Ce Giro démarre donc par un prologue de 7 kms dans Bologne. L’ancien champion d’Australie
Uhlmann prend très tôt la tête, repoussant par exemple
Simon Yates à 22’’. Cette marque tient une cinquantaine de passages jusqu’à l’arrivée de
Filippo Ganna. Le champion d’Italie, l’un des outsiders du jour, prend le lead pour 5’’. Il se met à rêver d’un premier maillot rose en attendant les passages de
Küng et
Kelderman quasiment coup sur coup. Maillot rose inaugural il y a deux ans, le suisse est moins en réussite cette fois car il lui manque quelques centièmes face à
Ganna. En revanche
Kelderman parvient à terminer fort pour abaisse le temps de référence d’une seconde ! Seul
Mullen, qui partira dans les derniers, parait capable de menacer le hollandais. Entre temps,
Meintjes et
Stacini concèdent déjà plus d’une minute. Autre prétendant au général,
Acedo pointe à 46’’ de son coéquipier. Au contraire
Latour limite bien la casse à 20’’, et
Almeida sort un très beau chrono à seulement 6’’ de
Kelderman. Il terminera 8e et premier des grimpeurs. Puis l’irlandais s’élance.
Mullen est dans le coup, mais il échoue au pied du podium.
Kelderman décroche ainsi sa première victoire de la saison ; il a bien choisi son moment ! Du côté des prétendants au général, les écarts sont évidemment ténus mais
Ravasi (25e) démontre encore sa belle condition en ne rendant qu’une seconde à
Taranu et deux à
Leetz. Au contraire
Sriubas pointe déjà à 30’’ de ses rivaux directs.
Cl. étape 1 :Le lendemain, Bianchi montre les muscles. La firme italienne roule toute la journée avec l’intégralité des équipiers de
Taranu et
Dainese. Les Jumbo et les Ag2r, qui ont momentanément mis le nez à l’avant, se retirent donc vite de la poursuite, d’autant que l’échappée n’est pas dangereuse.
Godon,
Schmid et
Pedretti sont repris avant même les bosses du final, après tout de même 200 kms à l’avant. Il en reste encore 35 à couvrir, le rythme s’accélère et
Buchmann chute. Il est le premier grimpeur à tirer un trait sur le général, si ce n’était pas déjà fait dès le départ.
Hofer,
Dunbar et
Mohoric accélèrent à 12 kms du but sans faire de différence à long terme. C’est d’ailleurs
Tolhoek qui parvient à passer en tête au sommet de la bosse. Les Jumbo ne relâchent pas la pression dans la descente qui mène à Osimo. Cette montée de 3,1 kms à 6,3% convient parfaitement à
Roox, qui demande à
Tolhoek et
Bouwman de le mettre sur orbite.
Acedo profite du travail de ses équipiers, comme
Dunbar et
Gaviria, idéalement placés. En revanche
Tobeña ne semble pas dans le coup. En vue de la flamme rouge, le sprinter colombien produit son effort. C’est peut-être présomptueux, mais
Dunbar et
Haig le marquent de près, et
Roox suit le mouvement. Le champion d’Australie se décale à son tour aux 500 mètres, imité par
Roox. Derrière,
Mohoric et
Taranu reviennent à vive allure. Le slovène et le batave s’offrent un beau mano a mano, qui tourne en faveur de
Roox. Pour sa première étape en ligne sur le Giro, le champion du monde lève les bras ! De nombreux prétendants au général se placent dès cette première arrivée, mais
Taranu et
Ravasi sont privés des bonifications par
Haig. À l’inverse,
Meintjes perd déjà 1’20’’ à la pédale.
Cl. étape 2 :La troisième étape propose une nouvelle arrivée après une bosse que les sprinters peuvent cette fois passer. Les Jumbo, eux, font plus confiance à
Roox qu’à
Van Poppel. Ils accélèrent le rythme dans les quelques reliefs du parcours.
Tolhoek en profite pour reprendre l’échappée et conforter son maillot bleu. Dans les 6 derniers kms, le maillot rose prend lui-même la tête des opérations.
