La quête de
Gallopin d’une troisième victoire d’étape sur un troisième grand tour différent se poursuit dans l’abnégation. L’ancien porteur du maillot jaune repasse à l’attaque sur la 16e étape, puis encore le lendemain. Mais à chaque fois l’échappée n’aura aucune chance, évidemment, étant même reprise assez loin de l’arrivée. La première fois, une attaque surpuissante de
Luis Leon Sanchez fait exploser le peloton au pied de la dernière bosse.
Breschel et
Gilbert réagissent comme ils peuvent alors que les meilleurs des favoris se détachent aussi.
Uran et
Velits n’en font pas partie ; ils perdront 46 secondes sur la ligne. Devant,
Breschel et
Gilbert font la descente à tombeau ouvert mais
Sanchez était au-dessus du lot aujourd’hui pour enlever sa deuxième étape de cette Vuelta. L’étape vers Avila est plus particulière et fait presque penser à une flandrienne avec sa pluie, ce fort vent et les petits pavés pour mener à la vieille ville. Et alors qu’on s’attend à un sprint pour costauds,
Kreuziger attaque à 15 kms de l’arrivée, au sommet d’un long faut plat montant. Le tchèque est sorti au bon moment ; la désorganisation est de mise dans le peloton réduit à sa « poursuite ». Exténué, il perd énormément de temps sur les pavés des deux derniers kms mais franchit tout de même la ligne en vainqueur. Lui complète sa collection de victoires sur les grands tours. Ce final fait cependant de gros dégâts parmi les favoris. Pendant qu’
Adams se paye le luxe d’ajuster
Sagan pour la place de 2, ils ne sont que 10 à terminer dans le premier groupe.
Quintana,
De Gendt et
Uran en font partie, mais pas
Gesink qui concède plus de 30 secondes. Le maillot rouge voit
Quintana se rapprocher à 33 secondes de son bien ! La sentence est encore plus lourde pour
Kruijswijk, et surtout
Velits. 3e du général ce matin, le slovaque finit 48e à 2’53’’ du vainqueur !
Le slovaque, 4e l’an dernier, ne veut pas voir le podium lui échapper une nouvelle fois et passe à l’attaque dès le lendemain. Une belle bataille s’engage dans le Puerto de Navacerrada, vers Ségovie. Le slovaque est difficilement rejoint par
Quintana et
Gesink, qui se marquent à la culotte.
Kruijswijk est lui en chasse-patate sans pouvoir rentrer car le trio collabore bien. Ils basculent avec près de trois minutes d’avance ! Mais sur un peloton de 49 unités ! 49 ? Autant ? Oui, car il reste encore 30 kms à couvrir contre un gros vent de face. Les Astana et les Sky ont en fait été prudents pour faire bloc autour de
De Gendt et
Uran, les adversaires direct de
Velits. Même si les trois hommes à l'avant se relaient toujours bien, le peloton a pour lui l’inertie et des équipiers à sacrifier. Malheureusement pour les attaquants, leur énorme avance fond aussi vite qu’ils l’avaient durement gagnée.
Kruijswijk est le premier à se faire rattraper, et même digérer au détour d’une relance plus marquée. Sa première année sous les couleurs Education First aura été très en-deçà de ses attentes, nouvelle preuve en est lorsqu’il termine cette étape à plus de 2’30’’ du vainqueur. Les derniers kms plus compliqués sont aussi fatals à
Quintana, rejoint et lâché par les fauves plus prudents à 2 kms du but, juste avant
Gesink. Mais le maillot rouge gère mieux cette dernière bosse pour finir dans le premier groupe des battus et ainsi reprendre 28 secondes au colombien. Comme il l’avait semblé dans le col,
Velits est bien le plus costaud aujourd’hui malgré
De Gendt,
Poels,
Sanchez et
Uran à sa poursuite. Ironie du sort, c’est le belge d’Astana qui est à deux doigts de sauter sa proie dans les tous derniers mètres.
Velits sauve finalement la victoire et quatre petites secondes de bonification, mais c’est bien moins que ce qu’il espérait une heure plus tôt.
Les grimpeurs ont une dernière occasion de s’expliquer lors de la dernière arrivée au sommet du lendemain, au terme d’une étape en montagnes russes. En vue du maillot blanc,
Acedo et
Buchmann ne se lâchent pas d’une semelle. Comme la veille, les deux partent dans l’échappée matinale. L’allemand en profite d’ailleurs pour doubler ses points de la montagne et s’assurer le maillot à pois, alors que
Slagter avait grappillé tout au long des deux dernières semaines pour le talonner. Mais l’allemand termine son tour aussi fort qu’il l’avait commencé, remarquable ! Dans ces dernières ascensions, il se débarrasse presque sans difficulté de ses compagnons, gère la montée finale pour décrocher la première victoire de sa carrière. Quelle Vuelta de sa part ! Deux minutes derrière,
Acedo sauve son maillot blanc pour 1’30’’. Les premiers favoris arrivent neuf minutes plus tard,
Nairo Quintana en tête. Le colombien s’est vraiment montré offensif cette année, d’autant plus pour effacer une déception. Il emmène cette fois
De Gendt avec lui, presque jusqu’au bout. Sans réaction sur l’attaque,
Gesink gère au point de même finir plus vite. Le maillot rouge ne perd que 25 secondes et en conserve 36 d’avance au général ! Les autres sont bien plus loin du trio qui a définitivement pris les commandes du général. En parlant de général, celui-ci est le plus serré d’un grand tour depuis un bon moment : entre
Kruijswijk, 7e, et
Contador, 16e, on ne décompte même pas 4 minutes ! Et qui pointe à la 8e place ?
Arkaitz Acedo, qui a parfaitement profité de son échappée du jour ! On ne l’attendait pas à ce niveau, ni
Buchmann qui n’est lui « que » 12e, preuve des écarts resserrés dans cette zone du général.
La dernière explication n’est pas des plus compliquées.
Gallopin n’est cette fois pas dans l’échappée, ce qui lui permet évidemment d’aller au bout malgré la chasse de nombreuses équipes derrière.
Kennaugh est le plus costaud dans le mur final pour décrocher la plus belle victoire de sa carrière, résistant au retour de
Gilbert depuis le peloton. Sur un mur final si court, les favoris ne font pas de différence entre eux.
Gesink,
Quintana et
De Gendt restent donc dans cet ordre sur le podium du général : un superbe doublé pour
Gesink, un troisième podium de grand tour différent pour
Quintana, et une belle revanche pour
De Gendt après sa déception du Giro. Seuls deux outsiders perdent en fait du temps ;
Fuglsang, qui finit sa saison sur les rotules, et
Acedo, décidément en difficulté sur les efforts courts. 41e de l’étape, le basque perd 1’20’’ sur
Buchmann. Insuffisant pour rester dans les 10 au général, mais juste assez pour conserver son maillot blanc ! La dernière étape n’offre pas les bouleversements au général de 2014. Seul
Cavendish peut encore récupérer un maillot, vert celui-ci, mais l’anglais s’embourbe dans un sprint désorganisé. Les jeunes continuent eux de prendre le pouvoir.
Vassano est encore le plus impressionnant en remontant de loin, mais
Adams lui résiste jusqu’au bout ! Sa première victoire sur un grand tour, mais déjà sa cinquième au niveau World Tour.