A l’heure d’écrire le bilan de l’équipe Uno-X en 2022, il est difficile de trouver des points négatifs à leur saison. La formation norvégienne a encore augmenté son nombre de victoires : 21 en 2021, 27 en 2022. Jusqu’où iront-ils ? Il est bon de rappeler qu’il s’agit seulement de leur troisième saison comme Pro Teams. Jens Haugland fait grandir son équipe à vitesse grand V.
Tiller triomphe sur le Benelux Tour
Rasmus Tiller qui n’avait pas réussi à lever les bras en 2021 l’a fait à six reprises en 2022. Cela avait commencé tôt en décrochant une victoire d’étape sur l’Etoile de Bessèges. Alliant puissance et finesse stratégique, il s’impose surtout sur le Benelux Tour au profit du jeu des bonifications. C’est un exploit retentissant pour un coureur de seconde division car le dernier à l’avoir fait était tout simplement Mathieu Van der Poel.
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Rasmus Tiller se plaît en Belgique car il y a aussi levé les bras sur le Tour de Belgique et le Tour de Wallonie. A cela, il faut ajouter la victoire sur l’Arctic Race of Norway où il succède à Markus Hoelgaard. La course du Grand Nord reste la chasse gardée des jaunes et rouges mais surtout ils ajoutent pour la première fois le Tour of Norway en mai. Ils réalisent donc le doublé sur les courses par étapes à domicile grâce à Søren Wærenskjold. L’espoir de quatrième année marche sur les pas d’Alexander Kristoff et Edvald Boasson Hagen.
L’éclosion de Tobias Johannessen
Après une saison passée en division continentale au sein de la réserve de la structure Uno-X, la Dare Development Team, Tobias Johannessen est logiquement passé à l’échelon supérieur. Au vu de la vitesse à laquelle il s'est acclimaté à la route en venant du VTT, on attendait rapidement le jeune norvégien pour son passage chez les professionnels et il n’a pas déçu.
Après des débuts discrets dans le Sud de la France, il a accroché à la pédale un top 10 sur le montagneux Tour des Alpes. Cependant, la malchance ne va pas le quitter à l’approche de l’été. Il perd du temps sur chute lors du Tour de Norvège ce qui l’empêche d’être dans le coup pour le général et va se fracturer les cervicales sur son championnat national à Tyrifjord alors qu’il faisait partie des grands favoris. En effet, le coureur de 23 ans depuis fin août, venait de remporter le Tour de Slovénie. La déception est immense car le parcours était taillé pour ses qualités.
La déception passée et la blessure guérie, il est revenu sur les routes françaises. D’abord la Polynormande puis le Tour du Limousin qu’il a dominé de la tête et des épaules : trois étapes sur quatre et le classement général. Il ajoutera une septième victoire UCI à son compte sur le Tour de Grande-Bretagne en levant les bras lors de l’étape reine. Il avait fait l’impasse sur le classement général n’ayant pas suffisamment la condition pour être à l’avant sur huit jours. Il s’est mis au service de son frère jumeau Anders Johannessen. Ses résultats sont moins probants mais il parviendra à prendre la seconde place du classement général du Tour de Grande-Bretagne.
Les trois monuments
Pour la première fois de son histoire, l’équipe Uno-X n’a pas disputé son premier Monument, mais ses trois premiers monuments. Milan – San Remo, Paris – Roubaix et le Tour de Lombardie. Les Scandinaves ne sont pas restés spectateurs de ces courses en prenant l’échappée matinale à chaque fois. Mieux encore, Rasmus Tiller a été très actif en basculant en tête du Poggio avec Julian Alaphilippe. Le peloton finira par revenir mais le Norvégien décrochera une belle sixième place. A Roubaix, il tiendra bon jusqu’au secteur de Mons-en-Pévèle à moins de 50 kilomètres de l’arrivée et manquera le top 20 sur le vélodrome pour une place. En Lombardie, Tobias Johannessen avait besoin de confirmer ses victoires (Slovénie, Limousin) face à une concurrence de haut vol. Il manquera quant à lui le top 10 pour une petite place mais finira dans le groupe principal qui s’est joué à la quatrième place à Bergame (7e sur 14 dans le groupe). Le natif de Drøbak le long du fjord d’Oslo est arrivé entamé pour le sprint après 257 km.
Nous espérons désormais voir l’équipe invitée sur deux monuments qu’elle doit encore découvrir : le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège. Surtout, Jens Haugland et tout son staff prépare deux dossiers parallèles pour prendre part à son premier Grand Tour : le Giro d’Italia ou le Tour de France. La concurrence sera rude mais l’arrivée d’un Alexander Kristoff, l’éclosion de Tobias Johannessen et les gages de qualités et performances de l’équipe ces dernières années seront des arguments que les organisateurs écouteront attentivement, que ce soit ASO ou RCS.
Quelles déceptions ?
Il s’agit d’un bilan et il fallait trouver des points négatifs. Le premier qui vient à l’esprit est la seconde partie de saison discrète de Kristoffer Halvorsen. Le natif de Kristiansand avait bien rebondi l’année dernière avec neuf bouquets. Ce fut plus compliqué cette année avec une victoire à Oman puis deux en Norvège en mai et depuis, plus rien. Beaucoup plus discret et irrégulier, la venue d’Alexander Kristoff ne devrait pas arranger cela en retrouvant un rôle de sprinteur numéro 2. On sait que le garçon avait fait un burning out lorsqu’il était en World Tour et le staff compte bien le protéger et l'accompagner. On espère qu’il va tourner la page 2022 rapidement pour revenir dans les meilleures conditions en 2023.
Si l’équipe a remporté le contre-la-montre norvégien avec Søren Wærenskjold, elle a cependant perdu la course en ligne et laisse filer le maillot rouge à croix bleue bordée de blanc. Le parcours arrivait en moyenne montagne et Tobias Johannessen était le leader naturel tout désigné, surtout après sa victoire sur le montagneux Tour de Slovénie. Une lourde chute a contraint l’équipe à revoir ses plans et Rasmus Tiller bien que magnifique second, fut logiquement trop juste pour rivaliser avec Andreas Leknessund.