B.Mollema | A.Acedo | W.Kelderman | A.Tolhoek | O.Naesen | L.Geldhof | F.Gerts
Ce Paris-Nice est l’occasion de revoir
Barguil et
Pinot s’affronter devant le public français, en espérant un meilleur dénouement qu’en juillet dernier… La course s’ouvre sur un prologue de 7,4 kms dans les rues de Plaisir qui sourit pendant longtemps à
Johan Le Bon. Puis le néo-pro
Stefan Bissegger colle une claque de 16 secondes au français. Cette marque devient vraiment sérieuse quand tous se cassent les dents dessus, y compris son leader
Küng pour 11 secondes ! Seul
Kelderman, dernier partant, peut empêcher la sensation suisse. Mais le champion des Pays-Bas bute aussi pour 3 secondes sur le chrono de
Bissegger. Après
Paredes la veille, le premier week-end de mars offre son lot de surprises chez IAM ! Double tenant du titre,
De Gendt est le premier des favoris, 6e à 25’’. La deuxième étape est offerte aux sprinters au terme d’une journée pluvieuse. Celle-ci a provoqué quelques chutes dont celle de
Colton. La terreur du circuit espoir l’an dernier doit malheureusement abandonner alors qu’il découvrait le World Tour. Devant,
Lukonin propose un superbe numéro. Débarrassé de
Castel, il conserve une minute d’avance pendant près de 15 kms avant de s’incliner à seulement 500 mètres du but ! Parfaitement lancé par
Benoot et
Barbará,
Démare lève les bras devant deux autres français,
Bouhanni et
Petit. Au contraire,
Ewan et
Degenkolb sont loin.
236 kms et la terrible côte du Chevalard attendent les coureurs le lendemain. Mais avant de plonger vers Clermont, le peloton explose dans le col de la Nugère 20 kms en amont. Sous l’impulsion de
Van der Poel, des outsiders tentent leur chance, puis les favoris se dévoilent rapidement. Par vagues successives, un groupe de 16 finit par se détacher à la poursuite du néerlandais, sans
De Gendt,
Mollema ou
Ravasi. Mal placés au pied, ces trois-là se retrouvent à chasser sans équipier, près d’une minute derrière les autres favoris. Dans la descente détrempée,
Bardet et
Alaphilippe font parler leurs qualités d’équilibristes. Ils reviennent à deux sur
Van der Poel. Derrière, on attend que
Pinot et
Barguil poursuivent l’euphorie française, mais c’est le jeune
Gaudu qui se montre le plus costaud dans le Chevalard.
Pinot est au contraire décramponné, et même avalé par
Mollema et
De Gendt qui vont rattraper leurs principaux adversaires au sommet. Tout devant,
Van der Poel craque à la relance. La victoire se joue donc entre deux français.
Alaphilippe fait coup double avec l’étape et le maillot jaune, mais c’est
Bardet qui se place idéalement en vue du général. Si l’on excepte
Gaudu à 43’’, ses huit premiers adversaires terminent à 1’43’’, tandis que le groupe
Pinot-
Ravasi est carrément rejeté à 2’57’’ !
Latour,
Acedo,
Padun, voire
Leetz et
Eg, terminent encore plus loin. Le lendemain, les Ag2r et les Orica contrôlent la course en direction de Peyra Taillade. L’échappée dans laquelle
Tolhoek s’était glissé est reprise au pied de la montée finale que
Latour avale à bloc.
De Gendt saute très tôt, puis une sélection de 11 coureurs s’opère, sans
Alaphilippe qui va rendre son maillot jaune, et bientôt sans
Gaudu, qui a eu les yeux plus gros que le ventre à vouloir suivre les cadors.
Soler et
Ravasi parviennent à se dégager à 4 kms du sommet, puis
Pinot accélère dans les deux derniers. Les trois hommes se jouent la victoire au sprint, qui sourit au champion d’Espagne !
Barguil est 4e à 14’’.
