Modérateur: Animateurs cyclisme pro
Lecool a écrit:Je peux faire le récit de l'étape d'hier?
L'affiche peut paraître trompeuse mais le 2 octobre 2021 le tenant du titre de Paris-Roubaix est encore Philippe Gilbert, passé depuis sa victoire 2019 dans les rangs de la Lotto-Soudal. L'Enfer du Nord 2020 a d'abord été reporté en octobre avant d'être annulée. L'édition 2021 est reportée une semaine avant son déroulement et a finalement lieu en octobre. Il aura fallu attendre 2 ans et demi pour revoir les coureurs sur la Reine des Classiques.Philippe Gilbert dernier vainqueur en 2019.
L'attente fut longue mais elle est d'ores et déjà récompensée, l'édition 2021 sera historique tout d'abord parce que ce sera la première se déroulant au lendemain de la course féminine mais également par sa météo. Si la semaine passée à Louvain, pour les Championnats du Monde, le temps était estival, la pluie tombe dans la nuit de samedi à dimanche avant de se calmer dans l'après-midi. Depuis 2022, les pavés du Nord étaient resté désespéramment secs les deuxièmes dimanches d'avril, la dernière fois que les pavés du Nord étaient humides c'était pour l'étape d'Arenberg du Tour 2014 déjà racontée ici qui aura vu la démonstration de Lars Boom devant le maillot jaune Nibali.Dernier passage sur les pavés humides, vers Arenberg lors du Tour de France 2014, Nibali s'envole.
Cependant la pluie s'accompagne de quelques angoisses : le peloton posera-t'il les roues sur tous les secteurs ? Lesquels seront évités ? Sur la course junior Mons-en-Pévèle est jugé impraticable. Mais Christian Prudhommes balaie les craintes, pour gagner ce Paris-Roubaix il faudra passer sur tous les secteurs pavés.
C'est donc sous la pluie que le peloton de cette édition 2021 se présente au départ à Compiègne, en ligne de mire 257 kilomètres et 30 secteurs pavés dont les mythiques Trouée d'Arenberg, Carrefour de l'Arbre et même Mons-en-Pévèle qui compte bien sécher d'ici là. Mais le slogan le dit "l'Enfer du Nord mène au Paradis".
La pluie n'arrête pas les coureurs, après l'abaissement du drapeau et le lancement officiel de la course à la voix de Christian Prudhomme les plus téméraire tentent de sortir du peloton, et pas n'importe qui : Campenaerts, Colbrelli, Mohoric, Van Avermaet ou Trentin font partis des premiers attaquants du jour. Si pendant un temps la course a été menée par Max Kanter et Edward Theuns, un groupe composé d'une trentaine de coureurs parvient finalement à faire la différence.
L'échappée se construit sur les portions asphaltées picardes.
Et dans ce groupe, de très beaux noms y figurent : Küng, Moscon, Rowe, Eekhof, Van Avermaet mais également 4 Lotto-Soudal : Vermeersch, Sweeny, De Buyst et Van Der Sande. Mais avant même d'avoir attaqué les premiers secteurs pavés certains doivent redescendre d'un échelon, c'est le cas par exemple de Stefan Küng piégé dans un rond-point par la pluie. C'est avec un peu plus de 2 minutes d'avance que l'échappée entre à Troisvilles pour le premier secteur pavé de la journée. Mais on regarde surtout le peloton qui avale le faux-plat qui y mène au sprint, sans la plus grande partie des Groupama FDJ partie au tapis dans un virage.
Journée galère pour le suisse Stefan Küng qui chute à plusieurs reprises.
Troisvilles à Inchy est comme habituellement le premier secteur de Paris-Roubaix et il est trempé, on aperçoit déjà les premiers coureurs incapables d'aller au-delà de leurs peurs, Imanol Erviti, présent dans l'échappée, pourtant très à l'aise par temps sec, sort de chaque secteur avec des dizaines de mètres de retard. Dans le peloton c'est la même sanction pour Nils Politt (2ème en 2019) qui ne semble pas à l'aise en plus de subir différents problèmes techniques. Stefan Küng d'habitude à l'aise sous la pluie semble très fort physiquement mais il est contraint à l'abandon après une nouvelle chute. Il aura fallu quelques secteurs pour que les coureurs soient méconnaissables et que la course s'emballe, le peloton se morcelle sur chaque secteurs et même si les regroupements s'effectuent à la sortie, ils ne sont généralement qu'une vingtaine à tenir le rythme des meilleurs.
Les pavés sont cachés sous l'eau dans certains secteurs.
