Un Week-End dans les Ardennes
Avec mon ami Boris avec qui j'ai partagé un BRM et un voyage vers Amsterdam, entre autres, nous avions tous les deux quelques jours de vacances qui matchaient bien pour rouler ensemble. J'étais intrigué depuis un moment par cet immense Parc Naturel en haut à droite de la carte, où la Meuse semblait créer un sacré dénivelé (comparé à nos vallées franciliennes). Après quelques simulations d'itinéraires le choix a été acté : nous roulerions sur les Ardennes !
Prélude : Un mardi après-midi à Rosa ParksLa météo s'annonçant tout ce qu'il y a de plus foireux pour le week-end, je décide habilement le mardi précédant le départ de faire l'acquisition d'une vraie veste de pluie pour vélo. Devant prendre ensuite le RER E je décide de tester le décath de Rosa Parks. Un bidon, des mitaines et une veste waterproof sous le bras je tente de sortir mes achats dûment payés et de filer à mes occupations. C'était sans compter "la tablette". Les vigiles (nous les appelerons Dumb et Dumber pour protéger leur anonymat) m'interpellent.
Dumb : "Monsieur, vous avez une polaire grise sur vous ?"
Moi : "non, regardez" (je leur fait un petit strip tease)
Dumber : "C'est la tablette qui bugue"
Dumb : "Ca dit que vous avez cette polaire grise sur vous"
Moi : "Mais non vous voyez bien mon sac est vide et j'ai une veste noire"
Dumber : "C'est la tablette qui bugue"
Dumb : "Vous devez avoir cet article sur vous c'est écrit là"
Dumber : "C'est la tablette. Qui bugue"
A vous décourager un aficionado de Decath'
Vendredi : C'est parti pour l'aventure !Habitant un peu à deux endroits à la fois l'organisation du départ fut un peu stressante mais le vendredi matin je suis prêt à me rendre au travail avec un sac de voyage + la housse à vélo sur mon dos le tout sur mon carbone. Je nage
dans ma sueur dans le bonheur. Je n'avais jamais remarqué cette terrible côte entre Baron Le Roy et la Porte de Charenton
D'habitude ça paraît plat
Bref, après le taf
je file je me traîne jusqu'à la Gare de l'Est en me prenant tous les drames du cyclo parisien (piste cyclable en travaux, onde rouge etc.) où j'arrive bien 15mn avant mes prévisions, le vélo c'est la téléportation en ville messieurs dames
Je n'avais pas testé ma housse avant le départ #expert mais ça se passe assez vite et bien.
Je retrouve mon compère pour un voyage sans histoire TGV + TER pour Charleville de deux heures environ. On prends les clés du logement, faisons des courses de
bières locales champions à base de
bières pâtes et puis on va boire une ou deux bah bières dans un bar très accueillant.
La ville est un peu surprenante, je ne connais pas du tout la région, c'est ni le Nord ni l'Alsace ni la Picardie ni rien que je connaîtrais un peu. Je dois dire qu'il y avait pas mal de jeunes déjà bien attaqués dans le TER et que dans les rues et bistrot le degré d'alcoolémie m'a semblé disons euh élevé !
Puis on se couche pas trop tard. Ceci dit le lendemain la météo est mieux l'aprem alors on s'accorde une petite grasse mat'.
Samedi : La Meuse c'est autre chose que la ChevreuseMétéo chafouine donc pour ce samedi, avec des averses de grêle annoncées et même un risque orageux.
Nous commençons par filer sur une belle piste le long de la Meuse, idéale pour sortir de Charleville, que ce soit pour des cyclos qui veulent éviter la grande route ou pour des familles voulant éviter le dénivelé, de quoi retarder l'hégémonie du VAE
Après Nouzonville première côte, que dis-je le premier Col puisqu'il s'agit du Col du Loup, 6,7km à 4% (avec un replat au milieu). Boris part comme une balle en moulinant façon Froumey, je me dis que le week-end va être long mais heureusement en fait il n'avait pas compris que ça allait durer 20 minutes et il se calme un peu. Première ascension très cool et très verte. Il y a très peu de voitures, heureusement car celles qu'on croise font un peu flipper, roulent trop vite et trop près
Sinon ce sera donc quatre ascensions de ce type en montant et descendant les plateaux autour de la Meuse, avec entre 250 et 350 mètres de D+ à chaque fois, sans compter qu'elles sont souvent en deux parties avec un replat / descente, pour la dernière c'était un peu dur pour le moral
Pour la deuxième, le "second kick" consistait en une montée rectiligne sur une petite voie rapide locale, rien à voir avec la N20 mais pas très rassurant avec les camions. Au sommet on voit un chemin forestier qui s'échappe, on le suit pour la pause sandwich et là le soleil se lève à travers une forêt de pins magnifique, une bout de rêve à deux pas de la trois voies.
