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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 21 Avr 2020, 05:57

Chapitre 11 de "Boucler la boucle" : Repos transalpin

Le soleil n’est guère levé depuis longtemps sur Aoste lorsque je m’éclipse de notre hôtel. L’épisode orageux de la veille est désormais bien loin, et le climat a retrouvé toute sa douceur estivale. J’ai confirmé à l’ensemble du staff la façon dont j’avais envisagé ma journée, je les ai laissés à leurs préparatifs de départ en leur donnant rendez-vous dans quelques heures. La journée s’annonce vraiment belle sous ce ciel magistralement bleu.
Je traverse la rue et les avise immédiatement, identifiant ce camping-car que je n’avais jamais jusqu’ici pu qu’imaginer. Je fais la bise à Myriam, non sans la gratifier d’un « Merci pour tout », puis étreins et embrasse langoureusement ma Célia.
Bon sang qu’elle est belle ! Elle porte un jean dont le caractère moulant n’est aucunement pour me déplaire, et arbore un charmant top de couleur bordeaux, sans manche et pourvu d’un col en V, dont le caractère décolleté ne l’est pas davantage.
Elles ont anticipé le fait nous allions partager un petit déjeuner dans un bar à quelques rues de là. Nous y commandons des cafés et, comme elles, je me laisse aller à un pâtisserie locale fourrée de pommes reinette et de miel de fleur sauvage. Elles s’amusent de me voir consommer un café de marque Marelli, le sponsor d’une équipe concurrente, celle où évoluent Muggianu et Castigliota.
Je ressens une forme de bien-être prononcée dans le fait de se retrouver ensemble de bon matin, de partager ces moments dans un petit bar discret au coin d’une rue du centre d’Aoste. Je me laisse aller à une confidence :
- Vous savez, c’est vraiment bizarre, je participe à un des plus grands évènements sportifs planétaires, j’en suis particulièrement heureux, mais y’a parfois des moments où je me surprends à jalouser « votre » Tour de France.

La suite :
https://www.fichier-pdf.fr/2020/04/20/chapitre-11/

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Messagepar manuelito51 » 21 Avr 2020, 06:01

Une petite question au passage :
J'ai donc positionné cette première journée de repos de l'autre côté des Alpes (ce qui m'arrangeait bien pour y caser un transfert entre Aoste et Savone). Cependant, on m'a dit depuis l'écriture de ce chapitre que les deux journées de repos su Tour étaient systématiquement programmées dans l'hexagone.
J'ai effectué quelques recherches mais je n'ai trouvé aucune précision là-dessus. Est-ce que quelqu'un saurait me dire ce qu'il en est ?

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Re: Ecriture

Messagepar Moko » 21 Avr 2020, 08:36

manuelito51 a écrit:Une petite question au passage :
J'ai donc positionné cette première journée de repos de l'autre côté des Alpes (ce qui m'arrangeait bien pour y caser un transfert entre Aoste et Savone). Cependant, on m'a dit depuis l'écriture de ce chapitre que les deux journées de repos su Tour étaient systématiquement programmées dans l'hexagone.
J'ai effectué quelques recherches mais je n'ai trouvé aucune précision là-dessus. Est-ce que quelqu'un saurait me dire ce qu'il en est ?


Berne a été ville-repos en 2016 :ok:

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 21 Avr 2020, 11:55

Moko a écrit:
manuelito51 a écrit:Une petite question au passage :
J'ai donc positionné cette première journée de repos de l'autre côté des Alpes (ce qui m'arrangeait bien pour y caser un transfert entre Aoste et Savone). Cependant, on m'a dit depuis l'écriture de ce chapitre que les deux journées de repos su Tour étaient systématiquement programmées dans l'hexagone.
J'ai effectué quelques recherches mais je n'ai trouvé aucune précision là-dessus. Est-ce que quelqu'un saurait me dire ce qu'il en est ?


Berne a été ville-repos en 2016 :ok:


Eh bien, c'est parfait alors, merci beaucoup pour l'info (et rendez-vous demain en Ligurie !).

