Je remonte ce beau topic trop peu fréquenté pour parler romans, sur la base de notes que j'ai prises vite fait cette année !
J’avais pris la bonne résolution de lire plus à la fin de ma thèse il y a 9 mois. Libéré des mes nombreuses lectures quotidiennes imposées par mes recherches, j’ai repris goût à la lecture comme loisir. Je viens de voir que j’avais lu une vingtaine de bouquins depuis le début de l’année, c’est surement mon année la plus prolifique de ce point de vue.
J’ai lu un peu de tout : des classiques, des trucs plus contemporains, des petits bouquins, des gros pavés…
> Quelques Jules Verne
Paris au XXe siècle, roman inédit, refusé par l’éditeur à l’époque. Ca se comprend, c’est pas terrible et j’aime pas les dystopies trop faciles fondées sur « la modernité, c’est mal ».
Les révoltés de la Bounty, nouvelle basée sur une histoire vraie. Intéressant mais manque de souffle épique.
Voyage au centre de la terre : enfin un Verne auquel j’ai bien accroché. Passionnant pendant 200p, avant une fin assez ridicule…
J’ai l’impression que Jules Verne est le genre d’auteur bourré de bonnes idées mais incapable de terminer correctement ses histoires (c’était déjà bien le cas avec l’Ile Mystérieuse), résolues à coup de Deus ex machina qui impliquent souvent une éruption volcanique…
> Quelques petits livres à prendre sur le vélo :
La vie d’un idiot de Ryonosuke Akutagawa, que je n’ai pas trouvé transcendant mais qui permet d’avoir une idée de la personnalité folle de l’auteur.
J’ai tué de Mikhail Boulgakov, surement le moins intéressant que j’ai lu de l’auteur jusqu’à maintenant.
Chronique d’une mort annoncée de Gabriel Garcia Marquez. Intéressant (notamment sur les comportements absurdes induits par l’honneur) mais ça m’a pas décroché la machoire.
La Métamorphose de Franz Kafka : magnifique roman surréaliste qui traite de thèmes comme le déni, la maladie, le maintien de l'humanité, le rejet, le deuil...
Le Petit Prince de Saint-Exupery, avec lequel j’ai eu un peu de mal à cause de sa démarche : « qui n’est pas d’accord avec moi a perdu son âme d’enfant », surtout que l’auteur balance quand même pas mal de banalités. C’est un beau livre pour enfants, mais je trouve que Saint-Exupéry raconte la même histoire de façon beaucoup plus subtile et intéressante dans Terre des hommes.
Article 353 du Code pénal de Tanguy Vieil : Style particulier, oral, qui m’a agacé au départ mais qui finalement se justifie. Bouquin intéressant sur le fond car il montre les ressorts de la violence du quotidien qui peut prendre ses racines dans des problèmes plus vastes (une violence économique notamment). Dommage que la conclusion semble justifier et cautionner la violence elle-même. Dommage aussi (côté juriste tatillon) que le titre n'ait aucun sens puisque le roman repose sur l'article 353 du Code de procédure pénale, et non du Code pénal !
> Quelques classiques :
Le Maître et Marguerite de Mikhail Boulgakov : l’arrivée du Diable à Moscou, le surnaturel qui fait ressortir le naturel de ses habitants et institutions. C’est superbe à lire et bourré de séquences incroyables
Une journée d’Ivan Denissovitch d’Alexandre Soljenitsyne : récit poignant d’une journée banale dans un camp sibérien, qui montre à quel point la déportation change la perception du monde (les petits plaisirs du quotidien deviennent des grands bonheurs)
La Fortune des Rougon d’Emile Zola. C’est Zola qui m’avait dégouté de la lecture au lycée avec la Bête humaine. Là, c’est beaucoup mieux passé.
Crime et Chatiment de Dostoievski : Chef d’œuvre dont la réputation n’est pas usurpée.
Le lièvre de Vatanen d’Arto Paasilina, roman réaliste-absurde finlandais. J’ai adoré les premières pages, le postulat de départ et la façon de raconter l'histoire. Malheureusement ça stagne assez vite, le fond est assez limité et le dernier acte décevant.
> Un peu de SF
Les Robots d’Isaac Asimov, une suite de nouvelles relativement bien liées entre elles qui abordent le développement de la robotique et de l’IA sous différents angles. Les trois lois et les conflits moraux qu’elles peuvent générer sont des thèmes de réflexion très intéressants. Quelques limites malgré tout, lié au format (baisse de rythme/intérêt dans certaines nouvelles).
Un défilé de robots d’Isaac Asimov (ou le tome 2 du cycle des Robots). J’ai moins adhéré, le format « nouvelles » s’essouffle un peu, d’autant qu’on ne retrouve pas de chronologie cohérente comme dans le premier tome.
Le troupeau aveugle de John Brunner. J’avais adoré Tous à Zanzibar du même auteur qui reprend ici la même structure pour proposer une dystopie écolo assez visionnaire (écrite dans les années 60). J’ai trouvé ça un peu trop long et le style était moins adapté à un roman sur un seul thème (là où Tous à Zanzibar était un livre univers) mais ça me conforte dans le fait que je trouve les dystopies de Brunner bien plus subtiles et justes (avec le recul qu’on a) que celles proposées dans des bouquins plus sensationnels comme 1984.
> Un peu de Fantasy, ou plutôt de Game of Thrones de George R. R. Martin :
Tome 1 - Le trône de fer : passionnant au début, puis une histoire qui met du temps à se mettre en place. C’est évidemment nécessaire pour la suite et c’est très bien que l’auteur prenne son temps. J’ai trouvé le style d’écriture (notamment les descriptions) un peu lourdes, et la traduction est clairement catastrophique. Je ne parle même pas du fait que les éditeurs français ont coupé dans les romans originaux pour faire deux ou trois bouquins à partir d’un seul tome de l’édition originale…
Tome 2 – Le donjon rouge : ça repart sur les bases assez lentes du tome 1 mais les événements marquants se multiplient. Fin de bouquin passionnante mais on sent (on sait quand on a vu la série) que l’auteur est loin d’avoir tout donné.
> Un bouquin historique/aventure :
Prisonniers des glaces, écrit par Gerit de Vreer (membre d’équipage) qui relate trois voyages durant lesquels les hollandais cherchaient une route par le Nord pour rallier la Chine. On y retrouve la découverte du Spitzberg (Svalbard) par les hollandais et surtout l’hivernage forcé sur les côtes de la Nouvelle-Zemble lorsque leur vaisseau s’est retrouvé coincé par les glaces en début d’hiver. C’est passionnant mais forcément, très descriptif. Un peu déçu que la découverte du Spitzberg n’occupe que quelques pages, parce que les hollandais n’en avaient absolument rien à foutre (la plupart étaient d’ailleurs persuadés d’avoir trouvé un bout du Groenland).
> Un peu de philo :
Le personnalisme, d’Emmanuel Mounier, qui envisage une troisième voie entre le libéralisme d'un côté et le marxisme ou le fascisme de l'autre ; qui prone la mise en avant de la personne et de son univers au lieu de l'individu égoïste. C’est passionnant même si tout n’est pas à garder (notamment quelques idéaux qui paraissent désuets aujourd’hui).