Au niveau conditions climatiques on se prend quelques averses de grêle sans grande conséquences mais on a bien frais quand même, on croise deux cyclos qui nous disent qu'on est des braves
La veste du décath de Rosa Parks est validé dans tous les cas, je suis au sec en dessous. Sur le retour on s'en prend une vraiment bonne avec de bons grêlons et on n'est tout de même pas fâchés d'être rentrés.
https://www.strava.com/activities/2323205699 (pas mal de bugs du gps sur cette sortie là
)
Soirée tranquille en regardant un petit film pour se changer les idées
Dimanche : Sortie pluvieuse, sortie foireuseOn avait prévu ce jour-là 130 bornes cette fois-ci vers le sud pour aller photographier le siège de la Hulotte, un journal sur les animaux des bois que ma mère adore et dans lequel j'ai littéralement appris à lire. Mais cette fois-ci ce ne sont pas des averses mais une pluie battante qui s'annonce pour la journée. On repousse le départ mais on finit par craquer et s'élancer pour se prendre une belle drache. Au bout de dix bornes mes chaussettes sont trempées malgré les couvre chaussures et du coté de mon collègue ce sont les gants qui sont pleins d'eau. On décide de raccourcir à la première bouclette le temps de monter une côte et demie. De mon coté je suis inquiet de mes sensations car je me sens pas bien du tout dans cette côte là
et c'est le début d'une appréhension qui ne me quittera pas jusqu'au coucher. Sur le plateau pas de regret car c'est vraiment très très beau et on se dit qu'on a bien fait de sortir quand même. De toute façon c'est simple on en a pris plein la vue, les forêts sont magnifiques et les vallées majestueuses. On se contentera ce jour-là de 40km et quelques et on se consolera en regardant Gaudu larguer Bardet sur la route de Liège
https://www.strava.com/activities/2325325732 bon et puis c'était pas plus mal vu le programme du lendemain
Lundi : Rencontre avec le Gros MonstreJ'ai dessiné cette sortie un soir dont je ne me souviens pas vraiment
mais j'étais motivé ce soir là
Pour tout vous dire j'ai renoncé au BRM 400 auquel je pensais cette année pour des raisons diverses et ces 200 avec 3400 de d+ me semblaient une bonne alternative
J'ai donc pas mal appréhendé la veille mais jusque là pas trop malgré un entraînement sûrement pas à la hauteur avec mon bâchage sur la dernière CC et donc aucune sortie longue trois semaines avant l'objectif (à part celle du samedi donc).
Je me disais que ce serait bien de boucler la sortie en 10 heures pauses comprises en tablant sur du 22 de moyenne, en espérant ne pas passer sous les 20km/h et donc les 10 heures de pédalage. Bon j'espérais surtout finir en un seul morceau avant tout
Très beau temps toute la journée mais plutôt frais, on alterne les chaud et froid mais rien de vraiment pénible.
