Les présidents remontés contre beIN Sports à cause des droits internationaux de la Ligue 1
Mécontents de la faiblesse des droits internationaux de la Ligue 1, les patrons de club évoquent la possibilité d'une action en justice contre le diffuseur qui les commercialise.
Etienne Moatti
17 octobre 2019 à 00h05
Les oreilles de Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG et de beIN Media Group, ont dû siffler, lundi après-midi, à l'heure de la dernière réunion du collège de Ligue 1. Au siège de la FFF, dix-neuf présidents de club de l'élite sur vingt débattaient des sujets d'actualité, comme la répartition des futurs droits télé ou la gouvernance de la Ligue. Mais un thème a rapidement pris le dessus : le contrat liant la LFP à beIN Sports (*) pour la commercialisation des droits de la L1 à l'étranger.
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Depuis 2011, le diffuseur est en charge de vendre le championnat de France partout dans le monde et va verser, cette saison, 75 millions d'euros à la Ligue correspondant au minimum garanti prévu dans le deal signé il y a huit ans. Une misère par rapport aux sommes perçues par nos voisins, puisque la Premier League encaisse 1,6 milliard d'euros par an, la Liga 800 millions, la Bundesliga 300 millions et la Serie A 200 millions. Depuis des années, ce sujet hante les esprits. Et lundi soir, il les a bien échauffés.
Victoriano Melero, secrétaire général du PSG, prié de quitter la salle des débats
Président du collège de L1 depuis sa récente élection à ce poste, le 18 septembre, Jean- Michel Aulas a dégainé le premier. Le président de l'OL a expliqué à ses pairs que les négociations - démarrées il y a presque un an - avec beIN Sports pour obtenir une revalorisation de ce contrat n'avançaient pas et qu'il fallait peut-être entamer une action en justice contre beIN Sports. Le reproche qui est notamment fait au diffuseur est d'être en même temps vendeur et acheteur de la L1 à l'international, sur des territoires tels que le Moyen-Orient, les États-Unis ou le Maghreb. Ce qui ne l'encouragerait pas à faire monter les prix.
Le souhait de la plupart des présidents de club est aujourd'hui d'obtenir de bien meilleures conditions de beIN Sports ou de sortir de ce contrat afin que ces droits soient commercialisés directement par la Ligue, comme cela se fait à l'étranger. Au cours des débats animés, il a été demandé à Victoriano Melero, secrétaire général du PSG, de quitter la salle. Mais nul doute que tout ce qui s'est dit a été rapporté à Nasser Al-Khelaïfi. Pour l'heure, rien n'a encore été décidé, toute action en justice de cette importance devant de toute façon être validée par le bureau ou le conseil d'administration de la Ligue.
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Il a aussi été question, lundi, de Mediapro, le groupe sino-espagnol qui a acquis l'essentiel des matches de L1 (entre 2020 et 2024) contre la promesse d'un chèque annuel de 780 millions d'euros (auxquels il faut ajouter les 330 millions d'euros de beIN Sports et les 50 millions d'euros de Free pour arriver à total record de 1,153 milliard), et une bonne partie de ceux de ceux de L2 pour un montant annuel (avec beIN Sports) de 64 millions d'euros.
Jean-Michel Aulas et d'autres se sont interrogés sur les garanties qu'a la Ligue de voir Mediapro respecter ses engagements. Présent à cette réunion, Didier Quillot, le directeur général exécutif de la LFP, a indiqué qu'on y verrait plus clair après l'appel d'offres de la Ligue des champions qui se déroule en ce moment. En résumé, si Mediapro s'offre tout ou partie de la C1, tous les doutes seront levés. Mais dans le cas contraire, il s'agira d'être vigilant.
(*) beIN Sports n'a pas répondu à nos sollicitations.