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 22 Avr 2020, 06:05

Chapitre 12 de "Boucler la boucle" : Échappée sur la Riviera

Si une étape de la présente édition du Tour emprunte vraiment beaucoup à un monument du cyclisme, c’est bien celle-ci. C’est ce que je me dis en jetant un œil au roadbook ce matin, tout en appréciant le panettone servi au petit déjeuner. Gaultier, assis à côté de moi, et qui en a vu tellement, ne manque pas de confirmer :
- J’aurais jamais imaginé une étape du Tour qui soit bâtie à ce point sur la base d’un Milan-San Remo !
La course nommée Milan-San Remo, et surnommée « Primavera », est la première grande classique de chaque saison cycliste, toujours programmée au début du printemps. Elle est particulièrement longue, près de 300 kilomètres, et part donc de cette ville de Milan où se rencontrèrent ma sœur et la femme de ma vie (ce qui devait passablement influencer mon avenir). Le tracé longe la Méditerranée sur de nombreux kilomètres, à partir de la montée du Passo del Turchino. Il chemine par la suite, entre autres, par Savone, afin de rallier peu avant la frontière française et après différentes ascensions, la ville de Sanremo.
Aujourd’hui, les 101 premiers kilomètres que nous allons parcourir correspondent aux 101 derniers d’un Milan-San Remo. Cela inclut nécessairement les petits monts nommés « Capi », et les célèbres Cipressa et Poggio, montées où se font souvent la décision pour la victoire sur la Via Roma de Sanremo. Au passage, je peine à comprendre pourquoi on écrit San Remo en deux mots pour le nom la course alors qu’il convient d’écrire Sanremo en un seul pour le nom de la ville ? Auriez-vous une explication ?
Après ces lieux chargés de la grande histoire du cyclisme, nous continuerons à longer la Méditerranée afin de rejoindre Vintimille. Puis, nous passerons la frontière et rejoindrons le sol français. Mais comme si l’itinéraire du jour ne proposait pas assez de routes déjà fort connues des pelotons, l’étape s’achèvera ensuite par l’ascension, à partir de Menton, du Col d’Èze, habituel juge de paix de la course Paris-Nice qui se déroule par étapes, sur une semaine, au mois de mars, peu de temps avant Milan-San Remo. C’est sur les hauteurs de la petite cité d’Èze, qui s’étend du bord de mer jusqu’au sommet du col, à 507 mètres d’altitude, que nous franchirons la ligne. À noter tout de même que l’arrivée n’est pas exactement en haut du col, mais deux kilomètres plus loin.

La suite :
https://www.fichier-pdf.fr/2020/04/21/chapitre-12/

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 23 Avr 2020, 06:19

Chapitre 13 de "Boucler la boucle" : Souffrances et beautés du Mercantour

Selon Dick Rivers, le souvenir ému des véhicules de sport remontant les avenues dont nous sommes présentement proches serait assurément de nature à faire remonter la plus brûlante des nostalgies. Il évoque, de la même façon et avec les mêmes conséquences, celui de la vision de la miss locale partiellement dévêtue, ce qu’en fonction de sa qualité de niçois, on peut envisager comme assurément crédible. Tout en lui laissant l’entière responsabilité de ses propos. Quoi qu’il en soit, s’il est une constante inaltérable, c’est bien que cette Baie des Anges est tout bonnement magnifique. Je l’observe depuis la fenêtre, au bout du couloir de ce dix-septième étage de notre hôtel, où sont situées la plupart des chambres des membres de notre équipe. Je m’étais plutôt figuré que cette dénomination était liée à des éléments à connotation religieuse, j’ai été surpris d’apprendre ce matin, par notre réceptionniste, que les « Anges » en question étaient en réalité de petits requins inoffensifs que l’on trouve dans les profondeurs méditerranéennes, et dont les ailerons rappellent étrangement des ailes.
Je suis remonté du petit déjeuner, et m’apprête à toquer à la porte d’une chambre précise. Il est un homme avec lequel je souhaite échanger, alors même que nous l’avons tellement peu fait jusqu’à présent. J’ai été surpris que ce soit lui, Manuel, qui me suive lors de l’échappée d’hier, et il m’a semblé, avec un peu de recul, que je n’avais pas assez pris garde à ce qu’il m’indiquait, que je n’avais pas vraiment géré ma course comme il l’aurait souhaité. Et j’éprouve le besoin de le lui évoquer… Étonnant personnage que ce Manuel Reyes, figure taciturne, parfois agressive, contribuant d’une si étrange manière à l’encadrement des coureurs de notre équipe.
Manuel est un ancien pro. Mais il n’a pas eu une carrière particulièrement brillante. Après des débuts corrects au sein du peloton français, il a finalement fait le choix de longtemps évoluer dans les équipes des divisions inférieures de son second pays d’origine, le Portugal. Une victoire d’étape sur le Tour de l’Algarve constitue d’ailleurs son seul succès d’envergure chez les professionnels. Il se dit qu’il a été dégoûté par un certain nombre de pratiques qu’il a pu observer, et que c’est cela qui l’a amené à s’éloigner du plus haut-niveau. Il en est visiblement devenu assez aigri. C’est un homme qui aime assurément le cyclisme, mais pas nécessairement celui auquel il a été confronté. Ce sont les années passées à courir, en toute conscience, au milieu de coureurs loin d’être tous irréprochables vis-à-vis des pratiques dopantes, qui l’ont rendu si désabusé, si difficile à appréhender pour les coureurs autour de lui. Tout cela a fait de lui, au sein de ce milieu, un très improbable individu semblant ouvertement assez antisocial (ce qui l’amène d’ailleurs ponctuellement à perdre son sang-froid).

