Place désormais à l’étape de la peur, empruntant 33 kms de secteurs pavés redoutés. Cette même étape avait d’ailleurs fait des dégâts en 2017.
Kuznetsov,
Bonnamour,
Je.Herrada,
A.Peters et
Gorbunov abordent la Trouée d’Arenberg, 2e secteur du jour, avec 5 minutes de marge. La tension est présente mais le rythme est pour l’instant contrôlé par les équipes des grimpeurs qui ne distancent pas grand monde. La donne change dans les 60 derniers kms, lorsque les Trek prennent le commandement des opérations.
Matthews et
Meurisse font un forcing auquel le maillot jaune répond parfaitement en troisième position du peloton. On remarque aussi
Sriubas très bien placé ; le lituanien est décidément épatant cette année. Derrière en revanche, le groupe explose. Comme sur le Giro,
López est l’un des prétendants les moins à l’aise : il est distancé à 40 kms de l’arrivée ! Son lieutenant
Leetz l’imite rapidement, comme
Pinot et
Soler. Les favoris du Tour sont dans les cordes ! Puis
Sriubas explose soudainement avec
Bernal. Il reste alors 51 coureurs dans le peloton et une trentaine de kms à couvrir. Dans le dernier secteur avant une portion de près de 10 kms sur le bitume,
Adrien Costa craque à son tour. Attendu par
Gerts et
Schamp, il perdra tout de même gros sur la ligne. Toujours sous l’impulsion des Trek, le peloton reprend l’échappée et continue de distancer des grimpeurs.
Latour et
Ravasi sont les suivants sur la liste. Plus surprenant,
Sagan est à leurs côtés ! À 25 kms de l’arrivée, à l’approche de Cysoing, il n’en reste que 6 parmi les 33 hommes du peloton :
Barguil,
Padun,
Sundberg,
Dyke,
Power et
Parisse.
Les flandriens peuvent désormais s’exprimer. D’élimination par l’arrière, on passe à une course de mouvement. Dans Camphin-en-Pévèle,
Jacquemin accélère, immédiatement suivi par
Alaphilippe ! Chez les puncheurs,
Skidan,
Romain et
Horta sont bien placés mais ils finissent par montrer leurs limites quand
Sénéchal et
Benoot attaquent à leur tour. Dans le Carrefour de l’Arbre,
Alaphilippe ne tient plus le sillage de
Jacquemin. Frustré par une blessure qui l’a privé des flandriennes, le belge se verrait bien se venger par une étape de prestige !
Sénéchal et
Benoot parviennent tout de même à le rejoindre dans les derniers mètres du secteur. Ils forment un quatuor en tête puisque
Bonnamour, dernier rescapé de l’échappée matinale, est aussi revu à cet instant. 25’’ derrière,
Alaphilippe s’est fait reprendre par
van der Poel,
Colton et
Spengler. L’américain et le suisse ne relaient logiquement pas pour protéger leurs leaders à l’avant, et le cyclocrossman laisse le français travailler. Il faut pourtant le distancer s’il veut troquer son maillot vert contre un jaune, mais
van der Poel n’en parait pas capable sur les derniers pavés de Gruson. Sur le bitume en revanche,
Alaphilippe faiblit.
van der Poel attaque donc à 5 kms du but, laissant sur place ses adversaires ! Le trio de tête est toujours à une vingtaine de secondes mais, classiquement,
Jacquemin,
Benoot et
Sénéchal s’observent au moment de lancer le sprint final. Le maillot vert, lui, ne se pose pas de question. Il les rattrape à 2 kms du but ! Lancé, il prend même de suite quelques longueurs car les trois autres ne l’avaient pas senti arriver. L’effort fait pour raccrocher sa roue leur est fatal dans le dernier km où
van der Poel lance véritablement son sprint : le néerlandais remporte sa deuxième victoire consécutive ! De quoi évidemment prendre une énorme avance au classement par points. Pas de quoi en revanche voler le jaune car
Alaphilippe ne termine qu’à 27’’.
Naesen,
Meurisse et surtout
Romain sont à 2’19’’. Le jeune français signe la bonne opération du jour en s’emparant de la 4e place du général derrière un
Colton lui aussi solide, dans sa lignée des flandriennes.
