Krowar a écrit:Ok merci !
Incroyable quand même qu'on laisse faire un coup d'état quand un gouvernement en place nous soutient ...
Comme ça a été dit, l'armée française s'est retrouvée virée du Mali suite à un coup d'Etat d'une junte militaire. Désolé du pavé qui va suivre.
Maintenant, je pense qu'il est illusoire de se dire que la France aurait pu/dû empêcher ce dernier pour rester dans le pays. Ce n'est pas une histoire de s'immiscer dans les affaires intérieures d'un pays. Les maux sont plus profonds au Sahel. Coup d'État militaire ou pas, l'armée française serait à un moment ou un autre partie de toute façon pour divers facteurs.
Déjà, stratégiquement, cette opération lancée il y a 9 ans ne faisait plus vraiment sens. Ses objectifs de contrer la menace djihadiste patinaient. Comme en Afghanistan, si on avait voulu vraiment atteindre nos objectifs, il aurait fallu investir beaucoup plus que ce qu'on était prêt à le faire, tant financièrement qu'en terme d'effectifs. Aussi, la volonté de construire un État malien fort avec une propre armée capable de combattre les groupes djihadistes s'est avérée être un échec.
D'autre part, militairement, les combats étaient devenus trop irréguliers. Il était impossible de vaincre ces groupes diffus dans le pays et qui ne frappaient que de manière sporadique et imprévisibles. Dès lors, conserver une armée régulière sur un territoire comme le Mail n'avait plus beaucoup de sens. On allait pas partir non plus comme ça car ça permettait de développer des liens avec le pays et d'y conserver une influence certaine, mais dès que la "demande" de notre départ nous a été notifiée, rester ne comportait plus d'intérêt. Les manières de faire la guerre ont changées lors de la dernière décennie, encore plus quant il s'agit des conflits de plus en plus irréguliers. Aujourd'hui, on peut très bien tenir de mêmes objectifs en limitant le déploiement de moyens humains à des effectifs moins importants qu'avant qui coûtent chers pour se concentrer sur des frappes de drones ou autres frappes aériennes ainsi que sur des attaques ciblées et précises qui sont très efficaces.
De plus, la Chine et la Russie (et notamment le Russie) développent de plus en plus leur influence dans la région... mais de manière indirecte. Ce n'est pas un motif pour leur laisser la porte ouverte certes. Mais quand leur stratégie consiste à nous mettre des bâtons dans nos roues en reprenant les codes des acteurs des groupes irréguliers (ce que fait le groupe Wagner par exemple), la lutte n'est pas égale.
Enfin, et le point le plus important pour moi, c'est que le sentiment anti-français (et plus généralement anti-Occident) monte de plus en plus dans le Sahel et le Maghreb là encore pour diverses raisons. Que ce soit au niveau des États comme la junte militaire malienne mais aussi au niveau des populations. Et les groupes russes ou chinois comme Wagner se sont incrustés dans cette brèche pour se poser en alternative aux Français, ce qui leur a permis de gagner en influence. Coup d'État empêché ou pas, n'importe quel gouvernement malien aurait fini par nous demander de partir et d'en finir avec nos bases militaires dans le pays.
Bref, le coup d'État à précipité notre départ peut-être. Mais celui-ci aurait été irrémédiable quoiqu'il serait arrivé.
Néanmoins, on a pas fini de jouer un rôle dans cette région du monde.
D'une part, il ne fait aucun doute désormais que les djihadistes (que ce soit Boko Haram, AQMI ou GSIM) vont prendre très rapidement le contrôle d'une grande partie du Mali sans difficulté. L'Etat malien n'existe pas en tant que tel. Ou en tout cas, c'est un État faillit. Il ne possède guerre d'autorité en dehors de Bamako et n'a pas les moyens de se battre en dehors de Bamako (en encore...). Et ce n'est pas Wagner qui va beaucoup les aider dans cette optique. Alors que fera le gouvernement malien (que ce soit le même qu'actuellement ou pas) quand un groupe djihadiste menacera de prendre complètement le contrôle du pays ? Fera-t-il appel à une armée régulière comme la France ? C'est possible.
De plus, l'opération Barkhane n'est pas finie. Les moyens sont moins importants certes (mais c'est en raccord avec le temps), mais on a toujours des hommes, du matériel et une influence certaine pour continuer à se battre contre les groupes djihadistes, notamment au Tchad ou au Niger mais aussi dans d'autres pays du Sahel et du Maghreb. Mais là-bas aussi notre présence ne sera sans doute pas éternelle à cause des Russes et des Chinois mais aussi à cause du sentiment anti-français qui monte en flèche et qui n'est pas réservé qu'au Mali.
L'avenir est incertain. En tout cas, rien n'est moins sûr concernant l'évolution de notre influence au Sahel/Maghreb.