Courses RCS : débats et analyses

Échafaudez ici de grandes théories sur les parcours de courses cyclistes ou proposez les vôtres, courses réelles ou fictives

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Courses RCS : débats et analyses

Messagepar bullomaniak » 25 Juin 2014, 20:54

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Ici vous pouvez débattre, critiquer ou saluer les parcours tracés par l'équipe de RCS, soit la majorité des courses italiennes :
- la Roma Maxima
- les strade bianche
- Tirreno-Adriatico
- Milan San Remo
- le Tour d'Italie
- le Tour de Lombardie


Soyez constructifs ! :ok:

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Re: Courses RCS : débats et analyses

Messagepar bullomaniak » 26 Juin 2014, 16:16

http://legruppetto.com/2014/06/standardisation-courses-italiennes/

Nous avons déjà sur ce site livré deux articles critiquant les parcours de deux courses italiennes emblématiques : l’un sur Milan San Remo, l’autre sur le Tour d’Italie. Mais à y regarder de plus près, on peut trouver matière à critique sur les quatre grandes courses organisées par RCS (l’équivalent italien de ASO) à savoir Tirreno-Adriatico, Giro, Milan San Remo et Tour de Lombardie.

Le cloisonnement des spécialités

En 2011, la ville d’arrivée du Tour de Lombardie fut changé, passant de Côme à Lecco. Après tout le chose est courante dans l’histoire de cette classique et son patronyme de Tour de Lombardie n’impose pas un parcours identique tout les ans. Seulement, d’un parcours où la course se décantait loin de l’arrivée suivant un scénario incertain, on est passé à la victoire systématique d’un coureur s’extrayant du peloton dans la dernière difficulté. Si les offensives précoces ne sont pas nécessairement vouées à l’échec – la résistance des raids solitaires de Voeckler en 2013 et Nibali en 2011 tendent à le prouver – le nouveau tracé n’incite pas le peloton à prendre des risques. Surtout il impose la victoire d’un unique type de coureur, un puncheur-grimpeur.

C’est là le nouveau travers des courses italiennes : la standardisation. Exemple phare, Milan San Remo où l’introduction programmée de la Pompeiana va transformer la classique en « ardennaise », loin de sa belle singularité, loin de l’incertitude quant au scénario et au nom du vainqueur. Là où le panel des prétendants à la victoire allait de Nibali à Cavendish en passant par Cancellara, le nouveau tracé perd son éclectisme pour devenir la chasse gardée d’un unique type de coureur, le puncheur, ceux-là même qui se jouent la victoire un mois après sur l’Amstel Gold Race. Sur les courses par étapes, on peut aussi constater que les journées sont de plus en plus cloisonnées entre celles destinées aux grimpeurs et celles destinées aux puncheurs.

Tirreno-Adriatico renforce année après année la présence de la montagne. Au début des années 2000, cette épreuve multipliait les arrivées au sprint et se jouait surtout sur le contre-la-montre. La durcir ne pouvait qu’être une bonne idée. Mais après avoir été une épreuve jouant sur des reliefs accidentés, la course entre deux mers impose de plus en plus d’arrivées au sommet, réduisant les chances des puncheurs pour jouer la carte des spécialistes des grands Tours capables d’exceller en montagne comme en contre-la-montre. Sur le Giro les étapes sont désormais cloisonnées entre celles destinées à un sprint massif et celles destinées aux grimpeurs. Le profil donne l’idée : l’une est parfaitement plate, l’autre comprend une arrivée en côte.

L’intérêt historique des courses italiennes vient de leur singularité. Elles sont différentes. Elles ont leurs propres règles, leur propre atmosphère et surtout ne se déroulent pas selon les règles en vigueur sur les autres courses. La standardisation actuellement effectuée par RCS brise ce schéma. Le Giro se banalise dans l’enchaînement des courses de côte, le Tour de Lombardie ne connaît plus qu’un unique scénario, Milan San Remo va devenir une classique banale, Tirreno-Adriatico devient une course par étape comme une autre. Si cela se faisait au profit du spectacle, on pourrait l’accepter, mais les courses italiennes se rapprochent dangereusement de l’idée d’ennui.

Le danger de l’ennui

Le dernier Giro a été un très flagrant échec en terme de spectacle. Pierre Rolland excepté, les favoris patientaient jusqu’aux derniers hectomètres des arrivées au sommet. Le reste des étapes n’ont pas présenté un grand intérêt non plus. Sur Tirreno-Adriatico, à l’exception d’une étape, la course ne fut jamais intéressante. Les étapes de plaine étant attribuées aux sprinteurs, parfois aux baroudeurs, celles-ci ne furent ni attractive ni passionnantes. La détermination franche d’une étape pour une catégorie de coureur bride les autres qui ne cherchent même plus à faire la course, tandis que ceux concernés par cette étape ne cherchent plus qu’à minimiser leurs efforts.

Le même travers peut s’affirmer sur les classiques. A quoi bon attaquer de loin sur le Tour de Lombardie si l’on sait qu’un peloton pourra s’organiser derrière. A quoi bon tenter l’aventure sur Milan San Remo si le final est destiné aux seuls puncheurs ? Les parcours réduisant les possibilités, les coureurs sont incités à se conformer à un unique scénario imposé plutôt que d’en tenter d’autres. Les parcours tracés par RCS semblent répondre à une logique marketing. Milan San Remo plus difficile serait plus prestigieux, Tirreno-Adriatico gagnerait à voir sa victoire se jouer entre futurs favoris au Tour de France, le Giro avec ses innombrables arrivées au sommet et son faible kilométrage de contre-la-montre sacrerait à coup sûr un pur grimpeur et le Tour de Lombardie s’assurerait de l’arrivée d’un coureur en solitaire.

