J'en profite pour continuer mon journal de bord avec les visionnages de la semaine passée
Quelques sorties ciné ou Netflix
Falcon Lake (Charlotte Le Bon – 2022) : Le joli bouche à oreille du premier long de Charlotte le Bon a attisé ma curiosité et c'est une bonne chose car le film est très réussi ! Déjà, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film parler aussi bien des adolescents. On retrouve bien les sensations fortes des premiers émois, l'envie de transgresser les règles, de se raconter des histoires fantastiques... Mais c'est surtout l'histoire d'une belle rencontre filmée avec beaucoup de simplicités dans des décors superbes, où le surnaturel est convoqué de façon totalement naturelle. Un film qui impressionne sans essayer d'en faire trop.
Bon, par contre j'ai trouvé que certaines scènes étaient pas loin d'être limites dans la sexualisation des ados mais que Le Bon réussissait à ne jamais franchir la ligne rouge. Puis j'ai vu ensuite que c'était librement adapté d'une BD de Bastien Vives et découvert la polémique qui entoure le festival d'Angoulême. Disons que c'est presque un miracle que le film ne verse pas dans des délires pédo-incestueux
Pinocchio (Guillermo Del Toro – 2022) : Del Toro réussit là où beaucoup ont échoué (Garrone n'était pas passé loin, Zemeckis s'est vautré), en proposant un film Pinocchio vraiment réussi. Le stop motion donne une identité nouvelle qui permet de concilier à merveille le conte et l'univers de Del Toro. La réécriture est très judicieuse, notamment ce prologue montrant la "création"du fils dans une nuit inondée d'alcool. Le jeune bout de bois cherche ensuite à devenir un vrai garçon mais évolue dans un monde en guerre où tout le monde chercher à l'instrumentaliser comme une marionnette. La fin est très touchante quoi qu'elle tire un peu trop sur les violons. Certains concepts (celui de l'attente après chaque mort notamment) sont super intéressants mais pas assez développés. Bref, ça aurait pu être encore mieux.
Je me demande quand même pourquoi Pinocchio attire autant les cinéastes alors que ce conte ne m'a jamais semblé être à l'origine d'un véritable chef d'oeuvre.
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Les Bonnes étoiles de Kore-eda dont j'ai déjà parlé
Vu au ciné aussi dans le cadre d'une longue rétro 007 au Gaumont (un film toutes les 2 semaines) :
Dr. No (Terence Young – 1962) : Revu au ciné et j'en ressors plus satisfait que lors de mon premier visionnage. Pendant les 2/3 du film, les bases du personnages sont posées avec brio (pas d'origin story à la con comme on aurait aujourd'hui). Dommage que quand le film est censé démarrer réellement (lorsque les personnages se rendent sur l'île du Dr No), la mécanique s'enraye et le film commence à patiner... Séquence poussive et assez piètrement écrite, mais l'essentiel est ailleurs !
Et à la maison, 2 superbes films et une petite déception
Capitaine Conan (Bertrand Tavernier – 1996) : Tavernier a touché à tellement de styles qu'il était difficile de savoir à quoi s'attendre avec ce Capitaine Conan (au delà du fait que si ce n'était pas pour le nom de Tavernier, j'aurais du mal à être attiré par ses titres de films souvent dignes de téléfilms M6) et ça a été une belle claque. Ses films sur la Première Guerre Mondiale sont vraiment des propositions très singulières, traitant de thèmes peu abordés par ailleurs et avec des problématiques absolument passionnantes. Après le deuil de "La vie et rien d'autre", nous avons ici un aperçu du front bulgare et, surtout, de la "fin" de la guerre qui laisse place à un nouveau chaos où se mènent des "opérations".
C'est très bien écrit, es deux personnages principaux montrent à quel point le système militaire broie les hommes, les incite à devenir des bêtes sauvages et les rend totalement inaptes à la vie en société. Le film interroge les notions d'héroïsme et de lâcheté de façon assez subtile. Et en plus, c'est formellement assez brillant (on trouve d'ailleurs Cristian Mungiu au générique parmi les assistants réalisateur) et les acteurs, Torreton en tête, sont excellents
Le Héros (Satyajit Ray – 1966) : Pas le plus connu des films de Ray, le Héros est une oeuvre assez étonnante et parfaitement maîtrisée. Ray y filme le trajet en train d'une star de cinéma, contrainte d'affronter le regard de ses covoyageurs et de se plonger dans les souvenirs de sa vie et de sa carrière. C'est un très beau film de rédemption, un tableau assez amer du monde du cinéma bengali, bien écrit, mais c'est surtout une la forme qui séduit : photo sublime, mise en scène d'une précision millimétrée et interprétéavec brio par l'ensemble des acteurs.
Amore (Roberto Rossellini – 1948) : Globalement, je me suis ennuyé. La seconde partie est un peu plus agréable à regarder parce que le cadre est joli mais mon attention n'a jamais été complètement attirée par ces deux courts métrages.