Les films vus la semaine dernière en attendant (bientôt
) le retour en salles
Madame de… (Max Ophüls – 1953) : J’aime de plus en plus Ophüls au fur et à mesure que je le découvre. Très belle romance dans laquelle tous les stades de l'amour sont symbolisés par un bijou. C'est simple mais très riche, et formellement magnifique. Au sein du très beau casting, je suis agréablement surpris de constater que Vittorio de Sica n'est pas seulement un immense réalisateur mais aussi un très bon acteur.
Cheval de guerre (Steven Spielberg – 2011) : A l'occasion d'une diffusion tv du film, j'ai vu sur les réseaux sociaux (et dans la présentation faite par l'insupportable Besnehard sur France 5) une sorte de mission de réhabilitation de ce « superbe » Spielberg « largement sous-estimé » et « injustement mal aimé ». Il va être temps que le confinement se termine, les gens perdent tout leur bon sens ! Spielberg est aujourd'hui tellement déifié qu'il pourrait chier sur une table, tout le monde vanterait la qualité de l'étron.
Si on enlève quelques plans bien sentis, quelques jolies scènes et 30 dernières minutes réussies (à l'exception des derniers plans avec un filtre rouge qui ferait passer Zach Snyder pour un réalisateur nuancé), c'est un naufrage digne d'un mauvais téléfilm.
Tire larmes, mise en scène bordélique (dans les tranchées, on ne sait jamais vraiment de quel côté on est), interprétation très limitée, musique générique de John Williams ultra envahissante, utilisation de filtres grossiers, anthropomorphisme sur le cheval... Bref, pas grand chose à sauver. Je dis pas que le film est douloureux à regarder, mais de là dire qu'il est bon.
Sans soleil (Chris Marker – 1983) : Ce documentaire a réussi à capter mon attention alors même que le type de narration proposé n'est pas vraiment ma tasse de thé. Les images sont sublimes, les textes sont beau, certaines phrases et plans restent en tête. Ça valait largement le coup d’œil !
Le Messager (Joseph Losey – 1971) : Très beau film d'époque de Losey sur la découverte de l'amour, sur les différences de classes, globalement sur la découverte d'un autre monde par un jeune garçon qui en restera marqué à jamais. C'est beau, la musique de Legrand (dont je ne suis pas toujours un grand fan) est superbe et les sauts dans le temps sont parfaitement utilisés, ce qui est assez rare pour être souligné.
Agatha et les lectures illimitées (Marguerite Duras – 1981) : Je persiste à m’infliger les films de Duras quand ils passent sur la Cinetek, mais c’est par curiosité et par plaisir. C’était moins insupportable que le Navire Night mais le concept des images statiques sur lesquelles on colle des dialogues plats m’horripilent un peu. Disons que les images sont jolies (mais redondantes) et le texte est plus supportable quand on décide de passer en vitesse x1,5.
Il faudra que j'essaye de lire Duras plutôt que de la regarder...
Central do Brasil (Walter Salles – 1998) : Ce film a réussi à me toucher et à me faire aimer deux personnes pourtant assez antipathiques. Il y a quelques facilités d'écriture (la vente de l'enfant notamment, un peu too much) mais c'est globalement très beau et très touchant. Le contexte brésilien donne au film une aura assez particulière pour un spectateur européen.
Les Beaux jours (Marion Vernoux – 2013) : Fanny Ardant porte le film à elle toute seule. A part ça, c'est très banal, tant sur le fond que sur la forme. Laffite a un peu l'air d'un blaireau et les thèmes de l'adultère, du vieillissement et de l'amour à la retraite sont traités sans aucune originalité. Mais bon, ça se regarde
Laurence Anyways (Xavier Dolan – 2012) : Le seul Dolan qui manquait à mon tableau, celui qui me faisait le plus peur vu la durée. Il y a de très belles choses dans ce film, mais aussi tous les errements Dolaniens qui passe le tiers de son film à proposer des clips ou des publicités pour des fringues plutôt que du cinéma. A part ça, le personnage a encore un problème avec sa maman, au cas on n'aurait pas compris que c'était récurrent chez Dolan.
Mais il y a des scènes superbes, des personnages justes et touchants et les 3h sont passées relativement vite même si je pense qu'il n'était pas nécessaire de faire aussi long.
Les Mitchell contre les machines (Michael Rianda & Jeff Rowe – 2021) : L'engouement envers ce petit film d'animation très drôle et très généreux est assez compréhensible en cette période morose mais peut-être un peu excessif. C'est un gros plaisir à regarder, mais j'ai du mal à y trouver beaucoup d'originalité, je trouve le dessin pas très beau et l'ensemble un peu caricatural.
Le Joueur de flûte (Jacques Demy – 1972) : Un film très mineur dans la filmo de Demy, qui cherche à parler de rapports sociaux, de privilèges, de fanatisme, mais qui le fait sans ambition... Le personnage du joueur de flûte est campé sans charisme (par un chanteur) et son arc narratif, qui devrait être au centre du film, expédié. On s'ennuie un peu alors que le film dure à peine 1h30, on se fiche du sort des personnages...
Voyage au centre de la terre (Henry Levin – 1959) : Moi qui ai un peu de mal avec Verne (encore que j’avais bien aimé ce livre en particulier), j’ai beaucoup aimé ce film. Vrai film d'aventure qui offre l'occasion de s'évader dans le monde créé par Jules Verne, tout en retravaillant de façon assez bienvenue le scénario et le déroulé de l'histoire qui était assez plats sous la plume de Verne. J'étais circonspect sur la possibilité pour un film des années 50 de retranscrire l'immensité du centre de la terre, mais c'est finalement très réussi !