Étapes 10 à 13
Cl. étape 10 :
Le dénouement de la 11e étape fait moins de doute car le profil vers Moulins est plat. La présence de cinq gros rouleurs en tête de course n’est pas suffisante pour inverser le scénario. Asgreen, Germain, Hoole, van Dingenen et Andía sont repris à vingt bornes du but par les équipes de sprinters. Dans le final, le train Rabobank prend l’avantage. Mais Jungels, Bissegger et Dekker sont suivis, non pas par Hathaway mais par le train Ineos de Walshaw. Les autres sprinters, dont le maillot vert, sont à la lutte pour prendre la roue du britannique. Visiblement dérangés par la situation, les Ineos sont plus concentrés par ce qui se passe derrière eux que devant ; ils laissent un trou lorsque Jungels et surtout Bissegger accélèrent franchement. Portés par cet avant-dernier km en faux-plat descendant, le train orange résiste encore lorsque Dekker démarre sous la flamme rouge. Walshaw s’est finalement lancé de loin et se fait déborder par les autres sprinters, c’est un zéro pointé du côté d’Ineos. Colton, Joachim et Hathaway sont les plus rapides, sans pour autant menacer Dekker. Si décevant en juin, Dekker retrouve ses jambes au meilleur moment. Il résiste jusqu’à la ligne pour débloquer le compteur Rabobank sur ce Tour ! Sa deuxième victoire personnelle sur le Tour, deux ans après un premier bouquet obtenu dans un scénario similaire tout aussi improbable. Second, Colton peut s’en mordre les doigts même s’il grappille encore quelques points sur Hathaway, 4e, et surtout sur Matejicek encore une fois enfermé.
Cl. étape 11 :
Les conditions ne sont pas engageantes au douzième matin. Une pluie glaçante inhabituelle pour un mois de juillet douche les ambitions des baroudeurs qui ne sont que quatre à partir dès le baisser de drapeau sans aucune réaction du peloton. Parmi eux, deux coureurs intéressés par la défense de leurs maillots respectifs : Hathaway et González ! Les deux hommes sont accompagnés du vainqueur d’hier, Dekker, qu’on n’attendait pas non plus sur ce terrain, et par Casper Pedersen. Au fil des banderoles, le portoricain porte son pactole à plus de cent points, soit quasiment le double du total de son dauphin, et Hathaway augmente sa marge de 9 points. L’opération n’est pas meilleure car Colton gagne le sprint du peloton. Après le sprint intermédiaire, Dekker, qui assurait l’intégralité du travail, laisse filer ses compagnons dans les trois grosses difficultés du parcours. Le peloton n’est qu’à 3 minutes et il faut donc augmenter le rythme. Dans la Croix Montmain, deuxième des trois cols, Pedersen et González distancent Hathaway, mais le gallois ne se met pas dans le rouge et revient juste au sommet. Le peloton n’est cependant qu’à 1’30’’. Dans la Croix Rosier, dernier vrai col du jour, qui est aussi le plus difficile, Hathaway comprend qu’il ne pourra pas s’accrocher pour jouer l’étape. Ses équipiers mettent alors un énorme coup de vis en tête de peloton pour faire sauter les sprinters restants. Colton tient le choc jusqu’à un km du sommet où l’américain est enfin victime de ce tempo infernal. Il faut dire qu’ils ne sont plus nombreux dans le peloton : à peine 35 sans Eg (17e ce matin) ni Hindley (12e) ! Seul sprinter à être passé, Matejicek tient là une belle opportunité de revenir dans la course au maillot vert… à condition d’arriver au sprint. Skidan, Gaudu, et même López et Rostoll ne l’entendent pas de cette oreille. Les accélérations successives mais désorganisées de ces quatre-là n’inquiètent pas les Deceuninck. Malgré la défaillance de Hindley, Matejicek possède encore Paredes et De Plus à ses côtés pour travailler. Ses deux équipiers explosent toutefois sur un contre de Poole et Costa à seulement 3 kms du but. Le timing était bien tenté mais les favoris du général prennent la main pour ne pas laisser partir l’américain, finalement repris sous la flamme rouge. Dans cette désorganisation, Matejicek parvient dieu sait comment à se faire une nouvelle fois enfermer. Désespérant, le tchèque remonte très fort dans les derniers hectomètres mais il partait de trop loin pour monter sur le podium. En cherchant à anticiper, Engstrom joue en fait de son côté le rôle de poisson-pilote parfait pour… Parisse. Après son attaque l’avant-veille, l’italien semble retrouver des couleurs en cette deuxième semaine. Il est surpuissant dans la dernière ligne droite pour laisser tous ses adversaires à plusieurs vélos. C’est sa première victoire d’étape sur le Tour ! Battistella n’était pas loin de grappiller des bonifications pour son maillot jaune mais ce sont finalement Buitrago et Zenker qui les empochent, pour un statut quo au général.