Skidan,
Horta et
Van Aert grimpent dans la hiérarchie en ne concédant que 2’54’’. Derrière, les écarts sont énormes ! Les premiers grimpeurs sont
Barguil,
Dyke,
Power et
Geoghegan Hart, déjà à 4’58’’ !
Padun,
Parisse et
Sundberg ont limité la casse à 5’55’’, voire
Latour à 6’44’’. Pour les autres en revanche…
Costa concède 8’35’’,
Bernal et
Ravasi 9’10’’,
Soler 10’29’’,
Pinot 11’13’’,
Sriubas et
Leetz 12’03’’, et
López 12’53’’ ! Une dizaine de coureurs quittent les routes du Tour dont
Rolland,
Ledanois et
Boisset chez les français.
La septième étape offre un répit attendu par beaucoup.
Mühlberger est le seul à se motiver pour passer la journée en tête, évidemment sans menacer les sprinters. Dans le final, les Trek, les Quick-Step et les Movistar s’affrontent. La guerre des trains ne laisse finalement que des victimes car
Bovie explose en vol,
Gaviria se contente de la 7e place et
Colton de la dernière marche du podium. Placé dans la roue des espagnols,
van der Poel connait son premier accroc dans la course au maillot vert. Comme au sprint intermédiaire, il n’accroche pas le top 10.
Adams avait en revanche suivi la bonne roue. Il remporte son duel face à
Ewan dans le dernier km, privant l’australien de sa première victoire sur le Tour.
En ce deuxième samedi, les grimpeurs découvrent les premiers vrais reliefs du Tour. Cette escapade vosgienne traverse les terres de
Thibaut Pinot pour s’achever en haut de la Planche des Belles Filles. L’échappée du jour est prisée. Aidés par le vent de dos, 50 kms sont couverts dans la première heure en plaine ! Un Club des Cinq obtient finalement un bon de sortie, mais le peloton ne va jamais totalement relâcher. Ce rythme rapide pourrait donc laisser des traces et rebattre les cartes dans la dernière montée. Les Movistar et les Education First font le travail dans les bosses, reprenant un à un les membres de l’échappée qui n’étaient pas des grimpeurs.
Valgren et
Glavcev sont les derniers résistants dans le Col des Chevrères, qui précède la montée finale. À deux kms du sommet, le duo est repris et les équipiers viennent à manquer chez Movistar. À 1 km,
Acedo et
Costa en profitent pour accélérer. Les deux Jumbo surprennent les meilleurs grimpeurs qui ne prennent pas leur roue. Ils font la descente à bloc pour aborder la montée finale avec 36’’ de marge !
Acedo se met aussitôt à la planche (des belles filles). Ayant souvent terminé dans le Gruppetto en première semaine, le basque semble aujourd’hui en meilleure condition que son leader pour lequel il se sacrifie. Derrière, les purs grimpeurs ne sont pas à la fête. On retrouve surtout les hommes les plus en vue des étapes précédentes, visiblement moins usés par cette semaine exigeante.
Skidan force la décision à mi-ascension. S’économisant les jours de bordures, l’ukrainien répond présent sur toutes les autres étapes compliquées. Ils sont 9 à le suivre, dont
Sriubas,
Barguil,
Padun et
Geoghegan Hart pour les grimpeurs, et les maillots jaune et vert d’
Alaphilippe et
van der Poel ! Le néerlandais s’accroche en vue d’un hypothétique paletot doré. En revanche
Pinot et
López ont été piégés par leur placement, comme beaucoup d’autres grimpeurs qui ne sont pas dans le coup ! À 2500 mètres du sommet,
Acedo et
Costa possèdent toujours près de 30’’ de marge, et
Skidan en remet une couche pour faire exploser le groupe.
Horta et
Sriubas sautent dans sa roue, rejoints par
Power qui a amorti l’accélération. Derrière,
van der Poel craque avant
Alaphilippe, ce qui va permettre au français de conforter son maillot !
Skidan ne peut toutefois pas maintenir son effort pour inquiéter le duo de tête. Dans la dernière rampe,
Costa prend le vent pour la première fois et s’envole vers l’étape ; sa première sur le Tour !
Acedo récompense l’audace des Jumbo par un doublé, devant
Power et
Skidan à une vingtaine de secondes. Les deux EF terminent à 35’’, quelques-unes devant
Alaphilippe et
Padun, qui ont donc perdu du temps sur les Jumbo dans la montée.