La suite :
https://www.fichier-pdf.fr/2020/04/22/chapitre-13/

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Re: Ecriture

Messagepar Moko » 23 Avr 2020, 10:11

Merci encore pour ma demi-heure de lecture quotidienne :love:

Si c'est ça un jour sans pour un coureur qui sors de "nulle part" pour certains, je n'imagine pas ce que que donne un jour en pleine forme ! Il va en surprendre du monde ce Lulu !

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 23 Avr 2020, 16:06

Moko a écrit:Merci encore pour ma demi-heure de lecture quotidienne :love:

Si c'est ça un jour sans pour un coureur qui sors de "nulle part" pour certains, je n'imagine pas ce que que donne un jour en pleine forme ! Il va en surprendre du monde ce Lulu !


Merci pour ta fidélité !
Arrivé à un peu plus de la moitié du Tour, je craignais que ça ne commence à lasser.
N’hésite pas à me dire s’il y a des passages un peu longuets ou au contraire d’autres à mettre en valeur.

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Re: Ecriture

Messagepar Mathias-Rolland » 24 Avr 2020, 02:36

manuelito51 a écrit:
Moko a écrit:Merci encore pour ma demi-heure de lecture quotidienne :love:

Si c'est ça un jour sans pour un coureur qui sors de "nulle part" pour certains, je n'imagine pas ce que que donne un jour en pleine forme ! Il va en surprendre du monde ce Lulu !


Merci pour ta fidélité !
Arrivé à un peu plus de la moitié du Tour, je craignais que ça ne commence à lasser.
N’hésite pas à me dire s’il y a des passages un peu longuets ou au contraire d’autres à mettre en valeur.


Salut Manuelito, et merci pour ce très agréable récit, qui me garde éveillé tard le soir!

Puisque tu le demandes, une petite remarque concernant le réalisme de la course: j'ai noté que tu ne donnes pas d'heure précise de départ ou d'arrivée, mais tu évoques à plusieurs reprises que Lulu et ses collègues prennent une collation de midi, ou que Cécé a déja déjeuné lors de son appel juste avant le départ de l'étape du jour.
Ce qui nous donnerait un départ fictif pas avant 13h. Pour des arrivées d'étapes prévues en général pour 17h/17h30 max, ça me semble un poil tard.
Par exemple, pour l'étape arrivant à Charlevilles, tu parles d'une collation de midi, pour une étape de 212 kms. En réalité, une étape de ce type dure minimum 5h (42.4 kms/h de moyenne quand même), donc une heure de départ fictif réaliste serait autour de 12h, difficilement plus tard.

Je ne suis qu'à la 8ème étape, je n'ai pas encore vu comment tu as géré cet aspect pour les longues étapes de montagne.