A l'avant aussi les différences se font : Vermeersch et Eekhoff s'échappent, ils sont un temps accompagnés de Luke Rowe et Maximilian Walscheid, le britannique disparaitra des écrans après la Trouée d'Arenberg mais l'allemand poursuivra sa course malgré de nombreuses chutes et la conclura à la 12ème place après avoir passé une bonne partie de celle-ci en compagnie des favoris. Quelques secondes plus loin le reste de l'échappée est à l'affut, prêts à prendre les premiers rôles.
Troisième Paris-Roubaix pour l'allemand Max Walscheid qui finit l'édition 12ème, 4ème des échappées du matin.
On dit souvent que Paris-Roubaix débute vraiment à l'approche de la Trouée, mais cette édition là est bien lancée depuis de nombreux kilomètres mais elle s'emballe à Haveluy. Plusieurs connaissent des soucis techniques comme Christophe Laporte obligé de freiner en collant son pied droit sur sa roue arrière. Une fois entré sur le secteur c'est la Quickstep qui fait le ménage, on distingue alors une dizaine d'hommes bien plus à l'aise que le reste du peloton sur les pavés : Asgreen, Lampaert, Sénéchal et Stybar, Van Aert, Van Der Poel, Vanmarcke, Boivin, Colbrelli, Pedersen et Kwiatkowski mais il faut également souligner la présence de Cyril Lemoine et Jérémy Lecroq pour la B&B.A l'entrée d'Haveluy l'équipe Quickstep est dans une excellente position en ayant encore 6 hommes dans le coup pour la victoire.
A la sortie du secteur un premier gros favori de ce Paris-Roubaix est hors du coup : Florian Sénéchal a crevé et il va enchainer les soucis techniques à partir de là.
Le duo de tête (Vermeersch et Eekhoff) entre en tête dans la Trouée d'Arenberg avec 50 secondes d'avance sur les poursuivants et le double sur le peloton, il gardera cette avance. Derrière Luke Rowe chute, il se remet en selle mais ne fait pas attention aux favoris qui arrive sur lui et percute Pedersen et Lemoine. Wout Van Aert doit également éviter une chute devant lui et perd quelques mètres sur le groupe mené par Van Der Poel qui élimine Stybar, déventé par Van Aert à la sortie de la Trouée. Il n'y a alors plus de Quickstep dans le groupe des favoris (Lampaert reviendra après un soucis technique).
Sans le vouloir Luke Rowe fauche Pedersen dans la Trouée alors que Mathieu Van Der Poel provoque la dissolution du groupe.
La course s'emballe à la sortie de la Trouée, le duo Eekhoff-Vermeersch est repris par le reste de l'échappée et en est distancé. A 70km de l'arrivée dans le secteur de Sars-et-Rosières, Mathieu Van Der Poel porte l'attaque fatale, il distance tout le monde, y compris Yves Lampaert qui semblait tenir sa roue, mais sa vitesse dans les virage lui donne un avantage certains. Il revient sur Colbrelli et Boivin qui avaient anticipé après la Trouée.Mathieu Van Der Poel a accéléré de nombreuses fois durant la course, dont sur le secteur du Pont-Gibus.
Le Néerlandais assume la grande majorité des relais, même si Colbrelli vient parfois soulager son effort, Boivin reste dans les roues, protégeant Tom Van Asbroeck désormais à l'avant avec Moscon et Vermeersch revenu en tête de course. L'écart se creuse surtout avec le troisième échelon : le groupe Van Aert, la victoire risque de jouer entre les échappées et le groupe Van Der Poel. On approche alors d'un point clef de la course : Mons-en-Pévèle qui la veille avait fait beaucoup de dégâts chez les filles.Le canadien Guillaume Boivin s'est révélé sur cette édition en suivant Van Der Poel et Colbrelli sans difficultés.
Mais ce n'est pas directement sur le secteur de Mons-en-Pévèle que se fait l'action mais sur le précédent, sur le très difficile secteur d'Auchy-les-Orchies, l'italien Moscon s'envole. S'il est impossible de passer sous silence ses précédents de racisme et de violence en course, il faut bien reconnaître qu'il court aujourd'hui comme un fuoriclasse et les deux belges qui l'accompagnaient ne peuvent rien face à lui. On doute d'ailleurs que n'importe qui puisse arrêter Moscon, Van Der Poel semble marquer un coup d'arrêt et les trop timides relais de Colbrelli et Boivin l'obligent à se dépenser.Qui pourra arrêter Gianni Moscon ?
La Salut de Van Der Poel vient peut-être de la jonction avec Vermeersch et Van Asbroeck, Boivin et Van Asbroeck n'ont plus de raison pour ne pas rouler. Mais rien n'y fait, Moscon augmente même son avantage. Seul une catastrophe peut empêcher l'italien de l'emporter, et cette catastrophe intervient juste avant Cysoing, Moscon crève de la roue arrière et met du temps à changer son vélo. Mais il repart tout de même avec une avance sérieuse, mais second coup de théâtre, il chute sur le pavé de Cysoing, pression pneumatique trop élevée ou plus assez lucide. Il se relève mais compte maintenant 10 secondes d'avance.Le coup de théâtre de ce Paris-Roubaix : la chute de Gianni Moscon.
