7 jours en Maurienne
Chapitre 1: Une montée pluvieuse
Je vous renvoie au CR déja écrit sur cette sortie:
viewtopic.php?f=16&t=143&start=682Chapitre 2: Où Panzer me lâcha bien avant le plan
https://www.strava.com/activities/359546885/overviewDepuis longtemps le Galibier m’attirais. C'est d'ailleurs quand j'ai compris que j'avais atteint un niveau suffisant pour achever son ascencion que je m'étais décidé à venir faire du vélo en Maurienne. Il faut dire que je gardais un mauvais souvenir de ma tentative de 2006, tentative échoué à 4 km du sommet en venant de Bourg d'Oisan (oui, je m'étais farcit presque 40 bornes de montée en vain
).
Mais au petit matin, je suis confiant. La veille les jambes ont bien répondu malgré les 7h de routes et en me lançant aussi tôt à l'assaut du géant je n'ai pas encore accumulé de fatigue préjudiciable (ce qui m'avait perdu en 2006 puisque la veille je m'était dépouillé pour finir la croix de fer). La veille, j'ai même lancé un objectif de temps de 1h30 sur le Galibier
. Je suis tellement décontracté que j'en oubli ma ceinture de cardio
(et j'oublie aussi de mettre de la crème solaire sur les cuisses, ce qui me vaudra un léger coup de soleil à la limite du cuissard en fin de journée
) Peu importe, ce n'est qu'un outil, l'important c'est le bonhomme
Accompagné de Panzer, je remonte la vallée tranquillement jusqu’à Saint Michel de Maurienne. La route est passante forcement, mais quand on est habitué à la région parisienne, c'est très supportable
. Arrivés au croisement, nous nous engageons sur la route du télégraphe et immédiatement, de fortes rampes nous mettent dans le vif du sujet. L'idée, avec Panzer, était de faire le télégraphe ensemble sur un petit rythme. Pour lui ce sera le cas, mais pour moi, ce rythme est déjà notable. Je suis fautif, car c'est moi qui l'imprime, cherchant à garder une vitesse de jambes correct, je touche les limites de mon 30*25 quand je veut faire une ascension vraiment en dedans. Sur le coup ceci dit, la vitesse ne me parait pas si exagéré, et la monté se passe tranquillement, à la réserve d'un grand nombre de motos qui empruntent la route. J'avais été prévenu, le Galibier est un lieu assez couru de ceux-ci, mais le fait que ce soit dimanche accentue le phénomène.
Petite pause au sommet pour s'alimenter, prendre des photos et refaire le plein d'eau et me voila repartit. Panzer fait un départ retardé, mais ça ne suffira pas à ce que j'achève le col avec lui, loin de là
Dès la sortie de Valloire, j'en prends plein les yeux (et plein les jambes aussi). Le col du Télégraphe est visuellement très quelconque, ce n'est pas le cas du Galibier. La montagne se déploie devant moi et je suis galvanisé par cette vision. La première rampe s'achevant, j’accélère sur les faux plat avec toujours en tête mon objectif d'1h30, Panzer ne m'a pas encore rattrapé, je me sens encore bien (forcement ça ne monte presque pas
) mais je ne sais pas encore que tout ceci n'est qu'un prélude à mon explosion imminente
. Dans la ligne droite menant aux lacets de Bonnenuit, Panzer revient sur moi dans les derniers faux plats, il me double à plus de 25km/h, je relance pour tenter de m'accrocher mais renonce rapidement. La route se cabre à nouveau et je comprends qu'en fait, ça ne va pas fort. Sur ces rampes à 7-8%, mon rythme reste correct mais en deçà de ce que j'espérais et je fais mon deuil de mon objectif, je vais devoir me battre pour arriver en haut.