En tout cas merci beaucoup, et on croise les doigts pour Lulu !

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 24 Avr 2020, 06:35

Mathias-Rolland a écrit:
manuelito51 a écrit:
Moko a écrit:Merci encore pour ma demi-heure de lecture quotidienne :love:

Si c'est ça un jour sans pour un coureur qui sors de "nulle part" pour certains, je n'imagine pas ce que que donne un jour en pleine forme ! Il va en surprendre du monde ce Lulu !


Merci pour ta fidélité !
Arrivé à un peu plus de la moitié du Tour, je craignais que ça ne commence à lasser.
N’hésite pas à me dire s’il y a des passages un peu longuets ou au contraire d’autres à mettre en valeur.


Salut Manuelito, et merci pour ce très agréable récit, qui me garde éveillé tard le soir!

Puisque tu le demandes, une petite remarque concernant le réalisme de la course: j'ai noté que tu ne donnes pas d'heure précise de départ ou d'arrivée, mais tu évoques à plusieurs reprises que Lulu et ses collègues prennent une collation de midi, ou que Cécé a déja déjeuné lors de son appel juste avant le départ de l'étape du jour.
Ce qui nous donnerait un départ fictif pas avant 13h. Pour des arrivées d'étapes prévues en général pour 17h/17h30 max, ça me semble un poil tard.
Par exemple, pour l'étape arrivant à Charlevilles, tu parles d'une collation de midi, pour une étape de 212 kms. En réalité, une étape de ce type dure minimum 5h (42.4 kms/h de moyenne quand même), donc une heure de départ fictif réaliste serait autour de 12h, difficilement plus tard.

Je ne suis qu'à la 8ème étape, je n'ai pas encore vu comment tu as géré cet aspect pour les longues étapes de montagne.

En tout cas merci beaucoup, et on croise les doigts pour Lulu !


Bonjour et merci beaucoup à toi pour ces éléments.
Alors, c'est vrai que c'est un domaine que je maitrise mal, et pour lequel j'ai effectivement sans doute joué un peu trop avec le réalisme. Mais à vrai dire, j'avais surtout besoin que le coup de fil précédant l'étape soit proche du repas de Célia et Myriam, afin d'y caser les spécialités locales !
N'hésite pas à me dire si cela choque trop ensuite lors des étapes de montagne (en voici justement une qui arrive !).

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 24 Avr 2020, 06:36

Chapitre 14 de "Boucler la boucle" : Ventoux mythique

Lorsque l’on est un coureur français, on ne peut considérer comme les autres l’étape programmée le jour de la fête nationale. Nous sommes le 14 juillet 2028. Traditionnellement, les organisateurs prêtent toujours une attention particulière au tracé devant être parcouru le jour où le pays célèbre l’anniversaire de la prise de la Bastille. Il n’y jamais de jour de repos positionné sur cette date, mais habituellement une étape en ligne, ayant pour particularité de se dérouler intégralement sur le territoire national. Et le moins que l’on puisse dire, cette année, est que le menu du jour a de quoi impressionner !
Non loin de notre hôtel, sur les hauteurs de Gap, alors que la plupart des hébergements sont plutôt situés dans le centre, est installé le vaste Domaine de Charance. On y trouve un grand parc, un lac, un château, des bois, des jardins, un conservatoire botanique… C’est en son sein qu’est administré le Parc National des Écrins, qui s’étend sur une surface plus importante encore que celui du Mercantour. Nous sommes à son extrémité sud. Son extrémité nord est connue pour être située du côté de sommets dont les noms font nécessairement rêver : Lautaret, Galibier, ou à peine plus haut, le célèbre Alpe d’Huez… Pourtant ce ne sont pas vers ces mythes que nous allons nous élancer tout à l’heure, et le Tour ne parcourra donc pas cette année les routes des Écrins. En réalité, nous allons aujourd’hui quitter les Alpes. Cet itinéraire a été assez critiqué, plusieurs observateurs reprochant aux organisateurs d’avoir contourné le secteur des habituels sommets « historiques » de la traversée du vaste massif montagneux. De mon point de vue, avec le Grand Saint-Bernard et la Bonette, il y a tout de même eu de la difficulté au programme ! Mais aujourd’hui, c’est pourtant bien un mythe qui nous attend, un mythe situé un peu plus à l’ouest, et ainsi légèrement éloigné du massif alpin.
Au terme des 167 kilomètres de course, cette étape nous verra en effet rallier le sommet du fameux Mont Ventoux. Le célèbre « Géant de Provence », la redoutable montée qui fit souffrir nos prédécesseurs, qui trouve sa place au plus haut parmi les ascensions hors catégorie de nombre des éditions du Tour de France. Son caractère isolé des grands massifs a souvent amené à des étapes globalement plates, mais s’achevant par le fameux « Géant », il a même été parfois proposé de le franchir à deux reprises ! Mais en ce 14 juillet, au sortir des Alpes, l’itinéraire pour nous y mener sera malgré tout fort accidenté et pourrait avoir déjà fait des dégâts. Nous aurons en effet déjà affronté une ascension classée en deuxième catégorie, deux en troisième, et deux en quatrième, lorsque nous rejoindrons le pied du Ventoux. Le menu de l’étape de la fête nationale a été particulièrement soigné…

