La 14e étape est limpide malgré une échappée de 10 coureurs qui se dessine. Parmi eux,
Soto continue d’engranger des gros points aux sprints intermédiaires pour endosser virtuellement le maillot vert. Mais il ne pourra marquer aucun point sur le long faux-plat de 2 kms qui sert d’arrivée. Ce final correspond en revanche à
Girmay mais aussi à des puncheurs comme
Brand et
Alaphilippe, même si ce dernier semble plutôt travailler pour
Sousa e Costa. Les Rabobank prennent d’ailleurs l’avantage sur la bande à Madiot. En vue de la flamme rouge,
Oomen et
Brand produisent un gros effort sur les seuls pourcentages significatifs. Idéalement lancé, le champion d’Europe accélère sous la flamme rouge. Si
Alaphilippe et
Sousa e Costa s’écrasent complètement, les sprinters plus complets reviennent fort en revanche. Et parmi eux,
Girmay est intraitable. L’érythréen remporte sa deuxième victoire de l’édition pour finalement conforter son maillot vert !
De Lie saute aussi
Brand, mais pas
Höög qui bute à un vélo. Le cinquième du général grappille donc 4’’ de bonifications mais c’est la frustration de passer encore à côté d’une première étape sur la Vuelta qui dominait en interview.
Cl. étape 14 :Demain, c’est repos. Aucune raison donc de ne pas prendre l’échappée, surtout pour les bons grimpeurs qui ont une vraie chance aujourd’hui. En plusieurs salves, 13 coureurs se détachent. Entre les 10e et 17e du général, il ne manque que
Jallas Amigó… dont l’équipe Bora mène la chasse. Les allemands défendraient-ils la 13e place au général de leur dominicain ? Toujours est-il que l’échappée se défend et se déleste de nombreux éléments. Le maillot à pois
Nakano ne marquera aucun point aujourd’hui.
Robledo et
Gaudu, 10e et 11e, pourraient quant à eux payer cher leur panache car ils font aussi et étonnament partie des premiers distancés.
Almeida,
Hardy,
Rodriguez et
Ney sont les plus costauds dans le
Puerto del Acebo, puis l’irlandais laisse ses compagnons s’envoler dans le col suivant. Dans la descente, le peloton se scinde en deux.
Keyvan Brand, dans le mauvais groupe, en sera quitte pour une belle frayeur grâce au travail de ses équipiers qui le ramènent. Dans le
Puerto del pozo de las mujeres muertes,
Jallas Amigó justifie le travail de son équipe en attaquant. À 13 minutes au général, il doit prendre des risques s’il veut revenir dans le top 10.
Jallas Amigó bouche les deux minutes qui le séparent du trio de tête mais la longue vallée vers la montée finale leur est défavorable. Au pied des 9,4 kms du
Sanctuaire del Acebo, leur marge a diminué de moitié face à un peloton d’une quarantaine de coureurs.
Celui-ci est mené par les Lotto et les Bianchi qui étirent le paquet. Les baroudeurs sont repris après un tiers d’ascension, mais l’information principale est la présence de
Brand et
Oomen aux deux dernières positions du peloton ! Les deux Rabobank semblent gérer leur affaire car ils sont toujours aux deux mêmes places deux kms plus loin alors que
Giomi a explosé par exemple. Ils sont en revanche trop loin pour répondre à l’attaque de
Parisse. L’italien est bien suivi par
Nagorski et
Jallas Amigó, qui en avait visiblement gardé sous le pied. Le polonais ne représente pas une menace immédiate mais
Subirón et
Hindley font contre mauvaise fortune bon cœur en s’alliant. Du moins pour quelques hectomètres car l’australien rétrograde soudainement dans le groupe. À 3 kms du sommet, il est distancé ! Au train,
Subirón continue de faire des dégâts.
Leetz est le suivant sur la liste,
Brand perd enfin quelques mètres mais
Oomen, lui, s’accroche toujours en queue de paquet. Sentant la menace du maillot rouge,
Nagorski en remet une couche devant pour s’envoler vers l’étape ! Impressionnant,
Subirón revient seul sur
Parisse et
Jallas Amigó sous la flamme rouge. Ces deux-là subissent le contrecoup de leur attaque, à l’arrêt dans ce dernier km qu’ils finiront 13e et 17e !
Subirón est quant à lui remonté par le jeune irlandais
Pickering mais l’espagnol assure l’essentiel en ne perdant que 26’’ sur
Nagorski, plus les bonifications.
Hervás ne finit pas loin et
Oomen est juste derrière. Ayant géré toute sa montée sans s’affoler, le batave a terminé très fort pour sauver sa place sur le podium ! En effet, même si
Nagorski grimpe de deux rangs,
Hindley termine en souffrance à 3’10’’. Pour trois secondes, il chute du podium alors qu’il visait le maillot rouge deux jours plus tôt ! L’excellente opération est donc pour
Subirón, débarrassé de son principal rival et qui possède désormais 2’26’’ de marge sur son dauphin. Remarquons que le top 10 du jour n'a encore aucun sens par rapport au général qui n'avait déjà lui-même aucun sens.
Cl. étape 15 :La dernière semaine démarre comme la précédente s’était terminée, en montagne ! 153 kms s’achevant à l’
Alto de la Cubilla Lena attendent les coureurs et, comme précédemment, les grimpeurs largués au général mettent le feu au début de course. Ils sont finalement 10 à s’extirper dans l’
Alto de Mallecina, première difficulté du jour.
Rodriguez est le mieux placé (12e à 15’15’’) d’une échappée qui compte aussi ses compatriotes
Delgado (15e),
Robledo,
Hervás et
Barcelo.
