CR Provençale Sainte-Victoire
Sorry Freeze, je ne suis pas passé à ton stand comme je ne suis arrivé que samedi en fin d'aprem, mais j'ai bien participé à la Provençale aussi. Ma première cyclo
Grand parcours : 134 kms, environ 1800 mètres de dénivelé, et 4 cols :
_ Côte de St-Antonin : 4,7 kms à 4,4% (km 9)
_ Côte des 17 tournants : 4,6 kms à 3,8% (km 30)
_ Le Jas de Louise : 3,9 kms à 4,1% (km 51)
_ Col du Sambuc : 6,4 kms à 4,5% (km 107)
Et surtout, une préparation optimale
Je roule de moins en moins avec les beaux jours (une seule sortie autre que du vélotaff ce mois-ci
), malade toute la semaine dernière, et bizarrement une contracture dans chaque mollet depuis jeudi matin (je me suis réveillé avec sans raison particulière, depuis je sens un petit truc et ça me causera des débuts de crampe ; on en reparlera).
134 kms représentent la 2e sortie la plus longue de ma vie, après un 150 bornes fait avec les gruppettistes en IdF il y a deux ans. Au vu du parcours et du vent, la tactique est simple : m'économiser, rester dans les roues et en faire le moins possible sur la première moitié avec un fort vent de face, avant d'éventuellement me découvrir sur le retour et donner tout ce que j'ai dans le dernier col. Dans ma tête, la ligne d'arrivée est au km 113
Bref, je n'arrive pas trop en avance et suis dans le dernier tiers du sas. Le speaker annonce 5 premiers kms neutralisés à 20 km/h car il y a un goulot d'étranglement pour sortir du stade de départ. Je pense donc revenir tranquillement vers 25 km/h et choper un groupe où me planquer
, mais je me rends vite compte que ça ne le fait pas du tout
Les participants sont très très étirés et je me fais doubler de toute part. J'accélère donc le rythme, malheureusement sans repère pour me gérer car ma ceinture cardiaque déconne. De ce que je vois des photos, les premiers étaient bien compacts, mais à mon niveau c'est très décousu jusqu'au premier col. Aucun groupe ne se forme et je crains de me retrouver seul dans la pampa pour le plat à venir
Heureusement, la tendance s'inverse et je reprends du monde lorsque la route se cabre (
photo en bas du post). J'ai l'impression d'être à l'aise et je mets un moment à réaliser que mon cardio affiche désormais de vraies valeurs : je suis déjà à entre 5 et 10 bpm de ma FCmax (179). J'essaye de me convaincre que ce n'est que l'excitation du départ
Première cyclo veut aussi dire première descente en peloton. Ben je n'y suis pas à l'aise, entre les mecs trop prudents devant moi et ceux qui déboulent à fond la caisse de derrière. Presque en bas, je me retourne et ne vois plus personne derrière, alors qu'une quinzaine de cyclistes sont juste devant. Je fais l'effort pour recoller avant le plat, et je fais bien quand je vois le vent qui souffle de 3/4 face. Cela provoque quelques écarts parfois, et on voit d'ailleurs deux cyclistes dans un fossé qui se tordent de douleur. Les secours sont déjà avec eux, mais ça me refroidit un peu. Malgré tout, on roule au gré des faux plats entre 30 et 45 km/h, des vitesses que j'avais oublié depuis mes tours de Polygone à Vincennes il y a deux ans
Dédicace à jeanbonnot au passage
Je suis content de retrouver la sensation d'aspiration d'un peloton, mais je squatte la dernière position du groupe et subis toutes les relances en lâchant parfois quelques mètres sur l'avant-dernière roue
Comme aucun relais ne tourne, je n'ose pas remonter pour m'insérer "de force" en milieu de groupe. Mais ce faisant, le cardio ne se calme que très rarement. Je suis quasi-constamment au-delà de 160 pulses et je crains une explosion en règle si le rythme reste aussi soutenu. Mais vu ma position dans le sas de départ, j'ai le sentiment d'être dans les 10 derniers pourcents des coureurs et crains encore plus de ne trouver aucun groupe derrière si je lâche celui-là, donc...
