chances au général de leurs deux leaders :
Dan Martin et
Peter Sagan sont rejetés 1’30" de
Cancellara ! Les deux étapes suivantes sont offertes aux sprinters. Pourtant sans grande difficulté, le peloton se réduit à chaque fois de plus que de moitié au fil des kms, faisant d’étonnants dégâts.
Valverde,
Ulissi,
Madrazo ou encore
Ginanni perdent ainsi de deux à cinq minutes au général. Dans la course aux bouquets,
Hathaway lance son sprint de beaucoup trop loin pour s’écraser à la 7e place le premier jour. C’est
Trentin qui lève les bras devant
Adams et
Bouhanni. Le lendemain,
Cavendish écœure la concurrence. Parti aux 2500 mètres, il ne faiblit pas et s’impose avec plus de dix vélos d’avance sur
Hathaway et
Bouhanni.
Les deux étapes reines ont lieu les 4e et 5e jours. Deux étapes de plus de 220 kms où les pourcentages à deux chiffres s’accumulent dans les finaux, par de nombreuses côtes courtes vers le mur de Chieti, et des côtes plus longues mais moins nombreuses le lendemain. Vers Chieti, les Lampre réussissent l’étonnante performance de mettre deux coureurs dans l’échappée de 8, mais pas un seul pour rouler.
Moreno Moser s’énerve de cette situation et s’isole à plus de 50 kms de l’arrivée. L’italien a été sous-estimé par les leaders car leurs équipiers s’épuisent sans revenir. Alors que
Moser n’a perdu qu’une minute et en compte toujours deux de marge à 15 kms de l’arrivée,
Brambilla sort du peloton. Distancé lors du chrono par équipes, le vainqueur de la Drôme Classic est moins marqué. Dans le dernier mur, tout le monde est à l’arrêt et
Brambilla revient miraculeusement crucifier
Moser à 200 mètres de la ligne. Cruel pour le jeune italien, qui peut toutefois se consoler avec le maillot de leader.
Dan Martin,
Mohoric,
Mollema,
Vanendert,
Van Avermaet et le surprenant
Hathaway terminent à 22 secondes. Donné favori,
Kreuziger n’est que 11e à 54’’, juste devant…
Nacer Bouhanni !
Le lendemain,
Boasson Hagen emballe la course en sortant dans le sillage de son équipier
Caruso dès le premier col du jour ! Mais les Sky ne l’entendent pas de cette oreille, le col est long, les retournements de situation nombreux, et c’est finalement un duo
Kreuziger-
Henao qui passe en tête au sommet. Derrière, les coureurs sont quasiment un par un. Le maillot bleu de
Moser est à 1’30’’, tandis que
Mollema passe en 12e position à plus de 2’30’’, accompagné de
Kelderman. Un plus gros groupe comprenant
Mohoric,
Hathaway,
Brambilla et
Van Avermaet, placés hier, est à plus de 4 minutes alors qu’il reste 80 kms à couvrir ! L’aide de
Kelderman est précieuse à
Mollema. Patiemment, il reprend les hommes en chasse-patate et fait même craquer
Moser à 40 kms de l’arrivée. Il ne reste que
Kreuziger et
Henao 1’20’’ devant quand il s’écarte. Mais le groupe se désorganise alors complètement, les attaques fusent, et
Valverde est le seul à faire la jonction avec le duo de tête. Il parvient à se débarrasser du tchèque, puis du colombien, dans les dernière bosses pour savourer une belle victoire. Derrière,
Mollema et
Kiserlovski n’ont pas levé le cul de leur selle. Ils collaborent en tractant
Sagan, mais parviennent à ramasser les morts dans la dernière bosse. Eux qui s’étaient écartelés se retrouvent finalement tous ensemble au moment de plonger vers la ligne. Ils reprennent même
Kreuziger à 2 kms de la ligne, et c’est l’économe
Peter Sagan qui va chiper les bonifications de la 3e place.
Mollema,
Vanendert,
Boasson Hagen et
Kreuziger se tiennent désormais en 36 secondes au général, le néerlandais s’emparant du maillot bleu.
Martin et
Sagan seraient aussi dans la bataille s’ils avaient été attendus sur le chrono inaugural. Derrière, les dégâts sont importants car le 11e de l’étape est à 6’14’’ du vainqueur, à 4’25’’ du groupe des favoris !
Le circuit final de la sixième étape comprend des bosses aux pourcentages non-négligeables, mais l’inertie du peloton y est importante. Les quelques attaques ne font donc pas de dégât, tout le monde étant déjà heureux de rester bien placé. Seuls
Offredo et
Simon parviennent à prendre le large sur un rare moment de temporisation. Les deux français font un bout de chemin avec
Cunego, rescapé de l’échappée matinale, avant qu’
Offredo ne piège ses compagnons sur une grosse relance sur le plat. Il était aussi le plus fort, et résiste au peloton pour s’imposer. Derrière, les favoris n’ont pas pu se départager avant la dernière bosse.
Capecchi y règle le groupe devant
Mollema, qui récupère 4 secondes de bonification. Mais ce ne sera sûrement pas assez pour demain car, si
Boasson Hagen termine dernier du premier groupe (13e), il est de justesse classé dans le même temps et ne pointe qu’à 24 secondes au général. Parmi le top 4, seul
Vanendert, 2e ce matin mais aussi le moins bon rouleur, a perdu une grosse vingtaine de secondes. Sur le contre-la-montre final de 9 kms, les cent premiers coureurs se tiennent en quelques secondes avant que
Boaro ne rejette tout le monde à 25 secondes ! Déjà vainqueur de ce chrono il y a deux ans, on se dit que son temps sera une nouvelle fois dur à aller chercher. Mais il ne résistera finalement pas aux cadors.
Cancellara fait forte impression ; il aura le meilleur temps intermédiaire final, mais s’écrase dans la deuxième partie et ne termine que quatrième, derrière
Martin et
Kwiatkowski. De son côté,
Mollema réalise un chrono exceptionnel, 11e entre
Dumoulin et son ancien équipier
Sánchez ! Malheureusement pour lui, ses poursuivants au général lui reprennent quand même du temps.
Kreuziger est 7e, et surtout
Boasson Hagen effectue un retour canon pour remporter ce chrono ! Il arrache 25 secondes à
Mollema, soit… une de plus que le retard qu’il possédait ce matin. Pour une petite seconde, il remporte donc ce Tirreno au nez et à la barbe du néerlandais !