Le Défi du Granon
J'étais venu à Briançon l'an dernier, et le Col du Granon m'avait donné un plaisir incroyable. C'est un col très difficile (plus de 11km à 9% pour la partie finale), on va à 2400m d'altitude et les paysages sont magnifiques. Ce n'est pas un col très populaire car il a été très peu utilisé en compétition (une fois sur le TdF) mais il a une place spéciale dans mon cœur.
Malgré une journée de repos, mes jambes me faisaient encore un peu mal. J'avais comme l'impression que des fibres s'étaient cassés dans mes cuisses. Tant pis, je me dirige vers le pied du Granon. J'emprunte le pied du Lautaret, les sensations sont quand même correctes. Au pied du Granon, je croise quelqu'un qui me crie dessus. Il fait demi-tour, je l'attends. Un forumeur de VCN m'a reconnu, il redescend du Granon et me souhaite bonne chance.
J'arrive pour retirer mon dossard. L'ambiance est spéciale. Certains sont de bonne humeur. D'autres sont concentrés et pas commodes, comme s'ils disputaient le dernier chrono du TdF.
A 10h30 départ. Je vois Luc Alphand, très sympa, il me tape sur l'épaule et me dit "bon courage petit".
Certains jouent déjà des coudes pour se placer. Moi je me place dans ma position de prédilection dans le peloton, la dernière.
Je vais attaquer le pied du Granon avec au moins une minute de retard sur les premiers mais je m'en fous, à mon niveau, je suis pas à 4 places près. Je préfère me concentrer sur les 11,4km difficiles du Granon. L'an dernier, le Granon était le col que j'avais le mieux escaladé, dans des conditions parfaites (entre 18 et 22° tout le col). Aujourd'hui, mon objectif est de faire 1h, soit plus de 8' de mieux que l'an passé. Il fait une petite dizaine de degrés de moins que l'an passé et le temps est déjà légèrement pluvieux.
Je suis dans les 5 derniers à l'entame des premiers faux-plats. Je commence ma remontée. J'aime bien les 5400 premiers mètres du Granon. La pente moyenne est entre 8 et 9,5% mais je la trouve assez irrégulière. Je grimpe en faisant des "sauts de puce". Je me fixe l'objectif de rattraper un gars, j'accélère, je prends son rythme, puis je trouve un autre gars. Ca marche bien.
A 6 bornes du sommet, le panneau indique 9,7% de moyenne. C'est costaud. Les groupes sont plus morcelés. J'arrête les sauts de puce et je me cale à un rythme régulier accompagné de 3 coureurs. Il faut se calmer car à 5km du sommet, le panneau indique 11,1% de moyenne...
Pas question de faire le con, le rythme imposé me convient. Niveau cardio, c'est probablement le km où j'ai été le plus bas. Ce terrible km passée, on retrouve un km plus cool, on entre dans le brouillard et la pluie refait son apparition. Je profite d'un "replat" pour partir avec un FDJ très sympa, on se relaiera jusqu'à la borne des 2km.
Je profite d'un faux plat pour le distancer définitivement. Le dernier km indique une pente à 9,8%. Je profite d'un replat pour accélérer et me faire mal. Je recommence à 500m de l'arrivée. A 300m de l'arrivée, j'ai l'impression que mon corps va exploser. La respiration est difficile, tous les membres de mon corps semblent avoir mal mais la musique au sommet me motive. Je vois la ligne d'arrivée et je tape une dernière accélération sur 100m pour conclure.
59'15", 11,6 de moyenne soit 9'13" de mieux que l'an passée.
Il fait très froid au sommet, je me ravitaille rapidement et je repars. Dommage de pas pouvoir profiter du paysage...
De retour à Briançon, je veux grimper l'Izoard. Il pleut mais il me reste des forces, autant tout donner. Mais la route est bloquée.
C'est un samedi sportif. Il y a le défi du Granon, le ironman d'Embrun. Je fais quelques km avec les gars puis je retourne à mon hôtel. Je veux m'arrêter mais je repars, je n'ai pas encore grimpé Montgenèvre. Bon j'aurais pu m'en passer... La montée se fait sur une route nationale. Beaucoup de circulation, difficile de profiter de l'air frais. Je fais la montée en dedans, en me faisant bien saucer.
Arrivé à Montgenèvre, je m'aperçois que la ville accueille la Coupe de France de VTT. Je ne m'attarde pas et je fais rapidement demi-tour, pour une douche bien méritée.
Le Bilan600km - 15800m D+. 15 cols grimpés.
Un grand coup de mou en milieu de séjour qui m'a forcé à réduire mes sorties, peut-être (probablement) dû aux 4 jours de canicule. Beaucoup de souffrance et de plaisir, et très heureux de mes progrès. Le Galibier par Valloire, le kiff total. Mes sensations dans la Madeleine, génial. Je grimpe le Granon et l'Izoard 9 à 10 minutes moins vite que l'an passé. La connaissance du terrain a joué, mais ça reste des progrès très significatifs, j'espère continuer sur cette voie.