Hornets 2018/2019 : premiers pas vers une nouvelle ère ?Dès le début de la saison 2017/2018 le ton avait été donné. En cas deuxième saison consécutive sans play-off, il faudrait changer quelque chose du côté de Charlotte. Et puisque la franchise est dans une situation inconfortable du point de vue du salary cap, c'est au niveau du management que les changements ont eu lieu. Dès le mois de février, avant même la fin de la saison, il était annoncé que le contrat arrivant à expiration du GM Rich Cho présent depuis 2011, ne serait pas renouvelé. Il a même été remercié avec effet immédiat et remplacé deux mois plus tard par Mitch Kupchak. Si celui-ci a un beau CV, avec notamment plus de 10 années passées aux Lakers et beaucoup de titres, les plus sceptiques pointeront qu'il a échoué à initier la reconstruction des Lakers. Les plus cyniques auront remarqués qu'il est issu de la fac de North Carolina, comme sa majesté le propriétaire de la franchise. C'est également le cas de Buzz Peterson, intronisé nouveau GM adjoint malgré un CV famélique. Celui-ci était même le colocataire de Michael Jordan durant leurs années universitaires. La première décision du nouveau GM a été le renvoi de Steve Clifford qui était le coach de la franchise depuis 2013. Celui-ci a été remplacé par James Borrego qui va vivre sa première année en tant que head coach après avoir été assistant durant de nombreuses années, dont 10 ans aux Spurs (de 2003 à 2010 puis 2015 à 2018).
L'intersaison : faire du neuf avec du vieux Avec l'arrivée d'un nouveau staff, on pouvait se demander si l'équipe allait changer de direction, pour une reconstruction notamment. Qui plus est après 2 ans où l'objectif initial de participer aux play-off a été manqué. Néanmoins la marge de manœuvre était réduite à cause du salary cap. En effet l'équipe flirtait avec la luxury tax. La première tâche de Kupchak fut ainsi de faire des économies. C'est dans cet objectif que Dwight Howard a été échangé à Brooklyn (puis immédiatement coupé) après une saison décevante de sa part. Si sa production statistique restait correcte la réalité du terrain fut autre : défensivement Superman n'est plus assez mobile pour la NBA actuelle, avec notamment une propension à rester sous le panier en toutes circonstances. Offensivement il a souvent ralenti le jeu, avec sa volonté de poster alors qu'il est devenu peu efficace dans ce domaine, sans compter de nombreuses pertes de balles. Le package reçu en retour fut faible avec Mozgov et 2 second tours de draft, mais cela permet d'économiser de l'argent pour la saison à venir. Mozgov a lui-même été échangé quelques jours plus tard, contre Biyombo qui fait son retour à Charlotte et 2 second tours de draft supplémentaires.
Le soir de la draft les Hornets disposaient du 11ème choix. Celui-ci a été échangé avec les Clippers contre le 12ème choix et 2 futurs seconds tours de draft, portant à 6 le nombre d'acquisition de futurs second tour durant l'intersaison. Charlotte en a néanmoins cédé 2 à Atlanta afin de récupérer le 34ème choix de la draft 2018 et ainsi sélectionner Devonte' Graham de Kansas qui sera le 3ème meneur pour la saison à venir. Sélectionner avec le 12ème choix au lieu du 11ème permet également quelques (maigres) économies.
Avec peu de marge de manoeuvre, la free agency fut calme pour les Hornets. La seule acquisition majeure fut celle de Tony Parker avec un contrat de 10M sur 2 ans, afin de renforcer la rotation.
En résumé, le principal objectif de l'été fut avant tout de procéder à quelques retouches dans l'effectif, tout en faisant des économies dans le but d'éviter la Luxury Tax.
Quel style pour les Hornets nouvelle version ?Avec un nouveau coach, on peut s'attendre à voir un style de jeu différent, malgré un effectif stable. En effet tous les joueurs attendu dans le 5 de départ pour l'ouverture de la saison sont installés dans la Caroline depuis au moins 3 saisons. Steve Clifford prônait un style de jeu conservateur, où le but défensivement était d'empêcher l'accès au cercle et de sécuriser le rebond défensif (top 3 de la ligue au pourcentage de rebonds défensifs pris durant l'ensemble des 5 saisons de Clifford), tandis qu'offensivement le but était de limiter les pertes de balles (équipe avec le taux de porteur de balle le plus faible durant 4 saisons, 3ème la saison passée). La philosophie défensive qui a permis à l'équipe d'être dans le top 10 de la ligue au défensive rating durant les 3 premières saisons du nouveau coach d'Orlando a vite été dépassée par la progression générale de l'utilisation des tirs à 3 pts dans la ligue. En effet la volonté de protéger le cercle se traduisait souvent par une plus grande liberté pour tirer derrière l'arc chez l'adversaire.
L'attaque a quand à elle été souvent victime de sa frilosité. La gestion des fin des matchs a régulièrement été un problème ces dernières saisons, se traduisant par un fort nombre de défaites sur un écart de 5 points ou moins. Tenter d'éviter les pertes de balles a pour défaut de forcer un jeu sans trop de risques qui a souvent été trop statique. En effet, le mouvement de balle n'a pas été une qualité des Hornets ces dernières saisons et l'équipe disposait de peu de variété dans son jeu en dehors des possessions débutées par un pick and roll mené par Batum ou le plus souvent Kemba en porteur de balle. Clifford avait également du mal à dessiner des systèmes efficaces en sortie de temps mort, coûtant des points précieux en fin de matchs. De plus, la volonté de protéger le rebond défensif fait que l'équipe avait moins l'occasion d'attaquer en transition, alors que les défenses sont moins resserrées dans ce contexte. Depuis 5 ans, l'équipe a toujours été dans la deuxième moitié de la NBA au pourcentage de possessions jouées en transition, malgré une progression la saison dernière 17ème alors qu'elle avait toujours été dans les 5 dernières depuis 2013.