Heureusement, le paysage me réconforte un peu. Il faut bien ça quand, arrivant au plan Lachat, après un kilomètre de replat bienvenu, on contemple les rampes qui nous attendent:
Jusque-là j'avais réussi à garder un rythme honnête, mais là je plonge progressivement. Je perds 10W, 20W30W ... Je passerais de presque 200W sur le pied du Galibier (et sur tout le télégraphe) à 150W sur le sommet. J'ai du mal à emmener mon braquet pourtant court. La danseuse m'est pénible mais rester assis est presque pire
. Pour ne pas perdre pied, je me fixe des objectifs réguliers, le premier lacet, le suivant, atteindre les granges du Galibier. Connaitre la montée sur le papier m'aide moralement. Mon expérience passé aussi. J’en avais tellement chié à l'époque, que ce "petit" passage difficile est bien peu de chose en comparaison. Et puis j'ai beau être dans le dur, la plupart des cyclos sont encore plus mal que moi. Certain me doublent évidement, mais j'en dépasse ou distance 2 fois plus
. Mention spéciale à cette suissesse, déposé par son mari en voiture au niveau du plan Lachat
Déposée 200m devant moi, rattrapée 1km plus loin, elle semblait déjà au bout
Et enfin, le sommet apparait!
Je sais que ce dernier kilomètre est atroce, peu importe, j'y suis presque. Enfin. Je suis toujours planté, mais je ne sens plus vraiment la douleur, elle a été remplacé par la satisfaction
Je boucle finalement ma montée en 1h44'31", bien loin de mon objectif donc, mais au moins je suis allé au bout, sans faire de pause, et sans zigzaguer, même au plus fort de la pente
Le début de la descente se passe tranquillement, nous faisons quelques arrêts photos et je me rends compte que je descends bien plus vite que Panzer. Du coup, j'en profite pour faire un arrêt photo supplémentaire alors qu'il est devant moi, me disant que je le rattraperais sans mal. Mais je perds un peu de temps pour repartir à cause de la circulation et je me rends compte que en fait, il ne restait presque plus de descente pour revenir. Je bourrine donc mais pas de Panzer en vue. J’embraye donc illico sur la remonté du télégraphe me disant qu'il doit y être. Le vent souffle de face mais j'ai tout de même récupéré un peu et je suis mieux que sur la fin du Galibier. Mais arrivé au col, toujours pas de Panzer à l’horizon
. En fait il m'avait vu m’arrêter et avait commencé à remonter vers moi, mais en descendant je ne l'ai pas vu, ne regardant pas du bon côté de la route
Nous repartons dans une descente cette fois plus calme, juste gêné un peu par une circulation alterné imposé par la police. Quelqu’un est visiblement partit dans le décor, mais on ne voit plus de véhicule sur place, impossible d'en savoir plus.
En arrivant dans la vallée, mauvaise surprise, ça souffle fort, et ça souffle de face
J’espérais me laisser emmener par la pente mais il va falloir appuyer encore un peu. Heureusement que nous étions 2 sur cette partie
Assez bizarrement, ce n'est pas mes jambes qui me font le plus mal en arrivant, mais les lombaires et les épaules qui ont beaucoup plus travaillées qu'a l’accoutumé. Et même si j'étais mal dans le Galibier, je ne suis finalement pas si épuisé que ça, il m'est arrivé d'être bien plus fatigué après seulement 80km plat en début d'année. Clairement, ma préparation m'aura au moins permis de pouvoir encaisser ces efforts. Utiles pour la suite
Chapitre 3: En balade
https://www.strava.com/activities/360162049Après les efforts de la veille, j'avais prévu une journée beaucoup plus tranquille. Nécessaire pour tenir la semaine. C'est donc vers le col de Chaussy que j'avais choisi de m'élancer, seul puisque Panzer avait lui opté pour un repos complet.
Les lacets vu d'en bas sont moins impressionnants que sur les images d’hélicoptère. Mais deviner cette route qui serpente à flanc de montagne ne me laisse pas indifférents.