Kelderman grimpe la partie la plus raide, au pied, à bloc. Les IAM sont immédiatement dans sa roue mais pas
Roox, étonnement plus en retrait. Lorsque
Kelderman s’écarte, les équipiers de
Matejicek continuent d’imprimer un tempo élevé car de nombreux sprinters sont encore bien placés.
Engstrom étire le groupe jusqu’au 1800 mètres, puis s’écarte… Mais
Matejicek ne possède plus aucun équipier et le rythme ralentit soudainement.
Roox n’attendait que ce moment. Il se fait enfin remonter par
Acedo, puis enfermer au dernier moment alors qu’il s’apprêtait à lancer son sprint. À la place et comme la veille, c’est
Gaviria qui se dévoile. Mais cette fois, le dernier km est plus facile à moins de 2% de déclivité. Il est d’ailleurs suivi de sprinters, que sont
Matejicek,
Bouhanni et
Prosia. Le français et bien d’autres se font toutefois rattraper par les efforts consentis dans les bosses de la dernière heure. Ils se rassoient pendant que
Roox,
Taranu et
Favilli effectuent un retour canon. Mais ils sont eux aussi trop courts pour la gagne. À 400 mètres de la ligne,
Matejicek dépose tout le monde pour décrocher sa première victoire sur un grand tour !
Roox échoue au pied du podium, un peu frustré d’avoir été gêné mais sans regret pour la première place inaccessible.
Cl. étape 3 :Les purs sprinters ne peuvent toujours pas s’exprimer sur la 4e étape, où les organisateurs ont programmé la première arrivée en altitude. Les 12,5 kms à 7,2% de Campitello Matese ne représentent pas le col le plus impressionnant d’Italie, mais celui-ci donnera une première idée des forces en présence. Avant cela, 13 coureurs composent l’échappée matinale dont
Elissonde,
Felline,
Petilli,
Hofer,
Konrad,
Masnada et
Bystrom pour les noms les plus connus. Dans le premier col référencé du jour, celle-ci se délite au profit de
Konrad,
Covili,
Bystrom et
Masnada. Les deux derniers cités sont les mieux placés au général, à moins d’une minute de
Kelderman, et ils possèdent 4’10’’ de marge au pied de la dernière ascension. Les espoirs de rose sont donc permis, même si
Simon Yates attaque très tôt derrière, en compagnie de
Ventana.
Bernal sort à contretemps sans insister, puis
Leetz et
Stacini se dévoilent aussi. L’allemand est le seul à revenir sur
Ventana, qui a lui-même décroché
Yates ! Les autres grimpeurs sont longtemps menés par les Bianchi et
Valter pour la Groupama. Puis
Sriubas fait en personne l’effort pour ramener le groupe à 4 kms du sommet. Les attaquants matinaux sont repris au passage, et
Kelderman est décroché. Le maillot rose reviendra donc à un favori. À 3,4 kms du sommet,
Sriubas confirme ses bonnes sensations en attaquant. Personne ne peut suivre le lituanien. Pire que ça,
Bernal est largué alors qu’il reste une trentaine d’éléments dans le groupe ! Le colombien est le grand perdant de cette première explication car il concèdera 2’27’’ sur la ligne !
Latour n’est pas non plus dans un bon jour, 28e à près de deux minutes du vainqueur. Un peu plus haut, les hommes forts font la différence. En vue de la flamme rouge,
Pinot emmène avec lui
Taranu,
Leetz et
Marks. L’irlandais n’était pas attendu à si belle fête, surtout au détriment de son équipier
Almeida, plus en difficulté. Il finit tout de même par lâcher face au punch de ses adversaires.
Sriubas, lui, parvient à résister pour s’imposer de 15’’ ! Les 6’’ et 4’’ de bonifications restantes sont décisives pour l’attribution du maillot rose car le leader d’EF avait pris du retard sur le prologue.
Taranu reprend 2’’ à
Leetz, et s’empare donc du leadership pour 1’’ ! La hiérarchie est encore floue après cette première montée car
Yates termine dans un premier groupe à 43’’ avec…
Mohoric et les deux vénézuéliens de Drone Hopper.
Ravasi et
Acedo sont à une minute. Notons enfin la jolie montée de
Roox qui reste placé au général (17e à 1’38’’).