À l'approche du 30e km, il se dresse soudain un mur d'environ 350m à 10%. Dans celui-là, on aperçoit un groupe conséquent d'une quarantaine de coureurs qui tape dedans. On les imite une minute plus tard. La plupart des gars de mon groupe me paraissent à l'arrache pendant que je remonte facilement assis sur la selle
Le moral remonte alors en flèche et je prends même un relais au sommet, pas du tout appuyé pour ne pas imposer une grosse relance aux derniers du groupe, mais suffisamment long pour que ne me considère pas comme un raton
et qu'on m'autorise à rester en 2e rideau ensuite
Je reste maintenant dans les premières positions du groupe. C'est effectivement plus facile, et je me surprends à imaginer la suite. Ce vieux-là sera derrière moi à l'arrivée, c'est sûr. Ceux-là, je pourrais les lâcher dans le col final... Naïf que je suis
Je suis dans ma zone de confort, et presque déçu d'arriver si vite au pied du 2e col. Je ne veux cependant pas lâcher les deux premiers du groupe qui semblent vouloir revenir sur ceux de devant. Je tente même un relais à un moment mais le gars ne me laisse pas passer et j'ai même l'impression qu'il accélère. Tant pis
Au bout d'un km, je me retourne et me rend compte que nous ne sommes en fait que deux à suivre
Mais je trouve le rythme un peu élevé donc je ralentis un peu, surtout que nous commençons à reprendre les plus faibles du groupe précédent. Je suis donc confiant pour retomber sur un groupe au sommet. Cependant, la montée se poursuit et je suis moins efficace sans mes deux anciens acolytes. Le 4e larron se contente de me suivre sans me prendre un relai. Le panneau
"Sommet à 1 km" apparait alors que le gros du groupe de devant est encore à plus de 50m. J'hésite un instant à attendre ceux de derrière, mais je me dis aussi que chopper un groupe devant me permettra de me laisser décrocher si j'ai un coup de moins bien par la suite, et retomber sur le groupe de derrière. J'accélère donc pour faire la jonction sur ce dernier km, mais bute un peu au moment de boucher les dix derniers mètres. Je demande un relais au mec qui squatte ma roue depuis le début du col, mais celui-ci décide plutôt de m'attaquer et rentrer seul. Sale rat
Je parviens tout de même à rentrer sur la relance au sommet et essaye de récupérer sur les faux-plats et dans la descente. Leçon retenue, je fais un petit effort dans un talus avant la descente pour me placer dans le premier tiers du groupe et ne pas subir les relances
Mais j'ai aussi senti des petites pointes dans les mollets lorsque j'ai forcé. Si je commence à avoir des crampes maintenant, ça ne va pas le faire
Heureusement, l'allure se calme sur cette deuxième portion de transition. Je reste au chaud et essaye de bien récupérer, m'alimenter et m'étirer. Je remarque quand même que je ne sais apparemment pas trop rouler en peloton. Je laisse plus d'espace que les autres avec la roue devant moi, espace dont certains profitent régulièrement pour prendre ma place, une fois sur deux en m'envoyant dans le vent. Je me fais parfois avoir par une relance plus appuyée que j'ai essayé, à tort et à perte, d'amortir. À l'inverse, je remonte parfois quelques places par la gauche sans effort en ne comprenant pas pourquoi les mecs devant moi freinent
À l'occasion d'un virage en épingle, la route se cabre soudainement sur 200m avant de devenir un faux plat. Cette fois, je commence à subir et à reculer dans le groupe, tandis que les deux gars avec qui j'avais fait le saut dans la bosse précédente impriment toujours le rythme. Je ne veux pas me mettre dans le rouge en vue du col qui arrive, mais le moral en prend un coup car je m'imaginais dans le haut du panier dans les montées. Nous n'avons parcouru qu'une cinquantaine de kms, mais je suis désormais persuadé que je vais exploser à un moment. La question est de savoir quand. Alors que je commence à trouver ce faux-plat vachement long, je vois soudain un panneau "Sommet à 1 km"