Dès le début de la montée, les rampes sont sévères et je me retrouve à monter en force vu le faible rythme que je mène. Les jambes sont raides et j'ai un peu de mal à emmener mon braquet mais malgré tout je parviens à ne pas faire monter trop le cœur. Il me faudra attendre la moitié du col pour m'apercevoir qu'en fait je suis sur le plateau du milieu et pas le petit
Forcément, 40*25, ou 30*25, ce n'est pas la même chose
Je m’arrête à plusieurs reprises pour prendre des photos (dont malheureusement la plupart sont ratées
), notamment lors du passage très chouette le long de la falaise et lors de ce dernier arrêt, je vois un cyclo passer, pas très vite. Je redémarre peu après et le voit un peu devant. Je m’aperçois vite que, tout en restant à mon rythme, je reviens peu à peu sur lui. J'augmente un peu le rythme pour revenir sur lui, me disant qu'accompagner un autre cycliste moins fort que moi sera un très bon frein pour éviter de faire trop d'effort non souhaité sur la fin. Je me cale gentiment devant lui et profitant d'un replat autour de 4-5%, j'entame la conversation (ce qui me permettra d'apprendre que le mec a, le jour du tour, fait la croix de fer par sjdm avec même pas 100km cette saison
) et nous deviserons comme ça sur les 3 derniers kilomètres, les kilomètres passant plus vite quand on est accompagné
Je me tâte à redescendre par la madeleine, mais finalement, pour éviter de la vallée un peu chiante, je redescends par Hermillon. Descente marquée par une petite erreur de parcours (un lacet de trop à Montpascal) heureusement immédiatement signalé par une habitante
Chapitre 4: On ne plaisante plus
https://www.strava.com/activities/36091187619.3km à 7.9%. Plusieurs longues rampes autour de 9-10%. Peu de véritables répits. Voilà le programme du jour.
Le temps est couvert quand nous quittons l’hôtel avec Panzer, mais les prévisions sont rassurantes pour la matinée. Au moins, il ne fera pas trop chaud lorsque je serais planté dans la pente
Nous avalons la vallée sans forcer et La Chambre, pied de la Madeleine, se présente à nous. Panzer se cale à son rythme, je choisis de ne pas le suivre. Je sais l'écart de niveau qui nous sépare et sur un col aussi long, se mettre en surrégime dès le pied me conduirait à l’explosion
Je me concentre donc sur mon effort, les rampes à 9% arrivent vite mais je les passe plutôt bien, bien mieux en tout cas que dimanche dans le Galibier. Juste derrière moi 2 cyclistes restent un long moment à quelques longueurs puis perde peu à peu du terrain. Il y a d'ailleurs très peu de cyclos ce matin et je passe quasiment toute la montée seul.
Certains passages sont redoutables, tel ce kilomètre au niveau du pare-avalanche ou cet autre passage un peu plus haut, juste avant Saint François Longchamp. Mais dans l’ensemble je garde une vitesse me mettant sur les bases d'une ascension en 1h55 à mi pente. Je me dis alors qu'il est jouable de viser moins d'1h50 et je pousse un peu plus fort sur les pédales. Débouchant dans les alpages après la station je commence à sentir les effets de la fatigue mais la pente est plus abordable, et le paysage superbe.
Les derniers kilomètre me paraissent interminable, mais enfin, le sommet est en vue, je lance le sprint pour le fun, mais je sais déjà que passer sous les 1h50 sera impossible
J'échoue pour 29 secondes. Rageant mais j'ai la satisfaction d'avoir réalisé une belle montée et d'avoir pu accélérer sur la fin (208W sur toute la montée, 215W sur les 5 derniers km et une pointe à 300W sur les 40 dernières secondes). Assurément, ma meilleure performance athlétique de cette semaine.
La descente de la madeleine est superbe. Technique certes, mais la route est nickelle et la visibilité généralement bonne. Pour moi qui ne suit pas un grand descendeur et qui garde une appréhension des hautes vitesses, je pense que c'est la première fois que je prends vraiment du plaisir dans une descente. Nous rentrons tranquillement avec Panzer, alors que la menace de pluie se fait plus précise. Je profite juste d'un petit coup de cul pour voir comment sont les sensations après une telle grimpé et je suis satisfait de voir que j'avance encore à un rythme honnête. Cela me donne des ambitions pour le lendemain.