Barguil est le dernier homme sous la minute ; il signe tout de même l’une des bonnes opérations du jour.
van der Poel se retrouve à 51’’ au général car il termine en compagnie de
Geoghegan Hart,
López,
Pinot et
Romain à 1’04’’.
Entre Belfort et Porrentruy, la journée est taillée pour les baroudeurs mais ils ne sont que trois à en profiter : l’inépuisable
Glavcev,
Maidos et
Zilioli. Derrière,
Bernal et
Latour sont pris dans une chute, tandis que
Power et
Alaphilippe tentent un petit coup de folie à une cinquantaine de bornes de l’arrivée, vité avorté. L’augmentation du rythme rapproche cependant le peloton du trio de tête. Au pied de la Côte de la Caquerelle, avant-dernier col du jour à 29 kms de l’arrivée,
Acedo attaque ! Le basque rejoint
Glavcev en vue du sommet, qu’ils franchissent avec 1’30’’ de marge sur un peloton encore conséquent. Le seul membre du top 10 distancé est le jeune sprinteur
Colton, qui avait très bien tenu la veille. Dans le col de la Croix (3,8 kms à 8,6%),
Acedo fait le forcing pour distancer le bulgare. Derrière, son leader
Costa fait de même en vue du sommet pour fatiguer les équipiers adverses. Il franchit la banderole avec toujours 1’30’’ de retard sur le basque, seulement 29 coureurs dans sa roue, et il se relève aussitôt.
van der Poel a pourtant tenu, comme
Vassano, mais on veut récompenser le basque côté Jumbo. En revanche, diminué par sa chute,
Latour a été distancé ! Pour le deuxième grand tour consécutif, il va donc laisser son leadership à
Jacky Romain !
Gunter,
Nagorski et
Almeida sont les autres outsiders décevants ; tous perdront 3 minutes sur la ligne. Le groupe des leaders ne s’organise pas dans la descente, mais des attaques incessantes et infructueuses dans la plaine augmentent finalement le rythme. Devant,
Acedo commence à buter. La dernière ligne droite est interminable. Il ne fallait pas 100 mètres de plus, mais le principal est là :
Acedo s’impose ! Le coup est parfait pour les Jumbo car
van der Poel n’aurait pas levé les bras. Le maillot vert se fait devancer par
Romain ; les 2e et 3e du général grappillent quelques bonifications en vue du chrono.
Sur le contre-la-montre justement, les valeurs sûres refont surface.
Durbridge et
Dumoulin se disputent la victoire, à l’avantage de l’australien pour 24’’.
Julius confirme son affinité avec les chronos du Tour en montant sur le podium, juste devant l’étonnant
Craddock.
Küng est plus loin, seulement 16e, tandis que
Schamp échoue aux portes du top 10 et que
Vassano grappille quelques points au maillot vert grâce à sa belle 9e place. En tête du général,
Alaphilippe repousse
van der Poel de 40 secondes supplémentaires pour conforter son maillot. Du côté des favoris, les 38 kms sont suffisants pour creuser des écarts. Des grimpeurs en forme de cette première semaine perdent 4 minutes, à l’image de
Barguil et du jeune
Parisse. C’est encore pire pour les EF et les sud-américains. Beaucoup de prétendants se tiennent en une quarantaine de secondes autour des 3 minutes. L’énorme performance est à mettre au crédit de
Romain. Le jeune français vole sur l’eau en ce moment car il est le seul favori à rentrer dans le top 10 de l’étape, 8e. Il devance même
Dyke (13e) et
Sundberg (15e) d’environ 30’’ ! Le maillot blanc, 9e de la dernière Vuelta, devient peut-être le favori du Tour. En effet, 3e à 2 minutes d’
Alaphilippe, il possède désormais 3 minutes d’avance sur
Power, plus de 5 sur les premiers vrais grimpeurs que sont
Geoghegan Hart,
Dyke et
Barguil, 8 sur
Costa, 9 sur
Sundberg et plus de 11 sur les anciens favoris qu’étaient
Pinot,
Soler,
López ou
Sriubas ! Ce classement sans queue ni tête promet sûrement de grandes offensives en montagne, et on ne serait pas surpris de voir de très gros noms se lancer dans des échappées au long cours pour remonter au général. Comme
Barguil avait pu le faire sur le Giro il y a quelques années...