La suite :
https://www.fichier-pdf.fr/2020/04/23/chapitre-14/

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 25 Avr 2020, 05:56

Chapitre 15 de "Boucler la boucle" : Volcanique

« C’est une étape taillée pour les baroudeurs ». À l’automne dernier, lors de la présentation de l’épreuve, les observateurs s’étaient dans leur grande majorité accordés, en étudiant le profil de l’étape que nous allons disputer aujourd’hui, sur la certitude suivante : « C’est une étape taillée pour les baroudeurs ». Ce matin, au cœur des articles des différents journaux, des quotidiens sportifs ou non, il me semble que l’on retrouve quasi systématiquement la même phrase de présentation. Si nous n’en étions pas encore convaincus, nous ne pouvons désormais affecter d’ignorer qu’aujourd’hui, « C’est une étape taillée pour les baroudeurs ».
Au fond, qu’est-ce qu’un « baroudeur » ? Une tentative de définition pourrait permettre de catégoriser en établissant que c’est un coureur…qui n’a finalement pas de véritable spécialité. Il y a les « grimpeurs », caste dans laquelle j’avoue avoir la prétention de m’être intégré, qui affectionnent les pentes des montagnes. Il y a les « puncheurs », comme Nordberg ou Muggianu, qui expriment au mieux leurs qualités d’explosivité dans les montées brèves et pentues. Il y a bien sûr les « sprinteurs », dont le terrain de jeu est essentiellement les derniers mètres des courses de plaine. Il y a les « rouleurs » qui trouvent leur bonheur dans l’exercice du contre-la-montre et sont aussi des compagnons d’échappée particulièrement prisés. Il y a aussi les « flahutes », qui font parler leur savoir-faire dès lors que le parcours est jalonné de pavés. Mais certains professionnels ne sont finalement à ranger dans aucune de ces catégories. Ils n’en sont pas moins valeureux. Leurs chances de soulever un bouquet réside essentiellement dans leur capacité à partir de loin, sur des terrains qui ne sont ni complètement plats (car les équipes de sprinteurs y font la loi), ni complètement montagneux (car ils n’auraient pas les qualités intrinsèques pour y résister aux spécialistes). Le peloton regorge donc de « baroudeurs », et il semblerait d’ailleurs, justement, que le profil de l’étape du jour soit visiblement taillé pour eux.
Nous nous apprêtons à parcourir un itinéraire tracé dans les monts du Massif Central. L’étape est longue de 218 kilomètres, et ce ne sont pas moins de six ascensions répertoriées qui sont à notre programme. Trois d’entre elles sont classées en quatrième catégorie, elles sont plutôt positionnées en début d’étape. Mais entre la seconde et la troisième, on trouve le méconnu mais redoutable Col de la Baricaude, qui est lui classé en première catégorie.

