Denis71 a écrit:4 liens vers des vidéos, pour un total de plus d'½h (et j'ai tout regardé) mais seulement 30 secondes où le gars nous montre des captures d'écran d'une étude (non référencée) qui conclut à l'inefficacité des plaques carbones.
Le reste, c'est "on ne sait pas parce qu'il n'y a pas eu d'études scientifiques" et du blabla sur le dopage, à la limite du complotisme![]()
Je ne connaissais pas cette chaîne YouTube et ça me donne pas envie de la regarder![]()
En tout cas, il y a des études qui prouvent le potentiel de ces nouvelles chaussures. Peut être pas assez poussées et pas assez documentées, je te l'accorde.
D'un point de vue marketing, évidemment que c'est la plaque carbone qui est mise en avant. Même si ce ne sont probablement pas les plaques elles-mêmes qui apportent un plus. C'est probablement un tout, entre le ressort de ces plaques, les nouvelles mousses, le gain de rigidité et de confort, sans trop gonfler le poids.
Plus la distance est longue, plus le confort est important. C'est pour ça que les mecs sur le fond ne prennent pas les mêmes chaussures ultra-légères que les sprinteurs.
Mais surtout, personne n'est dupe ici, s'il y a une nouvelle technologie dans les chaussures, le bon vieux dopage chimique n'a pas été abandonné !!
Pour préciser mon point de vue, j’admets que ces chaussures puissent avoir un intérêt pour la performance. Mais disons que leur potentiel est largement surévalué dans les pubs et que le focus sur la plaque carbone est avant tout un argument marketing.
Ce qui importe dans la performance d'une chaussure est d'abord son poids. C'est ici un paramètre de performance objectif et relativement constant. Plus une chaussure est légère, moins elle ajoute de masses en mouvement au niveau du pied,
ce qui facilite sa mise en mouvement, notamment à vitesses et cadences élevées.
Une chaussure performante se doit donc d'être légère.
Ensuite, un autre paramètre important est le confort. Avoir des chaussures confortables permet de courir de façon plus relâchée, donc d'avoir une meilleure économie de course, moins de fatigue musculaire et moins de risques de blessure sur la durée. Cependant, on est là sur un paramètre bien plus variable et nettement plus subjectif.
Il est d'autant plus important que les durées d'effort sont longues et il dépend fortement des préférences individuelles. Par exemple, les chaussures de sprint sur piste sont légères, mais terriblement rigides. La légèreté se comprend du point de vue de la performance objective.
La rigidité vise peut-être à maximiser l'utilisation des mollets et du tendon d’Achille,
mais au prix d'une fatigue et de blessures accrues à ces endroits.
En comparaison, les chaussures de marathon sont un peu plus lourdes, mais nettement plus souples,
probablement pour favoriser le confort sur longue distance et sur revêtement goudronné (un revêtement notoirement connu comme étant rigide pour la course à pied).
La sensation de confort dépend quant à elle de nombreux paramètres liés à la forme (drop, épaisseur, largeur aux pieds, incurvation...), ainsi qu'à la rigidité (notamment en compression et en flexion longitudinale). Cela signifie qu'un modèle de chaussure présenté comme performant ne conviendra pas forcément à tous.
Prenons par exemple les résultats de l'étude qui a déjà été postée un peu plus haut dans les commentaires de ce topic : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8851112/
Notons d'abord que les chaussures comparées sont la Saucony Type A et la Saucony Endorphin Pro.
La première est une chaussure légère adaptée à la pratique du fond sur piste (5-10km).
La seconde est l'une de ces fameuses chaussures à lame carbone adaptée à la course sur route,
notamment au marathon.
La seconde pèse 213 g (https://www.runnea.fr/chaussures-runnin ... pro/10466/),
probablement en pointure 42,5 (https://run-ix.com/test-avis-saucony-endorphin-pro-4/).
La première descendrait jusqu'à 147 g (https://www.runnea.fr/chaussures-runnin ... pe-a/9214/), mais probablement seulement sur des petites pointures.
Un autre site la donne à 6,7 oz (https://fellrnr.com/wiki/Saucony_Type_A), soit 190 g,
ce qui est un résultat cohérent pour de plus grandes pointures.
Les différences de masses sont donc limitées, et ont par conséquent peu d'impact sur les résultats.
