par besmedve » 31 Juil 2019, 15:09
Un CR de l'EDT 2019 :
Après une reprise du vélo en 2018 (19 ans d'arrêt depuis mon entrée au lycée). Je m’inscris à l'EDT. Mon programme d'entrainement comporte beaucoup de fractionné sur H-T, beaucoup de ski aussi et de la route à partir de mi-avril. Je n’ai que 2000km dans les jambes en 2019, même si c’est du qualitatif.
Me voilà donc parti pour Albertville le vendredi soir avant la course. Arrivée tardive au camping, installation, repas et dodo. Le lendemain je fais une reconnaissance du début du parcours sans aller jusqu’à Beaufort, juste 1h avec quelques sprints pour dégripper la machine, constatation : ce n’est pas plat ! Je décide d’aller récupérer mon dossard, visiter le village départ et manger en regardant l’étape sur l’écran géant. J’ai bien pris mon temps ce qui fait que je peux me mettre dans une chaise longue pour toute l’étape et profiter de la bonne ambiance pour voir Tibopino gagner en haut du Tourmalet !
Retour au camping, dernière vérification du vélo, préparation des bidons, du petit déjeuner, de la boisson d’attente et du ravito en pates d’amandes et gels. On discute entre voisins, ceux pour qui c’est la première et partent en sas 15 se demandent si les barrières horaires ne sont pas trop courtes, je pars en sas 11 donc ça devrait le faire. Ils me font tous des commentaires sur le fait que j’ai du courage de faire ça avec mon vélo de 1998, oui mais c’est la condition pour le changer, finir ! Tout est fin prêt, salade de pâtes et au dodo !
Evidemment, je me réveille avant l’heure prévue... Arrivé au départ (à l’heure prévue ) je prends un café et discute avec les capitaines de route, ce qui fait que je me retrouve tout au fond de mon sas. Attente, photo, avancée au pas, passage devant la Flamme et enfin le départ. Je ne me suis pas mis du bon côté pour taper dans la main d’Il Diablo, snif…
Je remonte le peloton dans la traversée d’Albertville et le début de la première côte reconnue la veille, et puis je jette un regard sur mon compteur : 165puls déjà. Je me calme et décide de ne pas suivre toutes les roues et rester avec un groupe plus tranquille. Arrêt pipi avant Beaufort (merci le café diurétique avant le départ) et puis arrêt au 1er ravito pour goûter le Beaufort et partir sur la montée avec les 2 bidons pleins, il n’y a pas grand monde et ça va vite. J’ai décidé de m’alimenter d’une barre toute les 45mn, et de boire une gorgée toutes les 5mn. Je fais toute la montée du Cormet de Roselend en restant entre 155 et 165puls, et surtout en tournant les jambes, donc beaucoup sur le 34*29 (de tout façons j’ai pas plus). A la sortie de la forêt les paysages sont absolument grandioses !!! Le lac et la fin de la montée sont du même acabit, c’est superbe.
Je m’arrête refaire le plein au ravito du sommet, c’est carrément le bordel là, y en a de partout… 5mn juste pour avoir les bidons pleins, j’enfile un gilet et part dans la descente. Depuis mes chutes 19 ans plus tôt j’ai toujours été un très mauvais descendeur, mais là je vois vraiment pire que moi. J’ai doublé plus de monde que ce que je me suis fait doubler. C’est un vrai plaisir cette route fermée. Le bas de la descente est plus technique mais surtout la route est plus abimée, ça vibre, j’aime moins. Je ne m’arrête pas à Bourg-Saint-Maurice et essaye de prendre des roues pour ratonner . Ce n’est même pas possible, il n’y a pas un mètre de plat.
On arrive vite au pied de la côte de Longefoy. Il fait chaud, la pente est dure, et c’est compliqué d’avoir une cadence de pédalage souple. Je me demande comment je vais pouvoir finir cette étape si je suis déjà dans le dur ici. Je décide de rester entre 150 et 160puls sur le cardio. Des gens commencent à s’arrêter sur le bord, cherchant l’ombre, beaucoup ne tiennent plus leur droite et il faut relancer pour passer des groupes. Je suis obligé de faire un stop de quelques secondes moi aussi car du sel s’est mis à me couler dans les yeux et je ne peux pas les garder ouverts. J’ai commencé à prendre un gel au début de l’ascension, puis un 2e au milieu. Les supporters sur la fin de la montée font du bien au moral, je tape dans les mains des minots en passant et leur demande si les 1er de la course sont loin . Enfin on arrive en haut mais pour mieux continuer sur un faux-plat, on le savait mais bon, ça use à la longue.
Pause pipi et descente. Heureusement que le bitume a été refait car c’est très technique, on ne peut pas tourner les jambes pour éliminer les toxines. Il n’est pas facile de doubler, certain ne sont pas à l’aise du tout et des chutes ont eu lieu dans plusieurs virages. Ça appel à la prudence. La fin de la descente est suivie par une côte de 500m qui fait très mal aux jambes, en plus c’est une fournaise… Heureusement on se retrouve ensuite sur une grande route en légère descente, surprenant d’être sur une 4 voies qui file à toute vitesse, cela permet de rafraichir un peu jusqu’au ravito de Moutier. L’entrée dans Moutier se fait entre 2 files de supporters qui nous acclament, c’est grisant.
