J’avais décidé de joindre l’utile à l’agréable en invitant Manuel à déjeuner au restaurant Fuego de Apalta, créé par Francis Mallman.

C’est sans doute mon endroit préféré dans ce pays : un brasero géant au centre d’une structure en croix, tout en bois, posée au milieu des vignes de la prestigieuse maison Montes, dans la vallée d’Apalta. J’attendais Manuel, qui venait en vélo pour son entrainement de la journée, en sirotant un verre de Sauvignon Blanc de la maison. Il arrivait quelques minutes plus tard, visiblement peu marqué par les plus de 150 km de son entrainement du jour. Il avait fait d’énormes progrès et pouvait désormais pleinement jouer son rôle de leader sans pour autant bénéficier d’une rente de situation puisque dans l'effectif, Kevin et Nixon étaient sensiblement du même niveau, voire plus forts.
Après un rapide débarbouillage aux toilettes, il s’attablait en face de moi :
- « Alors Manuel, comment se présente cette nouvelle saison ?
- J’ai fait le point avec Aritz et j’ai un beau programme en perspective : Vuelta a San Juan, Muscat Classic, Volta ao Algarve puis prendre ma revanche sur le destin à mes Championnats Nationaux avant de découvrir le niveau World Tour sur la Flèche Wallone et la Frankfurt Classic. Petite pause, rapide séjour en Roumanie pour le Sibiu Tour. Fin de saison loin de la maison avec le Denmark PostNord, Tour de Langkawi et Tour of Guangxi.
- Cela fait un beau programme en effet, en attendant les réponses aux autres courses World Tour où nous avons postulé : Tirreno, MSR, l’Amstel, LBL, la Vuelta et le Tour de Lombardie. Quels objectifs tu te fixes, sachant que tu seras leader ou co-leader sur la quasi-totalité de ces courses ?
- Je veux remporter au moins un titre national et une course de catégorie .HC et bien figurer sur les courses WT et me rapprocher de mon record de 11 victoires de la saison dernière.
- Ce n’est pas le plus important. Tu dois surtout continuer à progresser. Tu es encore assez loin de ton plein potentiel, notamment en montagne, je veux te voir rivaliser avec les meilleurs avant la fin de la saison. Ce faisant tu dois terminer dans les 100 premiers du classement mondial, mais cela se fera naturellement. Les résultats d’un jour sont accessoires. Pour cela il faut que tu te sentes bien et ces derniers temps, tout le monde a noté que tu étais plus tendu, moins affable. Tu t’éclipses des soirées et des fêtes dès que tu le peux et visiblement en ayant vécu le début de la soirée comme un calvaire. Qui y a-t-il Manuel ? Comment peut-on t’aider ?
- Tout va bien.
- Alors, on va dédier Fernanda au service de Kevin, ça ne devrait pas être un pro…
- Non !
- Tu penses peut-être être discret, mais à part Fernanda tout le monde s’en est rendu compte. Cela crée une rivalité entre Kevin et toi et des tensions dans l’équipe qui n’ont pas lieu d’être. Je vais être brutal, excuse-moi, la finesse n’a jamais été mon fort. Soit tu te remets la tête à l’endroit, soit nous allons renvoyer Fernanda.
- Non, ne faites pas cela, c’est une masseuse incroyable.
- Je sais mais la bonne entente au sein de l’équipe vaut davantage que la meilleure masseuse du monde. »
La reprise des compétitions à la Vuelta a San Juan (cat 2.HC - ** Top 5) m’offrait une parenthèse bien venue et un petit voyage dans le pays voisin. Nous alignions une équipe 100% chilienne dont j’étais le clair leader. Après 2 étapes qui se sont conclues au sprint, place au contre-la-montre individuel. Sur les 12 km du parcours, je m’impose 2’’ devant Asgreen. Mais l’étape reine a lieu 2 jours plus tard. Le poids du maillot de leader nous a obligé à contrôler l’échappée. Dans la dernière montée, les attaques des favoris se sont multipliées et nous revenions à chaque fois au train. Jusqu’à ce que Padun et Valgren prennent 30’’. Je suis resté un peu trop dans les roues et finis au cœur du gros groupe à 15’’. Au général je garde le leadership pour 7’’ sur Padun, le vainqueur du jour. Le reste des étapes, conclues au sprint, ne changeront rien et je m’impose donc pour ma course de rentrée.
Hector enchaine directement au Saudi Tour (cat 2.1 - **° VE). 5 jours de course, 5 sprints et Felix signe notre meilleure perf avec seulement une 5e place. Au général Hector termine 13e, assez loin de De Kleijn qui a remporté le général ainsi que 3 des 5 étapes.
Je m’aligne ensuite sur la Muscat Classic (cat 1.1) pour défendre le titre de Martin. Je garde la roue de Ramon et attaque dans les derniers mètres de la montée. Je prends quelques longueurs et les garde dans la descente pour m’imposer devant Oldani.
De retour à Santiago, je dine avec Fernanda qui doit suivre Nixon et ses compatriotes sur les Championnats d’Equateur.
- « Bravo, tu marches fort en ce début de saison !
- Merci, oui, j’ai vraiment franchi un cap. Toi comment ça va ? Contente de partir en Equateur ?
- Pas vraiment, Kevin est très pris par son entrainement et n’a pas eu beaucoup de temps à me consacrer, j’aurais préféré rester à Santiago pour l’accompagner dans sa période d’affutage.
- Ah mais tu parles comme une pro de cyclisme maintenant ! Ne t’inquiète pas la saison sera longue tu auras d’autres occasion de passer du temps avec lui ! »
Je suis donc les Championnats d’Equateur à la télévision : sur le contre-la-montre, Carapaz s’impose une nouvelle fois mais cette année, Nixon bat Narvaez et finit 2e.
Sur la course en ligne, nous alignons nos 3 coureurs face aux armadas Movistar Best PC et Banco Guayaquil. La tactique était de jouer l’échappée, aussi quand un Banco Guayaquil attaque, Jefferson prend sa roue. Puis, quand un Movistar Best PC relance, Nixon le suit. Derrière c’est rideau, comme l’an dernier, Carapaz et Narvaez jouent battus. Devant un quatuor se forme et prend le large. A 40 km Jefferson attaque et Nixon suit le Movistar PC qui tente de revenir, puis le contre quand il s’essouffle. Notre duo se présente sur la ligne avec une confortable avance et Nixon laisse le titre à son ainé.





PCM France

2 ans c'est le temps qu'il faut sur pcm a un jeune a gros potentiel et bien coache pour jouer les premiers rôles sur certaines courses WT, donc pas si étonnant que ca.













