Murungaru a écrit:Et je m'étais pas mal ennuyé devant The Last Movie, je me souviens de quelques beaux plan et surtout du personnage de Tomas Milian. Sans atteindre le niveau de délire psychédélique de certains Jodorowsky j'avais trouvé que ça faisait bien film de drogué, ça me laisse à côté.
C'est peut-être justement parce que j'attendais un truc de camé que j'ai trouvé que c'était assez raisonnable et plutôt plaisant à regarder. Pour moi on est assez loin, dans le genre, de la scène du cimetière dans Easy Rider !
En attendant de voir Everything Everywhere All At Once cette semaine (on va essayer d'y aller vite si j'en crois les chiffres de fréquentation
), pas mal de films vus cette semaine
Quelques sorties 2022 : Nope (Jordan Peele – 2022) : J'ai vraiment du mal à faire une critique du cinéma de Peele, que je trouve d'un côté être réellement passionnant au fil des sorties, de l'autre incroyablement peu subtil dans la façon de déclamer des messages avec lesquels je suis pourtant en accord. On retrouve cette ambivalence dans Nope, qui interroge le rapport à l'image dans le monde moderne avec autant de finesse que quand j'en parle avec mes potes : l'obsession de la bonne photo, de la bonne lumière, du bon cadre, qui gangrène aujourd'hui le cinéma mais bien au delà (il suffit de voyager dans certains lieux iconiques pour s'en rendre compte)
Il n'empêche que Peele a du talent et propose un film extrêmement divertissant qui transpire un amour pour un certain cinéma (celui de Spielberg - mélange entre ET et Jaws - mais aussi le genre - western, fantastique, un peu d'horreur) et pour LE cinéma en général (histoire, caméra manuelle, etc.). C'est plein de défauts mais assez unique
Trois mille ans à t’attendre (George Miller – 2022) : C'est bien, plutôt agréable à regarder, globalement assez touchant. Un bon film dont j'attendais clairement mieux. Le récit ne décolle jamais vraiment, tout est raconté, rien n'est suggéré, la fin est assez grotesque et globalement, de ce que j'en avais lu, j'attendais mieux des effets numériques. C'est pas indigent mais pas extraordinaire non plus, très lisse. Si on enlève quelques scènes un peu "osées" (avec des gros guillemets) ça a quand même une esthétique de film de plateforme (ce n'est pas un compliment bien sûr)
Avec amour et acharnement (Claire Denis – 2022) : Je connais peu Claire Denis, à part son culte Beau Travail, donc j'ai voulu laisser une chance à sa nouvelle réalisation. Et quelle purge... Les 5 premières minutes sont prometteuses : pas de dialogues, belles images, musique, mais ça déraille très vite. Une histoire très très classique, c'est chiant pendant 45 minutes, puis ridicule pendant une bonne heure. Quasi seul dans la salle, j'ai ri nerveusement à plusieurs reprises face à certains dialogues ou monologues d'un autre monde. Les personnages font n'importe quoi (ex : ils portent le masque dans des situations complètement random mais l'enlèvent dans des endroits où ils devraient le garder). Un bon exemple de cinéma fait par des gens qui ne connaissent pas vraiment le réel.
En tout cas, vu le niveau du scénar, ça ne donne pas non plus de lire du Angot, qui est adaptée ici.
Quelques films de la sélection sport de la Cinetek dont on a parlé ici (bien aidé par le fait que plusieurs durent moins d'une heure)
Gasherbrum (Werner Herzog – 1985) : Documentaire génial où Herzog arrive à poser des questions d'une grande justesse, aux antipodes des conneries "inspirantes" qu'on trouve aujourd'hui sur les plateformes. L'alpinisme y est présentée comme une sorte de maladie, de dégénérescence humaine, ce qui rend les personnages très attachants et suscite plus facilement l'empathie que l'admiration.
Raging Bull (Martin Scorsese – 1980) : Biopic chaotique d'un boxeur fou, incapable de se canaliser en dehors du ring. La boxe est un sport extrêmement cinégénique et Scorsese s'en saisit brillamment : le rythme, très irrégulier, permet de tenir le spectateur en haleine pendant 2h10, la violence des combats (assez extrême quoique certains soient assez peu réalistes) se répercute irrémédiablement dans l'entourage du boxeur, les acteurs sont exceptionnels (De Niro/Pesci en tête) et le final mélancolique achève de donner toute sa puissance à l'oeuvre.
Le film était sur ma liste depuis des années, il était temps que je le découvre !
JLG/JLG, autoportrait de décembre (Jean-Luc Godard – 1995) : Il y a quelques belles images mais c'est quand même sacrément indigeste. Cryptique, vain, un peu prétentieux... Je commençais presque à apprécier Godard mais j'ai encore mes limites !