Bardet a souffert dans la roue de son coéquipier
Latour mais ne concède que 27’’, comme
Mollema, et s’empare donc du maillot de leader.
L’étape vers Nyons est animée par un gros groupe qui s’échappe en costauds dans la première difficulté du jour. Malgré la résistance héroïque des américains
Boswell et
Lancaster, le bras de fer tourne à l’avantage du peloton dans les deux derniers kms.
Démare patiente longtemps dans le sillage de son train, alors que
Balkan se lance de loin. Lorsque le français se décale enfin, le mal est fait : il manque une roue à
Démare et
Bouhanni pour s’imposer.
Balkan peut exulter, il signe sa deuxième victoire en World Tour, profitant de l’abandon malheureux du sprinter Trek désigné en début de semaine. Entre Montélimar et Sivergues, le Chalet Reynard attire tous les regards.
Tolhoek est très remuant en début de course pour aller chercher le maillot à pois. Après un long moment seul en tête, il se fait reprendre puis lâché par le bon coup, et le peloton s’arrête une fois le néerlandais repris. Par pur esprit de vengeance, les Jumbo roulent donc dans la plaine, puis
Kelderman fait le pied du col pour reprendre l’échappée, sauf
Nicolella qui résiste. À 5 kms du sommet,
Acedo attaque. 13e du général à 5 minutes, le basque n’est pas dangereux dans l’immédiat mais il est pris au sérieux par les équipiers de
Bardet qui font l'effort pour le maintenir à une minute. Cela donne surtout des idées à
Soler, qui attaque 2 kms avant de basculer vers Sault. Le catalan revient sur
Acedo au sommet, 50 secondes devant un peloton réduit à 30 coureurs ! Si
Soler espérait peut-être une alliance nationale pour renverser la course, ce n’est pas le plan qu’
Acedo a en tête. Le basque se colle sans bouger dans la roue du second du général pour protéger les intérêts de
Mollema. Malgré les 60 kms encore à couvrir,
Soler insiste dans la descente. Dans le col de la Liguère,
Latour craque, ce qui oblige
Bardet à rouler en personne pour protéger son maillot jaune. Il est seulement aidé par
Pinot, qui n’en a pourtant pas intérêt.
Barguil, lui, flingue ses compatriotes. Il revient sur les deux espagnols,
Soler s’accroche mais finit par céder à 500 mètres du sommet, laissant filer
Barguil dans la descente. L'espagnol sera repris par 19 coureurs toujours menés par
Bardet et
Pinot. L’écart avec
Barguil atteint 1’45’’ à 15 kms du but, quand
Mollema vient enfin prêter main forte aux français. Le champion des Pays-Bas réduit l’écart, puis tente de faire la décision dans la côte de Pétarelle. Les favoris
Pinot,
Bardet et
Soler se sont fait la guerre trop tôt dans l’étape ; il leur manque désormais des forces face aux outsiders.
Padun,
Ravasi et
Vervaeke parviennent à contrer
Mollema. Le belge est d’ailleurs le premier à revenir sur
Barguil, puis à le distancer avant le sommet. Il s’envole vers une belle victoire acquise avec 40’’ de marge sur
Padun et
Ravasi.
Barguil a payé son attaque à 30 bornes du but dans ces derniers kms, se faisant déposer par
Mollema, et même par d’autres français qu’on attendait moins,
Gaudu et
Maison. Ces deux-là reviennent sur
Mollema sous la flamme rouge pour finir à 50’’.
Barguil est à 1’05’’, puis le groupe
Bardet à 2’29’’ ! Pour 2 petites secondes,
Mollema s’empare donc du maillot jaune ! Le général est relancé car cinq autres coureurs se trouvent à moins de 30’’ :
Bardet,
Gaudu,
Barguil,
Vervaeke et
Ravasi.