Cl. étape 12 :
Ayant terminé à plus de 3 minutes hier, Hindley est désormais 19e du général à 6’33’’. Etait-ce une défaillance ou était-ce calculé pour se glisser plus facilement dans une échappée ? Le débat est ouvert, toujours est-il que l’australien se trouve dans le gros groupe de 25 coureurs qui prend le large dans la 13e étape. En son sein, de nombreux grimpeurs mais aussi Hathaway et Walshaw, qui ont profité du départ à plat pour se joindre au bon coup. Le coureur Ineos fait l’effort pour devancer Hathaway au sprint intermédiaire. Ce dernier porte tout de même son avantage à 38 points vis-à-vis de Colton ; c’est une bonne journée. Puis les deux britanniques laissent filer ce petit peloton dès le col de la Lèbe. Dans celui-ci, les BikeExchange restent discrets puisque Battistella s’attend à perdre son maillot, et même les UAE impriment un faux-rythme. L’écart grimpe donc à 6 minutes sans se réduire dans la transition jusqu’au pied du Grand Colombier. Loin de l’impression laissée la veille, Hindley fait partie des coureurs actifs pour faire exploser le groupe de tête dans les fameux lacets télégéniques du col. Ils sont désormais 10 en lice pour la victoire d’étape : Hindley, Paret-Peintre, Taranu, Brkic, Erk, Vincent, Eg, Gall, Geniets et Zenker. L’étape leur est promise, et peut-être même une belle remontée au général pour l’australien car ils ont encore grappillé quelques secondes sur un peloton endormi. À 8 kms du sommet, Brkic, Hindley, Taranu et Zenker font l’effort de prendre quelques mètres ; ils seront repris sous l’arche des 5 derniers kms. Le final est plus roulant mais les jambes commencent à fatiguer. Au fil des lacets, les coureurs craquent et il n’en reste que cinq en vue de la flamme rouge : Paret-Peintre, Erk, Brkic, Taranu et Hindley. L’australien continue d’imprimer le rythme, il se fait contrer par un démarrage impressionnant de Taranu qui lève les bras ! Le moldave ne s’était toutefois pas rendu compte que Brkic avait tenu sa roue. Le coureur Ineos se glisse sous l’épaule de Taranu et l’emporte à la photo-finish ! Une belle bourde pour Taranu qui, heureusement pour ses regrets, avait déjà remporté deux étapes l’an dernier. C’est au contraire la première de la carrière de Brkic sur un Grand Tour, et même en World Tour tout court. La deuxième pour l’Autriche sur ce Tour après Gall en première semaine.
Du côté des favoris, le rythme plutôt tranquille met pourtant déjà en difficulté certains coureurs. Pidcock est le premier membre du top 15 à être distancé. Sur une attaque de Sriubas et Jallas Amigó à 7 kms du but, maitrisée par les Qhubeka, Pogacar rétrograde d’un coup. Poole inaugure quant à lui les difficultés du top 10. Maillot blanc sur le dos et visage encore plus pâle que d’habitude, le britannique recule dans un peloton encore fourni alors qu’un Jungels est toujours capable de travailler pour maintenir Costa bien placé. Bernal continue d’imprimer un rythme rapide pour Rostoll et à 4 kms du sommet, le couperet tombe : Poole est distancé ! L’écrémage continue de se faire au train. Pogacar s’était accroché jusque-là, il craque à son tour à 2500 mètres de la ligne. Son coéquipier mais surtout maillot jaune se trouve à ses côtés : Battistella s’est admirablement battu mais il devoir rendre son maillot. À 1700 mètres de la ligne, ils sont encore 18 dans le groupe des favoris et Sundberg en met une petite. L’accélération du suédois ne met que deux coureurs en difficulté, mais pas des moindres. Adrien Costa doit lâcher les roues ! Cette monté fait malheureusement mal à tous les Rabobank et les favoris ne se privent pas pour distancer au maximum l’américain. Ils sont au final 8 à rallier ensemble la ligne d’arrivée : Sundberg, Rostoll, Nagorski, Sriubas, Gaudu, Champoussin, Robledo et López, de nouveau maillot jaune ! Barguil leur rend 24’’, Parisse a retrouvé ses limites du moment à 36’’, et Costa est à 53’’. L’américain rétrograde à la 7e place du général : derrière Sundberg, derrière Rostoll, toujours derrière Battistella qui n’a perdu qu’une minute de plus, et enfin derrière Hindley qui profite de son échappée pour remonter au pied du podium ! Une bataille est perdue, mais pas la guerre car le top 10 se tient encore en moins de deux minutes. Le week-end montagneux à venir s’annonce donc crucial.
Cl. étape 13 :
Classements provisoires :