Je ne vois pas trop ce que ça fout dans la sélection du mois sur le sport, y'a juste une scène de 45 secondes où Godard joue au tennis...
Coup de tête (Jean-Jacques Annaud – 1979) : Je m'attendais à un truc comique vu que Serval parlait de meilleure comédie Fr sur le sport mais ça n'est pas vraiment ça ! La subtilité n'est pas le point fort de cette comédie satirique de Jean-Jacques Annaud (qui a décidément une filmo très éclectique), écrite par Francis Veber, mais il n'empêche que ça se regarde avec plaisir. Dewaere prend toute la place à l'écran et c'est tant mieux tant il brille dans le rôle principal. La façon dont il va se sortir de ses galères pour remettre à sa place tous les puissants de la ville est assez jouissive bien que caricaturale.
Petit bémol en 2022 sur cette scène où la foule demande la libération d'un mec accusé de viol (innocent certes, mais elle ne le sait pas) parce qu'il a marqué deux buts en coupe de France.
Envol (Daisy Lamothe – 1993) : Un beau petit documentaire pour découvrir rapidement l'univers du saut à ski. De belles images et une belle exposition des motivations des pratiquants.
Le Boxeur et la mort (Peter Solan – 1963) : La belle surprise de la sélection. Très beau film slovaque qui joue sur le côté universel de l'esprit sportif pour établir un contraste très marqué avec la hiérarchie intangible des camps de concentration. L'espoir du prisonnier, désigné pour servir de sparring partner au directeur du camp, se heurte aux images effroyables qui l'entoure. L'espoir se transmet petit à petit au spectateur, qui se prend à espérer un happy end impossible entre le bourreau et son prisonnier.
Autres visionnages maison dont deux coups de coeur (pas très originaux pour le coup - In the mood for love & Casablanca)
Casablanca (Michael Curtiz – 1942) : C'est déjà un régal de découvrir Casablanca en 2022, mais quel choc ça a du être pour les spectateurs américains en pleine seconde guerre mondiale (et pour les français qui ont du logiquement attendre la fin de la guerre pour avoir droit à une sortie). La mise en scène de Curtiz est à la fois sobre et élégante, les acteurs transpirent le charme et le charisme, certaines répliques permettent de constater la grande qualité d'écriture et les larmes coulent facilement à l'occasion de quelques gros plans accompagnés de As Time Goes By.
In the mood for love (Wong Kar-Wai – 2000) : Wong Kar Wai prend des risques, parce que genre de réalisation, ça peut vite virer au ridicule un peu mièvre. Mais là, c'est tellement maîtrisé que ça donne ce qui peut se faire de mieux dans le genre. Une histoire simple, où tout ce qui ne concerne pas l'histoire d'amour naissante entre les deux personnages principaux est relégué hors champ.
La photo est incroyable, la musique envoûtante, les acteurs excellents. Tous les ingrédients sont réunis pour savourer pleinement cette très belle histoire, assez proche d'un Brève rencontre de David Lean.
Seul regret : ne pas l'avoir vu en salles lors de sa ressortie récente...
Chute Libre (Joel Schumacher – 1993) : L'histoire d'un cadre qui pète les plombs en plein bouchon à Los Angeles. Revu longtemps après un premier visionnage ce film qui retranscrit à merveille le "chaos organisé" qui peut régner dans une ville aussi gigantesque que L.A., où chacun suffoque comme dans un four géant. Saillie intéressante aussi sur les exclus du système économique, malgré quelques facilités et raccourcis soit trop évidents soit assez douteux.
Au delà de cet aspect, c'est un excellent divertissement, Michael Douglas est excellent dans le rôle principal et Robert Duvall très touchant dans le rôle du flic proche de la retraite.
Three times (Hou Hsiao-Hsien – 2005) : Difficile de noter ce HHH car découpé en trois segments très différents, racontant une histoire d'amour entre deux protagonistes à trois époques différentes. Mêmes acteurs, mais trois styles très différents.
J'ai adoré le premier segment (années 1960), du pur HHH de l'époque "Un temps pour vivre" ou "Poussières dans le vent", celui que je préfère. Le second m'a refroidi, mais il semble avoir séduit ceux qui aiment le HHH des "Fleurs de Shangai" (qui me laisse personnellement de marbre). Segment muet mais filmé de façon moderne, du formalisme pour le formalisme, c'est beau mais froid. Le 3e segment est bon, plus proche d'un Millenium Mambo, mais jamais génial.
Trop hétérogène pour être vraiment marquant.