Manuel, à Nice, le 22 mars 2026,
Merci et en revoir !
Kevin a joué son rôle lors de ma victoire aux Strade mais je le laisse en Italie sans regret. L’ambiance au départ de
Paris – Nice (cat WT - ** Top 5) est beaucoup plus sereine. Je fais chambre commune avec
Hector et
Fernanda sera à mes cotés durant toute la semaine.
Raul nous a également suivi. Cerise sur le gâteau, la concurrence y est, cette année, nettement moins relevée que sur Tirreno. Dans mon duel à distance avec
Kevin, tous les voyants sont au vert ! La
première étape arrive au sommet de la cote de l’Observatoire de Meudon. L’équipe fait un super boulot et j’aborde la montée finale, idéalement placé. Tellement bien que je m’impose devant
Carapaz.
De Lie remporte le sprint le
lendemain. J’étais optimiste pour l’arrivée en vallons de la
3e étape, mais je me suis fait enfermer aux 700m.
Nixon est trop court et
Skelmose en profite pour s’imposer. Toute l’équipe, sauf moi, est détendue pour le
contre-la-montre de cette édition. Je quitte la rampe alors que
Bissegger a le meilleur temps. Je passe avec un retard de 13’’ à l’intermédiaire avec
De Lie en ligne de mire. Cela me motive encore plus. Je le dépasse et le dépose pour finir 5e toujours à 13’’ du vainqueur du jour,
Bissegger que personne n’aura réussi à battre. Tous les autres favoris perdent un peu de temps sur moi et je conserve même le jaune, à égalité de temps avec le suisse. Une bonne journée même si les écarts restent réduits au général et qu’aux vues des difficultés restantes, je sais que rien n’est joué. Le
lendemain, tout semblait sous contrôle quand je chute à 35 km de l’arrivée. Toute l’équipe m’attend et essaie de me ramener, mais cela roule à bloc à l’avant. Dans un dernier coup de rein, je lâche mes dernières forces au sprint. Peut-être par mansuétude, les organisateurs me classent 112e de l’étape mais dans le même temps que le vainqueur
Skjelmose.
Nous enchainons avec une
6e étape assez compliquée sur le papier. C’est pire dans la réalité puisqu’une échappée de 7 prend plus de 8’ malgré le tempo que nous imprimons en tête de peloton. La présence de
Kuss à l’avant motive finalement les autres grosses équipes à nous aider. On est encore à 2’30 dans les 15 derniers kilomètres mais les pentes à plus de 15% se profilent.
Jhonathan laisse la cassure et nous partons à 3 avec
Jefferson et
Nixon, les autres favoris ne réagissent pas tout de suite. Devant
Kuss s’est extirpé du groupe de 7, nous reprenons les morts 1 à 1 mais
Sepp résiste et s’impose. Je finis 3e du jour et prend une grosse 20e de secondes sur les autres favoris.
Cela sent la poudre au départ de la
7e étape qui arrive au sommet de La Colmiane.
Kuss repart à l’avant avec cette fois, entre autres,
van Eetvelt et
Verona. Nous imprimons le tempo et dans la descente du col de Saint-Raphaël,
Nixon chute et abandonne. Fracture du poignet il sera absent jusqu’à mi-avril et manquera cruellement à l’équipe. Sur le coup je pense surtout à l’étape du jour et je stresse d’autant plus pour la fin d’étape que
Jhonatan est aussi pris dans la chute et ne reviendra pas. Heureusement les
Ineos de
Carapaz prennent la course à leur compte. Devant tout explose et
van Eetvelt s’envole vers la victoire, derrière, les
Ineos se relèvent et
Jefferson, mon dernier équipier, gère ses forces alors que je m’efforce de cacher mes difficultés. Par chance ou simplement parce que tout le monde est à la rupture, mes adversaires laissent
Jefferson ralentir en tête de groupe, sans en profiter pour attaquer. Dans les derniers 3 km,
Ineos reprend le manche. Je me calle dans la roue de
Carapaz.
Hayter, son coéquipier roule si fort qu’il avale un
van Eevelt qui aura totalement explosé. Le sprint est lancé et je parviens à déborder
Carapaz.
Sur la
dernière étape,
Jefferson porte son attaque dans le dernier kilomètre du dernier col et nous faisons un petit gap, on roule à bloc dans la descente et cela suffit pour que je lève à nouveau les bras et conclue ce Paris – Nice en beauté.
