Cinglé du Ventoux
Les différentes performances depuis 1 mois sur ce forum m'ont beaucoup impressionné, que ce soit Svam et ses 300 bornes ou Akit, Leinhart, Schleck pour avoir couvert les plus grandes classiques Belges. Je me suis dit, pourquoi pas faire un truc de "cinglés" de mon côté durant mon weekend dans le Vaucluse. Pas besoin de chercher bien loin, j'ai trouvé ce que je pouvais faire : grimper le Mont Ventoux par ses 3 versants goudronnés.
En termes de dénivelé, cela représente plus de 4600m de D+, sachant que mon record était autour de 3300, la marge est grande mais je me sens capable de tenir la distance. Je sens que mon niveau n'a jamais été aussi élevé et je sens qu'il monte à chaque sortie. Autant me tester, d'autant plus que le premier test au Ventoux par Bedoin a été concluant. L'ordre des versants est un choix assez aisé, du plus dur au plus simple : Bedoin, Malaucène et enfin Sault.
BEDOIN
Avant de prendre mon envol samedi peu avant 8h, j'avais 150km en deux jours dans les jambes. Inhabituel pour moi, mais j'ai pris beaucoup de précaution pour être frais le jour J. Pour commencer le défi, je dois rejoindre Bedoin de Carpentras. 15km de faux-plat séparent les deux villes, heureusement, le vent sera favorable dans cette portion, ce qui me fera arriver tranquillement au pied de la première difficulté.
Par Bedoin, je ne trouverais malheureusement personne de mon niveau. Je l'avais déjà grimpé 2 jours avant. Je vais pas mentir, je me suis fait bien chier entre Saint-Estève et Chalet Reynard.
Je suis à l'économie tout ce passage, j'ai trop peur de griller des cartouches en suivant les plus forts. Les plus faibles roulent trop bas et n'ont pas trop envie de discuter. Heureusement la température est plus fraiche que lors de ma grimpée jeudi, je suis vraiment bien dans ce passage en forêt. J'attends patiemment d'arriver au Chalet Reynard, pour voir enfin du paysage. Quelques fortes rafales soufflent favorablement dans ce paysage lunaire, j'avance sans peine. J'admire tranquillement le paysage, admire les vues sur les vallées et le sommet, puis rejoins le sommet relativement frais, 1h56'25".
MALAUCENE
Descente pour Malaucène ensuite, pour un premier ravito. Je ne le remarque pas de suite, mais je crève à la fin de cette descente de la roue arrière.
J'ai voulu suivre des gars qui descendaient plus vite, et le revêtement granuleux a du avoir raison de mon pneu. Ca m'apprendra à descendre trop vite.
Pas envie de me casser le cul, je préfère demander à un vélociste de changer pour pas perdre 30 minutes, et je repars.
Par Malaucène, les chiffres bruts sont les mêmes que par Bedoin, mais la montée est différente. Il y a ses 3500m odieux à 11% de moyenne au milieu du col. Maise reste du temps, le col est assez irrégulier, ce qui me déplaît pas tant que ça. Le vent joue son rôle, désagréable cette fois mais je m'attendais à pire. Ce versant est assez couvert par les éléments, ça me permet de limiter la casse.
Dans ce col, je rejoins rapidement un groupe venu fêté l'enterrement de vie de garçon de leur pote. Un des leurs a un bon niveau et nous faisons une partie du chemin ensemble. Le mec ne fait pratiquement jamais de vélo, il a un peu de poids, il a un style dégueulasse, un look à faire passer Trifon_Ivanov pour un coureur classieux
et pourtant le gars rattrapait tout le monde OKLM malgré les cuites des derniers jours.
Je rejoins dans l'ascension un Hollandais que j'avais croisé par Bedoin, il fait également le défi des cinglés, je lui souhaite bon courage, il avait l'air entamé et me répond qu'il en a bien besoin.
Mon acolyte de l'espace se débrouille bien, il me raconte un peu l'enterrement de vie de garçon ce qui me divertit. Je me cale à son rythme, qui m'oblige à m'employer mais il craquera sur les dernières rampes où des rafales de vent égalent la vue sublime sur la vallée. 1h54'10", je ne faiblis pas.
Et voici mon acolyte de la montée.
SAULT
J''ai grillé pas mal de cartouches. Le vent est violent au sommet, ce qui m'oblige à plus de prudence dans la descente.
Je rejoins Sault pour un dernier ravitaillement. Comme d'hab, sandwich jambon/fromages + coca, et je repars.
Le vent est favorable dans la première portion. Mais elle est plus difficile que ce que je pensais, avec pas mal de passages à 6/7% pendant une dizaine de km. Je commence à me décourager parce que mes jambes ont du mal à tourner, mais heureusement j'arrive enfin sur cette portion de replat pendant 5km qui me permettent de me refaire une santé avant de rejoindre Chalet Reynard pour conclure.
Je m'autorise une pause pipi, car je sens que la moindre gêne et quelques centaines de grammes de gagnés seront très utiles dans cette dernière portion... Je monte à une allure plutôt correcte, bien aidé par un gars qui me protège du vent. Je sens que je peux tenir une allure correcte jusqu'au sommet autour de 11-12km/h. Mais à 3km du sommet, mon corps dit stop assez subitement. Je n'arrive plus à tenir l'allure, la moindre relance me fait un mal fou. Je faiblis mètre par mètre, mais si proche de l'arrivée, impossible de lâcher, je suis trop motivé et excité à l'idée de rejoindre le sommet.
Bullo avait parlé du dernier virage qui allait me faire vomir. Je décide de lâcher le peu de force qu'il me reste et je fais les 100 derniers mètres à bloc en prenant le virage à la corde.
1h44'36" pour grimper ses 24,2km. Le temps n'est qu'anecdotique, par rapport à la satisfaction d'avoir pu réaliser ce défi.
Je pense être le premier Gruppettiste à devenir un Cinglé du Ventoux ! J'honore mon statut de poisson rouge.
J'invite tous les autres à faire de même !
Ce voyage dans le Vaucluse a été une grande satisfaction. Cela me donne beaucoup de motivation pour la suite, et ce genre de raid en montagne me servira certainement pour la suite de la saison.