Borrego étant dans sa première saison comme entraîneur principal, il est difficile de déterminer sa philosophie. Néanmoins les différentes déclarations, que cela soit venant du coach, du GM ou des joueurs, ainsi que la présaison donnent des indices sur ce qu'on pourrait voir. Premièrement la volonté de jouer vite a souvent été soulignée par Borrego. Dans ce but des entraînements ont eu lieu avec une horloge réglée à 12 secondes, obligeant l'équipe à se projeter vite en contre-attaque, ainsi qu'à vite lancer les systèmes de jeu lorsque la défense est en place. Les rotations seront organisée de manière à offrir davantage de spacing. Pour cela il est attendu que Nicolas Batum retrouve le poste 3 qu'il a connu à ses débuts en NBA, tandis que Jeremy Lamb est attendu dans le cinq de départ à la place de Kidd Gilchrist. Au vu de la présaison, on devrait avoir davantage de switchs en défense également, favorisant les joueurs pouvant défendre sur plusieurs positions. Avec le départ d'Howard, Zeller devrait retrouver le poste de pivot titulaire, surtout que ses qualités conviennent au nouveau schéma défensif attendu. Moins bon protecteur de cercle que Dwight, sa mobilité supérieure à la moyenne pour son poste lui permet de ne pas rester stationné dans la raquette et d'apporter de nombreuses aides dans les rotations défensives. On devrait donc voir moins de drops en défense de pick and roll par exemple.
L'objectif : retrouver les play-offsComment parvenir à atteindre un objectif qui n'a pas atteint ces 2 dernières saisons alors que le groupe de joueurs a peu bougé ? La réponse à cette équation est complexe, mais des motifs d'espoirs existent. Tout d'abord, la faiblesse de la conférence est rend la 8ème place plus accessible. Clifford a eu du mal à s'adapter aux nouvelles tendances NBA et le changement de coach pourrait permettre de lancer une nouvelle dynamique. L'équipe n'a pas non plus été épargnée par les blessures. Que cela soit celle de Nicolas Batum lors de la présaison 2017, qui est sans doute revenu trop vite gâchant ainsi sa saison, ou les problèmes réguliers de Cody Zeller qui cumule 99 matchs joués en 2 ans alors que l'équipe a souvent de meilleurs résultats lorsqu'il joue. Sa complicité avec Nicolas Batum et à un degré moindre Kemba Walker sur pick and roll est un élément clé de la réussite des Hornets.
Le franchise player Kemba Walker étant en fin de contrat l'été prochain, si l'objectif n'est pas atteint on pourrait voir de grands bouleversements du côté de la Caroline en cas d'échec dans cette quête. Et cela pourrait même commencer à la trade deadline de février si l'équipe est déjà hors course.
La clé : enfin un banc à la hauteur ?Ce qui fut une force lors de la saison 2015/2016 a été une faiblesse ces deux dernières saison et même une des raisons principales de l'échec. Le banc des Charlotte Hornets n'a pas été au niveau. En effet le net rating des Hornets a été de +0.2 points pour 100 possessions la saison dernière et +0.3 la saison précédente, ce qui plaçait l'équipe au 17ème rang de la ligue durant 2 années consécutives. Mais celui-ci était fortement plombé par la piètre qualité du banc de touche. Le principal symbole est le poste de meneur remplaçant, occupé ces 2 dernières années par Ramon Sessions puis Michael Carter-Williams. Résultat le net rating des Hornets était plus élevé de 10.5 points pour 100 possessions avec Kemba sur le terrain par raport aux périodes où il était sur le banc, un chiffre parmi les plus élevé de la ligue. Pour endiguer cela, les Hornets ont su convaincre Tony Parker de quitter les Spurs pour un dernier challenge. Le banc sera également renforcé par le rookie Miles Bridges qui a été plutôt convaincant en pré-saison. Ses qualités collent normalement à la volonté d'un jeu plus rapide, avec probablement plus de switchs en défense. Souvent annoncé poste 3, il a majoritairement joué poste 4 dans un small ball durant la présaison, en relais de Marvin Williams. Il y a également de grandes attentes pour Malik Monk, qui était passé à côté de sa saison rookie. Ses qualités de shooters continuent à faire fantasmer les fans. Il devrait avoir l'assurance d'avoir du temps de jeu dans la rotation, ce qui n'a pas toujours été le cas la saison passée. Au poste 5 il y a embouteillage entre Kaminsky, Biyombo et Hernangomez. Si le premier peut éventuellement jouer 4 par séquence, il est plus que probable que l'un d'entre eux disparaisse de la rotation, voir même ne termine pas la saison à Charlotte. Pour la première fois de sa carrière Kidd-Gilchrist ne démarre pas une saison NBA dans la peau d'un titulaire (353 titularisations sur 357 matchs disputés). Il devrait être l'ailier du banc, bien que son incapacité au tir pose des problèmes de spacing. James Borrego a également évoqué la possibilité de le faire jouer au poste 4 de manière régulière, en raison de sa capacité à switcher sur les extérieurs en défense. Mais là aussi il y a embouteillage avec Bridges qui pourrait être installé à ce poste.
Après deux saisons manquées, Michael Jordan a changé le front office et le coaching staff dans le but de retrouver les play-off. Est-ce que ce sera suffisant ? En cas de nouvel échec quelle direction prendront les Hornets dans les saisons à venir ?(source statistiques : cleaningtheglass.com)