"Les autres avaient dû voir le panneau, c'est pour ça qu'ils n'avaient pas peur de prendre un bon rythme"
J'augmente donc un peu le mien et arrive dans les derniers du groupe au sommet, certains autres ayant complètement sauté (cette idée me remonte aussi le moral)
Cependant je vois qu'une cassure s'est formée au milieu, et grandit car personne ne semble vouloir la boucher. Personnellement, je préfère être dans un gros groupe pour m'économiser un max avant le prochain col, 50 kms plus loin. Je prends donc la tête et fait l'effort pour rattraper les roues, les autres étant bien heureux de me suivre. Mais une minute après avoir recollé, on reprend une côte d'environ 1 km à 6%... Et je paye cash l'effort que je viens de faire. Je recule inexorablement, jusqu'à être le dernier du groupe. En me retournant, je n'aperçois personne derrière
Je sais que ce sont les derniers hectomètres d'effort avant un moment donc je m'arrache pour basculer avec eux. Chose finalement faite
Je récupère et vois dans le groupe les deux gars qui avaient imprimé le tempo en tête dans la côte. Les voir me remet du baume au cœur d'avoir tenus les "cadors" (bon, je rappelle que tout ça se passe dans le dernier tiers de la course ^^).
J'ai faim. Je sais que c'est un signe de "déjà trop tard" mais je m'alimente bien pour essayer de récupérer. Une descente, du plat, puis un petit faux plat, puis un autre, et encore un autre... Euh, j'ai mal lu le profil ou quoi ? Pour moi c'était du faux plat descendant jusqu'au 100e km, pas l'inverse ! Je lâche un peu dans la tête, attend avec impatience le ravito du km 75, et sens dans le même temps des "alertes crampe" plus fréquentes dans mes mollets. Sur une énième relance, je relève la tête et vois que ça continue de monter doucement à perte de vue. Effectivement, j'avais mal regardé le profil
Je me relève alors complètement, officiellement pour préserver mes mollets, officieusement car je ne veux plus me faire mal
Je sais tout ce qu'il reste à faire et attends le retour mon groupe de la première heure pour ne pas être seul. Celui-ci revient finalement alors que je suis toujours dans un faux plat montant. Je fais semblant de m'accrocher dix secondes, mais la flemme, je reprends vite mon rythme. Je me dis que le ravito est tout près et que je récupèrerai le groupe là-bas. Naïf que je suis, again
Il n'y a que trois pèlerins quand j'y arrive, et je comprends vite en voyant des cyclos passer que la plupart ne s'arrêtent pas
Tant pis, je profite au max de mon côté
en espérant me refaire la cerise, et je repars une trentaine de secondes avant d'autres gars qui se préparaient aussi à repartir. Je me dis que je pourrais ainsi remettre tranquillement la machine en route avant qu'ils me rattrapent
et qu'on se relaie tranquillement pour terminer comme on peut, loin de la course
Ben quand les trois mecs me rattrapent, le premier me passe un relais à près de 50 km/h sur un faux-plat descendant
On est toujours à plus de 40 sur le plat, je tiens peut-être deux kms avant d'être raisonnable et de lâcher les roues
Après tout, je roule déjà à plus de 30 sans effort sur cette portion : c'est inutile de me faire la peau pour gagner 10 km/h et exploser complètement dans le col
Quand les deux petits groupes suivants me rattrapent (ce seront les derniers), je ne change cette fois même pas de rythme. Sur un détour où je choppe le vent de face, je suis carrément à 15 km/h sur du 1-2%
