Murungaru a écrit:J'ai un peu du mal à te suivre sur tes récentes sorties concernant la démocratie.
Pour toi les démocraties sont malades ou elles sont la maladie ?
Les deux...
Elles sont malades, car basées initialement sur la représentativité et les contrepouvoirs.
La représentativité n'a en réalité jamais existé, mais les contrepouvoirs permettaient n'éviter les excès de la démocratie que tu appelles bourgeoise. Syndicats, justice, presse, corps sociaux contrebalançaient dans un corpus idéologique construit les intérêts des gouvernants qui sont par nature corporatistes souvent au profits des élites. La démocratie, contrairement à l'idée reçue, n'est pas l'exercice du vote électif des pouvoirs législatifs et exécutifs, mais la pondération de ceux-ci par les contrepouvoirs pas toujours élus.
Elles sont la maladie, car les transformations sociales (mondialisation, virtualisation de la société) ont mis en pièce le contrat social qui permettait d'associer la démocratie à la communauté dont elle était à la fois le fondement et la bénéficiaire. Ce n'est plus le cas. La démocratie devient alors l’outil de son propre dévoiement. Et les contrepouvoirs sont devenus plus extrêmes que les pouvoirs eux-mêmes.
La démocratie est un concept qui, en résumant, signifie le pouvoir du peuple au profit du peuple.
La démocratie représentative est un système institutionnel créé au 19ème siècle, avec les contingences de l'époque et donc ses imperfections 2 siècles plus tard.
Les démocraties actuelles sont anachroniques et sont devenues des marchepieds aux populismes les plus extrêmes.
Pour faire simple et concret, oui, la démocratie comme système est devenue génératrice de décohésion sociale, d'autoritarisme politique et de partialité dans la pratique du pouvoir.
Donc, si je tiens toujours à la démocratie comme concept, je ne crois plus du tout à la démocratie comme système... au système actuel hérité d'un autre temps.