Le ravito à Moutier est un peu surchargé. Je mange du salé, bois un Perrier et ne trouve pas de poudre pour les bidons… tant pis, un bidon d’eau et un moitié coca/moitié eau, je me dis que ça remplacera la poudre. J’en profite pour me passer de l’eau sur la tête et remettre de la crème solaire sur les bras. Je n’ai pas vu le temps passé et je verrai ensuite que j’y ai passé plus de 15mn !!
Et c’est parti la dernière montée de la journée. Les 6km dans la fournaise me font très mal, mais je ne suis pas le seul. Des gens sont allongés sur le bords de la route, d’autres redescendent. Comme aux entrainement je me prends un gel toutes les 20/30mn. Je double quand même du monde dans les pourcentages les plus forts (merci mon entrainement sur les pentes à 13-16% autour de chez moi ). Il y a des dossards de tous les sas qui sont mélangés à partir d’ici. Je commence à sérieusement chauffer et à avoir mal au ventre, le coca que j’ai mis dans le bidon n’était finalement pas une bonne idée. Au moment où je vois « prochain km à 4% » je m’arrête à l’ombre, il y a du vent ici et le moteur refroidi en 3mn. Je repars et décide de ne plus toucher au coca pour un temps.
Heureusement, les habitants des villages que l’on passe nous arrosent avec des tuyaux, je rempli mes bidons à l’un d’eux et dilue vraiment beaucoup ce satané coca. La pente est moins dure jusqu’à arriver sur la route principale. Des supporters de partout nous encouragent. J’entends des « Marco Pantani » et ça me booste réellement, mon vélo, cuissard et maillot sont aux couleurs du pirate en 1998 ! Je me remets à faire des blagues aux gens au bord de la route. Le moral étant de retour, je sais que je finirai !!
La D117 est moins belle à monter, mais aussi un peu moins dure. On croise du monde qui a fini et redescend. Enfin le ravitaillement, avec de la place celui-ci. Je trouve du pain, de la poudre, des gels et de quoi nettoyer mes lunettes de vue. Je m’arrose la tête et me remet encore de la crème. Tout ça avec la chaussure droite ouverte, j’ai les orteils qui commencent à faire mal. 10mn d’arrêt et ça repart.
La suite, je la fais à un rythme lent mais régulier et je ne me sens pas si mal. La cadence de pédalage est faible, un 32 derrière serait le bienvenu. Je me fais doubler une 10aines de fois par les mêmes maillots, qui s’arrêtent régulièrement sur le bord, repartent, s’arrêtent... Crampes ? Méconnaissance de soi en montagne ? Pas assez l’habitude de rouler si lentement ? Je continu de faire un peu le « show » auprès des spectateurs, leurs encouragements me font tellement de bien. Les concurrents autour de moi ont l’air au bout de leur vie, qu’ils me doublent ou que je les double. Sous les paravalanches il y a deux rangé de concurrent stoppés, profitant de l’ombre. J’alterne depuis un bon moment danseuse/assis pour soulager mon postérieur. Dans les 4 derniers km, je ne peux presque plus bouger la tête tellement mes cervicales sont douloureuses mais je peux toujours me mettre en danseuse. J’adopte le port de tête Froome pour soulager un peu le cou. Enfin la station de Val-Thorens, la descente, l’arrivée est là. Ou pas, il reste ces derniers 800m… A 500m, une ambulance est dans le virage, un concurrent assis à côté doit se faire aider pour respirer. C’est la fin, les deux concurrents devant moi termine en se tenant la main, les autres sur les côtés ont le regard perdu. Pour ma part, je fais encore de grands moulinets avec mes bras, exhortant les gens qui tapent sur les panneaux publicitaires à faire plus de bruit.
C’est fait !!
9h46, dont 8h55 sur le vélo.
La bière est bien méritée ! C’est un peu la cohue dernière la ligne. Je récupère mon sac facilement et découvre tous les messages d’encouragement reçu des potes et de la famille qui ont suivi le live. Je me pose quelques minutes au-dessus de la ligne, les concurrents continuent à arriver en un flot ininterrompu. Je n’ai aucune envie de la pasta party à ce moment. Je file dans la station prendre une douche et puis récupérer la navette de retour, très long comme retour + l’attente pour récupérer le vélo jusqu’à 23h. La journée a été longue et j’ai mérité cette dernière bière au camping où je retrouve d’autres concurrents qui refont la journée. Le lendemain matin, tous les voisins partagent le café, on s’échange nos strava en se promettant de se retrouver pour l’année prochaine. Avec un Bianchi de 2020 cette fois ci puisque le challenge est complété !
Ce que je retiens pour la prochaine fois : mieux étudier les ravito/fontaines pour perdre moins de temps, ne pas boire de coca, avoir un 32 derrière, et de quoi nettoyer mes lunettes. Et prendre la camera, ça vaut le coup.