Chapitre 5: Morceau de bravoure
https://www.strava.com/activities/362005382La veille en haut de la madeleine, sans doute un peu grisé par l'altitude
, je m'étais dit que je pourrais tenter de faire plus qu'un seul col. Après réflexion, je décide de tenter le coup avec un parcours que j'avais tracé un peu par bravade avant de partir: la Croix de Fer par le Glandon, suivi de la montée de la Toussuire. Je me dis pour me rassurer que si jamais ça ne va pas au sommet de la Croix de Fer, il me suffira de rentrer sur SJdM, mais intérieurement, je suis déterminé à aller au bout de mon défi.
Je repars donc au petit matin sur la même route que la veille avec Panzer qui lui a choisi de découvrir le Mollard après la Croix de Fer. La météo est annoncé caniculaire, mais nous somme partit suffisamment tôt pour que ce ne soit pas un problème dans le Glandon, que nous attaquons à 9H. Comme dans la madeleine, Panzer se détache naturellement, de mon côté je suis sur la réserve. La deuxième moitié du Glandon me fait un peu peur, je prends donc garde à ne pas faire trop d'effort sur les premiers kilomètres. Fort heureusement, cette partie qui mène jusqu'au replat de Saint Collomban des Villards est globalement plus simple à gérer que le pied de la Madeleine. Il y a un peu plus de cyclo que la veille, certain me dépassent comme des avions, d'autres sont déjà à l'agonie. Certains ont des allures improbables, telles ces deux mamies en VTT, montant gentiment, à leur rythme et visiblement sans trop souffrir.
Au bout de presque 1 heure, j'entame la partie qui rend le Glandon redoutable, ces 9.5km à 8.5%. Là on ne peut plus trop se cacher et le col grignote mes forces, mètre après mètre, rampes après rampes. Je profite de quelques petits replats pour récupérer, et puis je me relance à l'assaut de la pente. Un petit pont et une épingle, me voici sortit de la forêt. Ici, c'est dur. Mais je vois la brèche dans la muraille, je vois la route devant moi. Je touche au but, moins de 6 kilomètre maintenant. Sur le bord de la route, vision incongrue, un terrain de foot au beau milieu des alpages, à se demander qui peut bien venir jouer ici
Mais alors que j'entame le dernier replat, prélude à la terrible rampe finale, je commence à sentir un vent de face qui ne fera que se renforcer à l’approche du sommet. La route se cabre. Je tire plus fort sur les bras, j'appuie plus sur les pédales, et pourtant ma vitesse diminue. Encore 2.5km, encore 2.4km, encore 2.3km. C'est interminable. Je rattrape un cycliste qui m'avait doublé 10 kilomètres plus tôt, il est collé. Je ne vais pas tellement plus vite que lui ceci dit, mais même ici, mon esprit reste tourné vers la suite. Je pourrais en remettre un peu, mais il faut que je garde des forces. Ce final est infâme. On croit arriver au bout du lacet, là, derrière le talus, mais la route se dérobe et repart encore un peu. Tout droit. Tout raide. La pente serait-elle moins raide après le dernier lacet? Avec le vent de face, on ne se rend pas bien compte.
Mais enfin, voilà, le Glandon est vaincu. Après 2 heures, 1 minute et 1 secondes. Au sommet je retrouve Panzer qui s'est offert une bonne pause, l'occasion de faire quelques photos de ce point de vue remarquable (voir le Mont Blanc se dessiner dans l'échancrure du col de la Madeleine est un plaisir rare)
Après cette petite pause, direction le col de la Croix de Fer que j’aperçois au loin, colonisé par les voitures
Je connais déjà cette route pour y être passé en 2006, il y a bien plus de monde que dans le Glandon, mais la circulation n'est tout de même pas encore gênante, d'autant plus que la pente abordable permet de gérer son effort à sa guise. Je teste la réponse des jambes, ça tourne encore bien, Toussuire, prend garde à toi, j'arrive!
Pas avant quelque photos au sommet et dans la descente cela dit
La descente est étroite et bordée de rochers, mais elle offre aussi de superbes panoramas
Je laisse Panzer partir vers le Mollard et en arrivant à Saint Sorlin d'Arves, je me mets en quête d'un restaurant. Il est presque midi, un plat de pâte me ferait bien plaisir
. Je trouve assez vite un lieu pour me sustenter et je profite de la pause durant une petite demi-heure.