Cela dit, il est délicieux de constater que le Tour d’Italie s’est joué dans une descente et non par exemple dans le très mal positionné Zoncolan. Tirreno-Adriatico également a été à l’encontre des scénarios attendus avec la superbe attaque de Contador dans le Passo Lanciano. Ces deux faits de course ont eu lieu parce que les coureurs ont perçu une opportunité, rare, de briser les schémas de course prévus à l’avance. Le passo Lanciano était certes loin de l’arrivée mais c’était la meilleure occasion pour Contador de distancer Kwiatkowski et de s’assurer le général. La descente du Stelvio était propice à faire des écarts sans risquer de gros retour de bâton, les autres leaders n’ayant pu conserver un collectif suffisamment fort auprès d’eux après les deux premiers cols.

Ces deux étapes prouvent encore la possibilité pour RCS de sortir quelque chose de grand, où les possibilités offertes sont favorables au spectacle. Des découvertes récentes comme les strade bianche démontrent aussi la possibilité pour RCS de se renouveler. Un parcours bien tracé reste la meilleure chance d’assister à une course de légende. Tandis qu’ASO innove, cherche, expérimente de nouveaux tracés, RCS multiplie les choix de parcours contestables au risque de perdre non seulement l’âme de ses courses, mais aussi, à terme, l’intérêt du public.

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Re: Courses RCS : débats et analyses

Messagepar Kenan » 29 Juin 2014, 23:53

Tirreno-Adriatico de plus en plus montagneux ? Tant mieux, ils ont le terrain pour ça et il vaut mieux une TA montagneux et un PN vallonné qu'un TA vallonné et un PN faussement montagneux (parce que le col d'Eze en principale difficulté, c'est sympa 2 minutes mais ça fait pas de gros écarts). Donc je préfère voir les profils de ces deux courses s'inverser comme ça, ça offre plus de possibilités.
Pour Milan-San Remo, on n'a pas encore eu la chance de juger donc j'attendrais avant de dire que les coureurs sont condamnés. D'autant que je vois mal Cancellara, qui n'est pas un puncheur, ne plus pouvoir s'imposer avec l'ajout d'une difficulté.

Ensuite, tu dis que les coureurs ont su changer le schéma de course de TA et de l'étape du Stelvio sur le Giro. Déjà, c'est un peu leur rôle...Puis tu ne penses pas que le Lanciano a été placé là pour une possible attaque ? C'était pourtant l'endroit idéal, avec très peu de plat entre la fin de la descente et le début de la montée finale. Pareil pour l'étape du Stelvio. S'il y avait deux cols avant la montée finale, ce n'était pas pour faire joli mais bien pour offrir des opportunités.

Je ne dis pas qu'il n'y a rien à redire sur les parcours, mais j'ai l'impression que tu vas trop loin pour soutenir ta thèse, allant jusqu'à critiquer des choses qui ne sont pas vraiment critiquables.

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Re: Courses RCS : débats et analyses

Messagepar bullomaniak » 30 Juin 2014, 07:32

Le Stelvio si il y avait deux cols c'était pour rajouter de la difficulté. En plus c'est une étape issue de l'année dernière.

Le Passo Lanciano je suis pas sûr non plus que c'était absolument volontaire. Le 30% du final ça incite quand même pas tant que ça à se crever la gueule avant.

Cancellara pourrait gagner l'Amstel.

Bien sûr que Paris-Nice n'était pas montagneux. ASO a pris le parti d'en faire une course pour puncheurs. Simplement ça a plus de chances des faire des étapes tous les jours à peu près intéressantes. Le problème de Tirreno c'est que à réduire ainsi la course il n'y a plus qu'une seule et unique étape qui a un intérêt (et encore c'était Contador, pas sûr que d'autres coureurs auraient tenté un coup pareil). Le Giro pareil, on enchaîne les étapes fades arrivées au sommet parce que ça fait plus prestigieux qu'une arrivée en descente, mais on ne prend pas la peine de faire des étapes de plaine digne d'intérêt non plus.

Certaines critiques te semblent peut être exagérées ou trop prédictives mais c'est surtout voulu comme un lanceur d'alerte sur une tendance à la construction de parcours foireux pour des raisons "marketing" : on met le Zoncolan en fin d'épreuve parce que c'est classe, on rajoute es bosses sur MSR pour que ça soit plus dur, et non plus un ****** de sprinteur qui gagne (qu'importe la qualité de la course), on met de la montagne sur Tirreno pour attirer des noms plus connus au palmarès... Le problème c'est que l'intérêt de ces courses, hormis quelques rares moments, baisse fortement avec des parcours incitant à des schémas de course stéréotypé.

Sur le Giro il y a eu UNE belle étape, le reste quasiment tout le temps chiant, sur Tirreno il y a eu UNE belle étape, le reste pareil chiant, MSR va devenir une course de merde (je suis loin d'être le seul à le prévoir) et le Tour de Lombardie ça fait trois ans que c'est nul.

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