Quand les rêves peuvent devenir réalité...
Un
rêve, c’est bien ce que représentait ce périple. En tant que Français, mes premiers amours se sont portés sur le Tour de France. Mais rapidement, j’ai commencé à avoir un penchant sur le Giro, principalement en raison de ses cols. Le décor des massifs Italiens m’a toujours plus fasciné. Probablement parce que la course se déroule en mai, et non en juillet. Cela permet d’avoir des images plus spectaculaires, en raison des conditions climatiques. J’ai en tête ses images dans le Stelvio, le Gavia, l’Agnel, grimpés entre des blocs de neige ou carrément sous la neige !
Et puis, il y a cette démesure, ces pourcentages insensés dans les cols Italiens du Giro, qu’on retrouve rarement dans les cols classiques du Tour de France.
Avant ce périple, j’ai eu énormément de
doutes. Mon mois de juillet a été assez difficile, car j’avais toujours cette impression d’avoir des jambes lourdes. Ma semaine en Ariège a laissé des traces et je n’ai jamais pensé à vraiment récupérer entre les sorties à vélo, les activités extra sportives et ma vie professionnelle mouvementée. Je pense l’avoir payé quand je suis allé en Haute-Savoie. De plus, mes analyses sanguines ont ajouté de l’inquiétude. J’ai donc accordé un maximum de temps au repos durant les 10 derniers jours précédents mon départ, afin de sauver la mise.
Je pense m’en être plutôt bien sorti, mais je garde toujours cette frustration de ne pas avoir franchi un palier significatif après les Pyrénées, comme je l’avais fait l’an dernier. C’est une leçon à retenir pour plus tard, je n’ai pas les capacités qu’ont certains, et il ne faut jamais sous-estimer les bienfaits de la
récupération.
Pour tenir le coup deux semaines en montagne, il fallait impérativement être au point niveau récupération. J’ai eu beaucoup de passages difficiles l’an dernier, qui ont gâché mes déplacements dans les Pyrénées et les Alpes. J’ai effectué pas mal d’ajustements depuis, et je suis désormais bien rôdé à ce niveau, c’est mécanique. Je ne tourne plus au 100% naturel.
- Mes bidons sont remplis de pastilles High Five ou de poudre énergétique.
- J’avale une gélule de vigne rouge à la fin de mes sorties.
- Je bois 1L d’eau gazeuse après chaque sortie.
- Je bois un bidon de boisson de récupération Overstim.
- J’étale l’huile d’Arnica sur l’ensemble de mes jambes.
- Je mets mes chaussettes de contention pendant 3h.
- Je prends une gélule de magnésium le matin et le soir.
Cela fait peut-être beaucoup, mais je voulais absolument optimiser ma récupération, car je sais que ce n’est pas un voyage que je ferais chaque année, et cela a semblé bien fonctionné.
Ma passion pour les cols va de la
fascination et l’
addiction. J’ai toujours été « atteint » d’addiction dans ma vie. Quand j’adore quelque chose ou quelqu’un, je ne connais pas la demi-mesure. Je vis mes passions à 100% tant que je peux les pratiquer.
La pratique du cyclisme n’a été qu’un passe-temps pendant très longtemps. Strava a pas mal aidé à faire développer ma pratique, performer sur les segments c’est cool mais pas suffisant. La pratique est seulement devenue une passion à partir du premier col que j’ai grimpé.
Le cyclisme évolue avec le temps, les champions se renouvellent. Mais les grands cols restent toujours présents. Ils sont là depuis 10, 20, 50 voir 100 ans. Ils présentent souvent des paysages parfois somptueux et c’est souvent ici que la légende du cyclisme se passe. J’en ai vu des cols défilés devant la télé. Les faire en vrai, c’est une sensation superbe, c’est comme si on pouvait se mesurer l’espace d’un instant à nos champions. Peu de sports peuvent offrir cela… et plus je grimpe des cols, plus j’ai faim, ça a un effet addictif.
L'intérêt de la montagne n'est pas que sportif. La montagne nous offre aussi des paysages magnifiques. J'en ai pris plein la vue. Les cols Italiens sont d'ailleurs peut-être
victimes de leur succès. Il y a une différence importante avec les cols Français en termes de fréquentation. Les sommets des cols Italiens sont en général blindés de voitures & motards, ils attirent de très nombreux randonneurs. En France, le Ventoux est un col très fréquenté. En Italie, c'est presque le standard. Ma seule exception étant le Mortirolo, où les voitures ont été très peu présentes.
