Semi-marathon de Gand (30.03.2025)
ContexteDeuxième semi-marathon pour moi après celui de Bruxelles début novembre dernier que j'avais terminé en 1h31'48".
Pour ce semi-marathon, je me suis fixé un objectif assez ambitieux avec l'idée de le finir en 1h28 ou au moins en dessous des 1h30. Cet objectif ambitieux s'explique d'une part par la "facilité" du parcours du semi de Gand en comparaison avec celui de Bruxelles (voir plus bas) et d'autre part simplement par le fait que je comptais bien encore progresser en 5 mois.
La préparationLa préparation commence la semaine du 13 janvier, ce qui me fait 11 semaines de préparation, soit une de moins que pour le semi de Bruxelles. Cela s'explique notamment par une grosse charge de travail début janvier avec des examens à étudier, en plus de mon travail à temps plein (je suis étudiant-travailleur).
J'en suis toujours à 3 sorties semaines et j'ai à nouveau utilisé l'application Kiprun Pacer de Décathlon.
Avec du recul je suis assez mitigé sur la prépa et j'identifie plusieurs erreurs que j'ai pu faire.
Le positif pour commencer : j'ai la sensation d'avoir plutôt bien encaissé la charge d'entraînement et je n'ai pas ressenti de douleurs particulières. Un autre bon point est que j'ai été très rigoureux : aucune sortie manquée et strict respect du kilométrage indiqué.
Les aspects négatifs à présent. Tout d'abord, j'ai ressenti une fatigue importante, j'ai souvent dû me forcer à faire des séances et il n'était pas rare que je tire la patte sur plusieurs d'entre elles. Je pense que mon rythme de vie depuis septembre n'aide pas, j'ai accumulé pas mal de fatigue et n'ai pas vraiment eu de véritables vacances depuis des mois. Pas idéal. Un autre élément que je juge négatif avec le recul (je le ne percevais pas tel quel sur le moment) c'est d'avoir effectué mes exercices au-delà des allures indiquées par l'application de coaching, dans l'idée d'avoir une marge et une sensation de "facilité" le jour de la course. En effet, un semi en 1h28 c'est du 4'10"/km mais pourtant, j'ai constamment visé une allure plus rapide à l'entraînement lors des séances d'allure spécifique : entre 3'55"/km et 4'05" lors de mes sorties routes et entre 3'45" et 3'55" lors de mes entraînements sur piste. J'avais fonctionné de la sorte lors de ma prépa pour le semi de Bruxelles et ça avait porté ses fruits. La différence ici c'est que les séances d'allure spécifique ont vraiment été difficiles pour la plupart, ce qui n'avait pas été le cas lors de la prépa pour Bruxelles.
Avec le recul donc, je me dis que ce n'est peut-être finalement pas l'idéal non seulement car ça a généré pas mal de fatigue qui aurait pu être évitable en étant plus proche de l'allure visée le jour J et car je me dit que ça ne prépare pas réellement le corps à l'allure attendue en course. J'y reviendrai dans la partie détaillant ma course car je pense que c'est sans doute l'élément central ayant causé ma défaillance (désolé pour le spoil).
La courseLe semi-marathon de Gand a lieu le même jour que le marathon mais l'après-midi (départ à 13h30).
Le parcours proposé cette année était le suivant :
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Un parcours relativement plat avec 52m de dénivelé.
Ce qui ne se voit pas sur la carte est que Gand étant une ville de canaux, le parcours est jonché de passages sur ou sous des ponts, ce qui a tendance à bien casser le rythme.
La météo était de 13 degré avec de belles éclaircies mais avec 25 km/h de vent (frais), ce qui aura son importance sur ma course (encore un spoil).
Au départ, nous sommes un peu plus de 12.000.
Ma courseLe départ étant fixé à 13h30, pas de réveil matinal, ce qui tombe plutôt bien vu le changement d'heure. Je mange mon plat de pâtes à 10h30 et me dirige ensuite vers Gand en vue d'arriver sur le site de la course 1h avant le départ.
Après un échauffement d'une quinzaine de minutes, je me place en début de sas 1h30-1h39.
