Maxime Urruty, Tristan Delacroix et Jonathan Couanon de l'équipe Nice Métropole Côte d'Azur en course

Écrit le par dans la catégorie Les forçats de la route, Portraits.

Propulsée depuis un club amateur, Nice Métropole Côte d’Azur est l’une des deux nouvelles équipes Continentales françaises en 2022. Avec un fort ancrage local, elle s’inscrit dans un projet de formation dans le sud-est de la France, et ne manque pas d’ambition.

« Parfois, j’avais l’impression d’être dans un stade de foot ! » Difficile de faire mieux comme ambiance pour les premiers tours de roues d’une équipe cycliste professionnelle. Nice Métropole Côte d’Azur a eu cette chance-là, notamment sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var. Une troisième course dans le peloton professionnel à domicile, entre des « Issa Nissa » et des banderoles et proches présents au rendez-vous. Jonathan Couanon « ne pouvait pas rêver mieux », disait-il à DirectVelo après une échappée sur la deuxième étape, au lendemain de celle de Tristan Delacroix, qui évoquait lui le « genre de journée dont on se souvient ». Pour les dix coureurs de l’équipe, issus de la région, un mot revient particulièrement : la « fierté » de faire partie de ce projet.

C’est dans cet aspect local que se trouve la base de cette équipe, au-delà du nom, emprunté à la métropole niçoise. « Dans le sud-est, particulièrement dans les Alpes-Maritimes, il n’y avait pas d’équipe professionnelle », explique le manager Jérôme Pulidori. « Un coureur qui était formé au pôle Espoirs Nice Don Bosco n’avait pas derrière de débouchés dans le milieu professionnel. » Sur ce constat, les dirigeants du Sprinter Nice Métropole lancent en 2020 le projet de développer leur équipe au niveau professionnel, dans la foulée du Grand Départ du Tour de France de Nice. Et ce même si l’équipe n’est qu’en Nationale 2, là où Nantes, autre équipe néo-pro de 2022, était en DN1 depuis de nombreuses années.

Avant de franchir le grand pas, l’équipe niçoise a choisi de se tester sur des courses UCI de classe 2 en 2021. Ancien coureur dans de petites équipes Continentale, Jérôme Pulidori tenait à ce que ses coureurs passent par là. « Je savais qu’en allant faire des courses .2, nos coureurs allaient gagner en puissance et en force. » Pari gagnant puisqu’après des aventures en Croatie, Turquie, Grèce et Pologne, l’équipe a remporté le Tour du Kosovo en juillet avec Tristan Delacroix et le Tour de Serbie en septembre avec Jean Goubert. « C’était un très bon avant-goût de ce qu’on vit aujourd’hui », souligne le premier. « C’était aussi et surtout un moyen pour les dirigeants de nous faire réaliser qu’on avait les capacités de jouer les premiers rôles sur ces courses. »

Tristan Delacroix, ici devant Maxime Urruty sur le GP La Marseillaise, était l’un des hommes forts du club niçois en 2021

Avec cette réussite sportive, appuyée par une septième place au classement par équipes BBB-DirectVelo, le Sprinter Nice a ainsi parfaitement validé la première étape de son projet vers le professionnalisme. Restait encore ce qui est peut-être le plus compliqué : monter le dossier à présenter à la Ligue Nationale de Cyclisme et sa DNCG et ainsi constituer le budget de l’équipe professionnelle. Pour cela, le club maralpin a fait le choix de se baser sur les mêmes sources de financement qu’en amateur. Les collectivités locales (mairie, métropole, département et région) ont été les premières consultées et représentent 40% de ce budget de 1,3 millions d’euros pour 2022, pour dix coureurs.

Le reste provient d’une « multitude de partenaires avec une enveloppe identique qui sont dans notre réseau club de partenaires », précise Pulidori. Sans naming, donc, pour ne « pas avoir un seul partenaire qui nous détenait, au risque d’être coincé si ce partenaire arrêtait dans un ou deux ans ». Cela pourrait peut-être changer à l’avenir, avec la volonté « d’augmenter l’effectif au niveau Continental à 14 coureurs pour être capables d’être sur deux fronts » et un budget estimé entre deux millions d’euros et deux millions et demi pour cela.

Outre l’aspect local, c’est dans un projet de formation que s’inscrit Nice Métropole Côte d’Azur. « On est un tremplin pour accéder au plus haut niveau », explique Jérôme Pulidori, qui espère obtenir le label centre de formation l’an prochain. Les recrutements à venir se feront sur de jeunes coureurs, qui pourront grandir dans l’équipe juniors, l’équipe amateure (inscrite en DN3 cette année) avant de peut-être rejoindre l’équipe-mère.

En attendant, l’équipe 2022 s’est construite avec des coureurs ayant un peu plus de bouteille. Cinq ont été conservés de l’équipe amateure (Julien Amadori, Édouard Bonnefoix, Tristan Delacroix, Jean Goubert et Paul Hennequin), quatre viennent d’équipes Continentales (Antoine Berlin, Jonathan Couanon, Andrea Mifsud et Maxime Urruty) et un dernier est issu des rangs amateurs (Kévin Besson). « Là, je suis dans une structure professionnelle », se réjouissait Antoine Berlin, passé par deux équipes à licence étrangère. Une précision pas anodine car ce statut est rendu obligatoire par la LNC, l’UCI ne l’imposant pas aux équipes Continentales. Et permet aux coureurs de se concentrer pleinement sur la compétition, à l’instar du Monégasque, qui en a profité pour découvrir le stage en altitude en Sierra Nevada courant mars, avec son compatriote Victor Langellotti.

Antoine Berlin sur le podium du prologue du Tour de La Provence pour… le prix de la combativité

Après quatre stages hivernaux sur la Côte d’Azur, les coureurs de l’équipe niçoise ont pris part à leurs premières courses, dans le sud de la France. Malgré quelques petits couacs, comme des vélos de contre-la-montre pas tous reçus et prêts à temps pour le prologue du Tour de La Provence, le début de saison de Nice Métropole Côte d’Azur a été plutôt satisfaisant, à son niveau.

On a notamment pu voir Andrea Mifsud s’accrocher en montagne pour un top 20 sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var et Jonathan Couanon décrocher plusieurs top 15 sur des parcours plus plats, comme au GP de Denain. « L’objectif était de se rassurer au niveau sportif, ils l’ont tous fait », justifie Jérôme Pulidori. Présents quasiment tous les jours en échappée, notamment sur le Tour de La Provence et le Tour des Alpes-Maritimes et du Var, les coureurs azuréens ont obtenu quelques places d’honneur. « C’était aussi l’occasion d’apprendre à courir dans ce peloton pro avec les meilleurs mondiaux », ajoute Tristan Delacroix, 19e du Tour de La Provence en ayant tenu la bonne bordure sur la première étape, rescapé de l’échappée matinale. « On est tous un peu en formation accélérée sur comment ça court, le placement, les intensités et la tension de course. »

Si les débuts se font surtout sous le signe de l’apprentissage pour l’équipe française la moins expérimentée chez les pros, elle n’oublie pas pour autant de se fixer des objectifs pour cette saison. Jérôme Pulidori voit ses coureurs « capables de gagner une manche de Coupe de France », « au mois de mai ou de juin ». Un objectif loin d’être évident pour le moment mais qui fixe un avenir ambitieux.

Photos : Ronan Caroff et Florian Frison

Par Matthieu S.

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Modérateur: Animateurs cyclisme pro