https://www.fichier-pdf.fr/2020/04/24/chapitre-15/

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 26 Avr 2020, 05:51

Chapitre 16 de "Boucler la boucle" : Redescente par les Cévennes

La pluie tombe ce matin sur Le Puy-en-Velay. Elle ruisselle sur les fenêtres de la salle à manger de l’hôtel où nous prenons le petit déjeuner. Drôle d’ambiance…
Nous distinguons bien la Chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe d’où nous nous trouvons. Ainsi que la vierge rouge du Rocher Corneille, qui a sans doute bien froid aux pieds par ce triste temps. Celui-ci ne devrait pas durer, il nous est annoncé que les nuages et les brumes se seront dissipés avant le départ de l’étape. Mais elle jolie aussi, sous la pluie, cette ville.
Naguère, ces rues furent le cadre où l’écrivain Jules Vallès, originaire de la ville, situa le début de l’action de son roman en grande partie autobiographique, L’Enfant. Il se lança dans le récit de sa prime jeunesse plusieurs années après avoir été un vigoureux acteur de la Commune de Paris, engagement qui lui imposa d’ailleurs de s’exiler. Je me souviens qu’en classe (je devais être en 4ème), j’avais eu l’occasion de lire et étudier ce roman. Pour un auteur, l’enfance et l’adolescence sont déjà un matériau souvent évident lorsque l’envie de création littéraire se manifeste. Mais lorsqu’en plus, cette même enfance a été traumatisante… Vallès a décrit ses parents, leur violence quotidienne, les coups de fouet dont il fut souvent l’objet… Sans détours, avec le regard de l’homme adulte qui pose ses yeux compatissants sur l’enfant malheureux qu’il fût. J’en avais été choqué, je n’en ai rien oublié. La phrase de la mère, par laquelle elle justifiait les coups « Il ne faut pas gâter les enfants », résonnait comme un traumatisme. Au panthéon des mères ignobles, celle-ci devait côtoyer la terrible « Folcoche » décrite par Hervé Bazin. Peut-être en moins manipulatrice, violente surtout par habitude, par héritage du seul « mode éducatif » qu’elle connaissait …
Face à ces scènes inimaginables d’enfants maltraités, il y a un tel sentiment d’inconcevabilité qui se développe en nous. J’ai eu une enfance heureuse. Tellement heureuse. Pas certain que ce soit le cas de Dylan…
Loin des romans de l’enfance et de l’adolescence, c’est comme toujours le journal du jour qui est l’objet de nos lectures matinales. Une forme de renouvellement s’est effectuée depuis hier, tous les « étape taillée pour les baroudeurs » sont aujourd’hui devenus des « étape de transition », qui émaillent nombre d’articles. Que signifie « étape de transition » ? Qu’on passe juste d’un moment intéressant à un autre, mais qu’il faut bien faire le chemin entre les deux ? Est-ce que cela signifie que l’étape n’est pas intéressante ? Est-ce que cela vaut le coup de la disputer ? Au vu de mes aventures de la veille, je serais bien inconscient si je décidais d’accorder moins d’importance à telle ou telle étape…

La suite :
https://www.fichier-pdf.fr/2020/04/25/chapitre-16/

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Re: Ecriture

Messagepar Warren Barguil » 26 Avr 2020, 10:25

Toujours un régal de lire ça :)

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 26 Avr 2020, 18:21

Warren Barguil a écrit:Toujours un régal de lire ça :)


Merci beaucoup !
J'espère que les lecteurs vont tenir le coup et ne pas connaître le fameux effondrement de la troisième semaine !