Sur la septième étape, taillée pour les baroudeurs, les Jumbo veulent laisser filer l’échappée mais les Deceuninck et les Ag2r ne sont pas de cet avis. Ce n’est pas
Hesselund, à 10 minutes au général, qui leur fait peur, mais bien la perspective d’une victoire d’étape. Dans les dernières bosses vers Tourrettes-sur-Loup et Vence, les sept hommes de tête sont donc repris et les coureurs tentent de mettre le maillot jaune en difficulté.
Acedo se dévoue sur les attaques de
Soler et
Bardet, mais il laisse filer
Alaphilippe qui est plus loin au général. Le français s’impose pour la deuxième fois cette semaine ! Le peloton est réglé par
Mollema 36’’ plus tard, devant un
Ewan qui s’est bien accroché. Le maillot jaune récupère donc six secondes de bonifications qui lui en donnent 8 d’avance sur
Bardet. Si la victoire finale se joue à coup de secondes le dernier jour autour de Nice,
Mollema a intérêt à laisser les fuyards confisquer les bonifications. Ce scénario se présente bien lorsque dix costauds prennent l’échappée, dont
Rolland,
Simonnet,
Meintjes, le maillot à pois
Nicolella et
Howitt, le mieux classé au général à 9 minutes. La présence du néo-zélandais contrarie toutefois les Arkéa et les Israel, qui défendent les… 11e et 12e places de
Vincent et
De Gendt au général… Ces deux équipes maintiennent l’échappée à 3 minutes au pied du Turini, puis celle-ci prend enfin le large face aux équipiers trop faibles qui mènent la chasse. L’écart monte à 6 minutes quand
Pinot, 10e du général, joue son va-tout à mi-col ! Le français est pris en chasse par
Padun à contretemps, puis
Soler,
Quintana,
Barguil,
Vervaeke et
Gaudu se détachent dans les derniers kms.
Mollema et
Bardet font confiance respectivement à
Acedo et
Latour pour les ramener dans la longue descente. Mais l’écart sur
Pinot se chiffre tout de même 2’43’’ au sommet, soit exactement son retard au général !
Gaudu est le premier repris dans la descente, puis
Howitt sur chute et enfin le groupe de contre, sauf
Soler qui a insisté. Le catalan rentre même sur
Pinot et les six hommes de tête au pied du col d’Èze. Il est virtuellement maillot jaune car le groupe
Mollema-
Bardet démarre le col avec un débours de 1’15’’. Dès les premières pentes,
Bardet et
Quintana accélèrent alors que
Mollema recule inéluctablement. Aux côtés de
Gaudu et
Ravasi, le maillot jaune ne peut pas suivre une dizaine de coureurs, il sait déjà qu’il peut dire au revoir au général… Devant,
Bardet et
Quintana reviennent sur
Pinot,
Soler et
Meintjes, qui s’accroche après son échappée. Déchainé,
Bardet attaque même dans le dernier km, uniquement suivi par le sud-africain ! Ce dernier ne collabore pas,
Bardet creuse seul l’écart jusqu’à 35’’, puis commence à s’agacer de cette absence de relai. Il en oublie l’objectif premier du général. Ou plutôt, il est encore plus lucide que les commentateurs pour savoir que celui-ci est déjà en poche.
Bardet se méfie toutefois trop de
Meintjes, et les deux hommes finissent par se faire reprendre en vue de la flamme rouge !
Rolland a ramené
Léo Vincent, mais c’est
Quintana qui se montre le plus costaud pour s’imposer au sprint ! Il frustre les français qui font 2-3-4-5 de l’étape.
Bardet peut toutefois se consoler avec son troisième tour d’une semaine en carrière, après un Dauphiné et un Tour de Pologne.
Soler termine à 30’’ aujourd’hui et sauve sa deuxième place pour 2’’ face à
Quintana. Revenu sur le groupe
Barguil-
Padun,
Mollema concède tout de même 2’25’’ qui le font tomber au pied du podium. Des six hommes dans la même minute au départ ce matin, il ne reste donc que
Bardet sur le podium final après cette étape qui clôture un Paris-Nice renversant jusqu’au bout !