Les premiers kilomètres se passent plutôt bien, sur les 7 premières bornes je suis légèrement plus rapide que l'allure visée mais sans excès. C'est du côté de mon rythme cardiaque plus que de l'allure qu'il faut aller chercher les signes d'un départ trop "rapide" : sur le 3e kilomètre je suis déjà à 186 BPM. En réalité, à ce moment de la course je pense que j'avais déjà compris que j'étais dans une mauvaise journée ou du moins que les choses n'allaient pas se passer comme je l'aurais souhaité. Pour autant, pas question de ralentir le rythme, je repense à toutes ces sorties d'entraînement effectuées à une allure bien plus rapide et je me dis que mon corps est prêt à encaisser 21 km à 4'10" de moyenne : je suis clairement dans le déni. Un déni qui est sans doute accentué par la présence de membres de ma famille aux kilomètres 6 et 11 du parcours.
C'est véritablement après la première "rencontre" avec mes proches que je commence à sentir de premiers vrais signes de moins bien. Le 7e kilomètre sera le dernier dans l'allure que je m'étais fixée, tous les suivants jusqu'à l'arrivée seront plus lents. C'est donc à peine au 1/3 de la course que le déni prend fin et que je prends conscience que ma course se finira quoi qu'il arrive sur un échec. Je prends un premier coup au moral qui est d'autant plus accentué par le fait que je commence à me faire dépasser de manière continue, sans être capable d'accrocher un groupe. Jusqu'à l'arrivée, je ne cesserai d'être dépassé, ne reprenant que des coureurs pour la plupart en total défaillance, pris de crampes ou de vomissements. C'est aussi à ce moment de la course que je commence à fortement ressentir les effets du vent, quand il est de face et que je suis isolé entre deux groupes, j'ai l'impression d'avancer au ralenti.
Un gros coup au moral donc mais je me dis qu'il me reste plusieurs objectifs secondaires à aller chercher : des RP sur 10km (42'20"), 15km (1h03'44"), 20 km (1h26'24") et bien sûr sur semi (1h31'48").
Pour me rebooster, je procède donc de la sorte : entre les kilomètres 8 et 10 je vise d'aller chercher mon RP sur 10km : ce que je réussi (41'28") ; entre les kilomètres 10 et 15 je me focalise sur mon RP sur 15 km que je bats également de peu (1h03'23"). Cerise sur le gâteau et alors que je ne l'avais pas du tout en tête, je bats également de 4 secondes mon record sur 10 miles.
Idéalement, j'aurais dû à ce moment là focaliser toute mon énergie et ce qu'il me restait de force mentale pour aller chercher des RP sur 20km et semi. Malheureusement, je subis une grosse défaillance après le 15e kilomètre passant de 4'18" au 15e à 4'46" au 16e. C'est plus ou moins à ce moment là que je me fais dépasser successivement par les deux meneurs d'allure 1h30, qui étaient partis après moi. A ce moment là, le moral est dans les chaussettes et je suis vraiment en grande souffrance. Les portions vent de face sont vraiment un enfer et chaque petite relance fait crier tous mes muscles. La prise de mon gel n'y changera pas grand chose.
Du 16e kilomètre à l'arrivée c'est donc opération survie en résistant à l'envie de m'arrêter, ce que je ne fais finalement pas. A ce moment là, je ne pense plus du tout à un RP sur semi, dans ma tête je vais arriver sur les genoux en 1h35 ou plus.
Finalement, l'issue est un peu plus optimiste puisque je franchi la ligne en 1h32'16", soit 28 secondes plus lent que mon record personnel, obtenu sur un parcours pourtant bien plus exigeant (190m de dénivelé). Apparemment il y avait une incroyable ambiance à l'arrivée. Je ne sais pas, j'avais l'esprit complètement brouillé, je n'ai rien ressenti. Une fois la ligne franchie, je manque de tomber deux fois.
La déception est immense, d'autant plus que le sentiment que j'aurais pu en mettre un peu plus à la fin pour aller chercher mon RP me prend et ne me quittera plus, même près de 24h plus tard.