Le ravitaillement du km 100 est salvateur. J'en profite encore bien en vue des 15 kms de montée à venir, et prends même le temps de me lancer les nouvelles vidéos trashtalk pour me tenir compagnie (#placementdeproduit). C'est la première fois de ma vie que j'écoute quelque chose en pédalant, mais je pressens que j'en aurai besoin. Et effectivement, cette dernière portion est un calvaire. Un truc du ravito ne passe pas (le mélange verre d'oasis + pringles ?), je gère mes douleurs aux mollets, et je suis de nouveau dans un état maladif : mal à la tête, bouffées de chaleur, nauséeux
Je grimpe comme je peux, tout à gauche et à 10 km/h sur du 6%
Deux gars me doublent dans le faux plat qui mène au col, puis plus rien jusqu'au sommet. Je roule tout seul avec ma souffrance... en me disant que c'est trop cool et que j'ai déjà hâte de la refaire. Faut être maso pour être cycliste
Petit message à ma copine au sommet, je savoure d'avoir fait le plus dur, et je bascule pour les 20 derniers kms presque intégralement en faux-plat descendant. La descente proprement dite du col pourrait être très sympa avec un bitume et un cycliste en bon état, mais là je suis sur les freins pour ne pas me prendre une boîte. Faut dire que je ne sais pas s'il peut y avoir des mecs encore plus mal que moi derrière, et je n'ai pas envie qu'on mette des heures à me retrouver si ça se passe mal
Je descends quand même plus vite qu'un mec qui m'a doublé lors de ma pause au sommet car je le vois 150m devant quand je rechoppe la grande route. J'ai vaguement l'idée de le rattraper pour qu'on se relaie jusqu'à la ligne, mais je suis en fait très content de finir mon périple tout seul, sans forcer, juste à profiter du paysage. Avoir ce sentiment d'accomplissement est aussi et surtout ce que je recherchais avec cette cyclo : c'est parfaitement réussi ! Même les derniers raidards dans Aix et l'averse surprise des 5 derniers kms ne douchent pas le sourire sur mon visage. J'ai vraiment un sentiment de plénitude à ce moment
Je trouve aussi rigolo de finir dernier d'une course, je me dis que je représente dignement le Gruppetto. J'apprécie le dernier tour de stade à couvrir, quand j'entends deux mecs me rattraper. Ils sortent d'où, eux ?
Ça fait 20 bornes que je ne vois absolument personne en me retournant
L'esprit de compétition reprend le dessus, sans hésiter je les laisse passer pour m'assurer la lanterne rouge
Je savoure mon succès dans le dernier virage, mais je vois alors deux autres personnes arriver dans le stade, et ma lanterne rouge s'éloigne avec une pointe de déception (true story). J'arrive cependant à savourer la dernière ligne droite et la ligne franchie en 5h10. 371e / 390 mais l'important est ailleurs. Une très belle expérience à refaire !
https://www.strava.com/activities/2308141773Sur le Flyby, on peut me voir avec
Barthélémy et
Christophe, les deux mecs avec qui j'ai fait le jump dans le 2e col, et
Suzon, qui est restée sagement dans mon groupe initial. Et ainsi bien se rendre compte de mon explosion sur le retour
https://labs.strava.com/flyby/viewer/#2308141773?c=spezx5fz&z=B&t=1Sl0ce&a=zXKTiZKPg4lrdISJIliQiQAutre statistique pour se rendre compte : en me comparant à Freeze, à chaque fois sur 14-15 minutes d'effort pour lui, je lui mets 30" sur le premier col, (+ une quarantaine de secondes sur les 10 kms de transition,) 1'30" dans le 2e col... mais je me mange 4'20" sur le dernier, et plus de 10 minutes sur le col complet
Je me suis trop enflammé au début, mon inexpérience ayant joué dans la peur de me retrouver tout seul. Après coup, j'aurai dû rester plus sage et ne vraiment prendre aucun relais, notamment dans le 2e col, tout en arrivant beaucoup plus tôt au départ pour être mieux positionné dans le sas. Mais d'un autre côté, je me suis aussi beaucoup amusé dans cette première partie à "jouer" avec les groupes