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 27 Avr 2020, 07:25

Chapitre 17 de "Boucler la boucle" : Chez Georges

Le sachet est toujours présent sur ma table de nuit. J’avais espéré qu’à mon réveil, il aurait disparu. Peut-être espéré aussi que tout cela n’ait pu être qu’un rêve… Un songe, un mauvais songe… La vie est un songe, la réalité n’est peut-être que le fruit de l’imagination d’un rêveur. Et les songes eux-mêmes ne sont que des songes au sein d’un songe, semblait vouloir nous faire comprendre Calderón. Le réveil est un peu métaphysique, mais il n’est pas très heureux pour autant. On ne peut pas vraiment dire que j’ai bien dormi.
Il est déjà assez tard. Au petit jour, on ne m’a pas réveillé, on n’a pas secoué mon oreiller. Je suis tout seul, Dylan a visiblement quitté la pièce. Je regarde l’heure et me dit que je ne vais pas traîner, le petit déjeuner ne sera plus servi pendant très longtemps encore, et je dois ensuite aller promptement profiter du plaisir de retrouver mon aimée et l’aimable copine qui l’accompagne dans son périple. Je me dis qu’il ne serait pas des plus judicieux que qui que ce soit vienne à tomber sur ce sachet, je prends le parti de le ranger dans mes affaires avant de le rendre dès que possible à son propriétaire.
Après une douche rapide et revigorante, je descends dans la salle du petit déjeuner et n’y trouve aucun de mes coéquipiers. Tous ont sans doute déjà terminé le leur. Sont présents, attablés, les deux basques français de l’équipe Lauburu, Bixente Ithurbide et Imanol Etchegoyen. La formation basque est l’une des seules à avoir fait, comme nous, le choix de demeurer à Sète aujourd’hui et de ne gagner Carcassonne qu’en fin de journée. Les deux hommes m’avisent et s’empressent de me féliciter pour mon parcours des deux premières semaines. Expérimentés car quasi trentenaires l’un et l’autre, ils me mettent en garde contre cette redoutable « troisième semaine », qui a déjà désarçonné nombre de jeunes coureurs lors de leur premier Grand Tour. Les échanges sont sympathiques, je ne connais qu’un tout petit peu Bixente et je découvre Imanol, c’est agréable d’échanger avec des compatriotes sur le déroulement de la course. C’est aussi parfois fort sympathique de sortir un peu du cadre des échanges se limitant au seul cadre de mon équipe, comme cela avait également été le cas avec Pierre Périlhon au matin de l’étape du Ventoux.
Mais mon ventre me rappelle que j’ai une nécessité impérieuse et imminente de me lancer maintenant dans ce si précieux p’tit déj ! Je signifie à mes deux interlocuteurs que je vais simplement m’approcher présentement de la table où il est présenté sous forme de buffet, faute de quoi je crains que le dernier pain au chocolat ne vienne à me passer sous le nez. Bixente me lance alors, d’un ton amusé :
- Profites-en bien alors, parce que demain matin, t’en trouveras plus !
- Pourquoi ?
- Parce que ce soir, on sera arrivés chez nous, en « Chocolatine » ! Eh oui !

La suite :
https://www.fichier-pdf.fr/2020/04/26/chapitre-17/

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Re: Ecriture

Messagepar Moko » 27 Avr 2020, 10:15

Bon, plusieurs commentaires sur les chapitres précédents.

Chapitre 14 :
Dès que tu as mentionné Van Wick dans l'échappée, je savais qu'il allait gagner tel un Eros Poli. Je ne sais pas si c'est tes idées qui se rapprochent des miennes ou si tes fusils de Tchekhov sont quelque fois trop évidents :mrgreen: .

Chapitres 16 et 17 :
Je t'avoues que je ne m'attendais pas à retrouver toute cette histoire vis à vis du dopage dans ce roman. Je n'arrive pas du tout à me dire si c'est réaliste ou non, je laisse les autres lecteurs donner leur opinion.

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 27 Avr 2020, 17:46

Une nouvelle fois, un grand merci pour ces retours, Moko !

Alors effectivement, on ne peut rien te cacher, j’ai beaucoup songé à Eros Poli en faisant gagner Van Wick sur l’etape du Ventoux ! En effet tout sauf un hasard...


Et en ce qui concerne l’évocation concrète du dopage, plusieurs amis ont eu la même réaction, espérant plutôt un tour fictif « propre », alors que je pensais pourtant avoir évoqué le sujet en filigrane (allusions successives à Riis, Rasmussen, Pollentier, Vandenbroucke, Voet... , phrase de Clément au sujet du passé de Dylan, passage du peloton à Aigle...). Je pense que le produit n’est pas véritablement réaliste...et pour tout dire, je l’espère !

