Murungaru a écrit:D'ailleurs c'est marrant car je trouve que récemment on est pris entre deux extrêmes : les purs films de studio qui étouffe son réalisateur, typiquement les films Marvel/DC (ou SW). Et de l'autre on a les films produits par Netflix qui semble souvent ne pas du tout interféré avec le réal et on a souvent des films moyens de pourtant très bon réalisateurs, et beaucoup de films sympa mais trop long, comme s'il avait manqué un vrai producteur, pas un producteur qui ne pense que $$$, mais avec une vision artistique et qui sait cadrer un minimum le réal, le canaliser. Tous ces films Netflix qui dépassent les 2h alors qu'ils auraient gagné à faire 20/30' de moins, ça sent le réal qui s'est fait plaisir et à profiter de sa liberté, mais pas forcément pour le mieux.
Ça fait longtemps que je me suis fait cette réflexion. Certes, les très gros studios éteignent toute forme de créativité. Je suis d'ailleurs étonné que les "auteurs" acceptent encore de bosser dans le MCU (le Black Panther de Coogler était très bof et je suis très curieux de voir ce que les Eternals de Chloé Zhao vont donner).
Mais à l'inverse, la liberté totale laissée par Netflix sont le meilleur plaidoyer en faveur de la présence de vrais producteurs pour chapeauter un projet. La plupart des grands réalisateurs qui ont eu les mains libres pour faire un film sur Netflix ont rendu des trucs au mieux corrects, souvent très bof, toujours beaucoup trop longs. Un bon travail d'équipe est parfois une meilleure chose qu'un film entièrement sorti, sans filtre, de la tête d'une seule personne... (tout le monde n'est pas Orson Welles)
Pour mes visionnages de la semaine passée :
Onoda (Arthur Harari – 2021) : Du très grand cinéma comme on en voit plus, qui rappelle le cinéma gigantesque des années 50-60-70. L'oeuvre d'Arthur Harari est hors du temps et hors de toute culture (film français mais on ne peut pas le deviner), elle raconte l'anecdote incroyable d'un soldat japonais refusant de croire à la capitulation en 1945 et restant 30 ans en guerre secrète sur une île philippine pendant 30 ans, au grand dam de ses habitants.
C'est un voyage singulier, magnifié par la caméra d'Harari ; 2h45 qui passent en un éclair.
Le Sauvage (Jean-Paul Rappeneau – 1975) : J'ai beaucoup aimé pendant un moment, parce que c'est simple, beau et dépaysant. Et puis arrivent les sous-intrigues avec la parfumerie et la paparazzi, et j'ai un peu lâché l'affaire...
Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou (Nick Park & Steve Box – 2005) : Tout le charme d'un film en pâte à modeler parfaitement rythmé, drôle, référencé. Je découvre tardivement le travail de ce duo grâce à la diffusion du film à la cinémathèque, ça donne envie d’en voir plus.
Le Lauréat (Mike Nichols – 1967) : Un film que je voulais voir depuis longtemps (raté il y a 3 ans sur la Cinetek). Superbe comédie dramatique qui brasse un très grand nombre de thèmes inhérents à la société américaine, brillamment interprétée et parfaitement réalisée. On ne s'ennuie pas une seule seconde, chaque plan est chargé de sens, la bo est parfaite.
Sputnik, espèce inconnue (Egor Abramemko – 2020) : Sputnik, c'est un peu la suite directe (façon de parler, aucun lien officiel entre les films bien sûr) de Life, sauf que contrairement à Life qui était très nul, c'est pas mal du tout. Film de SF russe efficace dans son style.
Black Widow (Cate Shortland – 2021) : Un épisode sans intérêt de la série MCU. Car c'est de cela dont il s'agit désormais : une sorte de série TV géante où chaque épisode raconte une nouvelle histoire sur le même modèle que les précédents. Le fait que celui-ci se situe entre deux films déjà sortis ôte tout enjeu scénaristique puisqu'on sait très bien quelle sera la situation à la fin.
A part ça, le scénar n'a aucun intérêt, l'humour est très bof (comme toujours), les scènes d'action toujours atrocement filmées (allez, sauf peut-être la baston dans l'appart à Budapest). Un produit générique de plus dans le MCU, pour occuper les écrans.
La Loi de Téhéran (Saeed Roustayi – 2021) : Approche frontale du problème de la drogue en Iran à travers la chasse d'un grand baron. Au delà du scénario racontant l'histoire des personnages principaux, intéressant car il évite autant que possible le manichéisme, le film est surtout passionnant dans sa façon de filmer les foules et de montrer l'aspect macro, généralisé de la consommation et la répression du crack en Iran.
Réalisation simple, sans fioritures mais ultra efficaces. Bons acteurs (à part les figurants qui chialent n'importe comment à la fin et qui rendent certaines scènes à fort potentiel un peu indigestes)
Old (M. Night Shyamalan – 2021) : Encore un film turbodébile de l'ami Shyamalan qui, après un léger sursaut avec Split et Glass (loin d'être exceptionnels, n'exagérons pas), reviens à son niveau d'After Earth = le niveau 0 du cinéma. C'est con, mal écrit, mal interprété, affreusement mal réalisé (caméra qui bouge dans tous les sens, plans qui se veulent recherchés mais qui n'ont aucun sens).
En plus de ça, Shyamalan tombe dans la caricature en se sentant obligé de foutre un twist (bah oui, il est devenu LE maître du twist par erreur, car ces derniers n'ont jamais été la qualité essentielle de ses bons films) qui n'a aucun intérêt. Et ne parlons même pas du niveau du caméo ("regardez, c'est moi qui tire les ficelles et qui met les acteurs dans cette situation").
Un cinéaste qui, comme ses personnages, se décompose à vue d’œil.
Parfum de femme (Dino Risi – 1974) : Le talent de Dino Risi à l'écriture (qui adapte un roman) et à la réalisation ; celui de Vittorio Gassman dans le rôle principal, accompagné par Agostina Belli et Alessandro Momo (hélas décédé dans la foulée), permettent d'inscrire ce film dans la lignée des meilleures comédies italiennes corrosives des années 1970.
Un plaisir de pouvoir découvrir ce genre de film à la cinémathèque !