Almeida,
Petrovic,
Mäder et le duo d’EF,
Evenepoel et
Nakano, complètent ce groupe. Derrière, les Movistar font corps autour de leur jeune leader en laissant les baroudeurs prendre progressivement le large. Au fil des ascensions, le groupe se délite et
Robledo est étonnamment le premier décroché. Le grimpeur espagnol ne nous avait pas habitué à passer complètement à côté d'une course par étapes comme il est en train de le faire.
Delgado est le plus costaud dans l’avant-dernier col, rejoint dans la transition par
Rodriguez,
Hervás,
Barcelo et
Petrovic, qui ont peut-être moins gaspillé de forces dans cette longue vallée. Longtemps pointé à 8 minutes, le peloton aborde le dernier col à seulement 5'30’’ car les Bianchi ont embrayé.
Spreafico et
Merelli préparent une attaque de
Parisse à 20 kms du but, avant même les premiers gros pourcentages ! À trop vouloir renverser la course, le vainqueur du Giro perd peut-être son sang-froid car les DSM et les Qhubeka mettent de suite des hommes à rouler pour le maintenir à portée de fusil.
Kruijswijk prend ensuite le relai, montrant qu’il possède de beaux restes. Il réduit le peloton à 21 unités pointées à 25’’ de
Parisse et
Delgado, désormais réunis à 8 kms du sommet. Le principal absent est
Jai Hindley ! L’australien ne s’est pas retapé lors du repos. Seul sans équipier, il risque de sortir du top 5 au général !
Nagorski est au contraire sur une pente ascendante ; il se dresse sur ses pédales pour effectuer la jonction avec le duo de tête. Seul
Eg a pu le suivre alors que
Gaudu et surtout
Brand sont distancés.
Le danois pourrait donc faire une bonne opération au général même si
Subirón assume encore une fois ses responsabilités. Toujours au train, le maillot rouge continue d’impressionner. Ils ne sont bientôt plus que cinq à le suivre :
Oomen,
Leetz,
Jallas Amigó,
Giomi et
Pickering. Mieux encore, alors que
Nagorski s’agace d’être trop peu soutenu à son goût, le jeune espagnol effectue la jonction à moins de 5 kms de la ligne. Il est aussitôt contré par
Leetz et
Eg, qui en avait effectivement gardé sous le pied dans la roue de
Nagorski. Les deux hommes s’envolent car
Parisse,
Nagorski et
Subirón montrent des signes de fatigue qui ne poussent pas pour autant leurs adversaires à les relayer. À 3 kms du but, les pourcentages les plus « sévères » sont derrière eux mais
Eg et
Leetz sont plus de 30’’ devant.
Subirón recule en dernière position du groupe… pour mieux surprendre ses rivaux ! Il place une accélération à laquelle personne ne s’attendait ! Après un km de chasse-patate, il est toutefois repris sous la flamme rouge.
Pickering et
Jallas Amigó tentent de contrer mais
Nagorski et
Parisse sont définitivement les plus costauds de ce groupe malgré tous es kms passés à rouler. Le polonais grappille même 7’’ sur
Subirón, plus 4’’ de bonifications. Vous l’avez compris,
Eg et
Leetz ont donc résisté jusqu’au bout. Et dans les derniers hectomètres, c’est le danois qui dépose le vainqueur du Tour pour aller chercher sa deuxième étape de l’édition ! Sans n’avoir rien pu tenter,
Oomen termine à 1’02’’ et 34’’ de
Nagorski.
Brand a connu son premier vrai coup d’arrêt, 16e à 3’21’’, mais paradoxalement il gagne une place au général pour se retrouver 4e ! En effet,
Hindley a connu un véritable jour sans à plus de 5 minutes d’
Eg ; il laisse même sa place dans le top 5 au vainqueur du jour.
Cl. étape 16 :La 17e étape offre enfin une journée de récupération aux prétendants au général. Les jambes sont encore plus lourdes pour les équipes de sprinters qui ont bien du mal à chasser derrière un groupe de 12 unités qui s’est fait la malle. Parmi eux,
Bouwman passe en tête du sprint intermédiaire pour remonter à la troisième place du classement par points, tout près d’
Höög mais loin derrière
Girmay. Ce ne sont d’ailleurs pas leurs équipiers qui travaillent mais la Groupama pour
Sousa e Costa et la Soudal pour
Degenkolb. Dans la montée de Jadraque, pourtant abordable, menant au second SI,
Barcelo, toujours lui, imprime un tel rythme que
Kwiatkowski,
Bax et
Bouwman sont distancés. Ce dernier ne marquera donc aucun points supplémentaire alors que ses désormais anciens compagnons peuvent y croire. À 35 kms du but, ils comptent 2’30’’ de marge et de gros rouleurs comme
Andía,
Engstrom et
Szwarga pour résister au peloton sur ces faux-plats descendants. À leur poursuite,
Parisse vient en personne prendre des relais pour aider
Dainese, puis les Bora ramènent les hommes de tête en point de mire dans les contreforts de Guadalajara. L’ancien maillot rouge
Engstrom se sacrifie alors sans raison pendant que
Villella lance le sprint de loin pour
Degenkolb.
Höög et
Girmay sont aux abonnés absents mais
De Lie et
Consonni débordent l’allemand… pour mourir sur les talons de l’échappée. À peine quelques mètres devant,
Szwarga,
Wirtgen et
Lukonin sont plus véloces que leurs camarades. Et c’est le russe qui s’impose au jeter de vélo, pour un deuxième bouquet cinq ans après sa première victoire sur la Vuelta !