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 28 Avr 2020, 07:27

Chapitre 18 de "Boucler la boucle" : Pyrénées sauvages

À mon réveil, il y a quelques minutes, deux constats se sont imposés : Dylan n’est toujours pas là, et les deux « Fleurs » sont toujours en ma possession…
Je n’ai finalement pas si mal dormi, sans doute grâce à la réception de l’ultime message de Célia… Il est important d’être aujourd’hui dans une forme optimale, car le menu de cette première étape pyrénéenne est particulièrement copieux. Je suis de meilleure humeur en retrouvant plusieurs de mes coéquipiers au petit déjeuner. J’ai la chance d’être amené à m’asseoir à côté de Stanimir, le côté jovial de l’ami Stan étant justement tout ce dont j’ai besoin. C’est lui qui lance l’échange :
- T’as meilleure mine qu’hier soir, Lulu ! Mais si tu peux en plus avoir les jambes que t’avais hier, ça va le faire aujourd’hui dans le Port de Pailhères !
Après un léger silence, il ajoute dans un rire que je ne vais pas manquer de partager, en faisant résonner sa voix puissante s’extirpant de son visage au bouc admirablement dessiné :
- T’admires la rime, j’espère !
- T’es un poète, Stan, vraiment.
- Et encore, si tu m’entendais réciter des poèmes en bulgare…
- Je veux bien entendre !
- « Аз умирам и светло се раждам/разнолика, нестройна душа,/през деня неуморно изграждам,/през нощта без пощада руша. »
- C’est joli…ça veut dire quoi ?
- « Je meurs et renais à la lumière/Éclatée, mon âme est en vrac,/La journée sans relâche je construis,/La nuit sans pitié je détruis. »
- En français aussi, c’est joli…
- Je te raconterai la Bulgarie un de ces jours, Lulu, tu vas aimer…
Pourquoi est-ce que je ne partage pas la chambre de Stan ?

La suite :
https://www.fichier-pdf.fr/2020/04/27/chapitre-18/

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Re: Ecriture

Messagepar manuelito51 » 29 Avr 2020, 07:51

Chapitre 19 de "Boucler la boucle" : La faute de Peyresourde

En anglais, l’expression consacrée est « The queen stage ». Chez nous, on dit donc très logiquement « L’étape-reine ». Ce sont les termes que l’on peut entendre et lire un peu partout ce matin… Il faut dire que le programme parle de lui-même : Peyresourde, Aspin, Tourmalet ! Ces trois cols constituent un enchaînement mythique traditionnel sur le Tour, que cela soit dans cet ordre (en continuant parfois vers l’impressionnant Aubisque) ou dans l’ordre inverse. Ce sont tout bonnement des routes et des hauteurs qui ont contribué à forger la légende du Tour de France que nous allons fréquenter aujourd’hui.
Je suis dans la salle du petit déjeuner de notre hôtel, entouré par mes camarades Stanimir et Hicham. Et je m’apprête à jeter un œil sur l’édition du jour de L’Omnisport, afin de voir ce que l’on y dit du dantesque programme auquel nous allons être aujourd’hui confrontés. Ce sont étrangement des préoccupations bien différentes que nous évoque Stan à cet instant :
- C’est trop bizarre. Depuis quelques temps, on voit quasiment plus Dylan, c’est comme s’il faisait plus partie de l’équipe. C’est pas trop normal.
Hicham va dans son sens :
- Oui, c’est bizarre. Je comprends pas trop. Tarvo avait l’air très remonté contre lui, mais il m’a pas dit pourquoi.
En ce qui me concerne, j’ai une idée assez nette de ce « pourquoi »… Mais je ne vais pas m’aventurer à revenir sur l’épisode de la chambre d’hôtel de Sète, sur ce que Tarvo et moi avons vu, sur ce dont je ne me suis pas encore débarrassé… Je préfère éluder le sujet.
- Bof, y’a plusieurs autres équipes avec nous ici, il connait plein de monde, il doit pas être bien loin.
Ce n’est pas très précis, ni argumenté, mais cela suffit. Stan change d’ailleurs tout de suite de sujet :
- Ouais, sûrement… Bon, ils disent quoi de l’étape d’aujourd’hui dans le journal ?
- Ben, qu’on va en chier…
Ce n’est pas très élégant, Hicham semble presque gêné que cela lui soit venu si spontanément…

La suite :
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