Mais cela n'a pas gâché mon expérience, même si cela était parfois lassant.
Le Tonale est le seul col que je déconseille, malgré sa renommée. C'est un axe routier très important et les paysages sont anodins. Le Campolongo et les Tre Croci ne resteront pas dans ma mémoire, mais ce sont des passages obligatoires pour la Sella Ronda et les Tre Cime di Lavaredo.
Hors d’Italie, la Planche des Belles Filles n’aura pas été un souvenir grandiose non plus.
Je n'ai pas été déçu des autres cols, il y en a pour tous les goûts. Je pourrais parler de ces cols durant des heures, ce serait trop long. Les images sont parfois plus parlantes.
Le Glacier de Sölden, le Rettenbachgletscher, quelle expérience. Une difficulté hors-norme. La limitation de la circulation associée à la beauté des paysages en font mon col préféré toute catégorie.
Le Gavia sera le col Italien qui a le plus séduit mes pupilles. Sauvage, lumineux, j’ai eu de la chance d’avoir pu le contempler par un temps clair. La présence de très nombreuses motos fait que je la place en dessous de Sölden.
Le Stelvio, c’était ma montée mythique dans ma tête. Il est monstrueux et majestueux. Malgré la circulation excessive, c’est un col à faire absolument.
La Fedaia est craint pour son final spectaculaire, 5km à 11%. Mais elle est appréciée des randonneurs qui peuvent approcher la Marmolada ou parcourir la Serra Sottoguda.
L’Albula Pass, une des montées phare de Suisse, long avec des décors variés.
Valparola / Falzarego, deux cols voisins seulement distants de quelques hectomètres. Clairement la difficulté de ses deux cols n'est pas importante, mais le plaisir pour la vue est garantie.
La Sella Ronda, un classique dans le coin. On escalade tout d’abord le Pordoi et ses 33 lacets, pour rejoindre la stèle Fausto Coppi. Le Passo Sella est réputée, mais le brouillard m’a empêché de profiter pleinement du paysage. Le Passo Gardena est un petit bijou, une très belle surprise. Campolongo ne m’a pas enchanté comme je l’ai dit, c’est dépressif de le prendre après 3 cols aussi agréables.
Tre Cime di Lavaredo, c’est une de mes petites déceptions, pas pour sa difficulté, le final est brutal. La circulation est filtrée, on a donc une montée agréable dans l’ensemble. Niveau paysage, je m’attendais à être émerveillé mais non, je n’ai pas eu le coup de cœur. La randonnée est indispensable pour profiter de l’endroit.
Le Passo di Giau, je n’ai pas été déçu de sa difficulté. Pour les paysages, je n’y attendais pas grand-chose et j’ai eu raison. C’est la montée la plus morne que j’ai effectué avec le Campolongo.
La montée vers le Lac de Cancano, elle n’a aucune renommée légendaire. Tout de même, elle vaut le coup d’œil si on est dans le coin, c’est pas trop dur et agréable.
L’
altitude a été un facteur important durant ce séjour. J’ai bien été servi, avec 13 sommets à plein de 2000m franchis. L’altitude rajoute toujours une difficulté supplémentaire. On parle souvent du palier des 2000m d’altitude, clairement je fais parti de ses coureurs qui en souffrent. Je le ressens clairement au niveau de ma respiration, avec cette sensation d’avoir les poumons qui brûlent si je fais un effort trop intense. Je ne sais pas comment le travailler et ce sera clairement toujours un de mes points faibles.
En
conclusion, c’était un séjour inoubliable. J’ai pu réaliser mes plus grands rêves cyclistes. J’ai eu de la chance d’avoir un ciel dégagé et clair sur la grande majorité des difficultés que j’ai grimpées. Un petit regret pour le Sella quand même.
En principe, je devrais retrouver les cimes mi-avril prochain du côté de Nice. Mais 8 mois sans cols, c'est quand même beaucoup, j'ai en tête de me programmer un petit weekend col encore en septembre, ce qui me maintiendra motiver.
J'ai eu beaucoup d'émotions durant ce périple et malgré tout le positif, je ne pense plus refaire ce genre de voyages sur cette durée, deux semaines, c’est très (trop?) long, j'ai vraiment du puiser dans mes réserves pour tout boucler. Ce voyage sera peut-être mon dernier du genre, ce qui le rendra certainement encore plus inoubliable pour moi dans quelques années.