vino_93 a écrit:Le président autrichien a été réélu au premier tour ? Mais quel est ce pays satisfait par son dirigeant ?
(Et question subsidiaire pour Beo, pourquoi ses opposants sont tous "gris" sur les graphs ? Y a pas de droite/conservateur, de gauche/socialiste, etc etc ? )
Déjà, mettons le résultat:
Comme le dit justement Alexsar, le président autrichien n'a pas grand chose à voir avec notre président à nous niveau importance (
). Il est là surtout comme autorité morale et comme arbitre éventuel si besoin (ce qui arrive quand même assez souvent vu la capacité des gouvernements autrichiens à créer des crises parlementaires
).
A ce titre, sa fonction est vue comme apartisane une fois en fonction. Ceci explique que par coutume les partis politiques soutiennent le président sortant (celui-ci ayant prouvé être l'homme de la nation et de la fonction et non plus l'homme d'un parti).
Plus largement la présidentielle en Autriche est largement l'élection d'un individu plus que l'élection du représentant d'un parti. Von der Bellen a beau être membre des Verts, la dernière fois il avait élu parce que lui comme candidat avait convaincu pas parce qu'il était étiqueté vert.
Donc là, sur cette élection, Von der Bellen avait bien sûr le soutien direct des Verts, ainsi que celui des libéraux et des sociaux-démocrates et dans une moindre mesure celui de la droite.
Il a fait le taf', aucun des partis respectables n'avait donc de raison de chercher à le dégager.
Les opposants étaient donc à aller chercher ailleurs, à commencer par l'extrême-droite qui avait plusieurs candidats sur cette élection. Le moins qu'on puisse dire est qu'ils n'apprécient pas franchement Von der Bellen et que cette élection était l'opportunité toute trouvée de s'opposer au "système" (rejet du gouvernement actuel, rejet des politiques vaccinales passées, rejet des sanctions contre la Russie,...).
A l'inverse complet du spectre politique, on avait le candidat du parti de la bière qui a tenu - pour une fois - une campagne sérieuse, qui visait plutôt à porter un message de gauche jeune.
Le score de Van der Bellen n'a rien de grandiose mais il est convaincant et ça (lui) suffit. L'objectif était d'être réélu au premier tour, c'est fait. Le reste est assez anecdotique en ce qui le concerne.
Dans l'absolu, je dirais que le résultat est plutôt bon. L'extrême-droite est dans ses proportions habituelles mais elle n'a pas réussi de percée.
Rappelons quand même qu'au second tour en 2016, Von der Bellen n'avait battu le candidat d'extrême-droite que 54% à 46%. Là les 54% il les fait dès le premier tour. Et surtout il avait cette fois-ci un candidat à sa gauche avec Wlazny. Donc honnêtement ce n'est pas si mal (bon on ne va pas se mentir, ça reste un niveau terriblement élevé pour l'extrême-droite - et dans le genre bien conne à souhait -, mais on parle de l'Autriche ici, donc il faut savoir se contenter de peu
)
Bonus:
Un des faits intéressants de cette élection: il n'y a pas de différence au niveau du vote des hommes et des femmes sur cette élection.
(mon méga post sur les élections passées arrive - je sais, ça tarde
- mais ça tranche sacrément avec ce qu'on peut noter en Suède)
Par contre, les différences dans le comportement électoral suivant l'âge sont marquantes et largement comme attendues avec comme attendu le "vieux" von der Bellen qui fait ses meilleurs scores chez les "vieux" tandis que le souffle de la jeunesse porté par Wlazny a plu chez les jeunes.
Au niveau du niveau d'études, du classique.
Le chiffre le plus marquant est celui du vote des ouvriers avec une extrême-droite majoritaire dans cette catégorie professionnelle
Deux choses notables:
- la droite classique s'est bien rabattu sur von der Bellen et a délaissé l'extrême-droite - ce qui n'était pas nécessairement évident d'avance, donc on prend.
- un gros quart des électeurs libéraux se sont portés sur Wlazny. Ce n'est pas anodin du tout et je pense que ça fera réfléchir l'état-major des Neos. Il y a une volonté de renouvellement, de modernité et aussi d'un message plus tourné vers la gauche au sein d'une fraction non négligeable de l'électorat libéral (et si on recoupe ça avec ce qu'on a vu plus haut, ça veut dire que l'électorat jeune des Neos notamment s'est tourné vers Wlazny). S'ils ne sont pas trop cons, cela devrait conforter les libéraux dans leur volonté d'essayer d'aboutir à une coalition avec les sociaux-démocrates et les Verts à l'issue des prochaines élections.
Ce n'est pas juste relatif à von der Bellen, c'est plus général mais voilà de quoi nuancer sacrément le caractère supposément "satisfait" des Autrichiens
Pour finir: sur le sujet des sanctions relatives à la Russie. On voit bien que les avis sont divisés (17% pour durcir les sanctions, 30% pour continuer comme actuellement, 12% pour les alléger, 24% pour les arrêter intégralement et 17% qui ne sait pas ou ne répond pas). Le problème ici est cette forte minorité radicale, ces 24% qui veulent l'arrêt de toute sanction. Le tropisme pro-russe a toujours été très fort en Autriche, ce chiffre en est hélas la conclusion inévitable.