Dès le départ mon moi maléfique qui a dessiné cette purge nous fait prendre une côte au lieu de suivre la Meuse pour rejoindre Nouzonville, puis on en enchaîne deux-trois sans trop de respirations. Ça se passe assez bien en pédalant tranquillou dans les montées mais pas totalement en touristes non plus et aux 50 km je sens que la journée va bien se passer, gros soulagement et début de la prise de plaisir. On file en Belgique une première fois pour quelques circonvolutions autour de la rivière de l'Eau Noire, très jolie
pour le seul bug de traçage du jour : la trace nous envoie sur un single track piéton à 2cm de l'eau
on décide (surtout qu'on venait de dévaler une belle pente pour arriver là) de prendre un chemin. J'entend un gars du coin dire "ils sont peut-être là pour faire du cyclo cross"
). En photo un de nos héros en train d'hésiter sur la suite des opérations
Un chemin pourquoi pas mais c'est vrai que celui-là était en très mauvais état avec beaucoup de caillasses. Ceci dit le sous-bois est fort sympathique. Un moment épique semble nous tendre les bras quand nous croisons un gué d'une vingtaine de centimètres de profondeur
mais une passerelle pour piétons et cyclistes a été installée par des ennemis de l'aventure sans doute
Bref on a perdu un peu de temps là-dessus et au prix de quelques côtes pas trop longues on retourne en France, d'abord par une jolie voie verte en béton
puis après la pause sandwich par une route en travaux avec passages dans l'herbe et descente sur route striée, que du bonheur, l'aventure à son vraiment mieux
On arrive à Fumay et au gros morceau du jour, la côte de Haybes, 6km dont trois à 7% avec de belles lignes droites bien dures, je râle à un moment car la route redescend, laissant penser que ça va remonter de plus belle et mon compère me dit amicalement que si c'est trop dur on peut rentrer par la Meuse après celle-là et que c'était déjà une belle sortie (on en était à plus de 2000 de d+ déjà). Je suis assez surpris par sa proposition et me rend compte que malgré la douleur j'ai vraiment envie de finir tout le programme. La suite c'est des vallons bien pénibles suivis de trois côtes prises au bonheur d'un bon détour fait pour accumuler le plus de difficulté, autant dire que y a moyen d'en faire facilement sauter deux, mais c'est mort je tiens à faire tout le tracé même si je décline un peu notamment quand les pourcentages grimpent
En photo mon pote en train de faire le mec facile dans les bosses.
La succession de vallons est aussi dure qu'attendu mais ça passe, et c'est de nouveau en Belgique mais à l'Est cette fois qu'on part pour une succession de trois côtes pour (se) finir : une bien raide (1,15 à 8%), une très roulante (3,2 à 3%) dans laquelle on se sent très bien
et une euh juste beaucoup trop longue pour moi à ce moment de la sortie
(3,2 à 6%). Comme souvent le sommet de la côte n'est pas bien claire et y a du faux-plat derrière mais au panneau "Col du Loup" on comprend qu'on "a gagné" et que ce n'est plus que de la descente et du plat pour rentrer
On reprend une dernière fois la piste cyclable pour rentrer le long de la Meuse et on enchaîne les gros relais à 30 à l'heure, pas pour la perf mais parce qu'on est pressé de rentrer je crois
Au final 22,5 de moyenne, je n'ai pas trop de repère sur ce type de parcours mais ça me semble pas mal pour 201 bornes et 3450m de d+
https://www.strava.com/activities/2328528359Sur le coup en rentrant je me sentais pas trop mal et pas si fatigué mais la soirée a été passé dans un épais brouillard. A un moment on regardait Kaamelott mais je trouvais ça vraiment pas marrant et surtout je voyais l'image en pixels
je négocie avec le gars du airbnb pour qu'on puisse
dormir partir le plus tard possible car besoin de repos
Epilogue Retour en train avec les housses, je n'arrive pas à comprendre à quel moment la SNCF trouve que c'est une bonne solution ça :
Plutôt que des porte vélo verticaux
Court retour ensuite et retrouvailles avec la circulation parisienne, ses taxis qui te klaxonnent car tu as le malheur de respirer, ses utilisateurs de poubellescoots qui veulent doubler par la PC sans vérifier si y a un cycliste dedans, bref que du bonheur
Pour conclure, je conçois bien que d'autres régions sont plus attractives pour faire du vélo, mais à deux heures de Paris on a vraiment un bon d+ pour un parigot (même si rien à voir avec la montagne évidemment), un bon bol d'air bien vert, et Charleville bon c'est pas New York mais y a tout ce qu'il faut pour les courses et se faire une petite vie de vacanciers. Non super séjour, et content des sorties
Je ne sais pas si il lira ces lignes mais un grand merci à Boris qui m'a tracté dans certaines côtes et qui a mieux que moi assuré l'intendance du logement malgré la fatigue et qui surtout a cuisiné comme un chef et un peu forcé à manger par moment ce qui était une très bonne idée