Passons maintenant à l'analyse desdits résultats.
La médiane des gains sur le plat se situe entre 1 et 2% (je trouve a peu près 1,25%). On est déjà loin des 4% annoncés. Le premier et le dernier quartile sont à environ 4% et -2%. Passons sur les valeurs extrêmes dont les variations ne sont pas scientifiquement intéressantes.
On observe tout de même avec les quartiles que seul certains gagneront 4%, là où d'autres gagneront moins, voire perdront en économie de course ! Ces variations pourraient être dues à ce fameux confort, qui est très variable et subjectif, donc très dépendant des préférences personnelles.
Par exemple, j'ai des préférences de confort personnel assez extravagantes.
Premièrement, je ne supporte pas du tout le drop parce que ça me fait talonner.
Pour la plupart des gens, ce n'est pas un problème, mais pour moi si.
Du coup, je ne peux courir qu'en drop 0, hors de question de faire autrement.
Ensuite, je déteste les chaussures rigides : à chaque fois que je cours avec,
je me retrouve avec une tendinite aux tendons d'Achille et des courbatures terribles aux mollets.
Du coup, je dois impérativement rechercher des chaussures souples, sinon je me blesse.
Et pourtant, la plupart des gens ne seront pas gênés en courant avec des chaussures plus rigides.
Tout ça pour montrer à quel point les préférences individuelles peuvent influer sur les chaussures préférées de chacun en terme d'efficacité.
L'intérêt de ces chaussures à lame carbone est probablement d'allier un poids contenu et un confort correct (du entre autres à une faible rigidité en compression) avec une rigidité en flexion et des formes comparables à celles des chaussures de course à pied de monsieur tout-le-monde, ce qui rend ces chaussures plus simples à utiliser pour le quidam lambda par rapport aux chaussures plus minimalistes, qui sont quant à elles bien plus exigeantes. La plupart des coureurs peuvent donc passer dessus et observer une progression rapide, sans devoir s'imposer une longue transition comme pour des chaussures minimalistes. Un coureur lambda qui cours avec des chaussures usuelles a donc de bonnes chances de progresser tout de suite et d'avoir de bonnes sensations avec ce genre de chaussures.
En revanche, ce n'est pas liés aux lames carbones ni à ces histoires de retour d'énergie en tant que telles. Non seulement les gains sont moindres que ceux évoqués, mais ils sont aussi très sujets aux préférences individuelles et tiennent plus d'une combinaison de légèreté et de confort pour le plus grand nombre que de l'effet carbone. A titre personnel, j'ai déjà testé ces chaussures, je les sentais légères et souples en flexion longitudinale, mais elles ne me conviennent pas à cause du drop qui me fait talonner et parce que je les trouve tout de même un peu trop rigides en compression. Donc je ne pourrais probablement pas retrouver sur moi les gains que beaucoup d'autres coureurs disent avoir constatés.
Il peut aussi y avoir un léger effet placebo : le simple fait de changer de chaussures pousse les coureurs à se donner davantage que ce qu'ils auraient fait avec leurs anciennes chaussures. Il peut aussi y avoir une combinaison de facteurs : en changeant de chaussures, ils ont aussi perfectionnés leur préparation, leur entraînement et leur nutrition en amont de la course.
Cela leur permettrait alors de gagner plus de temps que ce que les chaussures seules permettent de gagner.
Notons que ces deux facteurs sont surtout valables pour les quidams lambdas, moins pour les pros vu qu'ils travaillent déjà beaucoup plus sur ces aspects (optimisation du mental, de la préparation, de l'entraînement, de la nutrition).
Pour conclure ce long raisonnement, je considère que la surévaluation des gains permis par les chaussures conduit à sous-estimer la portée de la progression des chronos qu'on peut observer depuis quelques années, notamment sur le demi-fond, le fond et le marathon.
Et surtout que le battage médiatique organisé autour des lames carbones conduit à détourner l'attention des gens de la possible utilisation d'autres moyens de progression bien plus douteux, ainsi que plus en rapport avec le topic labo. Pour ma part, je considère enfin que la progression des chrono en fond et en demi-fond en athlétisme doit être mise en relation et comparée avec la progression des performances qu'on observe dans les ascensions à vélo.