Les conditions sont météo sont devenues plus chaude, cette table en terrasse est, il est vrai, fort agréable, mais il me faut repartir. J'ai encore presque 20km de descente/faux plat jusqu'au pied de la Toussuire. Je remplis mes bidons à une fontaine et m'élance. La première partie de descente est faite en touriste pour bien profiter des paysages. Les aiguilles d'Arves me dominent alors que l'Arvan balafre la montagne de profondes gorges
Quel que soit le versant, la Croix de Fer est décidément un col magnifique
Je prends mon pied, c'est aussi pour traverser ce genre de coin que j'aime le vélo
. Changement de configuration, autre plaisir, la descente se fait plus abrupte. Plus vireuse aussi. Mais comme la veille je gère correctement. Ce doit être ma 13 ème ou 14 ème descente de grand col, l'expérience m'aide. Quand je repense à ma première descente sur le col d'Ornon, c'est le jour et la nuit
Me voici au pied de la Toussuire, il est environs 13h15 et il commence à faire chaud, très chaud. Moi qui n'aime pas franchement la chaleur, je vais devoir monter sous presque 35°C, sans vent, et sans ombre. Heureusement, les premiers kilomètres de la Toussuire sont globalement roulants. La pente reste modérée et la route est un billard. Quelques rampes à 8% viennent corser un peu la montée cela dit. Je commence à avoir vraiment chaud et je sais que la partie la plus dure m'attend. En faisant le choix de passer par la Rochette, je me prive de moment de repos. Mais j'ai bien géré mon effort en étant très tranquille au pied et je peux légèrement hausser le rythme sur la deuxième partie.
Rien d'extraordinaire non plus, la fatigue et la chaleur ont fait leur œuvre et je suis moins rapide que sur la madeleine alors que la pente est plus faible. Par deux fois je m'asperge pour me rafraichir, mais ça ne me soulage pas très longtemps. Le bruit de mes roues sur la route change légèrement, le goudron commence à fondre et accroche aux pneumatique, il est temps que j'arrive. J'ai une très belle vue sur les sommets mais je n'y prête même pas attention, trop concentré sur ce qu'il y a devant moi. Je cherche à voir la station, je devine où elle doit être, mais une bosse de la montagne me la cachera presque jusqu’au bout. Enfin, j'en termine. Il était temps mes bidons sont presque vide et je pense que je n'avais plus que 2 ou 3 kilomètres avant une explosion en règle
Je ne m'attarde pas en haut, la Toussuire est moche, en travaux et sans intérêt. Et puis, j'ai hâte de me rafraichir dans la descente. La partie finale plongeant vers SJdM est d'ailleurs assez impressionnante. C'est aussi le moment où une vague de chaleur montant de la ville me frappe. Je suis à 60 km/h et j'ai chaud
. Comme si j'avais un sèche-cheveux devant le visage.
Au final, presque 90km et 2580 mètres de D+ . Bien fatigué évidement, mais surtout heureux
Chapitre 6: Interlude
https://www.strava.com/activities/362421089La veille au soir, j'avais hésité à m'offrir une journée sans vélo, mais finalement, je me dit que ce serait dommage d'être en Maurienne et de ne pas rouler. En faisant le tour des montées pas trop dur du coin, je me décide vite sur le col de Beau Plan. Pas très loin, pas très long (11km) pas très pentu (6.4%), c'est le cadre idéal d'une sortie sans prétention.
Le pied du col n'est effectivement pas très raide, mais le revêtement accroche rendant la monté un peu plus difficile que prévu. Je profite cependant de la ballade et de quelques jolis points de vue sur la vallée ou les sommets environnant tel le fort du Télégraphe.