Mon explosion après le passage au 15e kilomètre en image :
Que retenir de cet échecEvidemment un échec est souvent multifactoriel, voici des éléments d'explication que j'identifie. Certains sont propres aux choix que j'ai pu faire avant et pendant la prépa et lors de la course. D'autres sont relatifs au contexte plus général et sur lesquels je n'ai pas ou peu de prise :
Causes internes possibles : - Un chrono visé trop ambitieux : passer de 1h31'48 à 1h28 était peut-être trop, malgré un parcours a priori bien plus facile. Si j'avais visé sub 1h30 j'aurais sans doute eu moins de pression, j'aurais pu partir plus lentement et ne pas flancher après 7 km et exploser après 15.
- Une prépa trop exigeante : effectuer mes exercices d'allure spécifique à une allure plus rapide (et parfois beaucoup plus rapide) que celle visée le jour de la course était peut-être une erreur. Si j'ai réussi tous les exercices, ce que cela m'a coûté en termes d'énergie s'est peut-être payé le jour J.
- Un départ trop rapide : peut-être qu'il aurait été plus judicieux de partir sur une allure de 4'15"/km et juger au fil du parcours si j'étais en mesure d'accélérer ou pas.
- Viser de battre mes records sur 10km et 15km plutôt que de ne me focaliser sur un RP au semi. En réalité, à partir du 8e kilomètre je pensais que j'allais totalement exploser prochainement, donc j'ai voulu en quelque sorte "sauver les meubles" en allant chercher des RP sur d'autres distances pour que la journée ne soit pas totalement gâchée. C'était peut-être une erreur. Si j'avais mieux réparti mes efforts, j'aurais peut-être pu aller chercher un RP sur semi, ce qui est quand même l'objectif initial (si on fait abstraction de l'objectif 1h28).
- Une position trop avancée dans le sas : étant situé au début du sas 1h30-1h39, je me suis fait énormément dépasser en deuxième partie de course. Psychologiquement ça a peut-être joué. Il aurait sans doute été plus intéressant de partir un peu plus derrière.
- Le choix de ne pas suivre un meneur d'allure. Il y avait deux meneurs d'allure 1h30. J'aurais peut-être dû faire le choix d'en suivre un pour "assurer" 1h30 et éventuellement accélérer à la fin si j'en avais encore.
Causes externes possibles : - Mon rythme de vie actuel : travail à temps plein + études avec des stages génère stress et fatigue. Ajouter à cela trois sorties par semaines et la pression que je me mets pour performer en course à pied est peut-être trop. Heureusement, il ne me reste plus que 2 mois.
- Le parcours : j'ai peut-être sous-estimé le parcours en me focalisant uniquement sur le dénivelé modeste (52 mètres) sans prendre en compte toutes les relances qu'il comportait.
- Le vent : j'en appelle ici aux spécialistes des effets du vent sur la performance : un vent de 25 km/h peut-il avoir eu des effets notables sur ma performance ou suis-je simplement entrain de me chercher une excuse ?
La suite Mon prochain objectif sont les 20km de Bruxelles, dans 8 semaines.
Je vais viser 1h25, soit 4'15/km. Une allure intermédiaire entre ce que j'avais fait sur le semi de Bruxelles en novembre et celle que j'ai visé hier. Cependant, le parcours est exigent (160m de dénivelé) donc il faudra aller chercher ce chrono. Un objectif secondaire serait de battre mon RP sur 20km qui est actuellement de 1h26'24". La course ayant lieu fin mai, je reste tributaire des conditions météo. S'il fait 20 degrés avec soleil tapant, je sais que ce sera quasi impossible.
Je reste pour l'instant à 3 entraînements par semaine.
ConclusionJ'ai plusieurs fois entendu de la course à pied que c'est un sport qui ne trompe pas, qui te remet à ta juste place quand tu l'abordes avec un peu trop de confiance. Cela a sans doute été mon cas : j'ai rapidement progressé, passant de 1h38 sur 20km à 1h32 sur semi en quelques mois. J'ai cru que ma marge de progression était encore importante mais ce n'est sans doute pas le cas, en tout cas pas avec 3 entraînements/semaine.
Hier j'ai pris une claque et la déception reste très forte au moment d'écrire ces lignes. Cependant, j'en tire déjà de nombreux enseignements. A moi d'être plus humble dans mon approche mais également plus patient dans ma progression, de continuer à travailler dur et surtout de ne pas oublier de prendre du plaisir, à l'entraînement et en course, ce qui finalement a été très peu le cas hier.
Je serais curieux d'avoir vos retours et avis.
Merci de m'avoir lu.