HISTOIRE
DE LA COURSE*
Partie en grande partie reprise de la présentation 2019 de Bad_NeosLa première fois, c’est toujours la moins bien réussie
Nous sommes en 1966, et dans l’esprit d’Herman Krott germe l’idée d’une prestigieuse course néerlandaise capable de concurrencer les grandes classiques que sont Milano-San Remo, le Ronde Van Vlaanderen ou Paris-Roubaix. Avec son compatriote Ton Vissers, il élabore un premier plan de cette classique, prévue pour le 30 Avril 1966, jour de la fête nationale des Pays-Bas, d’Amsterdam à Maastricht pour 280 kilomètres de course. Premier problème, la prise en compte des cours d’eau est superficielle dans ce pays aux nombreux canaux, obligeant à de multiples détours. Changement de lieu, de départ et d’arrivée ! Utrecht est envisagée, avant de porter le départ à Rotterdam…mais trois semaines seulement avant le départ de la course, le parcours doit de nouveau être redessiné suite à des permissions non demandées pour franchir certains ponts…Du côte de l’arrivée, elle ne se fera finalement pas à Maastricht, mais à Meerssen, et le départ, à Breda.
Enfin, dernier problème, les militants hippies de Provo déclare les Pays-Bas comme un état d’anarchie durant la même période. Les autorités craignent que l’Amstel Gold Race, censée être organisée le jour de la célébration de la famille royale, ne soit l’occasion idéale pour un soulèvement. Krott et Vissers organisent une conférence de presse 4 jours avant la tenue de la course pour annuler la course, mais obtiennent finalement l’autorisation du ministère des routes néerlandaises, à la seule condition que la course ne devra plus être organisée le jour du Roi.
Pour cette seule édition fin Avril, la toute première –et la toute dernière donc, en quelque sorte-, c’est une distance de 302 kilomètres qui est au programme, distance la plus longue jamais enregistrée sur l’épreuve, qui s’offre aux 120 coureurs présents sur la ligne de départ. Seuls 30 finiront l’épreuve, mais une équipe dominera les autres : la Ford France-Hutchinson. Le français Jean Stablinski, le belge Bernard Van de Kerckhove et le néerlandais Jan Hugens, tout trois membres de l’équipe, se présentent sur la ligne, trio solitaire. Les néerlandais peuvent espérer une victoire à domicile sur cette première édition…mais trop tard, au moment de lancer son sprint, à 350 mètres de la ligne, Jan Hugens voit sa chaîne se bloquer, il est crucifié et ses deux coéquipiers filent se disputer la gagne. Jean Stablinski, seul français ayant terminé la course, en sera également son premier vainqueur, et son seul vainqueur français, avec Bernard Hinault, 15 ans plus tard.
Eddy voulu, et divin
Deuxième édition, 100 kilomètres de moins. Le départ est déplacé à Helmond, face au siège de l’Amstel, sponsor principal de la course, et accessoirement marque de bière –ne pas voir trouble en regardant le tracé du parcours, la principale difficulté de l’épreuve ! Sur seulement 213 kilomètres, les néerlandais peuvent cette fois exulter, avec non pas 1 néerlandais sur le podium, non pas deux, mais 3 ! Arie den Hartog s’impose, au sprint, devant ses compatriotes Cees Lute et Harry Stevens. Pour la 3e édition, en 1968, l’épreuve aura lieu le 21 septembre, à cause d’un conflit de calendrier, à la lutte avec les flandriennes et les ardennaises, jeune course qu’elle est. Ce sera la seule disputée en Automne, franchissant de nouveau la barre des 250 kilomètres, pour une nouvelle victoire néerlandaise, celle d’Harry Steevens. La course évoluera ensuite entre fin Mars et fin Avril.
1969. Grêle et neige sont de la partie, le Limbourg se pare de blanc. La domination belge se met en marche. Guido Reybrouck, Georges Pintens, Frans Verbeeck, Walter Planckaert…Mais il manque un homme, qui n’est toujours pas venu poser ses roues sur le bitume néerlandais de l’Amstel. La course peine à attirer les stars, queques français, britanniques et suisses tout au plus. Mais en 1973, un contrat est conclu entre Herman Knott et Eddy Merckx. Le Cannibale est cher, très cher, ses frais de départs sont exorbitants pour la « petite » épreuve. Alors il ne sera payé qu’à une seule condition : qu’il remporte la course. En ce 7 Avril 1973, Eddy voulu, Eddy vint, et Eddy vainquit, après 6h38’16’’ sur la selle, Frans Verbeeck et Herman Van Springel repoussés à plus de 3 minutes, Joop Zoetemelk et Hennie Kuiper à plus de 4, Freddy Maertens à 6.