J’avais imposé un embargo sur les résultats de Tirreno pour me concerner uniquement sur ma course. Durant toute la semaine les sourires d’
Hector et
Fernanda, même les jours où ça se passait un peu moins bien me rassuraient. La course pliée, je me plongeais, sans fébrilité, dans le résumé de
Tirreno Adriatico (cat WT - *° VE). Après 2 étapes conclues au sprint par
Vernon et
Bittner, la 3e étape présentait un profil vallonné qui semblait nous convenir mais rien ne s’est passé comme prévu : 10 coureurs à l’avant et une chasse terrible et intermittente a mis le peloton au supplice, éliminant avant la mi-course 3 de nos coureurs. Puis
Abner a chuté et mis plus de 30 km à rentrer. Le rythme est resté sous courant alternatif dans le peloton et les 8 coureurs de devant ont compté plus de 3’ à 30 km de la ligne. Notre équipe s’est réduite à
Kevin,
Mateo et un
Abner presqu’épuisé : nous n’avions pas les moyens de prendre en main la chasse. Mais cette fois
Jumbo et
FDJ ne débrancheront plus et reviendront sur l’échappée à 12 km du but. Aux 5 km,
Kevin était idéalement placé mais ne pourra rien devant
Pogacar. Il finira seulement 5e. Nouvelle chance le lendemain. En haut de la Forcadi Gualdo à quelques 50 km de la ligne,
Kevin ne peut déjà plus compter que sur
Mateo et
Abner. Quelques mètres plus loin,
Pogacar,
Ayuso et quelaues autres attaquent.
Kevin décide de rester au chaud alors que son dernier équipier,
Abner, est à la rupture. Cela revient dans la descente et cette fois
Kevin suit les attaques. Il se retrouve dans un groupe de 7 en tête dans les derniers kilomètres, tente plusieurs attaques mais ne parvient pas à surprendre. Cela se joue au sprint et
Pogacar s’impose une nouvelle fois.
La 5e étape arrive à Sassoletto. Les écarts vont être importants ce soir. Une échappée de 8 avec de très bons grimpeurs abordent la montée finale avec plus de 3’ d’avance. Les hommes tombent comme des mouches devant comme derrière et notre train fait un énorme boulot pour maintenir
Kevin, protégé, en tête de groupe. Devant
Dunbar s’est fait la malle et va aller chercher l’étape avec une marge confortable. Dans les 2 derniers kilomètres
Pogacar attaque.
Abner se lance dans sa roue mais ne peut tenir le rythme. Il s’écarte et le petit trou laissé avec
Kevin ne fera que grandir.
Pogacar ira cueillir la 2e place du jour.
Kamna, présent dans l’échappée finira à l’agonie, 3e, 5’’ devant
Kevin qui échoue à la 4e place. Au général il se replace pourtant 2e à 40’’ de
Pogacar mais avec 40’’ de marge sur
Ayuso le 3e.
La 6e étape offre une nouvelle arrivée pour puncheur.
Kevin est parfaitement placé avant la dernière rampe mais il se fait déborder et finit seulement 11e, loin derrière l’inévitable
Pogacar. Ce Tirreno se conclue par un contre-la-montre de 10km,
Ganna le gagne et
Kevin, 7e, confirme sa 2e place au général entre
Poggi et
Ayuso. Il repart sans victoire mais solide 2e. C’est bien pour lui…
On reste en Italie pour participer à notre premier Monument,
Milan Sanremo (cat MAJ). Comme souvent, tout se joue à partir du Poggio où le peloton se présente groupé. Notre train est en position idéale et monte bien entendu à bloc. Je porte mon attaque dans les dernières mètres de la montée et parviens à prendre 10’’ au sommet. En bas de la descente j’ai accru mon avance à 12’’ sur un groupe de 5 emmené par
Van Baarle.
Raul me hurle de ne rien lâcher, que personne n’a d’équipier derrière et que personne ne relaie
van Baarle. Mais
van Baarle ne demande rien à personne et continue la poursuite jusque sous la flamme rouge.
Herregodts lance le sprint de loin, me reprend facilement et coiffe
Pogacar et
Mohoric au poteau. Je sauve la 4e place pour contenter notre sponsor. Au départ de la course cela m’aurait satisfait, mais là, après avoir cru à la victoire, je finis la journée effondrée. Je pourrai me ressourcer au pays puisque je rentre quelques jours pour défendre mes titres aux Championnats Nationaux. Une petite pause après un début de saison de haute volée pour notre première expérience du calendrier World Tour.