La route est très peu fréquenté par les touristes, par contre étonnamment, c'est un col où il y a "de la vie". Des champs au pied avec des agriculteurs qui y travaillent (je ne m’attendais pas à m'y faire doubler par un tracteur
), 2 petits villages, pas mal de maisons tout du long, des enfants qui jouent dans les jardins, des gens qui bricolent... Par rapport aux cols de haute montagne franchit ces derniers jours, cela dénote un peu mais ce n'est pas désagréable. Le tout entrecoupé de passage en forêt ou seul le bruit de ma machine accompagne ma solitude. J'aime bien.
Malgré mon train d'escargot (1h20 pour 11km), la montée passe du coup assez vite. Bien sûr il n'y a personne au sommet, sommet qui sans le panneau le signalant passerait d’ailleurs presque inaperçu. D’un point de vue géographique il est même un peu abusif de parler de col. La route montait, elle redescend. Et c'est à peu près tout. Me remémorant l'échec des selfies du Mollard, je laisse mon vélo prendre la pose, après tout, il m'a bien porté, lui aussi mérite d'être mis à l'honneur.
Au rayon des contrariétés, comme au retour du Galibier, le vent dans la vallée souffle de l'aval vers l'amont
Alors que je voulais affoler un peu le compteur dans le faux plat, je reste sagement en dedans. J'ai l'impression que ce vent se lève avec la chaleur car il n'était pas sensible à l'aller
Chapitre 7: Tout là haut
https://www.strava.com/activities/363409073Pour cette dernière journée de mon séjour alpestre, je mets le vélo dans la voiture, direction la Haute-Maurienne. Mon objectif est de gravir le col de l'Iseran, et pourquoi pas, si les jambes sont là, de rajouter ensuite le refuge du plan du lac (qui est en fait la partie goudronnée du col de la Vanoise). Le trajet en voiture est tout de même relativement long. Malgré une distance de seulement 50 kilomètres, il me faudra 1H pour garer la voiture à Lanslebourg. Mais même en voiture, le paysage est impressionnant. La montagne s’ouvre de temps en temps en large plaine après des défilés étouffants. Le fort Victor-Emmanuel s’accroche lui à la roche de la barrière de l'Esseillon tandis que la forêt s'efface du flanc des montagnes.
En arrivant à Lanslebourg, mauvaise surprise, une étape de la
Transmaurienne a lieu ce jour-là ce qui ne facilite pas la circulation et le stationnement. Je parviens tout de même à trouver une place et me prépare. Il est déjà 11H moins 20, ce n'est pas idéal mais vu l'altitude, la chaleur devrait être supportable. Cela rend par contre l'ascension du refuge du plan du lac plus compliqué à caser. De plus je me sens fatigué. La chaleur des 2 dernières nuit à perturbé ma récupération et je n'ai pas l'habitude d’accumuler autant d'effort en si peu de temps (en 6 jour j'aurais fait autant de kilomètres qu'en un mois).
Je vais de toute façon pouvoir me jauger immédiatement, mon parcours commençant au pied du (petit) col de la Madeleine. Une vacherie. C'est certes court, mais débuter par un kilomètre à 9% ne fait pas forcement plaisir
La pente est d'ailleurs difficile à visualiser et les virages n'offrent pas de répits. Cette première grimpette me confirme que je ne suis moyen et que pour enchainer 2 cols aujourd'hui, ça va être tendu (spoiler, et à mi pente de l'Iseran j'aurais fait une crois dessus
).
Je double un quinqua avec un maillot suisse au milieu du col, mais ce cycliste avance quand même pas mal et revient sur moi peu après le col. Je suis plutôt content de pouvoir faire la transition jusqu’à Bonneval sur Arc accompagné, et lui aussi je suppose puisque nous devisons gaiment. Le mec est donc Suisse et rentre chez lui près de Zurich depuis Avignon. Au matin il est partit de Saint Michel de Maurienne et projette de dormir en Val d'Aoste après le col du Petit Saint Bernard soit un périple de 150km. Autant dire qu'il a tout mon respect
Profitant d'un passage en faux plat descendant, mon suisse embraye et nous nous relayons alors sur un bon rythme jusqu'au charmant petit village de Bonneval qui marque le pied de l'Iseran. Nous nous souhaitons bonne route et chacun de nous se cale à son rythme. Comme sur le col de la Madeleine je le distance progressivement alors que je sors du village.