Le Cannibale a une nouvelle fois tout englouti sur son passage, et si Gerrie Knetemann s’impose en 1974, seul, plus 3 minutes devant le peloton, en l’absence du belge, Eddy Mercx revient en 1975, et une nouvelle fois, s’impose, devant Freddy Maertens, déjà 8e, 4e et 2e. Le rival direct d’Eddy Merckx remportera enfin l’Amstel Gold Race en 1976 –au début de ses deux saisons exceptionnelles qui le verront remporter 80 victoires !- avec le plus grand écart jamais enregistré : 4’29’’ sur Jan Raas, son second.
Que Flandres ton cœur, que tes Ardennes soient le moteur de ta rage
Jan Raas, qui, après la domination nonchalante des deux belges, sera le monsieur de cette course, à tel point que l’on parlera « d’Amstel Gold Raas ». Rien de moins que 5 victoires, au sprint ou en solitaire, viennent s’ajouter sur la ligne du palmarès entre 1977 et 1982, sa mythique série de 4 victoires consécutives « +1 » rompue par Bernard Hinault en 1981, année où Raas terminera 5e.
Les années 1980…L’Amstel oscille entre flandriennes et ardennaises. Ni l’une ni l’autre au final. Ses routes étroites d’une part, ses petits monts : Cauberg, Keutenberg ou Eyserbosweg d’autre part. Comment choisir ? Impossible durant ces années, où sprinteurs et coureurs de Grand Tour se succèdent. 11 ans après sa première victoire, Gerrie Knetemann s’impose en solitaire lors de l’édition 1985, tout comme Phil Anderson, premier vainqueur non-européen (avec, aujourd’hui, Alexandre Vinokourov et Serguei Ivanov) en 1983. Mais plus fort encore, c’est la performance "effarante" de Joop Zoetemelk. Tout jeune déjà, le néerlandais, vainqueur du Tour 1980, terminait troisième en 1972 comme en 1978. Au crépuscule de sa carrière, en 1986, il vient réaliser un nouveau podium, mais c’est en 1987, pour la seule victoire de sa dernière saison professionnelle, en solitaire, à 40 ans, qu’il remporte, enfin, l’Amstel.
Ce dilemme, entre flandres et ardennes, se poursuit dans les années 90, Adrie Van der Poel, Olaf Ludwig, Rolf Jaermann, Johan Musseuw, Mauro Gianetti, Stefano Zanini, Bjarne Riis, Michael Boogerd, , Erik Zabel, Erik Dekker ou Michele Bartoli, autant de vainqueurs différents que de profils différents. C’est d’ailleurs en 1999 puis 2001 qu’ont lieu les dernières victoires néerlandaises, devant, dans les deux cas, Lance Armstrong, de son nom latin, Non Attributus. Le seul attribut de la course restant inchangé, à défaut des vainqueurs, est le lieu d’arrivée, à Maastricht depuis 1991, puis le départ également, à partir de 1998.
De Roubaix à Liège, par le Limbourg tu passeras
Deux changements importants bouleversent la course à partir de l'édition 2003. Le premier est l'inversion dans le calendrier de Liège-Bastogne-Liège et de l'Amstel Gold Race. La classique néerlandaise perd alors sa position de dernière grande classique du printemps pour se placer comme la classique de transition entre flandriennes et ardennaises, une semaine après Roubaix et une semaine avant Liège.
Le second changement radical est l’introduction de l’arrivée à proximité du sommet du Cauberg, sur les hauteurs de Valkenburg, qui transforme la course en une quasi course de côte, plutôt fermée, au lieu de favoriser un sprint assez massif alors souvent probable : la victoire se joue souvent parmi les plus costauds à la pédale dans les forts pourcentages, sur la large route du Cauberg. Route qui réussi plutôt bien aux italiens avec les victoires de Davide Rebellin, Danilo Di Luca, Damiano Cunego ou encore Enrico Gasparatto, ou bien encore au belge Philippe Gilbert, qui aligne deux victoires en 2010 puis en 2011. L’arrivée est ensuite déplacée un peu plus loin, à Berg-en-Terjblit, sans que cela modifie réellement la course, avec les victoires de Roman Kreuziger, Philippe Gilbert, Michal Kwiatkowski (son maillot azuré sur le dos), Enrico Gaspararotto une nouvelle fois.
Depuis 2017, le lieu d’arrivée ne change plus, mais le Cauberg est relégué plus loin de l’arrivée afin d’offrir une course plus ouverte. Philippe Gilbert remporte sa 4e Amstel sur cette édition, après une bagarre dans les 30 derniers kilomètres, une denrée rarissime les année précédentes sur les ardennaises. C'est moins le cas dans le Limbourg aujourd'hui puisqu'après une édition 2018 où Michael Valgren s’était imposé après avoir attaqué en compagnie de Kreuziger dans le final, tandis que le reste des favoris s’enterrait derrière, l'édition 2019 est devenue la plus belle édition de l'histoire de la course. Après une bataille entre favoris de plus de 40 kilomètres, c'est le Néerlandais Mathieu Van der Poel qui s'est imposé dans l'un des derniers kilomètres les plus fous de l'histoire du cyclisme.