Coupe Gambardella : Mohamed El Arouch (OL), petit format au grand talent
A l'OL ou à Orange, d'où il est originaire, Mohamed El Arouch a toujours épaté par l'étendue de son potentiel. Ce samedi après-midi, le petit milieu de 18 ans sera le principal atout lyonnais face à Caen, en finale de la Coupe Gambardella (17h15). Avant de s'installer dans le groupe pro la saison prochaine.
Il y a tout juste une semaine, sur la pelouse du stade Gérard-Houllier de Décines, la réserve de l'OL peine à se montrer dangereuse face à une coriace équipe de Louhans-Cuiseaux, en championnat de National 2. Après l'heure de jeu, l'entraîneur Gueïda Fofana décide alors de lancer l'un de ses principaux atouts, Mohamed El Arouch, un bonhomme d'1,65m, tout juste 18 ans. Une accélération plein axe (70e) et un coup franc obtenu (77e) plus tard, l'OL a fait basculer le match (2-0), grâce à l'activité et au talent de son meneur de poche.
« Il a cette qualité rare : quand il entre en jeu, le match peut changer, explique Jean-François Vulliez, le directeur de l'Académie lyonnaise. Il crée beaucoup d'incertitude chez l'adversaire car il a une vraie science du jeu et plusieurs alternatives dans sa panoplie. Mohamed peut faire la différence par la passe, mais aussi par la feinte, par le dribble, sur coup de pied arrêté... Il est très complet. »
Souvent préservé et utilisé avec parcimonie en N2, El Arouch sera évidemment titulaire ce samedi après-midi face à Caen, en finale de la Coupe Gambardella. Avec la même mission que celle qu'il a accomplie, inexorablement, à chaque tour de la compétition pour l'OL : faire basculer le match. « C'est vrai que Mohamed nous apporte beaucoup, confie son capitaine Yannis Lagha. Les grands joueurs sont là dans les grands moments, et lui en fait partie. »
Le gabarit miniature du joueur ne correspond pourtant pas aux standards modernes du football professionnel, surtout au poste de milieu de terrain. Mais personne n'a jamais douté de la réussite d'El Arouch. « Quand il est arrivé chez nous à 5 ans, j'ai vu tout de suite qu'il avait un truc en plus, note Barroudi El Atari, son entraîneur au SC Orange (Vaucluse) jusqu'à 13 ans. Il frappait déjà coup du pied, il jouait avec la semelle, faisait des passements de jambe et réussissait des trucs qu'on voit plutôt à 11 ou 12 ans. »
« Momo » se fait alors vite un nom dans la région PACA, et sa seule présence crée l'effervescence quand Orange se déplace dans les villages de Provence. « Les gens s'étaient passé le mot et ils venaient uniquement pour le voir jouer, raconte El Atari. Pourtant, malgré tout ça, il ne se mettait jamais en avant. Plus le niveau montait, plus il était fort, mais il préférait faire briller les autres, il avait déjà cette capacité à garder beaucoup d'humilité, encore plus qu'un adulte. La gloriole, il n'aime pas du tout ça. » Cette notoriété, couplée à une simplicité assez déconcertante dans le jeu, attire forcément l'oeil.
À 13 ans, Mohamed El Arouch est le jeune le plus connu de la région et tous les grands clubs professionnels le courtisent. C'est l'OL qui va finalement rafler la mise, grâce au travail de Gilles Signoret, ex-scout des Rhodaniens en PACA. « Je l'ai repéré grâce à un signalement de son éducateur, que je connaissais, témoigne l'observateur, 21 ans au service de l'OL. À 11 ans, il était surclassé en U13. Souvent, on fait cela quand les gamins sont en avance physiologiquement, là ce n'était pas du tout le cas, au contraire ! Mais il était très au-dessus techniquement. »
Malgré le forcing de Nice, parmi d'autres, le joueur et sa famille choisissent Lyon, pour la qualité réputée de son Académie. Le moule est parfait pour El Arouch, dont les caractéristiques collent à merveille au style de jeu des équipes de jeunes à l'OL. « Il est atypique car il est technique, avec un gros volume, ce qui en fait un joueur très complet, poursuit Signoret. Ce qui est aussi frappant chez lui, au-delà des qualités évidentes et un peu bateau, c'est sa capacité à deviner le jeu de l'adversaire. Il récupère beaucoup de ballons grâce à ça. Mais il est aussi marquant dans le leadership, le combat et l'attitude. Je l'ai eu au téléphone il y a quelques jours et il ne me parlait que de travail. »
Cet état d'esprit fait l'unanimité, à l'OL, où tout le monde est persuadé de tenir la nouvelle pépite, dans le sillage de Maxence Caqueret. « Il est très poli, bien élevé, il s'exprime bien, ce n'est pas le genre de jeune qui va se mettre à parler en mode ''quartier'' pour se donner un style devant les autres, souffle un proche du club. Il sait que rien n'est acquis. »
Son entourage familial veille avec beaucoup de calme et d'attention. Chez les El Arouch, tout a été mis en place pour que « Momo » ne pense qu'au foot : préparateur physique personnel, nutritionniste... Et le joueur, professionnel depuis l'été dernier (il est sous contrat jusqu'en juin 2024), ne touche pas à son argent. « Tout ce sérieux, ça vient de lui, il ne réclame rien, il ne pose pas de question sur le salaire, il ne cherche même pas à savoir combien il gagne, souffle son oncle Kader Hammouch. Il est simple, humble et ne pense qu'à jouer. »
C'est ce qu'il fera ce samedi après-midi, sur la pelouse du Stade de France, afin de remporter un titre après lequel l'OL court depuis 25 ans. Avant d'intégrer le groupe pro ? Peter Bosz apprécie beaucoup son profil : le Néerlandais ne regarde pas trop la taille, mais plutôt le talent, et le club compte bien lui faire de la place la saison prochaine. « Il doit juste comprendre que ce n'est pas encore gagné, prévient Vulliez. Plus haut, il lui faudra encore plus de volume. Mais il a la technique et en plus il défend, il fait les transitions... Sur la partie jeu, il a tout pour réussir. » À « Momo » de jouer, désormais.