Les poursuivants entrent donc dans Camphin-en-Pévèle avec Moscon en ligne de mire mais rapidement les deux coureurs de l'Israel StartUp Nation disparaissent : Boivin chute à l'entrée du secteur et Van Asbroeck est distancé. Vermeersch accélère et provoque même une cassure avec Colbrelli mais l'italien revient avant d'entrer dans le Carrefour de l'Arbre.Florian Vermeersch mène la chasse dans Camphin.
Et bientôt un italien en tête de la course en remplace un autre : c'est Colbrelli qui passe à l'attaque dans le Carrefour de l'Arbre, il confirme qu'il est bien à l'aise sur ce terrain, rarement mis en difficulté, c'est un client si le sprint à Roubaix se confirme. En tête de course on retrouve désormais Vermeersch, Van Der Poel et Colbrelli. Moscon finira 4ème en ralliant l'arrivée en solitaire. Van Asbroeck et Boivin termineront 8ème et 9ème, dans le groupe Van Aert.Mathieu Van Der Poel et Sonny Colbrelli sont les deux hommes forts du final de ce Paris-Roubaix 2021.
Pas plus d'action vers Roubaix, Vermeersch se dégourdit les jambes dans le fameux faux-plat, il espère voir les deux favoris se regarder mais Colbrelli prend directement sa roue. On aura donc un sprint à 3 sur le vélodrome. Quelle image anachronique de voir ces coureurs pleins de boues traverser les rues de celle qui fut la capitale industrielle de la France, tant de chemin parcouru jusqu'ici.
Après un tour, Colbrelli entame la dernière moitié de la piste en tête, en position idéale, Vermeersch s'élève sur la piste, il lance le sprint juste avant le virage, il maintient assez longtemps la tête du sprint mais dans les derniers décamètres Colbrelli le dépasse et remporte ce Paris-Roubaix 2021. Quelle année pour l'italien qui aura su démultiplier ses talents tout au long de celle-ci. En deuxième position Vermeersch peut-être fier d'un tel résultat en ayant passé une très grande partie de la course en tête. Van Der Poel finit 3ème, il a tenu son statut de grand favori face à Van Aert mais il lui a manqué des forces dans le sprint final.
Dans le groupe suivant Yves Lampaert conclut la course à la 5ème place, sauvant l'honneur des Quickstep en ayant subit de nombreux soucis techniques, tout comme Christophe Laporte, 6ème et premier français.Sonny Colbrelli remporte une 118ème édition de légende, pour la première fois depuis 1899 le podium est entièrement constitué de coureurs courant leur premier Paris-Roubaix.
1 – COLBRELLI Sonny (Bahrain – Victorious) les 257 km en 6:01:57
2 – VERMEERSCH Florian (Lotto Soudal) m.t
3 – VAN DER POEL Mathieu (Alpecin-Fenix) m.t
4 – MOSCON Gianni (INEOS Grenadiers) + 0:44
5 – LAMPAERT Yves (Deceuninck – Quick Step) + 1:16
6 – LAPORTE Christophe (Cofidis, Solutions Crédits) m.t
7 – VAN AERT Wout (Team Jumbo-Visma) m.t
8 – VAN ASBROECK Tom (Israel Start-Up Nation) m.t
9 – BOIVIN Guillaume (Israel Start-Up Nation) m.t
10 – HAUSSLER Heinrich (Bahrain – Victorious) m.t
11 – RUTSCH Jonas (EF Education – Nippo 70) m.t
12 – WALSCHEID Max (Team Qhubeka NextHash) + 3:17
13 – TURGIS Anthony (Team TotalEnergies) m.t
14 – KRISTOFF Alexander (UAE-Team Emirates) + 4:40
15 – LANGEVELD Sebastian (EF Education – Nippo) + 4:45
16 – HALLER Marco (Bahrain – Victorious) + 6:21
17 – CAPIOT Amaury (Team Arkéa Samsic) m.t
18 – PLANCKAERT Baptiste (Intermarché – Wanty – Gobert Matériaux) m.t
19 – MOZZATO Luca (B&B Hotels p/b KTM) m.t
20 – REX Laurenz (Bingoal Pauwels Sauces WB) m.t
21 – VAN HOOYDONCK Nathan (Team Jumbo-Visma) m.t
22 – VANMARCKE Sep (Israel Start-Up Nation) m.t
23 – KRAGH ANDERSEN Søren (Team DSM) + 6:26
24 – STUYVEN Jasper (Trek – Segafredo) m.t
25 – ŠTYBAR Zdeněk (Deceuninck – Quick Step) m.t
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