L’ambiance était étrange pour ce grand départ. Les espagnols en retrait, le top 5 du Tour de France absent et aucune grande rivalité à l’horizon. Heureusement que certains logos rappelaient l’importance du moment car on aurait pu se croire sur le Tour d’Andalousie quelques mois auparavant. Les suiveurs ne se plaignaient pas de la situation car il était plus aisé d’approcher les coureurs en coulisses. En revanche, on avait bien du mal à se passionner pour le contre-la-montre d’ouverture. Le faible kilométrage empêche en effet d’y creuser des écarts significatifs entre les favoris, et les rouleurs ne sont pas légion non plus.
Phinney et
Posthuma sont les deux noms les plus fréquemment cités, bien qu’aucun des deux n’ait eu de résultat probant depuis un bon bout de temps. On se tourne même vers les grimpeurs – rouleurs car le parcours est loin d’être plat. Les coureurs doivent en effet monter dans les jardins de l’Alhambra de Grenade avant de redescendre vers la ligne.
Nibali, voire
De Gendt,
Gilbert et
Coppel sont donc cités alors que
Fuglsang revient avec insistance dans la bouche des spécialistes.
Personne n’est donc surpris quand
Phinney, parti tôt, explose le temps de
Vandewalle de 9’’ pour s’emparer de la tête. Lorsque
Posthuma est rejeté à 10’’, on commence même à regretter le suspense déjà tué car personne ne parvient à s’approcher du temps de l’américain. Que ce soient les rouleurs comme
Meyer ou
Terpstra, ou les premiers grimpeurs à s’être élancés.
Uran,
Henao,
F.Schleck,
Menchov,
Quintana et
Rolland prennent position entre 17 et 23 secondes de
Phinney. Personne n’a voulu prendre de risque dans la descente au risque de déjà perdre gros, et comme prévu tous se tiennent en un mouchoir de poche. Du côté des sprinters,
Matthews a pu se placer en embuscade, lui aussi à une vingtaine de secondes de son équipier. Les deux hommes ont sûrement remonté des infos car c’est un troisième Rabobank,
Martijn Maaskant, qui crée la surprise en ne concédant que 7’’ sur la marque référence. Dans la foulée,
Langeveld fait encore mieux en retranchant une seconde au temps de son compatriote, tandis que
Cataldo rentre dans le top 5 à 9’’ du leader. C’est le premier grimpeur à jouer avec les meilleurs aujourd’hui. En attendant les leaders, le classement évolue encore avec le passage de
Barredo. L’espagnol a réveillé la foule lorsqu’il fut annoncé avec 6 secondes d’avance au sommet de la bosse. Un des leurs allait-il finalement triompher ? Mais
Phinney avait mieux géré son effort et
Barredo se contente de la seconde place à 4’’ de son équipier.
À ce stade, autant être attentifs jusqu’au bout car il ne reste qu’un coureur par équipe à s’élancer, a priori les têtes d’affiche.
Pinot est celui qui s’en tire le moins bien. À 22’’ de
Phinney, il devance tout de même
Quintana d’une seconde. Comme sur le Giro, les deux hommes ne se quittent déjà pas d’une semelle.
Valverde n’est pas non plus au mieux à 15’’ du leader. Il se fait par exemple devancer par les deux surprises de l’édition précédente. Vous les connaissez maintenant, je parle bien sûr de
Coppel et
Taaramae. Un top 10 pour Cofidis, une cinquième place provisoire pour Saur-Sojasun, de quoi bien démarrer la semaine. Mais évidemment, on attend encore mieux des grosses références comme
Nibali. Pas forcément de
Mollema car le néerlandais n’est pas un as du chrono. Il arrive pourtant à exploiter ses qualités de puncheur pour faire la différence dans la bosse. Comme pour
Barredo, la descente est plus compliquée mais
Mollema s’arrache et prend la tête pour deux secondes ! Le néerlandais marque les esprits ! Les Rabobank occupent alors quatre des cinq premières places et on commence à grincer des dents dans le public. Dominer n’est jamais bien vu dans le cyclisme moderne. Heureusement,
Fuglsang et
De Gendt viennent tempérer tout cela. Les deux coureurs prouvent d’ores et déjà leur bonne condition en prenant les 3e et 4e places, quelques centièmes derrière
Phinney pour le danois. Le prochain à en terminer n’est autre que
Nibali. Le speaker débite le palmarès du sicilien sur les chronos cette année : 4e au Pays Basque à une poignée de secondes seulement de
Sánchez,
Martin et
Boasson Hagen, 2e au Tour du Trentin très loin devant les autres grimpeurs… Mais le spectateur attentif aura noté que
Nibali n’a pas le coup de pédale des grands jours. Ses progrès suffisent pour lui donner le top 10 provisoire à 11’’, pas mieux.
Peter Sagan se classe dans le même temps. Comme les Rabobank, il a pris des risques dans la bosse mais ce n’était pas suffisant.
Mollema est donc assuré de conserver son maillot demain même en cas de victoire du slovaque. Enfin, Gilbert tire lui aussi avantage du parcours mais échoue à 6 secondes du maillot rouge.