Le col de l'Iseran est en fait une succession de 3 rampes entre 8% et 10% entrecoupé de 2 bons replats. Ainsi, même en cas d'explosion, on peut souffler un peu et gérer les passages difficiles jusqu'au replat suivant. Je décide donc de tenter de monter au maximum de mes possibilités. Quelques hectomètres devant, un groupe de 3 cyclistes semble monter à une vitesse proche de la mienne, je tente de hausser un peu le rythme pour rentrer progressivement. Mais les jambes sont lourdes et je reste bloqué entre 9 et 10 km/h. Je dois laisser partir ce petit groupe. Arrive le premier lacet après déjà 2 kilomètres de monté, le panorama vaut le coup d'œil entre la vallée de l'arc et le village en contrebas ou les pics qui me dominent.
Le soleil tape mais à plus de 2000m c'est tout à fait supportable, rien à voir avec la fournaise que j'ai connu à la Toussuire. Je continue sur le même rythme jusqu'au premier replat au niveau de l'alpage, je viens d'entrer dans le cœur du parc de la Vanoise.
Je poursuis ma monté dans ce paysage de carte postale, mais bientôt je ressens des picotements dans le genou gauche. Ce foutu genoux que j'ai réussi à dompter ces deux dernières années se manifeste à nouveau
Là c'est clair, il n'y aura pas de refuge du plan du lac, se mettre minable est une chose, forcer quand le genou hurle qu'il-en-a-marre-de-ce-sport-de-merde en est une autre. La gêne s'intensifie peu à peu, surtout lorsqu’arrivé au second replat je cherche à relancer. Je reste du coup très sage ce qui n'est pas plus mal car je peux récupérer pour la dernière rampes, la plus courte certes mais à plus de 9% de moyenne tout de même.
Je faiblis un peu sur cette partie mais le sommet est proche maintenant. Au dernier lacet je relance, il ne reste que 600 ou 700 mètres à couvrir après tout. Mais l'accélération est loin d'être supersonique
D'autant plus que dans les tout derniers mètres, le vent se fait sentir et il est défavorable
. J'en termine dans un temps d'1H16'12", pas génial, mais vu mon état de fatigue au matin, c'est pas si mal. Comme tout bon touriste qui se respecte, je vais
me faire arnaquer acheter un sandwich au restaurant d'altitude. L'eau est hors de prix, donc je fais l'impasse même si mes bidons sont presque vides.
Le temps de finir mon sandwich et de prendre quelques photos, je vois mon collègue suisse en finir. Il a dû mettre environs 1/4 d'heure de plus que moi et semble bien fatigué mais avec le sourire quand même. Je vais le féliciter et lui souhaiter bonne route car le pauvre n'est pas encore rendu
et j'entame la descente. Je me dis que le torrent en bord de route pourrait bien étancher ma soif alors je m’arrête au niveau du pont de la neige (qui marque le début de la dernière rampe de la montée). Je descends de mon vélo et m'approche de la rivière sur un terrain qui parait sec. Mais entre l'être et le paraitre, il y a parfois un abime d'ignorance
Le sol est en fait spongieux et gorgé d'eau de fonte des neiges. Mes chaussures sont trempées évidement
Je trouve tout de même un itinéraire plus solide et remplis un de mes bidons. L'eau est froide, mais pas désagréable à boire. Je croise tout de même les doigts pour ne pas choper une saloperie
et décide par précaution de ne remplir mon deuxième bidon qu'a une fontaine à Bonneval (que je suspecte être la même eau, mais le panneau "eau potable" est rassurant).
La suite de la descente se passe tranquillement malgré la fraicheur de mes chaussures. Je fais de nombreux arrêt photo, qui me permettent de doubler 3 ou 4 fois la même voiture (lui, je pense que j'ai dû l’énerver
)
Je me sens un peu nostalgique durant la transition qui me mène à Lanslebourg. Ce sont mes derniers kilomètres en montagne cette année, assurément ça me manquera une fois de retour à Paris. Je ne sais pas encore ni où ni quand, mais l'an prochain je retournais me frotter aux cols